La grippe ou influenza (1908) André/Historique

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Historique


 
 

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Chapitre
Historique
Auteur
Gustave André
Extrait de
La grippe ou influenza (1908)
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Définition et considérations générales
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Épidémie de 1889-1890

Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.

Avant-propos

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Historique


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Nous avons mis surtout à profit la remarquable monographie sur l'affection catarrhale du Professeur Fuster, deMontpelier.

Le Compendium de Médecine donne une longue liste analytique des épidémies de grippe[1] dont la description a été transmise par les auteurs. On consultera aussi avec fruit, sur ce sujet, la thèse du Dr. Cezilly (Paris, 1890).

11 n'est pas sans intérêt d'entrer dans quelques détails sur cette question préliminaire ; le lecteur se rendra compte ainsi de la variabilité des symptômes, des allures protéiformes de cette maladie, allures qui expliquent les nombreuses dénominations populaires dont nous avons précédemment donné l'énumération.

De 475 à 1300

L'apparition de la grippe remonterait, d'après Hirsch, à l'année 475. Il est très malaisé de considérer, comme grippales, les affections épidémiques qui, d'après Naumann, éclatèrent en Europe, en 870 et 1173. Les maladies catarrhales, décrites avant le dix-septième siècle, devaient être, sans


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doute, des plus variées et comprendre des associations morbides fort dissemblables, les bronchites simples et la coqueluche, par exemple. Il doit en être probablement ainsi des épidémies décrites sous le nom de grippe, par Ozanam, en 1239 et 1311 pour la France, en 1323 pour l'Italie.

L'épidémie de 1239 sévit au mois d'août. Ozanam en fait mention sur la foi de la Chronique des Frères Mineurs.

XIVe siècle

La même chronique cite encore celle de 1311, observée en France ; elle décima un grand nombre de personnes.

Au mois d'août 1323, d'après Buoni Segni, un vent pestilentiel fit éclore un catarrhe épidémique en Toscane et dans toute l'Italie. Sclinurrer parle de l'épidémie observée en Allemagne, en 1335 ; les malades avaient de la toux et des symptômes cérébraux.

Une maladie catarrhale, décrite par Valesco, de Tarente, décima, en 1387, la population de Montpellier. Il régna une toux si générale qu'elle épargna à peine une personne sur dix ; presque tous les vieillards en moururent. En celle même année, d'après Morgagni, il exista, dans la Romagne, une toux épidémique et une fièvre lente qui ne faisaient grâce à personne, quoique tout cela fût peu meurtrier.

XVe siècle

1403, — Voici en quels termes pittoresques Étienne Pasquier (Recherches sur la France, livre IV)


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parle de celte épidémie :

« Plus de cent mille personnes, à Paris, perdirent le boire, le manger et le reposer.., On perdait tout pouvoir de son corps, n'osant toucher à soi de nulle part.... , ès Registres du Parlement, le 26° jour d'avril 1403, maladie de teste et de toux qui courut universellement, si grande, que ce jour-là le greffier ne put rien enregistrer et fut-on contraint d'abandonner le plaidoyé »

1410. -— Toux d'une violence extrême, exaltation do la sensibilité cutanée (Schnurrer, Chron. der Seuchenn),

1411, — L'auteur précédent décrit une toux épidémique à Paris ; cette toux, par sa violence, détermina, paraît-il, de nombreux avortements.

1414. — Un étrange rhume qu'on nomma la coqueluche, rapporte Mézeray, à cause du bonnet nommé coqueluchon, se déclara en France et causa la mort d'un grand nombre de vieillards. La maladie rendit la voix si enrouée que le barreau, les chaires et les collèges en furent muets.

1420. — En 1420, relate Etienne Pasquier,

« autre maladie dont une infinité de personnes furent touchez, et toutes les fois et quantes que le malade mangeoit, il avoit une forte fièvre. Ce qu'il mangeoit lui sembloit amer ou puant, toujours trcmbloit, étoit si las et rompu de ses membres que l'on ne l'osoit toucher en quelque »

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« part que ce fût....., puis forte toux jour et nuit. La durée fut de trois semaines et aucune personne n'en mourut Au moment de la guérison, hémorragies diverses »
« En 1427, dit le môme narrateur, vers la Saint-Rémy, y eut un autre air corrompu que l'on appeloit ladendo Elle commençoit aux reins, comme une forte gravelle, et après vênoient des frissons ; plus tard, une toux si mauvaise que quand on estoit au sermon, on ne pouvoit entendre ce que le sermonneur disoit par la grande noize des tousseurs. »

Il est facile de reconnaître dans cette description, fort peu médicale d'ailleurs, même pour l'époque, les vrais symptômes de la grippe.

On lit dans le Journal d'un Bourgeois de Paris (édition Tuétey, 1881) :

« Il y eut à Paris, en 1427, une très mauvaise maladie qu'on appelait la dando, et voici sa fréquence : il fut pou, fust petit ou grand, femmes ou eiifans, qui n'eust en ce temps ou assées ou frissons, ou la toux, qui trop duroit longuement » (page 222).

1438. — Suivant Carli, il se déclara, àVérone, un catarrhe épidémique qui, parcourant ensuite toute l'Italie, fut funeste aux enfants et aux vieillards.

XVIe siècle

1505. — Gaspard Torelli décrit en latin une maladie qui parcourut l'Italie et l'Espagne, avec do la fièvre, une toux rauque et incessante, avec


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sécrétion nasale qui épargna peu de monde et sévit surtout chez les vieillards (paucis pepercit).

1510.— Epidémie catarrhale quasi-planétaire, décrite en latin par Senneri, et en français par Mézeray.

Le catarrhe de 1510, appelé, par Fernel, coryza suffocant {gravedo anhelosa) et aussi coqueluche, céphalalgie, catarrhe ou toux épidémique, se répandit de l'Est à l'Ouest, en Italie, en France, en Espagne. L'apparition des tumeurs parotidiennes, au dire de Haullier, annonçait une mort prochaine.

En France, où les malades se couvraient d'un coqueluchon, le peuple appela celte maladie coqueluche.

Mézeray affirme que ce nom lui vint de ce que cette affection enveloppait la tête, les épaules et les reins, à la manière de ce vêtement,

1557. —

« Reume, dit Etienne Pasquier, qui fut commun à tous par le moyen duquel le nez distilloit sans cesse comme une fontaine, avec un grand mal de teste et une fièvre qui duroit aux uns douze et aux autres quinze heures, puis, soudain, sans oeuvre de médecine, on étoit guéri »

Valloriola énumère, pour la môme époque, les symptômes suivants bien caractéristiques : Céphalalgie gravative, dyspnée, raucité de la voix, frissons, fièvro, toux véhémente; après le septième ou le quatorzième jour, expectoration de


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matières très visqueuses et difficiles à détacher. Dans la progression de la maladie, les sujets se plaignaient de lassitude, de perte de forces et de l'appétit, de dégoût, d'inquiétude, de langueur et d'insomnie, La maladie, chez les uns, se jugeait par la diarrhée, et chez les autres par les sueurs. Les enfants succombèrent en grand nombre.

En cette môme année 1557, au mois d'octobre, Forestus signala la grippe à Alemaër; c'était, dit-il, une épidémie de maux de gorge si générale, qu'elle frappa des familles entières, La fiévre fut quelquefois continue, le plus souvent double tierce illégitime,

Il restait, après la guérison, une extrême atonie do l'estomac et des symptômes d'hypochondrie.

Un anonyme, invoqué par Rivière, prête à celte épidémie des couleurs plus sombres. Au mois do juillet, d'après cet auteur, la maladie populaire, nommée coqueluche, se déclara à Nimes et fut terrible. Les malades n'échappèrent à cette espèce de peste qu'à la faveur de sueurs.fétides universelles survenues après la saignée cl les expectorants.

Avant celte grave épidémie do 1557, nous devons rappeler qu'il avait existé une affection analogue pendant les années 1515, 1543 et 1555. Celles de 1515 et de 1543 sont mentionnées par Marcelliis Donalus, Paradin et Trochorus. En 1555,


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on vit apparaître en Franco une affection épidémique analogue à celle de 1510 et qui reçut encore le nom de coqueluche.

1580. — Relation en latin, par Salius Diversus {De febre pestilenti troctatus, 1656), d'une affection qui sévit dans toute l'Europe et môme en Asie et en Afrique. Il est question de fièvre, de céphalalgie, d'inappétence complète avec abolition du goût, d'une sécrétion fâcheuse (distillatio molesta) qui descendait dans le thorax; il existait, en outre, une lassitude extrême (corporis imbecillitas). Le nombre des malades fut immense, et il était difficile de rencontrer un sujet indemne de la maladie. Bockel parle, pour la même épidémie, de la tuméfaction des parotides et d'écoulements purulents par les oreilles. L'épidémie fut pourtant bénigne ; à peine signala-ton un décès sur mille malades. La saignée eut, paraît-il, des effets très fâcheux,

L'épidémie universelle de 1580, née de la cor- ruption de l'air, selon Salius Diversus, offrit par- tout, sous des noms différents, une nature identique. Cornaro, qui a vu cette épidémie à Venise, la qualifie de fièvre fluxionnaire, avec enroue- ment, sécheresse de la langue, céphalalgie, insomnie, toux, soif, dépression, nausées, lassitude générale, vertiges, constipation.

En Portugal, Zacutus Dota le bienfait des sueurs vers le quatrième ou le cinquième jour, et la


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transformation en fièvre mortelle lorsque cette excrétion faisait défaut.

Wier, en Holland, qualifia cette épidémio do pestilence universelle et de prompte toux (rapida tussis).

L'anonyme do Rivière observa aussi, à Nimes, l'épidémie de 1580; il la considéra comme identique à celle de 1557.

Sennert décrit assez longuement l'épidémie de 1580, à propos du catarrhe et de la toux épidémique maligne ; il la considère aussi comme identique à celle de 1510 et de 1557.

1590 et 1591, — Sansonius (Mercurius gallobeigicus) relate une épidémie qui régna en Italie et emporta presque tous les malades dans un délire frénétique vers le dixième jour. Les symptômes initiaux consistaient dans une fièvre très aiguë, avec toux et coryza. En 1593, une maladie analogue sévit en France et en Italie (Ozanam).

XVIIe siècle

1627. — Une épidémie catarrhale se manifesta à Naples, et, de là, parcourut toute l'Italie. Elle était caractérisée par de l'enchifrènement, de la toux, de l'enrouement et des angines (Zacchia, Quaest. Med. leg.).

1647. — Épidémie de môme nature dans toute l'Amérique du Nord (Schnurrer, loc. cit.).

1657-1658. — Épidémie à Londres. La description de Willis se rapporte manifestement à la grippe (coryza, toux, angine, lassitude,


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prostration, douleurs gravatives, etc.). Elle atteignit quelquefois, en une semaine, plus de mille personnes. L'épidémie tua beaucoup de vieillards et de sujets faibles ou valétudinaires. Willis trouve la cause de cette affection dans les chaleurs excessives de 1657 et le froid très rigoureux, aussi précoce que prolongé, de l'hiver suivant {Opéra omnia, Amsterdam, 1692).

1663. — Une maladie catarrhale éclata subitement à Venise; plus de soixante mille individus furent atteints en une semaine. Il naquit, assure-ton, d'un brouillard fort épais sorti des lagunes de la mer Adriatique. L'été de 1669, précédé d'un printemps brumeux et de grandes variations atmosphériques, vit se produire une épidémie catarrhale en Allemagne, dans les Pays-Bas et en Danemark. Eltmüller énumère les principaux symptômes : toux, enchifrènement, céphalalgie gravative, douleurs aux lombes et dans tous les membres, avec fièvre plus ou moins ardente. La maladie no fut pas dangereuse,

1675. — Maladie incontestablement grippale en Allemagne et en Angleterre. Sydenham a consacré un long chapitre à cette affection, et ce qu'il observa, à Londres, concorde absolument avec la description qu'en fit Eltmüller à Leipzig. La maladie débutait par une douleur de tôle ; la pneumonie fut très fréquente et les saignées furent néfastes.


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1679. — Celle épidémie sévit en Franco et en Angleterre pendant une partie de l'hiver.

1688. — La grippe parut à Dublin, d'après Thompson (Annales de l'influenza).

1691, — Une épidémie, décrite par Ozanam, se cantonna dans la Hongrie, la Carniole, la Styrie, la Carinlhie, le Tyrol, le pays des Grisons, la Suisse et les bords du Rhin. 11 signale une toux férine, des crachats hémoptoïques, sanieux et fétides, une chaleur ardente. La maladie fut sans gravité, malgré quelques symptômes inquiétants, tels que mouvements convulsifs, soporosité, délire, etc.

1693. — Sennert décrit, à Londres, une grippe plus générale. Elle parcourut l'Angleterre, l'Irlande, la France, la Hollande et les Flandres. Elle dura sept semaines, et ses symptômes disparaissaient au bout de deux ou trois jours avec l'arrivée des sueurs.

1695. — Le catarrhe épidémique reçut, à Paris, le nom de quinte, à cause de sa toux rebelle. Il se montra aussi à Rome, où beaucoup d'enfants succombèrent. Baglivi rapporte, à cette date, une épidémie d'apoplexie, en Italie, sous l'influence des grandes vicissitudes atmosphériques.

1699. — Fièvre catarrhale à Breslau. Elle finissait en cinq jours par une expectoration critique. A défaut de cette crise, il s'allumait une fièvro


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lente, périodique, à type quotidien. On constata assez souvent une grande lassitude, de l'agrypnie, de la céphalalgie gravative, du délire, des angines, des aphtes.

XVIIIe siècle

1702. — Baglivi a vu à Rome, en 1702, une épidémie catarrhale accompagnée de maux do tête, de morts subites et d'apoplexies.

1709. — Lancisi a laissé une bonne description de la grippe qui régna en France et en Italie. Les phénomènes dominants consistèrent en douleurs rhumatoïdes, angines et hémoptysies. Peu do malades succombèrent,

1712. — Fièvre catarrhale à Tubingue, La péripneumonie fut fréquente. A Berlin, les jeunes garçons furent particulièrement atteints. La fièvre était continue, rémittente, avec des exacerbations vespérales. Il exista des épistaxis, des parotidites et des otorrhées,

1729-1730. — Épidémie catarrhale d'une diffusion et d'une durée exceptionnelles, présentant avec celle do 1889-1890 une singulière analogie. Elle s'étendit successivement en Saxe, en Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Angleterre, en Ecosse, en France, en Italie, en Espagne, ensuite dans le nouveau continent. Pendant quatre années consécutives, celle affection continua ses ravages en présentant des symptômes variés, tels que céphalalgie, inflammation des sinus, otites, sueurs, épistaxis, expectoration abondante,



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catarrhe suffocant, pneumonies, vomiques, etc. On observa, en Écossé, les trois formes actuellement décrites; nerveuse, thoracique, abdominale. Les complications furent fréquentes et, comme plus tard, en 1890, les vieillards, les débiles payèrent un lourd tribut. Les cas graves s'accompagnaient de congestion cérébrale, de délire, de douleurs articulaires et de diarrhée. Des symptômes spéciaux furent observés, notamment des éruptions pourprées, des ophtalmies, des tumeurs « glanduleuses » derrière les oreilles, du côté des tonsilles ou au pli de l'aine. La phtisie pulmonaire, l'hydrothorax, l'anasarque guettaient les malades échappés aux périls de l'état aigu, Deux mois avant l'apparition do l'épidémie, tous les chevaux de la ville d'Edimbourg et des environs avaient été attaqués de toux et de coryza. Huxham remarqua qu'en Angleterre (1733) L'influenza, mot qu'il employa le premier dès cette époque, dégénéra parfois on phtisie mortelle. On attribua, en ce moment, une importance majeure aux variations de température qui furent très accentuées.

1732-1733. — A relever, parmi les signes ordinaires de la fièvre catarrhale, la gingivito, les parotidiles, les orchites. Celte affection fut fatalo aux malheureux, aux vieillards, aux enfants en bas âge, aux phtisiques, et, en général, aux sujets atteints de tares antérieures. A Édimbourg, fait important, les prisonniers, les nombreux enfants



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d'un certain hôpital ot los habitants des maisons voisines furent exempts de la maladie.

1737, — Épidémie très étendue qui se montra en Allemagne et en Angleterre. Huxham l'a étudiée à Plymouth et Macbride à Dublin, On signala des douleurs lombaires très vives, de l'angoisse précordiale, une fièvre ardente, des pneumonies redoutables. La « frénésie » était un signe mortel. A cela se joignaient parfois une angine grave avec tuméfaction de la face, des inflammations des glandes parotides et sous-maxillaires, un écoulement pituitaire énorme par la bouche et les narines. Parfois aussi apparaissaient du délire, un rhumatisme vague, une sciatique aiguë, des douleurs abdominales qui cédaient après une crise diarrhéique. Les convalescents, très dé- primés, furent en proie à l'ictère, à la phtisie, à des douleurs articulaires ou môme à des rhumatismes chroniques opiniâtres, Le printemps précédent, à la suite do grandes inondations suivies de disette, la môme affection avait sévi on Saxe. On constata chez certains malades un déliré intense, la prostration des forces et des sueurs abondantes. Le tremblement des lèvres et de la mâchoire inférieuro, le hoquet, les spasmes, les syncopes étaient les phénomènes avant coureurs de la mort. Les vieillards, par extraordinaire, furent en général épargnés,

1742-1743, — Nouvelle épidémie en Hollande,


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on Angleterre, en France et en Italie. La maladie reçut pour la première fois, en France, le nom de grippe. La saison fut très rigoureuse En Saxe, les pleurésies, les péripneumonies, les angines furent très fréquentes et la saignée rendit, parait-il, do grands services. A Londres, on compta, dit-on, plus de mille morts par semaine. A Paris, il en mourait quaranto par jour et, aux Invalides, beaucoup de malades succombèrent à l'angine « couenneusc ». Une espèce de gale, une consomption mortelle et une toux suffocante avaient décimé les chevaux plusieurs mois avant l'explosion de la grippe.

Le médecin do l'électeur de Saxe signala la même épidémie dans toute la contrée, se manifestant par des pleurésies, des péripneumonies et des angines mortelles.

1748. — Malouin décrit la fièvre catarrhale épidémique à Paris ; elle était maligno et produi- sait le délire.

1753. — Pendant l'hiver, il régna en Beauce, et jusque dans les environs de Paris, une épidémie catarrhale souvent compliquée de pleurésie et de pneumonie. Cette affection, signalée par le Compendium et par le Professeur Fuster, circonscrite dans une petite région aux environs d'Étampes, no saurait être assimilée à l'influenza. 11 parait en être do même pour la maladie qui sévit en 1756 sur le littoral de la



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Manche. On peut se demander aussi, si, en raison des soubresauts des tendons et des mouvements convulsifs signalés par los écrivains de l'époque, il ne s'agissait pas de fièvre typhoïde, voire môme de méningite cérébro-spinale. Les soldats de la garnison de Boulogne-sur-Mer moururent, en effet, en grand nombre, avec des phénomènes ataxiques,

1758.— D'après Whytt, cotte épidémie commença en Ecosse, à l'équinoxe de septembro, et attaqua d'abord les enfants. Les symptômes, très variés, consistèrent en angines fébriles suivies plus tard de toux, en coliques et diarrhée, en douleurs dans les maxillaires. Les pneumonies succédèrent aux simples étals fébriles vers la fin d'octobre. Un catarrhe parmi les chevaux précéda l'affection épidémique.

1767. — Une grippe à forme nerveuse, mais bénigne, rapportée par Villalba, parcourut l'Es- pagne et une partie de l'Europe; Heberden l'a décrite à Londres et en rapporte les débuts au commencement de juin, après des froids excessifs. Les symptômes étaient surtout inflammatoires. La fièvre, à allures intermittentes, cédait au quinquina. Le Pecq de la Clôture signala ce ca- tarrhe en Normandie, à la fin de l'automne. A relever, parmi les symptômes principaux, des douleurs articulaires, dp l'anorexie, de la pros- tration des forces, la dyspnée, une toux convulsive,


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une espèco de spasme général, etc. Malgré ses apparences alarmantes, la maladie resta toujours bénigne,

1769. — Une épidémie catarrhale ravagea la région de Bourbonne-les-Bains, maltraita surtout la classe pauvre et occasionna une mortalité effrayante. Lo Pecq de la Clôture observa, durant cet hiver, en basse Normandie, une maladie catarrhale d'un aspect spécial avec abattement général, anxiétés, lipothymies, oedème des paupières et surtout du bras droit. Bon nombre de personnes succombaient au quatrième ou au cinquième jour.

1775, — Épidémie des plus remarquables ; la grippe parcourut l'Europe et se fit sentir sur les chevaux et sur les chiens. La forme abdominale régna presque exclusivement en Allemagne, En Angleterre, la maladie prenait souvent à son déclin les caractères d'une fièvre intermittente contre laquelle échouait le quinquina. En France, la forme encéphalique domina d'abord et céda la place aux phénomènes thoraciques avec pros- tration fréquente (Saillant et Perkins, cités par le Compendium). Saillant décrivit, en outre, un catarrhe épidémique qui reçut en Franco lo nom de générale, et dont il attribua les graves phénomènes thoraciques aux brusqueries de la température, A Paris, les enfants furent pris de toux convulsive, do coqueluche apparemment.



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La maladie se localisa fréquemment sur les plèvres, les poumons, le foie, la rate, les reins, etc. Saillant parle, en outre, d'une forme très grave caractérisée par une prostration totale et subite, foudroyant en quelque sorte les malades et occasionnant souvent des morts très rapides. L'épidémie ne respecta personne à Londres, et toutes les familles, sans en excepter une, payèrent leur tribut. Les méningites et les pleuro-pneumonies furent très communes. La fièvre fut d'ordinaire courte. Lorry, à ce propos, fil une remarque clinique d'une haute importance, à savoir l'utilité de la fièvre qui faisait avorter les complications cérébrales.

1780. — L'épidémie fut générale et envahit l'Allemagne, l'Angleterre, la France, l'Italie, l'Asie et l'Amérique. Personne presque, au dire de Borsieri, ne parvint à s'y soustraire. On remarqua, à peu près partout, lo coïncidence de cette affection, bien catarrhale d'ailleurs, avec des fièvres intermittentes, des dysenteries et des fièvres éruptives. On l'appela, en France, générale, grenade, follette, coquette.

1782. — Cette année vit apparaître une des épidémies de grippe les plus remarquables que l'on ait observées et qui, par bien des points, se rapproche de celle de 1889-1890, Elle débuta en Russie dans les premiers jours de janvier, après un brusque relèvement de la température.


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Quarante mille personnes furent atteintes dans l'es- pace de quelques heures. Venue peut-être d'Amérique en Russie, cette affection catarrhale gagna rapidement l'Allemagne, la Hollande, la France et parcourut ainsi, dit J. Franck, non seulement l'Europe, mais encore le monde entier. Les symptômes consistèrent surtout en troubles thoraciques et cérébraux avec accompagnement de vives douleurs sternales, interscapsulaires, et surtout d'une prostration extrême. Comme d'habitude, les vieillards, les phtisiques et les cardiaques furent spécialement maltraités.

A Londres et à Genève, la disposition à la sueur était remarquable;, une diaphorèse abondante, dès le début, hâtait la terminaison do la grippe, si bien que, aux dires de certains médecins anglais, on aurait pu l'appeler la maladie suante; mais les sueurs sponlanées no jouissaient plus du même avantage après deux ou trois jours. L'épidémie atteignit, en Angleterre, les quatre cinquièmes de la population,

1788. — Une épidémie catarrhale éclata à Paris, vers la mi-juillet, sous les dehors d'une dysenterie meurtrière, au sein de la population des Invalides et du Gros-Caillou (Fuster). 11 est vrai que celte forme s'effaçait au milieu de l'énorme proportion des manifestations réellement catarrhales répandues dons tous les quartiers de la capitale. Mais cette affection, à notre



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avis, ne pouvait guère être rapportée à la grippe, car elle se terminait en deux où trois jours. Peut-on la voir encore dans lo catarrhe épidémique qui sévit, à cette époque, dans le canton de Rieux (Haute-Garonne)? Les symptômes énumérés font plutôt songer à la fièvre typhoïde.

XIXe siècle

1800. — Cette épidémie a été étudiée, à Paris, par Désessartz, sous les formes variées d'affections cérébrales, de la gorge, de la poitrine, des intestins. A Lyon, elle se traduisit, dans les cas graves, par des sueurs abondantes et fétides, do la fièvre et de la toux ; la crise se dénouait au moyen de l'expectoration. Certains symptômes, énumérés par Gilibert, font penser encore à la fièvre typhoïde. D'ailleurs, ceux qui succombèrent, des jeunes gens surtout, eurent pendant les derniers jours des convulsions partielles ou générales.

1802. — Un catarrhe épidémique fut observé, en janvier, en Italie cl en France, notamment à Padoue et à Paris. Ce catarrhe revêtit fréquemment les formes de la pleuropneumonie, surtout à Padoue. A Paris, les manifestations, incontestablement catarrhales, sévirent spécialement chez les ouvriers et chez les malheureux des quartiers insalubres.

1803. — Épidémie 1res remarquable en Russie, en France et en Italie, attaquant plus particulièrement la classe pauvre, et détenminnt



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des troubles cérébraux, des angines, des ophtalmies, des otites, des parotidites, et, assez rarement, des phlegmasies thoraciques.

La maladie fut, en général, fort grave et peu de personnes y échappèrent. Elle fut souvent mortelle à Paris, à Niort, à Genève, à Beaucaire. Son irruption soudaine se fit, en quelques jours, sur la presque totalité des populations (Fuster). On nota, au fort de ses progrès, des apoplexies, des morts subites, des rhumatismes infectieux et des avortements. A Paris, on observa des ophtalmies, des cystites et des métrites. Le Professeur Récamier, bien plus tard, à l'occasion de la grippe de 1837, rappela devant l'Académie de Médecine l'extrême gravité de l'épidémie do 1803, dont les souvenirs étaient restés gravés dans sa mémoire.

Laënnec nous apprend que l'altération des poumons, dans la pneumonie mortelle de celte année, ne dépassait pas la période d'engouement.

Les états typhoïdes ou ataxo-adynanmiqucs très fréquents furent combattus par les stimulants, les toniques et les antispasmodiques.

1805-1806. - L'épidémie se fit sentir à Marseille, Montpellier, Norbonne, Toulouse et d'autres localités. On signala des ophtalmies, dès otites, des péripneumonies, des angines avec productions membraneuses, etc.


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Le typhus des camps la .compliqua, particulièrement à Naronne.

1812. — Épidémie catarrhale en Indre-et-Loire avec fièvre, bronchites, péripneumonies, rhumatismes, états gastriques.

1820-1822-1823. — Affections catarrhales à Genève et Dublin, décrites par Lombard, Marc d'Espine et Stokes.

1831. — Pendant l'été de cette année, la grippe se montra à Paris avec des allures bénignes, mais elle présenta cette particularité remarquable que, vers son déclin, des désordres abdominaux, accompagnés de crampes, constituèrent une véritable transition au choléra.

1833. — La grippe revint en France, succédant au choléra et envahissant les localités que celui-ci venait de quitter. A Paris, les quatre cinquièmes des habitants furent atteints, y compris les artistes de l'Opéra. Les symptômes dominants consistèrent en angines, bronchites, hémoptysies, pleurésies, pleuropneumonies, rhumatismes et « coqueluche ». Le nombre des cholériques, à cette époque, fit redouter le réveil de l'année précédente. Les pneumonies furent fort nombreuses et, dit Gaudet, elles ne constituaient pas des complications : elles n'étaient autre chose que la grippe elle-même élevée à sa plus haute puissance.

1837 — La célèbre épidémie de 1837 a été remarquablement étudiée par plusieurs observateurs



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éminents, notamment par Graves, de Dublin, et Fuster, de Montpellier.

Le Compendium donne aussi des renseignements précieux.

Cette épidémie se montra d'abord à Londres où presque toute la population fut frappée, et chez qui la mortalité considérable put être attribuée, dans la plupart des cas, au catarrhe suffocant.

« Lorsque la grippe apparaît, dit Graves, elle fait sentir presque en môme temps son influence sur tous les hommes et, dans l'espace de quelques semaines, elle rayonne sur toute l'étendue d'une contrée. Telles ont été les épidémies de 1837 et de 1847 (traduction Jaccoud). »

D'après les rapports arrivés en Angleterre, en 1837, la maladie parait s'être propagée, au même moment, dans les directions les plus opposées. Elle se montra — on le crut du moins — presque à la même heure, en. janvier, au Cap et à Londres, c'est-à-dire en été pour l'Afrique du Sud, en hiver pour l'Angleterre. Deux mois auparavant, rapporte Graves, elle avait ravagé la Nouvelle-Hollande et les antipodes, L'éminent clinicien recommande de ne pas confondre l'influenza, maladie qui envahit, en peu de temps, toutes les contrées du globe, sans acception de climat ni de saison, avec les affections catarrhales qui se montrent presque toutes les années dans les climats tempérés.

A Paris, l'invasion de la grippe fut précédée,



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disent les auteurs du Compendium, d'une diminution notable dans le nombre ordinaire des maladies aiguës, et par une prostration qui pro- longeait singulièrement la convalescence do tous les malades. Elle se présenta, d'ailleurs, sous les trois formes classiques décrites aujourd'hui. Les pneumonies, d'après Landouzy, de Reims, furent très fréquentes. Dans la Loîre-Inférieure, la maladie fut presque toujours accompagnée d'une conjonctivite légère. Dans la Vienne, apparurent des complications hémorragiques; à Lyon, tous les étrangers qui se présentaient dans la ville étaient frappés le lendemain ou le surlendemain de leur arrivée.

En 1847, d'après Graves, la grippe suivit une marche tout aussi vagabonde, parcourant les climats les plus divers, en restant constamment et partout identique à elle-même (traduction Jaccoud). Elle ne fut subordonnée ni aux changements de température, ni aux conditions barométriques. Elle ne suivit ni les côtes, ni le cours des grands fleuves, et ne dépendit point davantage de la prédominance de certains vents, Graves invoquait une influence tellurique, quelque perturbation dans les agents physiques modifiant la surface extérieure de notre planète. L'éminent clinicien ne fait pas la moindre allusion à la contagion.

D'après les tableaux dressés à cette époque, la


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grippe reviendrait, en moyenne, tous les dix ans. A propos de cette maladie, Graves émet des réflexions dont nous pouvons aujourd'hui reconnaître toute la sagacité et toute la profondeur. Les sujets déjà en proie à une maladie aiguë étaient rarement attaqués, mais, à l'époque de la convalescence, l'immunité cessant, ils rentraient dans la loi commune. C'est la réalisation de l'adage toujours .vrai d'Hippocrate : Duobis doloribus, simul oborlis, non in codem loco, semper vehementior obscurat alterum,

La grippe, à cette époque, ne fut ni aussi grave ni aussi rapidement fatale que le choléra, mais elle entraîna, paraît-il, une mortalité plus considérable; cela, parce qu'elle sévissait indifféremment dans toutes les classes de la société, tandis que les ravages de la maladie asiatique sont d'ordinaire plus limités. Graves avait parfaitement remarqué la sévérité de l'affection chez les vieillards et les cardiaques, la fréquence do la mort, par paralysie pulmonaire (bronchoplégie de Huchard), la préparation à la tuberculose. Il a étudié particulièrement le pouls qui, d'abord rapide cl dur, devenait bientôt dépressible; à la fin, il était parfois plein, fort et vibrant, et cela, chez des individus souffrant depuis des semaines entières. Il relève la prédominance de la forme adynamique et la légèreté réelle des symptômes inflammatoires opposée à leur gravité apparente;



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il met en garde contre les dangers des émissions sanguines. La dyspnée était quelquefois excessive et point proportionnelle à l'étendue de l'inflammation pulmonaire.

Les lésions anatomiqucs, constatées par le Dr Georges Greene et rappelées par Graves, consistaient surtout dans une coloration rouge-foncé de la muqueuse bronchique et une coloration violacée du parenchyme pulmonaire avec oedème. Il existait rarement des lésions de pneumonie franche ; on voyait quelquefois des tubercules récents.

Au point de vue thérapeutique, Graves proscrivait la saignée, le tartre stibié et les vésicatoires. Il avait obtenu d'heureux effets dé l'opium, des laxatifs doux, du nitrate de potasse, de l'ipéca, do la ciguë, des expectorants et des diurétiques. 11 avait employé avec succès une petite médication consistant en fomentai ions avec de l'eau très chaude sur la région trachéale et sur la poitrine.

Après ce résumé incomplet des belles leçons de Graves sur les épidémies de 1837 et do 1847, il convient de signaler certaines particularités inhérentes à chacune d'elles.

La grippe de 1837, d'après le Professeur Fuster, a sévi au milieu do variations atmosphériques considérables, avec prédominance du froid humide,


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Elle atteignit brusquement nombre de personnes qui avaient pris des précautions infinies pour y échapper, notamment à Montpellier et à Toulouse.

C'est au coin du feu, c'est dans leur lit que beaucoup d'individus furent surpris. La gravité de celte épidémie fut extraordinaire; on lui attribua, à juste titre, l'excédent de mortalité qui se produisit, pendant son règne, à Londres, Dublin, Hambourg, Paris, Limoges, Toulouse, Montpellier, Genève, etc. Le Times assurait, le 24 février, qu'il était mort, à Londres, depuis l'explosion de la grippe, jusqu'à mille personnes par jour.

Parmi les symptômes les plus fréquents, on rencontrait des troubles ataxo-adynamiques ou typhoïdes, certaines éruptions scarlatiniformes ou miliaires, l'urticaire, des aphtes, des douleurs névralgiques, du délire, des convulsions, des raideurs tétaniques, des méningites, l'apoplexie, des syncopes, l'aliénation mentale, des rhumatismes infectieux, des ophtalmies, des cystites, des otites, des bronchites capillaires, des pneumonies, des pleurésies, etc.

A cette époque, la méningite cérébro-spinale régna épidémiquement dans les garnisons de Bayonne, de Perpignan, de Narbonne, de la Rochelle, do Foix, etc. A cette époque aussi, l'entérite cholériformo fut fréquente à Genève, et le


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rhumatisme articulaire régna à Toulouse avec une grande intensité,

Dans la Vienne, la grippe s'accompagna très souvent d'épistaxis et de métrorragies. Les pneumonies causèrent des ravages un peu partout ; elles étaient précédées, pendant plusieurs jours, parles préliminaires de la grippe, fièvre, bronchite, douleurs rhumatoïdes, etc.

Les signes stéthoscopiques siégeaient de préférence vers là base et à la partie postérieure du poumon ; il existait un mélange confus de souffle bronchique, de bronchophonie, de râles crépitants, ronflants et sibilants; il y avait de la dyspnée, do la raucité de la voix, des douleurs costales plus ou moins vives, largement étendues et changeantes. La physionomie était hébétée, les traits étaient rétractés; la peau était sèche et brûlante; le pouls petit, rapide, inégal et dépressible.

Nonat a constaté, en 1837, à Paris, dans les nécropsies, indépendamment de l'hépalisation des poumons, la présence fréquente de productions plastiques et do psoudo-mombranes ramifiées dans les bronches des lobes hépatisês.

En 1847, l'épidémie envahit surtout les régions occidentales et méridionales de l'Europe.

On l'a signalée presque simultanément à Paris, à Nancy, à Genève, dès les premiers jours do décembre 184G.



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La grippe n'offrit, en général, aucune gravité à Paris ni en France ; elle fut, au contraire, très grave à Londres et à Genève. Marc d'Espine la place parmi les plus fortes épidémies do ces pays, à côté de celle do 1837. Les dangers provenaient quelquefois de. l'intensité do la fièvre, le plus souvent des lésions des organes respiratoires, et enfin de l'aggravation subite qu'elle faisait subir à d'anciennes affections pulmonaires, emphysème, phtisie ou à des cardiopathies antérieures.

Entre les années 1837 et 1847, Fuster relate sommairement certaines épidémies de même nature.

Marc d'Espine cite, au nombre de ces dernières, celle du mois d'août 1839 qui n'atlaqua exclusivement que les enfants et qui fut très bénigne; celle des mois de mars et d'avril 1840, évoluant parallèlement avec la coqueluche et le croup; celle de 1844, en février, mars et avril.

En 1842-1843, la grippe épidémique envahit brusquement les Étals de la Nouvelle-Angleterre ; il s'agissait surtout d'une forme gastrique qu'on combattit efficacement avec l'ipéca, le calomel et les purgatifs salins.

L'épidémie de 1881 régna à Paris, en mars et en avril, ainsi que dans quelques départements du Nord et do l'Ouest de la France.

Le Dr Maximin Legrand a publié un i


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important travail sur la grippe des premiers mois de l'année 1860, en se basant éur les observations recueillies dans le service du Professeur Pierry, à la Charité, et sur, des autopsies de pneumonie flbrineuse pratiquées à la même époque.

Là grippe de 1880-1881 fut assez caractérisée et précéda une épidémie sévère de fièvre typhoïde.

Il faut faire une mention spéciale pour celle de 1886, si bien étudiée, par Ménétrier, dans une thèse aujourd'hui classique, et où il analyse les rapports pathogéniques de' la grippe et de la pneumonie.

Cet observateur distingué admet deux variétés de pneumonie : l'une survenant chez les sujets grippés, l'autre chez des individus indemnes de la maladie régnante. D'après Ménétrier et son maître Jaccoud, les deux variétés seraient dues au même micro-organisme, le pneumocoque de Talamon-Fraenkel, constaté dans trente-neuf observations de pneumonie pendant une petite épidémie de grlppo à Paris (1888-1886). Les complications suppuratives furent fréquentes ; dans certains cas, il s'agissait do fausses membranes flbrino-purulentes molles. Dans une observation, il exista de l'hépatisation rouge et grise» avec foyers do ramollissement purulent; dans une autre, il y avait une hépatisalion grise totale du poumon droit avec abcès mlliaires, abcès miliaires



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aussi des deux reins, arthrite suppurée de l'épaule droite, etc.; dans un autre cas enfin, il s'était produit une exsudation fibrino-purulente à la surface des deux hémisphères cérébraux.

Ces pneumonies malignes entraînaient la mort en quarante-huit heures avec des localisations extra-pulmonaires (pleurésie-, péricardite, méningite fibrineuse, endocardite végétante, etc.). Il se produisit, en outre, des infections complexes, dues à des.associations microbiennes où dominait le streptocoque pyogène, à côté d'un petit nombre de pneumocoques et de staphylocoques.



Voir aussi

Notes