Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Ours

De Wicri Animaux

L'ours



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L'ours

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L'ours

 
Il est remarquable par sa grande taille, ses membres épais, ses formes trapues, sa tête assez forte, au front convexe, au museau pointu, aux oreilles mobiles, quoi- que courtes; aux yeux petits, mais vifs; par ses pieds à la plante nue, aux cinq doigts armes d'ongles puissants de lungueur variable par son pelage épais, touffu, composé de poils longs, brillants et d'une seule couleur. On trouve dans les Alpes l'ours brun assez communé- ment, et rarement l'ours noir, qui se trouve, au contraire, en grand nombre dans les forêts des pays septentrio- naux de l'Europe et de l'Amérique. Le brun est féroce et carnassier, le noir n'est que farouche, et refuse de manger de la chair.

Les ours noirs n'habitent guère que les pays froids mais on trouve des ours bruns ou roux dans les climats froids et tempérés, et même dans des régions du Midi. L'ours est non seulement sauvage, mais solitaire il fuit par instinct toute société; il s'éloigne des lieux où les hommes ont accès; il ne se trouve à son aise que dans les endroits qui appartiennent encore à la vieille na- ture il s'y rend seul, y passe une partie de l'hiver sans provisions, sans en sortir pendant plusieurs semaines. Cependant il n'est point engourdi ni privé de sentiment, comme le loir ou la marmotte mais comme il est natu- rellement gras, cette abondance de graisse lui fait sup- porter l'abstinence.

La voix de l'ours est un grondement, un gros murmure, souvent mêlé d'un frémissement de dents qu'il fait surtout Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f66.jpg[58] entendre lorsqu'on l'irrite: il est très susceptible de co- lère, et sa colère tient toujours de la fureur et souvent du caprice, quoiqu'il paraisse doux pour son maître et même obéissant lorsqu'il est apprivoisé.

On chasse et on prend les ours de plusieurs façons en

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Suède, en Norvège, en Pologne, etc. La manière, dit-on, la moins dangereuse de les prendre est de les enivrer en jetant de l'eau-de-vie sur le miel, qu'ils aiment beaucoup et qu'ils cherchent dans les troncs d'arbres.

La peau est, de toutes les fourrures grossières, celle qui a le lilus de prix, et la quantité d'huile que Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f67.jpg[59] l'on tire du corps d'un seul ours est considérable.

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L'ours a les sens de l'ouïe, du toucher et de la vue très bons, quoiqu'il ait l'œil très petit relativement au volume de son corps. Il a l'odorat mcilleur et pcut-6trc Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f68.jpg[60] plus exquis qu'aucun autre animal. Il vit de trente à qua- rante ans il atteint à un mètre et demi de hauteur environ.

L'ours blanc a le pelage d'un blanc jaunâtre, la tête longue et aplatie il atteint jusqu'à deux mètres de longueur.

Habitant les régions polaires, il se trouve souvent sur les glaçons, à l'affût des poissons, sur lesquels il s'élance en plongeant. Il arrive fréquemment que les courants ou le vent éloignent ces glaçons des côtes où ils se sont formés l'ours voyage alors avec eux et prend terre là où le glaçon aborde, soit dans le Grœnland, soit dans la Nouvelle-Zemble, soit au Spitzberg.

Sa proie la plus ordinaire sont les phoques, qui n'ont pas la force de lui résister mais les morses, auxquels il enlève quelquefois leurs petits, le percent de leurs défenses et le mettent en fuite. Il en est de même des baleines, elles l'assomment par leur masse et le chassent des lieux qu'elles habitent, où néanmoins il prend et dévore souvent leurs jeunes baleineaux. Tous les ours ont naturellement beaucoup de graisse, et celui-ci, qui ne vit que d'animaux chargés d'huile, en a plus que les autres; cette graisse ressemble beaucoup à celle de la baleine. Sa peau fait une fourrure chaude et excellente, et sa chair passe pour n'être point mauvaise il manger,

Les ours blancs passent une grande partie de leur vie endormis dans la neige, ou sous des monceaux de glace. On apprend a l'ours commun à faire toutes sortes de tours, par exemple à danser au son du lifre ou du tam- lumriu, à marcher en cadence, à pas comptés, il imiter grossièrement les gestes d'une personne en colère, etc. Il s'accoutume à vivre avec les chats, les chiens, les mou- tons eux-mêmes mais il est vindicatif, et malheur à ceux qui lui ont infligé des corrections injustes, il ne s'en souvieut que trop pour s'en venger, si l'occasion s'en présente.


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