Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Marmotte

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La marmotte



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La marmotte

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La marmotte

 
A peu près de la taille d'un lapin ordinaire, la mar- motte est remarquable par sa grosse tête aux mâchoires garnies de vingt-deux dents, ses petites oreilles, son corps trapu, ses membres excessivement courts, armes d'ou- gles forts et tranchants, ses formes lourdes, sa queue mé- diocre. Elle tient un peu de l'ours, du rat et du lièvre; son pelage présente un mélange de roux et de brun. Elle Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f63.jpg[55] a la voix et le murmure d'un petit chien quand on la caresse; mais lorsqu'on l'irrite ou qu'on l'effraie, elle fait entendre un sifflet si perçant et si aigu, qu'il blesse le tympan. Elle aime la propreté, mais elle a, comme le rat, surtout en été, une odeur forte et désagréable, ce qui fait qu'elle n'est pas bonne à manger. Elle reste plongée pen- dant tout l'hiver dans une complète léthargie, en au- tomne elle est très grasse.

La marmotte, prise jeune, s'apprivoise plus qu'aucun animal sauvage, et presque autant que nos animaux do-

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mestiques elle apprend aisément à saisir un bâton, à gesticule, à danser, à obéir en tout à la voix de son maître. Elle est, comme le chat, antipathique avec le chien; lorsqu'elle commence à être familière dans la maison, et qu'elle se croit appuyée par son maître, elle attaque est mord en sa présence les chiens les plus redou- tables. Si l'on n'y prend pas garde, elle ronge les meubles, les étoffes, et perce même le bois lorsqu'elle est enfermée. Elle porte à sa gueule ce qu'elle saisit avec ses pieds de de- vant et mange debout comme l'écureuil elle court assez vite en montant, mais assez lentement en plaine; elle grimpe sur les arbres elle monte entre deux parois dc rochers, entre deux murailles voisines c'est des marmot- tes, dit-on, que les Savoyards ont appris à grimper pour ramoner les cheminées. Quoique moins portées que le Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f64.jpg[56] chat à dérober, elles cherchent a entrer dans les endroits où l'on renferme le lait et le boivent en grande quantité en marmottant, c'est-à-dire en faisant comme le chat un murmure de contentement. Le lait est la seule liqueur qui leur plaise.

La retraite où, à l'état sauvage, elles passent leur hiver est faite avec précaution et meublée avec art elle peut contenir une ou plusieurs marmottes, sans que l'air s'y corrompe. Leurs pieds et leurs ongles paraissent faits pour fouiller la terre, et elles la creusent en effet avec une merveilleuse célérité; elles jettent au dehors, der- rière elles, les déblais de leur excavation ce n'est pas un trou, c'est une espèce de galerie en forme d'Y, dont. les deux branches ont chacune une ouverture et aboutis- sent toutes deux à un cul-de-sac, qui est le lieu de séjour. Il est non seulement jonché, mais tapissé fort épais de foin et de mousse; elles en font ample provision pendant l'étn. Elles passent les, trois quarts de leur vie dans leur habitation; elles s'y retirent pendant l'orage, pendant la pluie ou dès qu'il y a quelque danger; elles n'en sortent même que dans les plus beaux jours, et ne s'en éloignent guère; l'une fait le guet, assise sur une roche élevée, tandis que les autres s'amusent à jouer sur le gazon, ou s'occupent à le couper pour en faire du foin; et lorsque celle qui fait sentinelle aperçoit un homme, un aigle, un chien, elle en avertit les autres par un coup de sifflet et ne rentre elle-même que la dernière.

Dès que la saison du froid commence à se faire sentir, les marmottes, retirées dans leur terriers, en bouchent les deux ouvertures avec de la terre gâchée, et si bien maçonnée, qu'il est plus facile d'ouvrir le sol partout ailleurs que dans l'endroit qu'elles ont muré. Elles se blottissent dans Ic foin et la mousse qu'elles y ont entas- sés à cet effet, et tombent dans un état de léthargie d'au- tant plus profond que le froid a plus d'intensité. Elles restent dans cet état de mort apparente jusqu au printemps Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f65.jpg[57] prochain, c'est-à-dire depuis le commencement de décem- bre jusqu'à la fin d'avril, et quelquefois depuis octobre jusqu'en mai, selon que l'hiver a été plus ou moins long. On trouve des marmottes particulièrement dans les Alpes et dans les Pyrénées.


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