La grippe ou influenza (1908) André/Bactériologie : Différence entre versions

De Wicri Santé
imported>Jacques Ducloy
(=Le bacille de Pfeiffer)
imported>Jacques Ducloy
(Le bacille de Pfeiffer)
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que Pfeiffcr découvrit un bâtonnet fin et court
 
que Pfeiffcr découvrit un bâtonnet fin et court
 
qu'il considéra comme le microbe spécifique do
 
qu'il considéra comme le microbe spécifique do
la grippe, De nombreux obscrvntcurs, enlre au-
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la grippe, De nombreux observatcurs, entre autres Canon, Klein, Wclchsclbaum, Chlarl, Prlr
tres Canon, Klein, Wclchsclbaum, Chlarl, Prlr
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forain, Borchardt, Huber, Piclickc, Voges, Kitasato, Pfuhl, etc., confirmèrent cette découverte.
forain, Borchardt, Huber, Piclickc, Voges, Kl-
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tasato, Pfuhl, etc., confirmèrent cette découverte.
 
  
 
Henri Meunier, en France, quelques années plus
 
Henri Meunier, en France, quelques années plus
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ransparentes. A ces caractères, H. Meunierajoute
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les suivantes : les colonies apparaissent, au mi-
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croscope, sous forme de perles lumineuses ar-
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rondies, avec parfois une auréole rougcàtre. Il
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faut quelquefois trois jours pour que les cul-
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tures atteignent le développement définitif.
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H. Meunier n'a pu déceler des propriétés ag-
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glutinantes nu sérum de malades ou d'animaux
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atteints d'infections graves relevant du cocco-
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bacille.
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Au point de vue de l'action pathogène sur les
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animaux, d'après le savant observateur, le cocco-
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bacillc s'est montré inoffensif pour la grenouille,
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le pigeon, la souris, le cobaye et le chien ; il est
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pathogène pour le lapin, chez qui il détermine
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de l'hyperthermie, do l'anorexie et de rabatte-
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ment,
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Jehle aurait rencontré le bacille de l'influenza
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dans deux eus d'endocardite, au niveau des val-
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vules aorliques. Dans un cas, il s'agissait d'une
 +
culture pure; dans l'autre, d'une coexistonce
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avec le staphylocoque, D'après ces recherches, le
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coeco-bacille peut se propager, non seulement
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par les voles lymphatiques, mais encore par les
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vaisseaux sanguins.
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Canon affirmait, avec l'approbation de Koch,
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avoir trouvé, dans le sang des grippés, un petit
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bâtonnet identique ou coeco-bacille de Pfeiffer,
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mais ce dernier rejette formellement cette assor-
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tion et assure n'avoir jamais vu ni cultivé son
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microbe dans le sang. La question reste, en
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somme, douteuse, car des observateurs éminents
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sont arrivés à des résultats qui semblent donner
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raison aux recherches de Canon; Bruschettini,
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Borchardt et Klein notamment, ont trouvé ce ba-
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cille, en quantités variables, dans le sang des
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grippés. Chantemesse et Cornil ont confirmé
 +
aussi les conclusions de Canon. H. Meunier, dans
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ces derniers temps, a pu isoler, dans quatre cas,
 +
le coeco-bacille du sang de la veine et en a reconnu
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positivement les caractères. Il s'agissait peut-être
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du passage du microbe dans le torrent circula-
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toire, sans séjour proprement dit, et c'est par
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hasard que, dans des circonstances données, on
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peut en recueillir un petit nombre ; c'cst d'aillcurs
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ainsi que se comportent le pneumocoque et le
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streptocoque.
 +
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De tout ce qui précède, il nous parait résulter
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que l'organisme de Pfeiffer représente peut-être
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l'agent spécifique de la grippe dans certaines
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épidémies. Mais ce microbe ne pourrait-il pas se
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rencontrer dans d'aulres affections? Ne pourrait-il
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pas exister normalement dans la cavité bucco-
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pharyngée, comme le pneumocoque, par exemple,
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en contractant parfois une extrême virulence?
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Celle idée n'aurait rien que d'acceptable, si le
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pseudo bacille, que Pfeiffer a rencontré dans des
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bronchites banoles, n'était autre en réalité que lo
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vrai dont il diffère très peu, parait-il. On s'expli-
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querait ainsi les variations nombreuses, au point
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de vue dos symptômes et de la gravité des épidé-
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mies grippales, et il serait possible de relier à ces
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dernières les affections catarrhales saisonnières
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qui ont existé de tout temps.
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Il y a lieu d'envisager très sérieusement la
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question des infections secondaires qui, dans la
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grippe, jouent, nous le savons déjà, un rôle si im-
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portant. Le Dr Rosenthal, dans une thèse intéres-
 +
sante (Paris, 1900), se basant sur les recherches du
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ProfesseurGrancher et sur l'inoculation du coeco-
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bacille hémophile de Pfeiffer, ne croit pas à l'exis-
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tence d'un agent spécifique, 11 n'est pas, parait-il»
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de caractère clinique qui permette de prévoir la
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présence ou l'absence do ce microbe. Dans cer-
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tains cas de grippe typique, on n'a pu le déceler;
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on l'a rencontré, en revanche, dans des cas où
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l'origine grippale ne saurait être soutenue. Le
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coeco-bacille hémophile fait partie do la flore
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ordinaire des affections respiratoires. En inocu-
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lant à des lupins un mélnngo de bacilles de
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Pfeiffer et de staphylocoques, on provoque de la
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congestion pulmonaire, Dans quatre cas où man-
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quait le rocco-bacille, deux étaient d'une fnçon
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indéniable des cas de grippe; dans un autre cas
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do congestion pulmonaire, on rencontra le coeco-
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bacille associé à l'entérocoquo. En Allemagne, on
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objecte que ces résultats variables tiennent à ce
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que l'examen bactériologique est pratiqué à di-
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vers jours de la maladie. Il y aurait peut-être lieu
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d'invoquer la doctrine du satellitisme des cultu-
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res et les principes de l'inoculation mixte.
  
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D'ailleurs, d'après Rosenthal, le coeco-bacille
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no disparaîtrait pas au cours de l'évolution de
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la maladie, F. Bczançon et de Jongh, poursuivant
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les travaux dont nous avons déjà parlé, en com-
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parant des préparations faites en 1898-1899, et qui
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fourmillaient de cocco-bacillcs de Pfeiffer, avec
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d'autres lames plus récentes, ont pu conclure au
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peu d'importance de co bacille dans l'épidémie
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de 1904-1005. La culture des crachats faite sur
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sang gélose a confirmé nettement cette opinion ;
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il existait un véritable contraste entre cette pénu-
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rie du bacille de Pfeiffer et sa constance pendant
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l'hiver de 1898-1899. Presque toujours, il s'agissait
 +
d'nssocinttons microbiennes. Ces auteurs signa-
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lent d'abord le pneumocoque, souvent prédomi-
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nant, le pneumo-bacille, un diplo-streptocoque ana-
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logue à Yentèrocoque, des bacilles pseudo-diphtéri-
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ques, et surtout deux espèces microbiennes à
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coractères spécioux.
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Lu première espèce est un diplocoque ayant do
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grandes ressemblances avec lo gonocoque, rappe*
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lunt parfois dans les crachats une préparation de
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pus blennorragique; c'est un microbe aérobie,
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se développant à 22°, donnant sur gélose des co-
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lonies épaisses, blanchâtres, arrondies, entourées
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d'une collerette irrégulière et translucide, d'as-
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pcct moiré à l'examen à la loupe. Co microbe ne
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semble pas pathogène pour la souris et le cobaye.
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11 s'agit de diplocôques non encapsulés en sérum
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de lapin, en grains de café, habituellement apla-
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tis dans le sens longitudinal, fréquemment en
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amas, rarement on tétrades, plus souvent en ré-
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seaux, comme le staphylocoque, et se décolorant
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toujours nettement par la méthode de Gram. Co
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microbe rentre dans le groupement encore mal
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délimité du micrococcus catarrhalis étudié par
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Bernhoim, Ghon et Pfeiffer et rencontré par eux
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dans les affections dites grippales des voies res-
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piratoires (Bullct. Soc. médic. Ilôpit., Paris, 1903).
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La deuxième espèce est formée par des diplo-
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côques à contours mal délimités, semblant unis
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les uns aux autres par une masse glaireuse,
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comme dans une zoqglée, fond sur lequel se dé-
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tachent de très gros cocci groupés en tétrades,
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Les caractères de culturo de ce microbe sont à
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peu près ceux du micrococcus sopticus ordi-
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naire i colonies d'un blanc éclatant, arrondies,
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crémeuses sur milieu solide. Ce microbe, non
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pathogène pour les animaux do laboratoire,
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trouve difficilement sa place exacte dans la clas-
 +
sification bactériologique. Bosc et Galuvielle ont
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isolé d'un cas mortel de gangrène pulmonaire un
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tétragône en zooglées ; co microbe pourrait être
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désigné provisoirement, d'après F, Bezançon et
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de Jongh, sous lo nom do paratétragènc zoogléique.
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On le retrouve dans certains cas d'angine pulta-
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cée, d'endocardite, do gangrène pulmonaire; il
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a été observé aussi dans le liquide céphalo-rachi-
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dien d'un malade atteint de paraplégie consécu-
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tive à une infection pulmonaire,
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Ha déjà été question de microbes d'infections se-
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condaires (pneumocoque, streptocoque, pneumo-
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bacille, staphylocoques), signalés par Ch. Bou-
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chard, Netter, Leyden, Vaillard et Vincent,
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Weichselbaum, Babès, Chantemesse et Widal,
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Hanot, Ménétrier, Jaccoud, etc. Ce sont surtout
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le streptocoque et le pneumocoque qu'on ren-
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contre le plus fréquemment dans ces infections.
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Il y a quelques années, rapporte le Dr Ray-
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mond Bernard (Bullet. Soc. méd. Hôpit., Pa-
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ris, 1905), on trouva pendant plusieurs mois du
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tétragène partout, surtout dans les angines bana-
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les, mais aussi dans des infections septicémiques
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graves ; puis ce micro-organisme disparut. Cette
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apparence de caprice, ajoutc-t-il, chez les bacté-
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ries pathogènes, est le fait de leurs exigences
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biologiques.
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Le streptocoque est, d'après Hanot (Bullet. Soc.
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méd.JIôpit., 1893), le véritable familier du microbe
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spécifique de lu grippe. A l'aide de ce dernier, il
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peut acquérir une virulence extraordinaire,
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tantôt réalisant pour son compte l'infection gé-
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nérale ou septicémie streptococcique, tantôt
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créant des infections locales pleurales, pulmo-
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naires, méningées, etc., tantôt enfin jouant le
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simple rôle d'agent pyogène. Dans bien des cas,
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ajoute-t-il, il se substitue au microbe spécifique
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et commande seul à la fois la symplomatologie et
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le pronostic de l'affection.
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Lo Dr Achalme (Thèse Paris, 1892) avait déjà
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mis en lumière, en ce qui concerne le streptoco-
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que, l'importance du processus des associations
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microbiennes. Le Professeur Bouchard, lui aussi,
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avait déjà, plusieurs mois auparavant, mis en re-
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lief cette symbiose créant des complications se-
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condaires variées, troubles surajoutés dus aux
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microbes les plus différents auxquels celui de la
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grippe ouvre la porte et donne passagèrement
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une exaltation spéciale. Achalme a rencontré,
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pendant l'épidémie de 1889-1890, le bacille que
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Kirchner considérait comme le véritable agent
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pathogène de la grippe; plus tard, il ne l'a plus
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constaté dans ses ensemencements, et sa fragi-
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lité vitale l'a empêché de l'expérimenter sur les
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animaux. Le Professeur Roger avait déjà démon-
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tré que le banal bacillus prodigiosus, injecté à un
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animal, en même temps qu'un streptocoque atté-
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nué, déterminait une septicémie streptococcique
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mortelle. Une observation de Hanot, au point de
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vue du rôle du streptocoque dans les complica-
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tions grippales, est très significative ; il s'agissait
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d'une grippe à forme typhoïde avec détermina-
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tions articulaires et pôri-arliculaires (pseudo-rhu-
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matismo généralisé), puis de suppuration de
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l'articulation scapulo-humérale, avec irruption
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ultérieure do pus dans les gaines musculaires
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avoisinantes, enfin, d'un vasle abcès de la région
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sacrée. Laveran avait, lui aussi, à cette époque,
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signalé des suppurations très rapides et très gra-
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ves dues à une infection secondaire par le strep-
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tocoque.
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L'opinion de Finkler se rapproche beaucoup de
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la précédente ; cet observateur n'attribue plus une
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action prépondérante au streptocoque, et ce mi-
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crobe s'associerait par symbiose au coeco-bacille
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de Pfeiffer pour engendrer les broncho-pneumo-
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nies grippales.
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Le coeco-bacille, pénétrant dans les voies res-
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piratoires, serait, d'après quelques auteurs, un
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auxiliaire puissant pour certains microbes déjà
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installés ùans la muqueuse bronchique.
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Les délicates recherches de H. Meunier dans
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la grippe infantile (Archiv. gén. de Méd., février
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et mars 1897) tendent à attribuer au bacille de
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Pfeiffer un rôle de premier ordre dans la genèse
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des lésions propres à cette affection. Sans le se-
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cours d'autres bactéries, il pourrait créer des
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foyers broncho-pucumoniques et des pleurésies
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pseudo-membraneuses ; contrairement à l'opi-
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nion générale, cet observateur distingué croit
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possible la diffusion du coeco-bacille dans la cir-
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Version du 13 avril 2020 à 09:11

Bactériologie et Anatomie pathologique


 
 

Gallica 12148-bpt6k5713876s-f5.jpg
Chapitre
Historique
Auteur
Gustave André
Extrait de
La grippe ou influenza (1908)
Visible en ligne
Sur Gallica
Chapitre précédant
Définition
Chapitre suivant
Épidémie de 1889-1890

Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.

Bactériologie et Anatomie pathologique


- 69 (G) -

Les microbes de la grippe

Nous passerons tout d'abord en revue les diverses recherches bactériologiques tentées par un premier groupe d'expérimentateurs; cette énumération présente actuellement un intérêt véritable, car la notion d'un micro-organisme unique ou prépondérant perd aujourd'hui du terrain, comme on a pu le pressentir au début de ce travail, Cela résulte notamment des recherches délicates entreprises récemment dans le laboratoire du Professeur Cornil, par le Dr F. Bezançon et son interne Israëls de Jongh. Un fait capital a frappé ces deux savants : c'est, dans les circonstances où ils se trouvaient en ce moment, l'extrême rareté des cas où on rencontrait une seule espèce et lo fait presque constant d'associations microbiennes, Le rôle de ces divers microbes serait d'ailleurs secondaire et, pas plus que celui de Pfeiffer, ils ne mériteraient un brevet do spécificité (Soc. médic, des Hop., mars 1908).


- 70 (G) -

Déjà, en 1883, Seifert, de Wurtzbourg, avait re- trouvé, dans le mucus nasal et bronchique de ma- lades atteints de grippe, des microcoques isolés, mais le plus souvent groupés deux à deux, parfois associés en chaînettes et mesurant de 1,5 à 2 a de longueur et 1 ^d'épaisseur. Ces organismes étaient colorés par le violet de méthyle,

En décembre 1889, Adolph Jolies, de Vienne, rencontra dans les crachats de grippés des mi- crocoques encapsulés ressemblant beaucoup au diplocoque pneumonique de Fricdlandcr. Co même micro-organisme encapsulé fut retrouvé dans les urines de ces malades, Des cultures sur plaques, servant à inoculer des tubes de gélatine, permirent d'obtenir des colonies en forme-de clou, comme celle que décrit Frledlandor; mois la partie saillante de la tète du clou élait moins brillante et plus granuleuse, Il existerait encore quelques différences entre les cultures du diplo- coque de Frledlandor et celles de Jolies, L'eau do l'aqueduc dé Vienne recelait cet organisme en assez grande quantité.

En 1890, Klcbs, de Zurich, décrivit les hémato- zoaires de l'influenza. H no s'agissait pas de bacilles, mais d'organismes plus relevés, lo Rhy- zomastigma, de la famille des monades. Autour des globules rouges, on pouvait voir, au micros- cope, de petits corps doués do mouvements rapides, très brillants, et qui, par leurs dimensions,


- 71 (G) -

leur forme et leur mouvement, rappelaient ceux décrits précédemment par lui dans l'anémie per- nicieuse vraie. Ces organismes seraient des fla- gellés, c'est-à-dire des protozoaires munis d'un filament. Il faut bien dire que l'existence de cet hématozoaire fut tout aussitôt révoquée en doute.

Kirchner, de Berlin, aurait rencontré, dans les sécrétions bronchiques de trente malades, une diplobactérie, d'apparence encapsuléo, dont le rôle pathogène serait réel, comme l'inoculation chez le lapin semblait le démontrer.

Il faut citer encore les recherches de Finkler et de Ribbert qui attribuent les troubles de la grippe aux toxines d'un streptocoque possédant complè- tement les attributs du streptocoque de l'érysi- pèlo.

Wetchsolbaum a rencontré dans les crachats de dix-huit malades un diplocoque encapsulé ressem- blant beaucoup à celui de Talamon-Framkel, tant sous le microscope que dans les cultures. Pour- tant, cet organisme serait loin d'avoir la virulence du pneumocoque. On aurait retrouvé ce diploco- que dans l'urine provenant d'une néphrite grip- pale, dans le pus d'une sinusite et dans plusieurs otites,


- 72 (G) -

inoculés au cobayo, ont provoqué une inflam- mation pleurale.

Citons pour mémoire le travail do Fischel qui rencontra deux espèces de diplocoques se dévelop- pant sur la gélatine.

Vaillard et Vincent (Soc. méd, des Hôp., 1890), pratiquant l'examen des viscères, du sang, etc., aussitôt que possible après la mort, des crachats et des épanchements pleuraux pendant la vie, croient avoir démontré, sans exception, la pré- sence d'un strejnocoque toujours identique à lui- même et bien spécifié au point de vue morpholo- gique, Les deux savants se demandent, sous oser l'affirmer, si cot organisme est'bien la cause uni- que de la grippe. Netter, à la mèmcépuque, put déceler la présence, dans certains cas, du pneumo- coque associé au stroplococcus pyogènes, dans d'uulres du bacille de Frledlandor ù l'état de culture pure. Ces microbes, déclare-t-il, no peu- vent être considérés comme les agents pathogènes de la grippe; « le pneumocoque et le streptocoque « se rencontrent normalement dans la bouche de « sujets sains, lis acquièrent sans doute, au cours « gémirent des infections secondaires ».

La bactérie que Babès, do Bucarest, a ren- contré dans quelques cas de bronchite grippale, a été désignée par ce savant sous le nom de bactérie du mucus, Mais, dans le plus grand nombre


- 73 (G) -

de cas, c'est encore du pneumocoque qu'il s'agissait.

Le Professeur Ch. Bouchard (Acad. de Môdi, 1890) a rencontré trois microbes pathogènes, deux de trop, dit-il lui-même. Il s'agit encore d'habi- tants naturels de nos cavités et qui, sous l'in- fluence de la grippe, ont pu, selon son opinion, franchir les barrières qui,.d'ordinaire, les empê- chent de pénétrer dans nos tissus où dans le sang. L'émincnt observateur a trouvé, dans les affections secondaires suscitées par la grippé, le staphylo- coque pyogène (herpès labial), le pneumocoque dans certaines pneumonies et dons quelques oti- tes, le streptocoque surtout dans le pus bronchi- que, dans les crachats pneumoniques, dans le liquide des pleurésies suppurées, dans la ménin- gite, dans certaines arthrites et dans les amygda- lites de lo grippe. Ce streptocoque, injecté dans le tissu cellulaire de l'oreille du lapin, produit un érysipèle manifeste avec suppuration, Ce fait, qui met en relief l'érysipèle parmi les complications de la grippe, fait comprendre l'existence simulta- née assez fréquente des épidémies de grippe et d'érysipèle.

Les pneumoniesdllesgrippulesseraleiil, d'après Ch. Bouchard, des pneumonies vulgaires et non des pneumonies spécifiques, Cela parait certain ; néanmoins, comme l'a fait remarquer Nolhnagel, la grippe ctlo pneumonie sonl deux maladies



- 74 (G) -

microbiennes distinctes, mois qui voyagent fréquem- ment de compagnie, parco quo l'une prépare les voies do l'autre. D'ailleurs, Ch. Bouchard paraît accepter d'une certaine façon cette opinion, car il ajoute : Elle se produit, d'après lui, parce que, sous l'ac- tion de la grippe, la phagocytose est onlravéo cl que les défenses de l'organisme sont amoindries. Ces pneumonies vulgaires n'en seraient pas moins contagieuses, en raison de l'augmentation crois- sante do la virulence du pneumocoque.

Cette opinion éclectique et sage de Ch. Bou- chard a été récemment mise on valeur dans la discussion soulevée à la Société médicale des Hôpitaux (mors 1903).

En résumé, jusqu'à ce moment, nous ne voyons point surgir le microbe propre de lu grippe, Comme ledit excellemment Netler, on trouvait, d'après ces recherches, une explication satisfai- sante des complications de la grippe; on n'avait pas trouvé le microbe spécifique. Mais la grippe, après tout, est-elle nécessairement liéeà un agent spécifique?

En 1891, le Professeur Teissicr entreprit des recherches bactériologiques, en collaboration avec les Drs Roux et Pltlion. Ces expérimenta- teurs auraient rencontré dans le sang et les uri- nes des grippés un dlplo bacille encapsulé, se re- produisant très nettement par sporulation, dans



- 75 (G) -

la ligne de slrio, un léger glacis un peu humide.

Si, pendant la période d'acmé fébrile, on ense- mence dans du bouillon une goutte de sang re- cueillie aseptiquement à l'extrémité d'un doigt, on peut constater, après trente-six à soixante heures,des éléments en chatnettes rappelant l'as- pect extérieur des streptocoques. Il s'agirait, d'uilleurs, plutôt de strepto-bacilles que de vérita- bles streptocoques. (Leçons du Professeur Tei« sier, recueillies par le Dr Frenkel.)

L'inoculation des cultures de ce micro-orga- nisme, chez plus de tienle animaux, a donné lieu à des symptômes toujours identiques : élévation brusque de la température dès les premières heures, vertiges, parésics des membres, quel- quefois diarrhée Intense, Après une évolution moyenne de neuf à quinze jours, la mort surve- nait avec des accidents de néphrite infectieuse, amaigrissement progressif, cl, lo plus souvent, convulsions. Ce serait bien là, d'après Teissier, une grippe expérimentale,

Le bacille de Pfeiffer

C'est en janvier 1892 que Pfeiffcr découvrit un bâtonnet fin et court qu'il considéra comme le microbe spécifique do la grippe, De nombreux observatcurs, entre autres Canon, Klein, Wclchsclbaum, Chlarl, Prlr forain, Borchardt, Huber, Piclickc, Voges, Kitasato, Pfuhl, etc., confirmèrent cette découverte.



- 76 (G) -

Henri Meunier, en France, quelques années plus tard, en 1897, isola ce bacille dans le suc pulmo- naire extrait du foyer pneumoniquo chez des en- fants, et en donna une description qui peut servir do modèle. H. Meunier est convaincu quo lo mi- crobe do Pfeiffer, au moins à une certaine époque de la maladie, commande l'infection pulmonaire. Ce microbe se présente sous la forme de bâton- nets très fins, très courts, et qui, par leur aspect, méritent le nom de cocco-bacilles. Ce bâtonnet, arrondi à ses extrémités, et dont lu largeur égale presque la longueur, est d'une petitesso extraor- dinaire ; il se colore difficilement par les couleurs basiques d'aniline, fort bien par le liquide do' îîiclh étendu, et se décolore par le Qram. On l'a trouvé dans lo muco-pus bronchique, la salive, le suc pulmonaire, d'abord à l'état libre et formant de véritables amas, plus tard dans l'intérieur des éléments cellulaires. Se cultivant lentement à 37° sur du sang de pigeon ou de lapin, le bacille de l'influenza ne pousse pas sur les milieux ordi- naires, tels que: bouillon, gélose, gélatine, sérum, pomme do terre ; par contre, il peut être cultivé pendant de nombreuses générations sur l'agar nutritive additionnée d'une goutte de sang d'homme, de lapin cl surtout de pigeon, H forme, dans ces dernières conditions, des colonies très


- 77 (G) -

petites, très fines, presque invisibles à l'oeil nu, transparentes, arrondies, sans confluence et cons- tituées par de petits bâtonnets dont le centre est moins coloré que les extrémités. Des passages successifs sur du sang de pigeon aboutissent à la production de colonies plus volumineuses. '

D'après la description de H. Meunier, lo cocco- bacillo do Pfeiffer est rigoureusement aérobic, présentant dans les cultures vieilles un polymor- phisme très caractérisé, sous forme de filaments allongés et enchevêtrés ; il vieillit vite et no repi- que plus au bout do très peu do temps. Ce microbe est inoffensif pour les espèces animales outres quo les singes, à moins qu'on n'injecte dons les veines des doses massives de cultures vivantes ou stérili- séos ; les animaux meurent alors par loxômie. Les cultures pures donnent des résultats inconstants, variables, et sont, en général, bien tolérées quand on inocule des cultures ayant quelques jours.

M. Martin (Société do Biologie, 1900), après ino- culation du bacille de Pfeiffer dans Je liquide cé- phalo-rachidien, a vu les animaux succomber; on retrouve co micro-organisme au niveau des mé- ninges, dos ventricules, etc. Par contre, inoculé sous la peau, ce bacille ne détermine jamais la mort chez le lapin.

Slalinéuno, en 1901, mctlant à profit la pro- priété chimiotaxiqUe négative de l'acide lactique pour exalter la virulence du cocco-bacille, a pu


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déterminer chez les animaux un état septicé- mique qui provoque la mort entre six et vingt- quatre heures. Les symptômes principaux consis- lent en une péritonilesuraiguc et une hypothermie qui parait plutôt d'ordre toxique, car on ne peut retrouver le microbe ni dans le sang, ni dans les organes. Les animaux qui résistent pendant quel- que temps à l'infection provoquée succombent au bout de quelques jours, minés par une cachexie profonde qui se Iraduit surtout par une perte considérable de poids.

Le bacille de la grippe, qu'on rencontre surtout dans la salive, les crachais el dans le suc pulmo- naire (Meunier), a été retrouvé dans des tissus divers, dans les séreuses, notamment par Letze- ricli, par Meunier dans un épanehement séro- fibrineux, par Pfeiffer dans certaines collections purulentes peu abondantes de la plèvre. Sa pré- sence a été constatée dans le système nerveux central chez des grippés ayant présenté des phé- nomènes nerveux graves, tels quo symptômes de méningite cérébro-spinale (Pfuhl et Walter), dans le pus d'une méningite avec abcès épidural (llacdke).

Chez trois enfants âgés respectivement de vingt mois, seize mois et six ans, atteints l'un de pleurésie, l'outre de méningite, lo troisième d'ostéo-pértostite éplphysolre du fémur, H. Meu- nier (Suclélé de Biologie, 1900) n constaté nette-


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ment l'existence du cocco-bacille de Pfeiffer, et a pu, après ensemencement, obtenir des cultures abondantes de cette bactérie.

L'infiuenza-bacillus, admirablement étudié par H. Meunier, comme nous venons de le voir, est, en résumé, une bactérie extrêmement petite, la plus petite des espèces connues et n'ayant d'ana- logue, comme dimension, que le microbe de la septicémie de la souris. H ressemble étonnam- ment au pneumocoque et se présente souvent sous forme d'amas enchevêtrés.

Pour compléter l'étude de ce micro-organisme, nous ajouterons que, dans les cultures à milieux liquides, il revêt des formes allongées ; quelque- fois, ce sont de véritables filaments longs et ténus, sinueux. Sur milieux liquides, c'est le type bâtonnet qui prédomine. 11 n'a pas de mobilité propre.

Comme Pfeiffer, H. Meunier a reconnu que cette bactérie exigeait, pour se développer in vitro, l'adjonction de sang à un milieu nutritif ordinaire. Il est Indispensable, pour constater la présence du cocco-bacillo dans les cultures, d'avoir recours à lu loupe ou môme au microscope. Les colonies n'ont aucune tendance à la confluence, au fusionnement. A lu surface de la gelée san- glante regardée par transparence, on aperçoit un semis extrêmement fin de gouttelettes punetl- formes, rondes, jamais continentes, absolument


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ransparentes. A ces caractères, H. Meunierajoute les suivantes : les colonies apparaissent, au mi- croscope, sous forme de perles lumineuses ar- rondies, avec parfois une auréole rougcàtre. Il faut quelquefois trois jours pour que les cul- tures atteignent le développement définitif.

H. Meunier n'a pu déceler des propriétés ag- glutinantes nu sérum de malades ou d'animaux atteints d'infections graves relevant du cocco- bacille.

Au point de vue de l'action pathogène sur les animaux, d'après le savant observateur, le cocco- bacillc s'est montré inoffensif pour la grenouille, le pigeon, la souris, le cobaye et le chien ; il est pathogène pour le lapin, chez qui il détermine de l'hyperthermie, do l'anorexie et de rabatte- ment,

Jehle aurait rencontré le bacille de l'influenza dans deux eus d'endocardite, au niveau des val- vules aorliques. Dans un cas, il s'agissait d'une culture pure; dans l'autre, d'une coexistonce avec le staphylocoque, D'après ces recherches, le coeco-bacille peut se propager, non seulement par les voles lymphatiques, mais encore par les vaisseaux sanguins.

Canon affirmait, avec l'approbation de Koch, avoir trouvé, dans le sang des grippés, un petit bâtonnet identique ou coeco-bacille de Pfeiffer, mais ce dernier rejette formellement cette assor-


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tion et assure n'avoir jamais vu ni cultivé son microbe dans le sang. La question reste, en somme, douteuse, car des observateurs éminents sont arrivés à des résultats qui semblent donner raison aux recherches de Canon; Bruschettini, Borchardt et Klein notamment, ont trouvé ce ba- cille, en quantités variables, dans le sang des grippés. Chantemesse et Cornil ont confirmé aussi les conclusions de Canon. H. Meunier, dans ces derniers temps, a pu isoler, dans quatre cas, le coeco-bacille du sang de la veine et en a reconnu positivement les caractères. Il s'agissait peut-être du passage du microbe dans le torrent circula- toire, sans séjour proprement dit, et c'est par hasard que, dans des circonstances données, on peut en recueillir un petit nombre ; c'cst d'aillcurs ainsi que se comportent le pneumocoque et le streptocoque.

De tout ce qui précède, il nous parait résulter que l'organisme de Pfeiffer représente peut-être l'agent spécifique de la grippe dans certaines épidémies. Mais ce microbe ne pourrait-il pas se rencontrer dans d'aulres affections? Ne pourrait-il pas exister normalement dans la cavité bucco- pharyngée, comme le pneumocoque, par exemple, en contractant parfois une extrême virulence? Celle idée n'aurait rien que d'acceptable, si le pseudo bacille, que Pfeiffer a rencontré dans des bronchites banoles, n'était autre en réalité que lo


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vrai dont il diffère très peu, parait-il. On s'expli- querait ainsi les variations nombreuses, au point de vue dos symptômes et de la gravité des épidé- mies grippales, et il serait possible de relier à ces dernières les affections catarrhales saisonnières qui ont existé de tout temps.

Il y a lieu d'envisager très sérieusement la question des infections secondaires qui, dans la grippe, jouent, nous le savons déjà, un rôle si im- portant. Le Dr Rosenthal, dans une thèse intéres- sante (Paris, 1900), se basant sur les recherches du ProfesseurGrancher et sur l'inoculation du coeco- bacille hémophile de Pfeiffer, ne croit pas à l'exis- tence d'un agent spécifique, 11 n'est pas, parait-il» de caractère clinique qui permette de prévoir la présence ou l'absence do ce microbe. Dans cer- tains cas de grippe typique, on n'a pu le déceler; on l'a rencontré, en revanche, dans des cas où l'origine grippale ne saurait être soutenue. Le coeco-bacille hémophile fait partie do la flore ordinaire des affections respiratoires. En inocu- lant à des lupins un mélnngo de bacilles de Pfeiffer et de staphylocoques, on provoque de la congestion pulmonaire, Dans quatre cas où man- quait le rocco-bacille, deux étaient d'une fnçon indéniable des cas de grippe; dans un autre cas do congestion pulmonaire, on rencontra le coeco- bacille associé à l'entérocoquo. En Allemagne, on objecte que ces résultats variables tiennent à ce


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que l'examen bactériologique est pratiqué à di- vers jours de la maladie. Il y aurait peut-être lieu d'invoquer la doctrine du satellitisme des cultu- res et les principes de l'inoculation mixte.

D'ailleurs, d'après Rosenthal, le coeco-bacille no disparaîtrait pas au cours de l'évolution de la maladie, F. Bczançon et de Jongh, poursuivant les travaux dont nous avons déjà parlé, en com- parant des préparations faites en 1898-1899, et qui fourmillaient de cocco-bacillcs de Pfeiffer, avec d'autres lames plus récentes, ont pu conclure au peu d'importance de co bacille dans l'épidémie de 1904-1005. La culture des crachats faite sur sang gélose a confirmé nettement cette opinion ; il existait un véritable contraste entre cette pénu- rie du bacille de Pfeiffer et sa constance pendant l'hiver de 1898-1899. Presque toujours, il s'agissait d'nssocinttons microbiennes. Ces auteurs signa- lent d'abord le pneumocoque, souvent prédomi- nant, le pneumo-bacille, un diplo-streptocoque ana- logue à Yentèrocoque, des bacilles pseudo-diphtéri- ques, et surtout deux espèces microbiennes à coractères spécioux.

Lu première espèce est un diplocoque ayant do grandes ressemblances avec lo gonocoque, rappe* lunt parfois dans les crachats une préparation de pus blennorragique; c'est un microbe aérobie, se développant à 22°, donnant sur gélose des co- lonies épaisses, blanchâtres, arrondies, entourées


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d'une collerette irrégulière et translucide, d'as- pcct moiré à l'examen à la loupe. Co microbe ne semble pas pathogène pour la souris et le cobaye. 11 s'agit de diplocôques non encapsulés en sérum de lapin, en grains de café, habituellement apla- tis dans le sens longitudinal, fréquemment en amas, rarement on tétrades, plus souvent en ré- seaux, comme le staphylocoque, et se décolorant toujours nettement par la méthode de Gram. Co microbe rentre dans le groupement encore mal délimité du micrococcus catarrhalis étudié par Bernhoim, Ghon et Pfeiffer et rencontré par eux dans les affections dites grippales des voies res- piratoires (Bullct. Soc. médic. Ilôpit., Paris, 1903). La deuxième espèce est formée par des diplo- côques à contours mal délimités, semblant unis les uns aux autres par une masse glaireuse, comme dans une zoqglée, fond sur lequel se dé- tachent de très gros cocci groupés en tétrades, Les caractères de culturo de ce microbe sont à peu près ceux du micrococcus sopticus ordi- naire i colonies d'un blanc éclatant, arrondies, crémeuses sur milieu solide. Ce microbe, non pathogène pour les animaux do laboratoire, trouve difficilement sa place exacte dans la clas- sification bactériologique. Bosc et Galuvielle ont isolé d'un cas mortel de gangrène pulmonaire un tétragône en zooglées ; co microbe pourrait être désigné provisoirement, d'après F, Bezançon et


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de Jongh, sous lo nom do paratétragènc zoogléique. On le retrouve dans certains cas d'angine pulta- cée, d'endocardite, do gangrène pulmonaire; il a été observé aussi dans le liquide céphalo-rachi- dien d'un malade atteint de paraplégie consécu- tive à une infection pulmonaire,

Ha déjà été question de microbes d'infections se- condaires (pneumocoque, streptocoque, pneumo- bacille, staphylocoques), signalés par Ch. Bou- chard, Netter, Leyden, Vaillard et Vincent, Weichselbaum, Babès, Chantemesse et Widal, Hanot, Ménétrier, Jaccoud, etc. Ce sont surtout le streptocoque et le pneumocoque qu'on ren- contre le plus fréquemment dans ces infections.

Il y a quelques années, rapporte le Dr Ray- mond Bernard (Bullet. Soc. méd. Hôpit., Pa- ris, 1905), on trouva pendant plusieurs mois du tétragène partout, surtout dans les angines bana- les, mais aussi dans des infections septicémiques graves ; puis ce micro-organisme disparut. Cette apparence de caprice, ajoutc-t-il, chez les bacté- ries pathogènes, est le fait de leurs exigences biologiques.

Le streptocoque est, d'après Hanot (Bullet. Soc. méd.JIôpit., 1893), le véritable familier du microbe spécifique de lu grippe. A l'aide de ce dernier, il peut acquérir une virulence extraordinaire, tantôt réalisant pour son compte l'infection gé- nérale ou septicémie streptococcique, tantôt


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créant des infections locales pleurales, pulmo- naires, méningées, etc., tantôt enfin jouant le simple rôle d'agent pyogène. Dans bien des cas, ajoute-t-il, il se substitue au microbe spécifique et commande seul à la fois la symplomatologie et le pronostic de l'affection.

Lo Dr Achalme (Thèse Paris, 1892) avait déjà mis en lumière, en ce qui concerne le streptoco- que, l'importance du processus des associations microbiennes. Le Professeur Bouchard, lui aussi, avait déjà, plusieurs mois auparavant, mis en re- lief cette symbiose créant des complications se- condaires variées, troubles surajoutés dus aux microbes les plus différents auxquels celui de la grippe ouvre la porte et donne passagèrement une exaltation spéciale. Achalme a rencontré, pendant l'épidémie de 1889-1890, le bacille que Kirchner considérait comme le véritable agent pathogène de la grippe; plus tard, il ne l'a plus constaté dans ses ensemencements, et sa fragi- lité vitale l'a empêché de l'expérimenter sur les animaux. Le Professeur Roger avait déjà démon- tré que le banal bacillus prodigiosus, injecté à un animal, en même temps qu'un streptocoque atté- nué, déterminait une septicémie streptococcique mortelle. Une observation de Hanot, au point de vue du rôle du streptocoque dans les complica- tions grippales, est très significative ; il s'agissait d'une grippe à forme typhoïde avec détermina-


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tions articulaires et pôri-arliculaires (pseudo-rhu- matismo généralisé), puis de suppuration de l'articulation scapulo-humérale, avec irruption ultérieure do pus dans les gaines musculaires avoisinantes, enfin, d'un vasle abcès de la région sacrée. Laveran avait, lui aussi, à cette époque, signalé des suppurations très rapides et très gra- ves dues à une infection secondaire par le strep- tocoque.

L'opinion de Finkler se rapproche beaucoup de la précédente ; cet observateur n'attribue plus une action prépondérante au streptocoque, et ce mi- crobe s'associerait par symbiose au coeco-bacille de Pfeiffer pour engendrer les broncho-pneumo- nies grippales.

Le coeco-bacille, pénétrant dans les voies res- piratoires, serait, d'après quelques auteurs, un auxiliaire puissant pour certains microbes déjà installés ùans la muqueuse bronchique.

Les délicates recherches de H. Meunier dans la grippe infantile (Archiv. gén. de Méd., février et mars 1897) tendent à attribuer au bacille de Pfeiffer un rôle de premier ordre dans la genèse des lésions propres à cette affection. Sans le se- cours d'autres bactéries, il pourrait créer des foyers broncho-pucumoniques et des pleurésies pseudo-membraneuses ; contrairement à l'opi- nion générale, cet observateur distingué croit possible la diffusion du coeco-bacille dans la cir-


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Voir aussi