Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XXVII

De Wicri Chanson de Roland

Cette page concerne la laisse XXVII (27) du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse XXVII (27) est contenue sur le feuillet 7 recto puis verso.

Elle est numérotée XXVII par Francisque Michel.

En revanche, Edmund Stengel la numérote XXVI et mentionne 28.

 
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Transcription et traduction par Léon Gautier



XXVII

Guenes li quens s’en vait à sun ostel, Le comte Ganelon revient dans sa maison,
De guarnemenz se prent à cunreer, Et se prend alors à préparer ses armes,
De ses meillurs que il pout recuverer : Les meilleures qu’il y peut trouver.
345 Esperuns d’or ad en ses piez fermez, À ses pieds il attache les éperons d’or,
Ceinte Murgleis s’espée à sun costet, À son côté ceint Murgleis, son épée,
En Tachebrun sun destrer est muntez : Et monte sur son destrier Tachebrun.
L’estreu li tint sis uncles Guinemers. Son oncle Guinemer lui tient l’étrier.
Là veïsez tanz chevalers plorer, Que de chevaliers vous eussiez vus pleurer !
350 Ki tuit li dient : « Tant mare fustes, ber !
Et tous : « Ô baron, lui disent-ils, quel malheur pour vous !
« En la curt al Rei mult i avez estet, « Il y a si longtemps que vous êtes à la cour du Roi,
« Noble vassal vus i solt hom clamer. « Et que vous y avez le renom d’un noble vassal !
« Ki ço jugat que doüssez aler, « Quant à celui qui vous a désigné pour aller là-bas,
« Par Carlemagne n’ert guariz ne tensez. « Charlemagne lui-même ne saura le défendre.
355 « Li quens Rollanz ne l’ se doüst penser, « Jamais le comte Roland n’eût dû avoir une telle pensée ;
« Que estraiz estes de mult grant parentet. » « Car vous êtes issu d’un si haut parentage ! »
Enprès li dient : « Sire, car nos menez. » Puis : « Seigneur, lui disent-ils, emmenez-nous.
Ço respunt Guenes : « Ne placet damne Deu ! « — À Dieu ne plaise, répond Ganelon.
« Melz est que suls moerge que tant bon chevaler. « Tant de bons chevaliers mourir ! non, plutôt mourir seul.
360 « En dulce France, seignurs, vus en irez, « Vous, seigneurs, retournez en douce France.
« De meie part ma muiller saluez, « Saluez ma femme de ma part ;
« E Pinabel mun ami e mun per, « Saluez aussi Pinabel, mon ami et mon pair ;
« E Baldewin mun fil que vus savez, « Et mon fils Baudouin, que vous savez.
« E lui aidez, e pur seignur le tenez. » « Défendez-le bien, et tenez-le pour votre seigneur... »
365 Entret en sa veie, si s’est acheminet... Aoi.
Alors Ganelon entre en sa voie, et s’achemine vers Saragosse.

Voir aussi

Notes
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