Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Renard
Le renard
Cette page introduit l'article Le renard du Buffon illustré de la jeunesse.
Le renard
[30]
Cet animal est caractérisé par son museau effilé, sa
grosse tête, son front aplati, ses oreilles droites, pointues,
[31]
ses yeux très inclinés vers le nez, sa longue queue, son
pelage épais, fauve sur le corps et sur la queue, blanc
autour de la bouche, au cou, à la gorge, au ventre, à
l'intérieur des cuisses, brun foncé aux pattes. La longueur du corps, depuis le museau jusqu'à l'origine de
la queue, est de 70 centimètres.
Le renard est fameux par ses ruses et mérite en partie
sa réputation ce que le loup ne fait que par la force, il
le fait par adresse et réussit plus souvent; sans chercher
à combattre les chiens ni les bergers, sans attaquer les
troupeaux, sans traîner les cadavres, il est plus sûr de
vivre. Il emploie plus d'esprit que de mouvement; ses
ressources semblent être eu lui-même. Fin autant que
circonspect, ingénieux et prudent, même jusqu'à la patience, il varie sa conduite, il a des moyens de réserve
qu'il sait n'employer qu'à propos. Il veille de près à sa
conservation quoique aussi infatigable, et même plus
léger que le loup, il ne se fie pas entièrement à la vitesse
de sa course; il sait se mettre en sûreté en se pratiquant
[32]
un asile, où il se retire dans les dangers pressants, où il
s'établit, où il élève ses petits.
Il ravage la basse-cour, il y met tout à mort et se retire ensuite lestement en emportant sa proie, qu'il cache sous la mousse, ou porte à son terrier. Il chasse les jeunes levrauts eu plaine, saisit quelquefois les lièvres au gîte, ne les manque jamais lorsqu'ils sont blessés, déterre les lapereaux dans les garennes, découvre les 'nids de perdrix, de cailles, prend la mère sur les œufs, et détruit une quantité prodigieuse de gibier.
Le renard est aussi vorace que ce carnassier il mange de tout avec une égale avidité. 11 est très avide de miel il attaque les abeilles sauvages, les guêpes, les frelons. Enfin il mange du poisson, des écrevisses, des hannetons, des sauterelles, etc.
Le renard a les sens aussi bons que le loup, le sentiment plus lin, et l'organe de la voix plus souple et plus parfait. Le loup ne se fait entendre que par des hurlements affreux; le renard glapit, aboie et pousse un son triste, semblable au cri ile paon. La chair du renard est moins mauvaise que celle du loup, est sa peau d'hiver fait de bonnes fourrures. Il a le sommeil profond on l'approche aisément sans l'éveiller.
Cet animal est un de ceux qui subissent le plus facilement les influences de climat, et l'on trouve presque autant de variétés que dans les espèces d'animaux domestiques.
La plupart de nos renards sont roux, mais il s'en trouve aussi dont le poil est gris argenté; tous deux ont le bout de la queue blanc.
Dans les pays du Nord il y en a de toutes les couleurs,
des noirs, des blancs, des bleus, des gris. L'espèce commune est plus généralement répandue qu'aucune des
autres on la trouve partout en Europe, dans l'Asie septentrionale, en Amérique mais elle est fort rare en Afrique.
On chasse le renard avec des chiens bassets, des chiens
[33]
courants, des criquets dès qu'il se sent poursuivi, il
court à son terrier; les bassets à jambes torses sont ceux
qui s'y glissent le plus aisément. Cette manière est bonne
pour prendre une portée entière de renards, la mère
avec les petits. La façon la plus, sûre est de commencer
par boucher le terrier, puis on tire sur la bête au mon-
ment où elle veut y entrer.
Parmi les principales espèces de renards nous citerons :
- Le renard musqué, au pelage d'un rouge pâle en dessous du corps et qui exhale une odeur analogue à celle de la fouine
- Le renard blanc, au pelage blanc
- Le renard tricolore, remarquable par sa couleur d'un gris noir au-dessus du corps, ses oreilles d'un roux vif, sa gorge et ses joues blanches, sa mâchoire inférieure noire, son ventre et sa queue fauves et glacés de noirs. Il s'apprivoise facilement.
