Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Lion
Le lion
Cette page introduit l'article « Le lion » du Buffon illustré de la jeunesse
Le lion
Le lion atteint, dans tout son développement, jusqu'à
deux mètres de longueur du museau à l'origine de la
queue, et environ un mètre trente centimètres de hauteur. La lionne est dans toutes ses dimensions d'environ
un quart plus petite que le lion.
Le lion a la figure imposante, le regard assuré, la démarche fière, la voix terrible; sa taille est si bien prise et si bien proportionnée, que son corps paraît être le modèle de la force jointe à l'agilité. Cette grande force musculaire se marque au dehors par les sauts et les bonds prodigieux que le lion fait aisément ; par le mouvement. brusque de sa queue, qui est assez fort pour terrasser un homme par la facilité avec laquelle il fait mouvoir la peau de sa face, et surtout celle de son front, ce qui ajoute beaucoup à sa physionomie ou plutôt à l'expression de sa fureur ; et enfin par la faculté qu'il a de remuer sa crinière, laquelle non seulement se hérisse, mais se meut et s'agite en tous sens lorsqu'il est en colère. L'espèce du lion est une des plus nobles, puisqu'elle est unique et qu'on ne peut la confondre avec celles du tigre, du léopard, de l'once, etc.
Quoique ce noble animal ne se trouve que dans les climats les plus chauds, il peut cependant subsister et vivre assez longtemps dans les pays tempérés.
Dans ces animaux, toutes les passions, même les plus
douces, sont excessives, et l'amour maternel est extrême.
La lionne, naturellement moins forte, moins courageuse
et plus tranquille que le lion, devient terrible dès qu'elle
a des petits elle se jette indifféremment sur les hommes et sur les animaux qu'elle rencontre, et les met à
mort, se charge ensuite de sa proie, la porte et la partage à ses lionceaux, auxquels elle apprend de bonne heure
à sucer le sang et à déchirer la chair.
[69]
Le lion, lorsqu'il a faim, attaque de face tous les animaux qui se présentent. On prétend qu'il supporte longtemps la faim ; il supporte moins patiemment la soif. Il prend l'eau en lapant comme un chien. Il lui faut environ quinze livres de chair crue chaque jour ; il préfère la chair des animaux vivants, de ceux surtout qu'il vient d'égorger; il ne se jette pas volontiers sur des cadavres infects.
Le rugissement du lion est si fort, que, quand il se fait entendre par échos la nuit dans les déserts, il ressemble au bruit du tonnerre. Il rugit cinq ou six fois par jour, et souvent lorsqu'il doit tomber de la pluie. Le cri qu'il fait lorsqu'il est en colère est encore plus terrible que le rugissement.
Il voit la nuit comme les chats il ne dort pas longtemps et s'éveille aisément mais c'est mal a propos que l'on a prétendu qu'il dormait les yeux ouverts . L'éléphant, In rhinocéros, le tigre et l'hippopotame sont les seuls animaux qui peuvent lui résister.
La chair du lion est d'un goût désagréable et fort; cependant les nègres ne la trouvent pas mauvaise.
Le lion s'apprivoise assez facilement et reçoit une
sorte d'éducation.
[70]
l'histoire ancienne fait mention de lions attelés à des chars de triomphe, menés à la chasse, à la guerre, et servant fidèlement leurs maîtres.