Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CXXVI

De Wicri Chanson de Roland
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Révision datée du 26 octobre 2023 à 16:41 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription commentée de Francisque Michel)

Cette page introduit la laisse CXXVI (126) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur les feuillet 30 (verso) et 31 (recto) du manuscrit.

Elle est numérotée

  • CXXVII chez Francisque Michel.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


CXXVIII

Li quens Rollanz en apelet Oliver : Cependant le comte Roland appelle Olivier :
« Sire cumpainz, se l’ vulez otrier, « Sire compagnon, ne serez-vous pas de mon avis ?
« Li Arcevesques est mult bons chevalers, « L’Archevêque est un excellent chevalier,
« N’en ad meillur en tere desuz cel, « Et sous le ciel il n’en est pas de meilleur :
1675 « Ben set ferir e de lance e d’espiet. » « Comme il sait frapper de la lance et de l’épieu !
Respunt li quens : « Kar li alum aider ! » « — Eh bien ! répond Olivier, courons l’aider. »
A icest mot l’unt Franc recumencet ; À ce mot, les Français recommencent la bataille.
Dur sunt li colp e li caples est grefs. Durs y sont les coups, et rude y est la mêlée ;
Mult grant dulur i ad de chrestiens. Les Chrétiens y souffrent grand’douleur.
1680 Ki puis veïst Rollant e Oliver Ah ! quel spectacle de voir Roland et Olivier
De lur espées e ferir e capler ! Y combattre, y frapper du fer de leurs épées !
Li Arcevesques i fiert de sun espiet. L’Archevêque, lui, y frappe de sa lance.
Cels qu’il unt morz, ben les poet hom preiser : On peut savoir le nombre de ceux qu’ils tuèrent :
Il est escrit es cartres e es brefs, Il est écrit dans les chartes, dans les brefs,
1685 Ço dit la Geste, plus de .iiii. millers. Et la Geste dit qu’il y en eut quatre mille...
As quatre esturs lur est avenut ben, Aux quatre premiers chocs tout va bien pour les Français,
Li quinz après lur est pesanz e grefs. Mais le cinquième leur fut fatal et terrible ;
Tuit sunt ocis cist Franceis chevaler, Tous les chevaliers de France y sont tués.
Ne mès seisante que Deus i ad esparniez. Dieu n’en a épargné que soixante ;
1690 Einz que il moergent, se vendrunt mult cher. Aoi. Mais ceux-là, avant de mourir, ils se vendront cher !

Transcription commentée de Francisque Michel

Sur la page 52 de l'édition de 1869.


CXXVII.
Li quens* Rollans apelet Oliver :  *Le comte.
« Sire cumpaign, se l'volez otrier**,  *Sire compagnon. **Octroyer.
Li arcevesque est mult bon chevaler,
N'en ad meillor en tere ne suz cel*,  *Ni sous le ciel.
Ben set férir e de lance e d'espiet*. »  *D'épieu.
Respunt li quens : « Car li aluns aider*. »  *Allons donc l'aider.
A icest mot l'unt Francs recumencet.
Dur sunt li colps e li caples est grefs* ;  *Les coups et le combat est rude.
Mult grant dulor* i ad de chrestiens.  *Douleur.
Ki puis véist* Rollant e Oliver  *Vit.
De lur espées e férir e capler* ;  *Chapler, combattre.
Li arcevesque i fiert de sun espiet*.  *Épieu.
Cels qu'il unr mort*, ben les poet hom preiser :  *Ceux qu'ils ont tués.
Il est escrit ès cartres* e ès brefs,  *Dans les chartes.
Ço dist la geste*, plus de .iiii. milliers.  *Chronique.
As quatre turs* lor est avenut ben ;  *Aux quatre (premiers) tours.
Li quint* après lor est pesant e gref.  *Le cinquième.
Tuz sunt ocis cist Franceis chevalers,
Ne mès seisante* que Deus ad esparniez :  *Excepté soixante.
Einz que il moergent*, se vendrunt mult cher.  *Avant qu'ils meurent.



 
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Notes (version de Léon Gautier)

logo travaux partie en cours de structuration

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 157.jpg[150]

    1. 1650 ##

Vers 1650. — Lire Iert. V. la note du vers 1500.

    1. 1651 ##

Vers 1651. — Lire Destriers. V. la note du vers 1500.

    1. 1653 ##

Vers 1653.Bien. O. V. la note du vers 1500.

    1. 1656 ##

Vers 1656. — Pour amener cet alexandrin à un décasyllabe, on pourrait écrire : Petite oreille...

    1. 1657 ##

Vers 1657. — Nous avons, pour la mesure, supprimé nule, qui est inutile. ═ Alge. O. Nous avons restitué le t étymologique.

    1. 1658 ##

Vers 1658.Arcevesque. O. Pour le cas sujet, il faut arcevesques. ═ Par tant grant vasselage. O. Nous avons, pour la mesure, supprimé tant grant.

    1. 1660 ##

Vers 1660.En l’escut amiracle. O. Notre leçon est hypothétique

    1. 1662 ##

Vers 1662.Lire perres.

    1. 1663 ##

Vers 1663, 1664. Nous avons interverti l’ordre de ces deux vers. Le fait spécial qu’ils expriment est omis dans le manuscrit de Venise IV, et reproduit par les Remaniements de Paris, de Versailles et Venise VII. Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 158.jpg[151]

    1. 1663 ##

D’où l’on peut conclure que les Refazimenti reproduisent souvent plus d’un trait du texte original.

    1. 1664 ##

Vers 1664.Galafes. O. Il s’agit sans doute de cet émir Galafre, qui joue un si grand rôle dans la légende de l’oncle de Roland. Galafre est ce roi de Tolède auprès duquel dut s’enfuir le jeune Charles, persécuté par les deux bâtards, Heudri et Lanfroi ; c’est à sa cour que le fils légitime de Pepin se cacha longtemps, sous le nom de Mainet ; c’est de la fille de Galafre, c’est de Galienne que s’éprit un jour le futur empereur. (V. notre note sur la légende de Charlemagne, au vers 94.)

    1. 1666 ##

Vers 1666.Qu’un dener. Mu. Le manuscrit porte très-distinctement : Que un. ═ Lire denier.

    1. 1668 ##

Vers 1668. — P.-e. vuide.

    1. 1670 ##

Vers 1670.Ben. V. la note du vers 1500. ═ La croce ne signifie-il pas « la crosse », plutôt que « la croix ». C’est cependant ce dernier sens qu’ont adopté tous les traducteurs.


Voir aussi

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