Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Domestiques/Chien

De Wicri Animaux

Le chien


 

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Le chien

Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f27.jpg[18] Le chien est caractérisé par la présence de cinq doigts aux pieds de devant et de quatre seulement à ceux de derrière, le pelage composé généralement de poils soyeux et de poils laineux ; il a la vue et l'odorat très fins. Les pores de sa peau sont si serrés qu'il ne sue jamais et qu'il peut se jeter à l'eau quand il est très échauffé, sans en être incommodé. Son cri est l'aboiement. Il vit de douze à seize ans. On peut connaître son âge par les dents qui, dans sa jeunesse, sont blanches, tranchantes et pointues, et qui, à mesure qu'il vieillit, deviennent noires et inégales. On le connaît aussi par le poil, car il blanchit sur le museau, sur le front et autour des yeux. Quoique naturellement vorace et gourmand, il peut se passer de nourriture pendant longtemps.

Le chien, indépendamment de la beauté de sa forme, de la vivacité, de la force, de la légèreté, a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards de l'homme. Un naturel ardent, colère, même féroce et sanguinaire, rend le chien sauvage redoutable à tous les animaux, et cède, dans le chien domestique, aux sentiments les plus doux, au plaisir de s'attacher et au désir de plaire ; il vient en rampant mettre aux pieds de son maître son courage, sa force, ses talents ; il attend ses ordres pour en faire usage, il le consulte, il l'interroge, il le supplie ; un coup d œil suffit, il entend les signes de

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sa volonté. Sans avoir, comme l'homme, la lumière de la pensée, il a toute la chaleur du sentiment ; il a de plus que lui la fidélité, la constance dans ses affections : nulle ambition, nul intérêt, nul désir de vengeance, nulle crainte que celle de déplaire.

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Plus sensible au souvenir des bienfaits qu'à celui des outrages, il ne se rebute pas par les mauvais traitements, il les subit, il les oublie, ou ne s'en souvient que pour s'attacher davantage ; loin de s'irriter ou de fuir, il s'expose de lui-même à de nouvelles épreuves ; il lèche cette main, instrument de douleur, qui vient de le frapper ; il ne lui oppose que la plainte, et ta désarme enfin par la patience et la soumission.

Plus docile que l'homme, plus souple qu'aucun des

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animaux, non seulement le chien s'instruit en peu de temps, mais même il se conforme aux mouvements, aux manières, à toutes les habitudes de ceux qui lui commandent ; il prend le ton de la maison qu'il habite comme les autres domestiques, il est dédaigneux chez les grands, et rustre à la campagne. Toujours empressé pour son maître et prévenait pour ses seuls amis, il ne fait aucune

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attention aux indifférents, et se déclare contre ceux qui par état ne sont faits que pour importuner ; il les connaît aux vêtements, à la voix, à leurs gestes, et les empêche d'approcher. Lorsqu'on lui a confié pendant la nuit la garde de la maison, il devient plus fier, et quelquefois féroce ; il veille, il fait la ronde, il sent de loin les étrangers, et, pour peu qn'ils s'arrêtent et tentent de franchir les barrières, il s'élance, il donne l'alarme, il avertit et combat.

On compte quatre espèces de chiens domestiques :

Les mâtins, ordinairement de grande taille, à museau

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long, à oreilles courtes. Les principaux sont le mâtin ordinaire. de couleur jaune fauve ; – le danois blanc moucheté ; – le lévrier, gris-souris, qui chasse le lièvre à vue ; – le chien de berger, noirâtre, d'un admirable instinct pour la garde des troupeaux ; – le chien des Alpes ou chien du Mont Saint-Bernard.

Les dogues. à tête ronde, à museau court, à oreilles courtes, à front saillant, parmi lesquels on peut citer : le grand dogue à museau noir, propre au combat ; le bouledogue, plus petit que le précédent ; – le doguin et le carlin, plus petits encore.

Les roquets, petits, à front bombé, à museau court et pointu, parmi lesquels nous citerons : le roquet ordinaire, criard, hargneux mais très fidèle. Le chien turc à la peau presque nue, de couleur chair marquée de taches brunes. Christophe Colomb le trouva en Amérique à l'époque de sa découverte (1492).

Les épagneuls, moins grands que les mâtins, à oreilles longues, larges et pendantes, et parmi lesquels nous citerons : le chien-loup, blanc jaunâtre, excellent gardien ; – l'épagneul français, blanc et brun-marron, bon pour la chasse et le marais ; – le basset, à jambes courtes et grosses, bon pour la chasse au lapin ; – le chien courant, blanc mêlé de noir ou de fauve, aux oreilles longues et pendantes, peu attaché à son maître, bon pour la chasse ; le caniche ou barbet noir ou blanc, à poil frisé et laineux, le plus intelligent de tous les chiens ; – le chien de Terre-Neuve, à pelage long, soyeux, blanc tacheté de noir, queue en panache, à doigts un peu palmés, qui lui permettent de nager facilement ; on le dresse à secourir les personnes en danger de se noyer ; le chien d'arrêt, blanc avec des taches brun-marron, à museau épais, intelligent, très attaché à son maître, bon pour la chasse de plaine ; – le braque à nez fendu, variété du précédent, mais bon chasseur.

Le chien de rue est un mélange de plusieurs espèces et ne peut être rangé dans aucune d'elles.

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La grande sensibilité de l'odorat du chien, dit M. A. de Nore dans les Animaux raisonnent, contribue puissamment à développer chez lui les actes d'intelligence ; on en a vu un qui savait retrouver le mouchoir de son maître, même après que ce mouchoir avait passé par les mains et dans les poches de sept ou huit personnes.

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Un particulier, qui habitait de l'autre côté de l'eau vis-à-vis de Falmouth en Angleterre, avait dressé un chien de Terre-Neuve à traverser chaque matin cette eau pour aller à la poste prendre des lettres et les lui apporter au moment où il se mettait à table pour déjeuner. On lit dans les annales romaines que, sous le consulat d'Appius Junius et de Publius Ælius, lorsque, pour venger la mort de Néron, fils de Germanicus, on fit subir le dernier supplice à Tilius Sabinus et à ses esclaves, un de ceux-ci

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avait un chien qu'on ne put jamais chasser de la prison, et qui, lorsque l'esclave en question eut été mis à mort, ne quitta point le cadavre, mais l'accompagna aux gémonies où il fut exposé, et là se mit à hurler plaintivement en présence d'un grand nombre de spectateurs assemblés à l'entour de ce lieu. Quelqu'un des esclaves ayant jeté un morceau de pain à ce chien, il alla le porter à la bouche du défunt, et lorsqu'on eut précipité le cadavre dans le Tibre, le chien s'efforça encore de le soutenir sur l'eau en nageant auprès.

On raconte qu'un Anglais paria que son bouledogue ne lâcherait pas le taureau qu'il avait saisi, quand même on lui couperait une ou plusieurs pattes. Le pari fut tenu, et le chien, en effet, se laissa couper les quatre pattes l'une après l'autre sans lâcher prise.

Un berger ayant été assassiné sur un chemin dans la nuit, plusieurs personnes furent amenées auprès du cadavre, parce que le chien était allé appeler du secours au logis de son maître. Une circonstance toute particulière dans l'acte de ce chien, c'est que, pour mieux faire comprendre sa démarche, il apporta aux pieds de ceux dont il venait requérir l'assistance, le paquet noué dans un mouchoir dont s'était muni le berger.

Une lionne perdit le chien avec lequel elle avait été élevée, et pour offrir toujours le même spectacle au public, on lui en donna un autre qu'aussitôt, elle adopta. Elle n'avait pas paru souffrir de la perte de son compagnon ; l'affection qu'elle avait pour lui était très faible. La lionne mourut à son tour : le chien ne voulut pas quitter la loge qu'il avait habitée avec elle ; il refusa de manger et succomba à la tristesse et à la faim au bout de quelques jours.