Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Loup

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Le loup



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Le loup

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Le loup

 

Le loup diffère du chien proprement dit par son museau plus allongé, ses oreilles toujours droites, ses proportions plus fortes, sa taille plus grande, son pelage composé de poils dont les plus longs sont blancs à la racine, noirs un peu au-dessus, ensuite fauves, puis blancs et noirs à l'extrémité. La longueur du corps, depuis le museau jus- qu'à la queue, est d'environ 1 mètre 13 centimètres. Le loup est l'un do ces animaux dont l'appétit pour la chair est le plus véhément; et quoique avec ce goût il ait Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f36.jpg[28] reçu de la nature les moyens de le satisfaire, qu'elle lui ait donné des armes, de la ruse, de l'agilité. de la force, tout ce qui est nécessaire en un mot pour trouver, atta- quer, vaincre, saisir et dévorer sa proie, cependant il meurt souvent de faim, parce que l'homme lui a déclaré la guerre.

Le loup, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, ressemble si fort au chien, qu'il paraît être modelé sur la même forme cependant si la forme est semblable, le naturel est si dif- férent que, non seulement ils sont incompatibles, mais antipathiques par nature, ennemis par instinct. Un jeune chien frissonne au premier aspect du loup; il fuit à l'odeur seule qui, quoique nouvelle, inconnue, lui répu- gne si fort qu'il vient en tremblant se ranger entre les jambes de son maître; un mâtin, qui connaît ses forces. se hérisse, s'indigne, l'attaque avec courage, tâche de le mettre en fuite et fait tous ses efforts pour se délivrer d'une présence qui lui est odieuse; jamais ils ne se ren- contrent sans fuir ou sans combattre et combattre à ou- trance jusqu'à ce que la mort s'ensuive. Si le loup est plus fort, il déchire, il dévore sa proie; le chien, au con- traire, plus généreux, se contente de la victoire et ne trouve pas que le corps d'un ennemi mort sente bon; il l'abandonne pour servir de pâture aux corbeaux, et même aux autres loups, car ils s'entre-dévorent, et lorsqu'un loup est blessé grièvement, les autres le suivent au sang et s'attroupent pour l'achever.

Le loup pris jeune s'apprivoise mais ne s'attache pas la nature est chez lui plus forte que l'éducation, l'àge lui rend son caractère farouche et il retourne dés qu'il le peut à son état sauvage.

Les louveteaux naissent les yeux fermés, comme les chiens; la mère les allaite pendant quelques semaines, et leur apprend bientôt à manger de la chair, qu'elle leur prépare en la mâchant. Quelque temps après, elle leur apporte des mulots, des levrauts, des perdrix, des vo- Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f37.jpg[29] tailles vivantes les louveteaux commencent par jouer avec elles, et finissent par les étrangler la louve ensuite les déplume, les écorche, les déchire, et en donne une part à chacun. Ils ne sortent du fort où ils ont pris nais- sance qu'au bout de six semaines ou doux mois ils suivent alors leur mère, qui les mène boire dans quelque tronc d'arbre ou à quelque mare voisine elle les ramène au gîte ou les oblige à se receler ailleurs

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lorsqu'elle craint quelque danger. Ils la suivent ainsi pen- dant plusieurs mois. Quand on les attaque, elle les défend de toutes ses forces, et même avec fureur, quoique,.dans les autres temps, elle soit plus timide que le mâle aussi ne l'abandonnent-ils que quand leur éducation est faite, quand ils se sentent assez forts pour n'avoir plus besoin dc secours c'est ordinairement à dix mois ou un an, lorsqu'ils ont acquis de la force, des armes et des talents pour la rapine.

Ces animaux, qui sont deux ou trois ans à croître, vivent quinze ou vingt ans. Les loups blanchissent dans la vieillesse ils ont alors toutes les dents usées. Ils dor- ment lorsqu'ils sont rassasiGs ou fatigués, mais plus le jour que la nuit, et toujours d'un sommeil léger. Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f38.jpg[30] Ils boivent fréquemment. Quoique très voraces, ils sup- portent aisément la diète ils peuvent passer quatre ou cinq jours sans manger, pourvu qu'ils ne manquent pas d'eau.

Le loup a beaucoup de force. Il mord cruellement, et toujours avec acharnement. Il craint pour lui, et ne se bat que pour la nécessité, et jamais par un mouvement de courage. Il marche, court, rôde des jours entiers et des nuits il est infatigable, et c'est peut-être de tous les ani- maux le plus difficile à forcer à la course. Le chien est doux et courageux; le loup, quoique féroce, est timide lorsqu'il tombe dans un piège, il est si fort et si long- temps épouvanté, qu'on peut ou le tuer sans qu'il se dé- fende ou le prendre vivant sans qu'il résiste. Le loup a les sens très bons, l'œil, l'oreille et surtout l'odorat; il sent souvent de plus loin qu'il ne voit; l'odeur du car- nage l'attire de plus d'une lieue; il sent aussi de loin les animaux vivants. Il aime la chair humaine.

Dans les campagnes, pour se défaire des loups, on fait des battues à force d'hommes et de matins, on tend des pièges, on présente des appâts, ou fait des fossés, on répand des boulettes empoisonnées tout cela n'empêche pas que ces animaux ne soient toujours en même nombre, surtout dans les pays ou il y a beaucoup de bois. La couleur et le poil de ces animaux changent suivant les différents climats et varient quelquefois dans le même pays. On trouve en France et en Allemagne, outre les loups ordinaires, quelques loups a poil plus épais et tirant sur le jaune. Dans les pays du Nord, on en trouve de tout blancs et de tout noirs. L'espèce commune est très généralement répandue.


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Galica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1464595/f35