Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Domestiques/Chat

De Wicri Animaux

Le chat



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Le chat

Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f32.jpg[24]

Le chat

Il est aisé de reconnaître le chat à sa tête arrondie, à son museau court, à sa langue mince, rude, couverte de papilles (sortes d'épines) à pointes dirigées en arrière, à Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f33.jpg[25] ses oreilles courtes et droites, à ses pattes armées de griffes aiguës, à son pelage généralement riche et varié.

Le chat domestique présente beaucoup de variétés le chat tigré, qui ne diffère du chat sauvage que parce qu'il est plus gros et qu'il a le nez, les lèvres et le dessus des pattes noirs; on l'estime surtout pour faire la chasse aux rats; — le chat variable, tacheté de blanc; — le chat des Chartreux, d'un gris d'ardoise; — le chat tout noir; le chat tout blanc; — le chat d'Espagne, varié de noir, de blanc et de roux; — enfin le chat angora, qui se fait remarquer par la longueur, la finesse et la souplesse de son poil, et dont la couleur, primitivement blanche, a varié dans l'état de domesticité.

Le Buffon illustré de la jeunesse (1893) Gallica page f33, image.jpg

Le chat est un domestique fidèle qu'on ne garde que par nécessité, pour l'opposer à un autre ennemi domestique encore plus incommode, et qu'on ne peut chasser. Ces animaux ont une malice innée, un caractère faux, Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f34.jpg[26] un naturel pervers, que l'âge augmente encore et que l'éducation ne fait que masquer. De voleurs déterminés, ils deviennent seulement, lorsqu'ils sont bien élevés, souples et flatteurs comme les fripons ils ont la même adresse, la même subtilité. le même goût pour faire le mal. le même penchant à la petite rapine ; comme eux, ils savent couvrir leur marche, dissimuler leur dessein, épier les occasions, attendre, choisir, saisir l'instant de faire leur coup, se dérober ensuite au châtiment, fuir et demeurer jusqu'à ce qu'on les rappelle. Ils prennent aisément des habitudes de société, mais jamais des mœurs. Ils n'ont que l'apparence de l'attachement; on le voit à leurs yeux équivoques ils ne regardent jamais en face la personne aimée; soit défiance ou fausseté, ils prennent des détours pour en approcher, pour chercher des caresses auxquelles ils ne sont sensibles qu'à cause du plaisir qu'elles leur font.

Les jeunes chats sont gais, vifs, jolis, et seraient aussi très propres à amuser les enfants, si les coups de pattes n'étaient pas à craindre; mais leur badinage, quoique toujours agréable et léger, n'est jamais innocent, et bientôt il se tourne en malice habituelle.

On raconte que des moines grecs de l'île de Chypre avaient dressé des chats à chasser, prendre et tuer les serpents dont cette île était infestée.


Un physicien mit un chat sous une machine pneumatique et commença à faire jouer activement le piston. L'animal ne tarda pas à se sentir gêné dans une atmosphère qui se raréfiait de plus en plus; il comprit bientôt d'où venait le danger et plaça sa patte sur le trou qui donnait issue à l'air, empêchant ainsi qu'il en sortit davantage. Tous les efforts du physicien furent inutiles lorsqu'il voulut tirer le piston, dont la patte du chat arrêtait le jeu. Il fit rentrer l'air dans le récipient pour déboucher le trou du plateau; le chat, dont la patte se trouvait alors dégagée, la retira aussitôt, mais au premier coup de piston Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f35.jpg[27] qui le privait d'une portion d'air, il se hâtait de l'y remettre. Tous les spectateurs applaudirent à la sagacité de l'animal, que l'on fut obligé de délivrer pour lui en substituer un autre moins intelligent.

Une chatte guettait une souris qui paraissait être dans un mouvement perpétuel à l'entrée de son trou, don la vue de l'ennemi l'empêchait de sortir. La chatte, à qui la timidité de la souris semblait ôter toute espérance. quitta tout à coup son poste et se coucha d'un air indifférent, le dos tourné vers le trou, comme s'il n'eût plus été question de proie. Trompée par cett.e apparente tranquil- lité, la petite bête se hasarda à sortir et se tapit toute tremblante à quelque distance de la chatte. Rien ne re- mue; elle fait un pas encore, et puis deux, toujours en s'arrêtant. Même indifférence du côté de la chatte. A la fin elle risque une petite course. Ici, le lecteur s'imagine que la chatte s'élance sur la souris, dont elle observait de travers toutes les allures? Point du tout elle court au trou et le bouche avec sa patte. Le trouble où cette ruse jeta le petit animal le fit se précipiter presque de lui-mème dans les griffes de son ennemi.



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