Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Sauvages/Éléphant

De Wicri Animaux

L'éléphant



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L'éléphant

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L'éléphant

 

Nous connaissons deux espèces d'éléphants l'éléphant des Indes; c'est le plus fort, le plus docile et le plus intelligent; l'éléphant d'Afrique, d'une peau plus noire, moins grand et moins facile à apprivoiser.

Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f104.jpg[96] Dans l'état sauvage, l'éléphant n'est ni sanguinaire, ni féroce il n'emploie ses armes et sa force que pour défendre lui-même et pour protéger ses semblables. Il a les mœurs sociables on le voit rarement errant et solitaire. Il marche ordinairement de compagnie le plus âge conduit la troupe; le second d'âge la fait aller et marche le dernier; les jeunes et les plus faibles sont au milieu des autres; les mères portent leurs petits et les tiennent embrassés de leur trompe. Ils aiment le bord des fleuves, les profondes vallées, et les terrains humides. Ils ne peuvent supporter ni le froid trop vif ni la chaleur excessive. Leurs aliments ordinaires sont des racines, des herbes, des feuilles et du bois tendre ils mangent aussi des fruits et des grains; mais ils dédaignent la chair et le poisson.

Il est difficile de les épouvanter; les seules choses qui les surprennent et puissent les arrêter, sont les feux d'artifice et les pétards qu'on leur lance.

L'éléphant à six mois est déjà plus gros qu'un bœuf. La force de ces animaux est proportionnelle à leur grandeur les éléphants des Indes portent facilement trois ou quatre milliers ; les plus petits enlèvent librement un poids de deux cents livres avec leur trompe. L'éléphant a les yeux très petits relativement au volume de son corps, mais ils sont brillants et spirituels ; il a un très bon naturel et parait aimer la musique  ; son odorat est exquis, il se détecte du parfum des fleurs il n'a pour ainsi dire le sens du toucher que dans la trompe ; mais il est aussi délicat, aussi distinct dans cette espèce de main que dans celle de l'homme. Cette trompe est un membre capable de mouvement et de sentiment l'animal peut non seulement la remuer, la fléchir, mais il peut la raccourcir, l'allonger, la courber et la tourner en tous sens. L'extrémité de la trompe est terminée par un rebord qui s'allonge par le dessous en forme de doigt; avec cette sorte de doigt, l'éléphant ramasse à terre les plus petites pièces de monnaie; il cueille les herbes et Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f105.jpg[97] les fleurs; il dénoue les cordes, ouvre et ferme les portes en tournant les clefs, etc. Il débouche une bouteille aussi adroitement que le plus intrépide buveur. Quand une troupe d'éléphants a à traverser un fossé assez profond, l'un d'entre eux descend dedans et présente son corps comme un pont volant, sur lequel ses compagnons passent ensuite ils le retirent eux-mêmes en l'aidant de leurs trompes et de leurs pieds.

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On raconte que Porus ayant été blessé dangereusement dans la bataille que lui livra Alexandre le Grand on remarqua que l'éléphant retirait adroitement avec sa trompe les dards et les flèches dont ce monarque était percé. Non moins fidèle que sensible, l'animal ne se rendit qu'à la dernière extrémité, lorsqu'il eut senti que son maître s'évanouissait par la grande quantité de sang qui coulait de ses blessures; alors, craignant qu'il ne tombât de sa hauteur, il se baissa doucement et lui donna la facilité de se couler à terre sans se faire de mal.

Les éléphants s'aiment et se chérissent mutuellement ils ont surtout beaucoup d'égards et de considération pour la vieillesse, sans y être contraints par les lois des Lyeurgue et des Solon. Les jeunes éléphants partagent Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f106.jpg[98] avec les vieux leur nourriture et leur témoignent en toutes choses la plus grande déférence.

L'éléphant tombe quelquefois dans une espèce de folie qui lui ôte sa docilité et le rend très redoutable; on est alors oblige de le tuer.


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