La Chanson de Roland pour les nuls

De Wicri Chanson de Roland
Le supplice de GanelonLa mort de Roland
Huit étapes sur la Chanson de Roland en une image.

Cette page est destinée à celles et ceux qui ne connaissent rien à la Chanson de Roland ou qui ont tout oublié[1].

Dans une deuxième partie, il présente le projet numérique Wicri/Chanson de Roland.

La défaite de Roncevaux

logo travaux Page en cours de rédaction, le texte du début est relativement stabilisé.

Un travail important reste à faire pour les liens dans le texte et sur les illustrations.

Allons enfants (1920) Richepin F25.jpg

Le 15 aout 778, de retour d'Espagne, Charlemagne perd son arrière-garde, tombée, à titre de représailles, sous le feu des troupes des seigneurs basques dont il a attaqué les possessions. Lors de la bataille de Roncevaux, l'arrière-garde est écrasée, provoquant la mort de nombreux braves de l'entourage de Charlemagne, dont celle de Roland, préfet de la Marche de Bretagne. Ce fait d’armes a inspiré des cantilènes, des récits et une chanson de geste, la Chanson de Roland. Ce poème épique a été déclamé dans toute l’Europe par des jongleurs et des troubadours. Quelques manuscrits ont survécu et font l’objet d’une abondante production littéraire depuis le XIXe siècle.


Le poème

La Trahison de Ganelon

Charlemagne, empereur des Francs, termine sa campagne militaire en Espagne, mais n'a pu prendre Saragosse. Le roi de Saragosse, Marsile, décide de feindre l'alliance et de demander la paix, afin d'éloigner l'armée franque. Il pense qu'une fois Charles parti, il ne reviendra pas.

Dans la ville de Cordres, les Francs tiennent conseil sur l'offre de Marsile. Roland, neveu de Charles, soutient qu'il faut la refuser. Ganelon, beau-père de Roland, est de l'avis contraire. Charles accepte l'offre à la condition que Marsile devienne son vassal. Sur les conseils de Roland, il délègue Ganelon.

Ganelon, envoyé comme négociateur en territoire ennemi, devient en fait un otage potentiel. Pour sauver sa vie, il propose un marché à Marsile. Si Marsile feint d'accepter l'offre, Ganelon se débrouillera pour que Roland commande l'arrière garde qui pourra être détruite.


La mort de Roland dans les Grandes Chroniques de France
L'Archange Gabriel emporte au ciel l'âme de Roland

La mort de Roland

Ganelon, qui a rejoint l'armée franque, annonce à Charles que Marsile accepte de devenir son vassal. Il le persuade de laisser Roland commander l'arrière-garde. La grande armée lève le camp.

Du haut d'une colline, Roland et son ami Olivier observent l'arrivée de l'armée de Marsile.

Olivier demande à Roland d'avertir Charles, afin que la grande armée revienne et puisse livrer bataille. Roland refuse pour ne pas se déshonorer.

La bataille s'engage. Les Francs repoussent les premières charges, mais subissent de lourdes pertes. Roland se décide enfin à appeler Charles à l'aide. Il sonne de son cor avec grande force puis reste seul sur le champ de bataille, où il est blessé à mort.

Ne voulant pas que son épée tombe aux mains de ses ennemis, il tente par trois fois de la briser sur un rocher, sans succès.

À bout de force, il s'éloigne, puis se couche sous un arbre, face à l'Espagne, où il meurt.


Le duel
La mort d'Aude

Les représailles

Charles arrive enfin, mais il est trop tard. L'arrière garde est décimée, l'armée de Marsile s'est enfuie. Après avoir découvert le corps de son neveu Roland, il décide de poursuivre Marsile afin de venger ce massacre.

À la suite d'un miracle où le soleil s'arrête de tourner, l'armée de Marsile est décimée par les Francs.

Cependant, Baligant, l'émir de Babylone débarque avec une puissante armée pour secourir Marsile. Une nouvelle bataille s'engage à l'issue incertaine.

Charles et Baligant décident alors de se battre dans un duel d'où Charles sort vainqueur.

Il rentre à Aix où il annonce la mort de Roland à la Belle Aude, la sœur d'Olivier et l'épouse de Roland. Elle meurt aussitôt en apprenant la nouvelle.

Un procès s'engage alors contre Ganelon qui sera finalement écartelé.

Ainsi finit la Chanson de Roland dans la version de Théroulde.


Plus de dix siècles de gloire et de travaux de recherche

La première page du Manuscrit d'Oxford
Une page du manuscrit de Conrad

Des manuscrits dans plusieurs langues européennes

La défaite de Roncevaux et l'attitude héroïque de Roland ont acquis une grande renommée visiblement amplifiée au moment des croisades.

Une chanson de geste a été composée et écrite sur un premier manuscrit qui a été perdu. La plus ancienne copie connue a été identifiée à Oxford vers 1830 (officiellement par Francisque Michel en 1835). Généralement datée du XIe siècle (première croisade), cette copie est composée d'une suite de vers dont le dernier (4002) est ainsi rédigé.

Ci falt la geste que Turoldus declinet,

Ce nom (Toroldus) est généralement traduit par Théroulde. Les philologues ont néanmoins des interprétations différentes (est-ce l'auteur ? est-ce un scribe ? est-ce un jongleur ?).

Le manuscrit d'Oxford est organisé en une simple suite de laisses (couplets). Elles étaient chantées par des jongleurs. Chaque laisse démarre par une lettrine et contient des vers de même assonance.

Ce manuscrit sert généralement de texte de référence. Il existe une dizaine de manuscrits connus, avec de nombreuses variantes, tant dans le récit que dans les niveaux de français (exemples Châteauroux, Paris).

On trouve également, sur ce wiki, une version dans un dialecte franco-italien (Venise 4).

Signalons enfin une traduction en allemand par le Curé Conrad.


Roland Olivier.jpg

Les Chansons de geste sur Charlemagne et Roland

La figure de Charlemagne est une figure majeure de l'Europe du Moyen-Âge. Elle a donc inspiré une multitude de récits épiques. Le plus populaire est la Chanson de Roland. Elle appartient à un ensemble nommé Matière de France ou Cycle carolingien qui contient une centaine de chansons de geste.

Celles-ci racontent les exploits généralement guerriers des douze pairs, dont notamment Roland, Olivier, l’Archevêque Turpin, Ogier le Danois ou... Ganelon. Ces récits complètent, expliquent et parfois contredisent ceux de la Chanson de Roland. Par exemple, l'amitié entre Roland et Olivier démarre par un duel dans Girart de Vienne, une chanson de geste composée par Bertrand de Bar-sur-Aube vers la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle.

D'autres livres manuscrits (souvent en prose) ont été ensuite composés à partir de ces poèmes. Par exemple l'épisode du duel est repris dans un ouvrage richement illustré : Conquestes et croniques de Charlemaine par David Aubert en 1458, au moment de l'invention de l'imprimerie.

Les légendes de Charlemagne et de son neveu Roland ont donc inspiré plus d'une centaine d'ouvrages manuscrits avec, pour chacun, de multiples copies.


Une illustration pour Victor Hugo
Médor et Angélique

En vers, prose ou en musique, Roland amoureux, furieux et toujours héroïque

Paradoxalement, en France, à partir de la Renaissance, et pendant la période classique, les lettrés se sont désintéressés de l'histoire de la France au Moyen-Âge pour redécouvrir le classicisme grec. Roland a été quelque peu oublié pour revenir sur la scène au XIXe siècle, après la Révolution.

Par exemple, dans sa Légende des siècles, Victor Hugo glorifie les exploits de Roland à Roncevaux et le duel entre Roland et Olivier. De même Alfred de Vigny met le Cor de Roland en poésie.

En Italie, au début de la Renaissance, deux poèmes successifs, vont donner une autre vision (plus humaine ?) du légendaire Roland. En 1483, dans Orlando innamorato (Roland amoureux), il tombe amoureux de la princesse Angélique (qui vient d'Asie). Vers 1520, dans Orlando Furioso, Ludovico Ariosto, dit « l'Arioste » met en scène un triangle amoureux au moment où Angélique tombe amoureuse de Médor, un guerrier sarrasin. Roland devient fou et se lance dans des aventures guerrières. Cette œuvre est devenue une source d'inspiration inépuisable, avec de multiples variantes, en musique (opéras de Lully, Haendel, Vivaldi, Charpentier...) ou en peinture (avec par exemple Ingres).


Valérie Gabail (soprano),
Jean-François Novelli (taille),
Ensemble Amarillis
Gallica Mélanges Charpentier Angélique et Médor 110.jpg

Intermède musical

Voici un extrait du duo de Marc-Antoine Charpentier obtenu à partir d'une partition manuscrite.

Avec une interprétation actuelle.



<<
\new Staff \with {
  midiInstrument = #"Flute"
  instrumentName = #"Angél"
  shortInstrumentName = #"A "
  } {
  \relative c'' {  
 \numericTimeSignature
   \time 2/2 \key f \major 

        r4 c8 c d4 bes
        g4 g8 a bes4 bes8 c
        d2 r2
        r4 c4 d8 f ees d
        c4 c d2~
        d8 c bes a g4 a8 bes
        a2. r4
       

   
         
  }  }
 \addlyrics { 
              Ha -- tons nous, Mé -- dor, ha -- tons nous, ha -- tons nous
              Plus no -- tre~a -- mour l'i -- ri -- te, plus no -- tre bon -- heur se -- ra doux
             E -- vi -- tons un ri -- val ja -- loux
              Plus no -- tre a -- mour l'i -- ri -- te, plus no -- tre~a -- mour l'i -- rite, 
                         plus no -- tre bon -- heur se -- ra doux
            }

\new Staff \with {
  midiInstrument = "trumpet"
  shortInstrumentName = #"M"
  instrumentName = #"Médor"
  } {
  \relative c' {  
   \clef "treble_8"
 \numericTimeSignature
   \time 2/2 \key f \major 
        r1
        r2 r4 g8 a
        bes4 aes8 g aes4. bes8 
        g4 a bes8 d c bes
        a4 a bes2~
        bes8 a g f f4 f8 e
        f2 r2
     
       
  }  }
 \addlyrics { 
              
              E -- vi -- tons un ri -- val ja -- loux
              Plus no -- tre~a mour l'i -- rit -- te, plus no -- tre bon -- heur se -- ra doux
              Plus no -- tre a -- mour l'i -- rit -- te, plus no -- tre~a mour l'i -- rite,
                  plus no -- tre bon -- heur se -- ra doux
            }


\new Staff \with {
  midiInstrument = "Cello"
  shortInstrumentName = #"B "
  instrumentName = #"B "
  } {
  \clef bass \relative c {  
 \numericTimeSignature
   \time 2/2 \key f \major 

        f4 a, bes d
        ees4 ees d ees
        bes4 bes c d
        ees4 c bes ees8 bes
        f'8 g f ees d ees d c
        bes2 c
        f,4 f' ees4. f8
      

       
        
  }  }

>>

 

La première édition
L’École des chartes en 1846
La revue Romania

Deux siècles d'activité scientifique soutenue, en histoire, philologie ou linguistique

Le regain d'intérêt pour le Moyen-Âge au XIXe siècle a entraîné une intense activité scientifique autour des manuscrits des légendes de Charlemagne où la Chanson de Roland est devenue la Chanson de geste de référence.

Après la découverte du manuscrit d'Oxford, Francisque Michel en a rédigé une édition critique en 1837. Puis Léon Gautier, élève de l'École des chartes de 1852 à 1855, publie une première édition critique et traduction en 1872. Il s'agit d'un ouvrage fondateur volumineux organisé en 2 tomes de 500 pages. La traduction proprement dite n'occupe que 400 pages. Le reste se compose d'une introduction historique, de notes explicatives et d'un glossaire linguistique. Il sera suivi d'une trentaine de rééditions adaptées à différents publics (et notamment une édition populaire en 1895).

En France, d'autres philologues se lancent dans d'autres éditions (par exemple Francis Génin en 1850, Louis Petit de Julleville en 1878). Autour de l'École des chartes, citons Léon Clédat en 1886, de Gaston Paris en 1887. Ce mouvement se poursuit au XXe siècle avec Joseph Bédier en 1920.

En Allemagne, on observe une activité parallèle avec Theodor Müller à partir de 1851, puis Edmund Stengel en 1900 et Gröber en 1907. Venu d'Autriche, Wendelin Foerster, spécialiste de Chrétien de Troyes (et des légendes Arthuriennes) publie un ensemble d'éditions critiques.

Les autres Chansons de geste font l'objet d'entreprises éditoriales de mème type (citons par exemple Gaston Paris et son Histoire poétique de Charlemagne en 1865).

Autour de ces ouvrages de référence, de multiples travaux de recherche sont publiés dans des revues. En 1872 Gaston Paris et Paul Meyer créent la revue Romania qui est encore aujourd'hui une revue de référence.

Les champs d'investigation sont multiples : histoire, archéologie, linguistique ou philologie. La perte des manuscrits initiaux entraîne naturellement de nombreuses hypothèses sur le texte initial.

L'arrivée de l'informatique a introduit de nouvelles thématiques. Par exemple, dans les années 70 en France, le dictionnaire du Trésor de la langue française a numérisé l'édition de Joseph Bédier, notamment pour alimenter les rubriques étymologiques.

Aux États-Unis, Joseph Duggan, en 1969 a réalisé avec un ordinateur un document de concordances sur la Chanson de Roland. En 2005 il a produit une imposante édition critique à partir de plusieurs manuscrits.



Wicri/Chanson de Roland et les humanités numériques pour les nuls

logo travaux Partie en forte phase de rédaction.

Changement de paradigme dans les sciences humaines

Un ouvrage annoté
le Trésor de la langue française
Le gamma 60 du TLF
Le bureau du philologue

La Chanson de Roland fait ici l'objet d’expérimentations dans le domaine des humanités numériques.

Nous venons de résumer deux siècles de travaux de recherches multidisciplinaires menés par de nombreux chercheurs. Pendant près de deux siècles, ils étaient tributaires de l'imprimé. Ils devaient entreprendre des déplacements coûteux en temps et en argent pour accéder aux documents qu'ils voulaient consulter. Les travaux collectifs étaient complexes à organiser. Les chercheurs, philologues, linguistes, historiens, devaient donc travailler séparément avec une multitude de textes, imprimés, manuscrits ou annotés (voire découpés). La publication des résultats étaient coûteuse avec un passage obligé par les imprimeurs.

Il y a 70 ans, quelques chercheurs très privilégiés ont commencé à manipuler des documents numériques sur gros système avec des logiciels complexes.

Il y a 35 ans, des chercheurs encore privilégiés mais de plus en plus nombreux pouvaient manipuler, sur des machines Unix (encore coûteuses), des corpus de documents structurés (en Sgml/TEI par exemple) avec des outils de plus en plus sophistiqués (parsers XML...). Grâce au web, ils pouvaient mieux communiquer leurs résultats. Mais le travail réellement coopératif et l'accès aux sources (manuscrits...) restaient complexes.

Depuis une dizaine d'années, tous les documents anciens deviennent accessibles en version numérique, manipulables sur des ordinateurs personnels et les wikis sémantiques offrent des possibilités de travail coopératif totalement nouvelles.

Le Démonstrateur Wicri/Chanson de Roland offre un environnement numérique collectif qui réunit une bibliothèque et un espace de travail et d'édition. Il permet, pour un thème donné (les légendes de Charlemagne), de mener des activités variées (édition, fouille de données, gestion de données, création d'ontologies) par différents types de contributeurs (chercheurs en philologie, linguistes, bibliothécaires) vers différents publics (du chercheur au grand public curieux). Il expérimente les mutations de pratiques dans ce qui s'avère être un changement de paradigme conséquent dans les sciences humaines.


Rééditions numériques d'articles ou de livres imprimés

Une page pour un poème
Un livre sur Roland
Une page du livre réédité

MediaWiki, ici utilisé, permet de rééditer des documents dans une forme qui autorise un travail collectif avec un très haut degré de personnalisation pour chaque type de documents. Voici quelques exemples.

Pour un document ayant le format d'un article de recherche (une douzaine de pages A4), il faut, dans un premier temps le récupérer en mode texte et travailler la mise en page (à base de modèles). Ensuite, pour reprendre le jargon de Wikipédia, il faut le wikifier, c'est-à-dire l'enrichir de multiples liens qui permettront un approfondissement de chaque concept important.

Cet article en est un exemple. Comme il a été rédigé en ligne, il est possible de suivre son évolution avec l'onglet historique (et de voir le Wikitexte à partir de l'onglet "voir le texte source").

Les onglets historique et voir le texte source.

Chaque type d'article peut avoir son propre style (poésie, article de revue avec métadonnées, etc).

Pour les documents plus complexes, comme les livres, plusieurs formes d'édition sont possibles. Pour un ouvrage destiné plutôt au grand public, les chapitres de taille raisonnable peuvent être adaptés sur une page wiki. La navigation utilise des pages intermédiaires (de type sommaire de partie) avec des bandeaux en haut de page.

Pour un ouvrage destiné aux travaux de recherche des organisations très spécifiques peuvent être réalisées. Ce wiki propose une expérience pilote à partir d'un ouvrage de Francisque Michel annoté par Paul Meyer (et conservé dans le Fonds Paul Meyer).


Des manuscrits

Comme les ouvrages imprimés, les documents manuscrits peuvent être de natures très différentes. Voici quelques exemples de réédition sur ce wiki.

Pour des manuscrits de petite dimension et qui ne traitent que d'un sujet, la réédition peut se faire sur une page wiki où l'on trouvera notamment un facsimilé, sa transcription et des notes ou commentaires. Par exemple, les 3 pages du manuscrit du compositeur Marc-Antoine Charpentier pour le duo Médor et Angélique sont traitées sur une page wiki.

À l'opposé, ce wiki donne quelques exemples de manuscrits conséquents qui doivent être traités intégralement, et notamment les manuscrits d'Oxford, de Paris et de Châteauroux de la Chanson de Roland. Par exemple, le manuscrit d'Oxford contient 4002 vers, regroupés en environ 300 laisses (couplets) sur 72 feuillets. Trois organisations cohabiteront sur le wiki :

D'autres manuscrits ne seront que partiellement traités.

Enfin, dans certains cas, des pages seront simplement traitées pour les illustrations qu'elles contiennent.


De la chanson à l'oratorio

50 chants français Rouget de Lisle Besançon f5.jpg
(conducteur)-2-cite GM LaChansonDeRoland.pdf

Nous avons montré un premier exemple musical avec le duo entre Angélique et Médor. Il utilise le logiciel de gravure musicale LilyPond. La musique y est codée dans un langage formel dont la syntaxe rappelle, pour les mathématiciens, celle de TeX. Voici par exemple les premières notes du thème « Au clair de la lune » en si bémol majeur.

\relative c' { 
  \time 4/4 
  \key bes \major  
  bes4 bes4 bes4 c4 
  d2 c2 }


\relative c'' { \time 4/4 \key bes \major bes4 bes4 bes4 c4 d2 c2 }

Les notes sont codées par des lettres (comme dans la notation anglaise) en démarrant par le « la ». Elles sont suivies éventuellement d'une altération, puis d'une indication de durée. Ainsi « d2 » désigne un ré blanche ; et « bes4 » désigne un si bémol noire.

Ce wiki offre une expérimentation plus complexe avec la réédition hypertexte d'une suite pour orchestre et chœurs SATB (un oratorio profane) sur la Chanson De Roland et composée par Gilles Mathieu.

Pour écouter le deuxième mouvement qui met en musique les premiers vers du manuscrit d'Oxford.[2]

La partition nécessaire à son interprétation est un ensemble de 9 ouvrages contenant 10 chapitres (un par mouvement), soit 90 fichiers dans une version PDF. La version numérique reprend cette organisation en y ajoutant un niveau « phrases musicales ». Une phrase est une suite de quelques mesures correspondant à la mise en musique de quelques vers d'une même laisse.

Cet oratorio devient ainsi un hypertexte qui se développe (dans une arborescence) sur près de 300 pages wikis.


Un gigantesque hypertexte structuré par une encyclopédie

En 2021, nous avons saisi l'opportunité de deux stages d'étudiant pour lancer une première étude sur la réédition complémentaire de l'oratorio de Gilles Mathieu avec l'ouvrage annoté du fonds Paul Meyer, en utilisant le manuscrit d'Oxford comme élément médiateur.

L'équipe Wicri avait alors une bonne expertise du numérique avec une culture assez faible sur le sujet traité (pour ne pas dire très faible). Nous avons créé ce wiki sur lequel nous avons démarré un travail d'alignement de l'ouvrage de Francisque Michel sur le manuscrit d'Oxford en utilisant le découpage en couplets et laisses comme espace de transition. Nous avons donc commencé à créer des pages wikis pour les feuillets, puis pour les laisses du manuscrit.

Puis nous avons voulu faire de même avec la partition de Gilles Mathieu. Nous avons alors découvert que Gilles Mathieu avait utilisé une autre édition critique (celle de Léon Gautier). Puis, après quelques alignements, nous avons constaté que les deux éditions critiques avaient des divergences dans l'identification des laisses. En parallèle, nous avons approfondi notre connaissance du sujet, avec notamment les autres manuscrits qui avaient, sur la même histoire, des récits assez différents. Les notes des multiples éditions critiques ou traduction font référence à tous les manuscrits et à de multiples chansons de geste.

Certains ouvrages demandent un traitement spécifique. Par exemple, l'édition critique de Léon Gautier (1872) contient un glossaire de plusieurs milliers d'entrées réparti sur 200 pages. Il convient d'en faire un hypertexte pour chaque mot du manuscrit[3].

Un tel glossaire demande à être confronté à d'autres sources, comme par exemple le Dictionnaire du Trésor de la langue française, dont les articles sont alors réédités dans cet hypertexte.

Bien entendu, la navigation dans cet ensemble demande une bonne expertise. Pour ouvrir cette bibliothèque au grand public une encyclopédie offre des visions synthétiques en orientant le lecteur vers ce qui ressemble à des chemins balisés.

Cet article est un exemple de chemin balisé.


Voir aussi

Auteurs et remerciements

Cet article a été rédigé par Jacques Ducloy, avec des reprises dans le livret de Gilles Mathieu et dans des articles collectifs (Thierry Daunois, Isabelle Turcan et Frédérique Péguiron). Il a bénéficié des relectures de Léa Thiriet et de Stéphanie Cirac.

liens externes

Notes

  1. Il reprend de nombreux passages du livret de l'oratorio de Gilles Mathieu.
  2. Chanté par la Chorale U de Nancy
  3. Un exemple significatif avec le mot Emperere.