Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Tigre
Le tigre, le jaguar et le cougar
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Le tigre, le jaguar et le cougar
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A peu près de la même taille que le lion, mais plus
mince et plus bas sur jambes, le tigre a la tète plus pe-
tite et arrondie, la queue très longue, et marquée de
quinze anneaux noirs; son pelage assez ras, à l'excep-
tion des côtes et des jambes garnies de grands poils, pré-
sente des couleurs d'un jaune fauve sur les parties supé-
rieures du corps, d'un beau blanc au museau, au-des-
sous du cou, à la poitrine et au ventre; des bandes noires
transversales, au nombre de vingt à trente, partent de la
ligne du dos et s'étendent parallèlement sur les yeux, La
tigresse ne diffère pas du mâle extérieurement, et rune
est l'autre ressemblent bien plus que le tiou à notre chat
'domestique leur taille moyenne est d'un mètre cinquante
de long, depuis le museau jusqu'à la queue, et leur hauteur est de soixante-dix centimètres. On le trouve surtout
en Asie, aux Indesorientales, dans la presqu'île du Gangue, au
Tonkin, dans le royaume de Siam, dans la Cochinchine
dans les îles de la Sonde et de Sumatra. Sa peau fournit
une des fourrures les plus belles et les plus estimées; la
peau du tigre est l'insigne des mandarins.
Le tigre, Irop long de corps. trop bas sur jambes, la tête nue, les yeux hagards, la langue couleur du sang, toujours hors de la gueule, n'a que les caractères de la basse méchanceté et de l'insatiable cruauté: il n'a pour tout instinet qu'une rage constante, une fureur aveugle, qui ne connaît, qui ne distingue rien, et qui lui fait sou- vent dévorer ses propres enfallts, et déchirer leur mère lorsqu'elle veut les défendre.
Heureusement pour le reste de la nature, l'espèce n'est pas nombreuse, et paraît confinée aux climats les
plus chauds de l'Inde orientale.
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Quand il a mis à mort quelques gros animaux, comme un cheval, un buffle, il ne les éventre pas sur la place,
s'il craint d'y être inquiété pour les dépecer à son aise,
il les emporte dans les bois, en les traînant avec tant de
légèreté que la vitesse de sa course paraît à peine ralentie par la masse énorme qu'il entraîne.
Le tigre est peut-être le seul de tous les animaux dont on ne puisse flétri le naturel ni la force, ni la con-
trainte, ni la violence, ne peuvent le dompter. Il s'irrite des bons comme des mauvais traitements; la douce habi- tude, qui peut tout, ne pent rien sur cette nature de fer; le temps, loin de l'amollir en tempérant sets humeurs féroces, ne fait qu'aigrir le fiel de sa rage il déchire ta main qui 10 nourrit comme celle qui 10 frappc; il rugit la vue de tout être vivant; chaque objet lui paraît une nouvelle proie qu'il dévore d'avance de ses regards avides.
La jaguar
Le jaguar, ou tigre d'Amérique, peut atteindre jusqu'à
deux mètres de long; il est surtout fort dangereux aux
environs de Buenos-Ayres; il attaque l'homme. Son cri
ressemble à un son flûté ou un ràlement d'abord sourd,
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puis éclatant. Il chasse les loutres et les pacas, et prêche
même le poisson, qu'il enlève très adroitement avec sa
patte; il se jette sur les plus gros caïmans, et pour leur
faire lâcher prise, s'il est saisi par eux, il leur crève les
yeux. Malgré sa grande taille, il grimpe aux arbres avec
une extrême agilité et attrape les singes. La nuit, il se
montre bien plus audacieux que le jour; il emportera
un cheval et même un bœuf; il enlèvera un homme de
devant le feu du bivouac pour le dévorer dans la forêt.
Son plus cruel ennemi est le fourmilier ou tamanoir. Quoique celui-ci n'ait pas de dents pour se défendre, dès qu'il est attaque par un jaguar, il se couche sur le dos, te saisit avec ses griffes, qu'il a d'une grandeur prodi- gieuse, l'étouffé et le déchire.
La fourrure est très belle et très estimée; elle forme
une branche importante du commerce entre l'Amérique
Le cougouar, plus petit que lu jaguar, est appelé aussi
lion des Péruviens. Il est caractérisé par son pelage d'un
fauve uniforme, il est plus effilé et plus haut sur jambes
que le jaguar. Quoique plus faible, il se montre plus fé-
roce et aussi cruel; il mange sa proie à moitié vivante,
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la dépèce, la suce, et ne la quitte que quand il en est,
tout gorgé; il attaque les animaux faibles et sans défense
les moutons, les chèvres, les génisses; mais il fuit
l'homme. Le voyageur qui s'arrête dans les forêts pour
y passer la nuit n'a qu à allumer du feu pour l'empêcher
d'approcher. On compare sa chair it celle du veau et du mouton certains auteurs prétendent, avec plus de rai- son, que ce qu'il y a de meilleur dans cet animal, c'est sa peau, qui sert a faire des harnachements pour les chevaux.
