La grippe ou influenza (1908) André/Complications/Système nerveux

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Grippe et maladies du système nerveux (complications)


 
 

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Chapitre
Grippe et maladies du système nerveux (complications)
Auteur
Gustave André
Extrait de
La grippe ou influenza (1908)
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Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.

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Grippe et maladies du système nerveux (complications)


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Il est avéré que les épidémies de grippe ayant sévi à diverses époques ont, à des degrés divers, provoqué des manifestations nerveuses très variées, Aussi, les documents qui existent sur ce sujet sont nombreux et réellement intéressants, Nous n'avons à relever ici que les déterminations insolites, les autres ayant été énumérées précédemment; Ce sont ces troubles qui, en l'absence de fièvre catarrhàle, ont pu. être quelquefois méconnus et ont fait songer .assez fréquemment à la dengue.

Le Dr J. Marty a publié dans les Archives générales de Médecine (novembre 1898) un très important travail sur les accidents cérébro-spinaux de la grippe. L'auteur résume d'abord de façon très intéressante l'historique de cette question. Il rappelle qu'en 1580, Henisch; (Saxe), Sennert (Rome), notèrent des phénomènes nerveux inquiétants. Do


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1718 à 1729, Camerarius et Beccaria décrivent des grippesàforme cérébrale, le premier en Thuringe, le second à* Bologne. Ozanam rapporte des cas de même ordre observés, en 1765 en Allemagne, en 1800 à Lyon, en 1802 à Milan. En 1837, Nonat signale un fait de pseudo-méningite, Petrequin enregistre divers cas de folie avec suicides. Brionne (Thèse Paris, 1890) cite un cas de névraN gie du phrénique, une méningite de la basé sui- vie de mort, un cas à début apoplectiiorme, un cas de paraplégie.

Henry (Revue de la Suisse romande) relate le cas d'un employé de chemin He fer qui s'af- faissa subitement à la gare et dormit dix-huit heures consécutives, sans suites sérieuses au réveil. Fiessinger, cité dans le même travail, étudie les phénomènes spiné-méningôs. teyden {Soc. méd. int., Berlin) signale diverses formés nerveuses avec céphalée intéiise, raideur de là nUque, délire, et parfois coma mbrteb Kejsch et Antôrty (Arçh. de Méd. milit,, t.: Xyiïl) notéitt quelques décès occasionnés par des méningites où des congestions àpopléctifôrmès; survendes d'enlblée après l'attaque grippale.; Tra^sipUr ref late cinq observations'de grippés à forme hèr-, yeuse terminées par la guérison, Utte; grimpe à' forme cérébrale suivie dé niort, -un-cas avéé phénomènes d'aliénation mentale et inégalité Rupiliaire terminée par la guértèon, enfin, un



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cas avec aphasie temporaire, délire et abatte- ment extrême. Loroyer et Gallois (Bullct. méd.} publiont une observation do myélite aiguô grip- pale. Dans un fait de Paviot (Vullet. méd., 1895), on constata avec étonnement l'absence de lé- sions à l'autopsie, Michel Lévy avait déjà relevé, à une certaine époque, la coïncidence des épidé- mies do grippe et de méningite cérébro-spinale. Les quelques cas de méningite cérébro-spinale observés à Rochefort pendant quinze années sur- vinrent tous pendant la seule année où la grippe a régné dans cette ville. Le Dr Degrooie (Thèse Lille) cite dé nouvelles observations de sclérose en plaques survenues après la grippe.

Après cette étude historique, que nous tenions à résumer, le Dr J. Marty cite ses .'observations personnelles, très importantes et très intéressan- tes; Il s'agit d'un cas de grippe avec trismus, de plusieurs cas de pseudo-méningite, d'une ménin- gite à prédominance spinale et de trois cas de méningite grippale avec mort. A relever, au point de vue clinique, l'irrégularité et la variabilité des phénomènes cutanés (hypéresthésie, hypoes- thésie), dos névralgies occipitales et abdomi- nales, etc.

Le travail de J. Marty, tant au point de vue des recherches historiques que des observations per- sonnelles, présente un grand intôrôt.

Paul Blocq (Gaz. hébd. de Méd. et de C7«r„ 1890)


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fait remarquer que la grippe nerveuse a été sur- tout fréquente chez les intellectuels, notamment dans les lycées, dans les écoles du Gouvernement, tout en se montrant très rare dans la population ouvrière. C'est chez les enfants qu'on a observé, nous l'avons déjà vu, des phénomènes de ménin- gisme. Dans certains cas, les douleurs, chez les adultes, prédominant au niveau de l'articulation coxo-vertébrale, avec irradiations dans le terri- toire du nerf sciatique, la confusion avec la den- gue était presque inévitable. En général, les àflec- ' lions nerveuses qui ont surgi sous l'action des toxines grippales ont consisté en névroses telles que la neurasthénie, l'hystérie et les maladies mentales. C'est à titre d'agent provocateur que la grippe a mis en évidence diverses nôvropathies chez des prédisposés. C'est ainsi que chez des arthritiques à hérédité nerveuse plus ou moins chargée, elle suscite fréquemment de,la faiblesse générale, de l'inaptitude au travail, des vertiges, de la céphalée en casque, de l'atonie stomacale, de la parésie, dès membres inférieurs, en un mot, des signes formels de neurasthénie. Dans des! cas plus accentués, l'insomniecst robello, l'anxiété, l'angoisse prédominent et l'abattement est poussé à l'extrême. En 1890, d'après P. Blocq, quelques* cas de chorée, des névralgies faciales, cervicales et sciatiques, des paralysies faciales ont pu être rationnellement imputées à la grippe. P. Blocq a


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observé, en outre, des états nerveux provoqués exclusivement parla peur de l'épidémie, C'est par une sorte d'auto-suggestion que le tableau de la forme nerveuse de l'influenza a pu ôtre réalisé sans augmentation de la température.

On trouve des renseignements intéressants, au sujet de Vhystérie post-grippale, dans la thèse de Le Joubioux (Paris, 1890). Chez un soldat ob- servé par Grasset et rapporté dans ce travail, il se produisit brusquement des troubles de la vue, une chute avec perte de connaissance, de là con- tracture douloureuse des membres, de Panes- thésiè, de l'analgésie et un tic palpébral, Huchard, cité dans la môme thèse, a observé aussi, avec son ancien interne Marigny, une grippe compli- quée d'accidents hystériques se montrant pour la première fois. Séglasacitédeux cas analogues. Dans une observation de J. Voisin, il exista de là céphalalgie avec hémiparésie' et hémianesthésie sensitivo-sehsorieîlé. Iî.' Rambaud a vu un cas de somnambulisme, Le Joubioux publie une obser- vation personnelle d'automatisme ambulatoire

avèc mélancolie, C'est à l'asthénie post-grippalè,

à l'altération prôfonde de la nutrition, et, Vrai- semblablement, à une action élective des toxines grippales sur le centre cérébro-spinal, qu'il faut attribuer l'explosion de la névrose. C'est là la théorie de Le Joubioux et nous l'admettons sans difficulté.



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R. Gomez, chez un enfant de sept ans, a vu des contractures et des douleurs musculaires généra- lisées; les muscles faisaiont saillie sous la peau des membres inférieurs, du thorax et de l'abdo- men. La raideur de la nuque, l'opisthotdnos, le trismus, le rictus sardonique, l'exagération des réflexes rotuliens, enfin l'hyperexcitabilitô élec- trique complétaient lo tableau de cette tétanie grippale. La guérison fut obtenue en cinq semai- nes par les lavages du sang.

G. Minciotti a guéri par l'électricité, en six se- maines, un cas de diplégie faciale provoquée par l'influenza.

Stonkovenkoflcite le fait d'une femme âgée qui éprouva des accès vertigineux à la suite d'une perturbation morale consécutive à la grippe. Il existait des bourdonnements, du bruit dans la tête, des secousses dans les bras et les jambes, du Cheyne-Stokes,des nausées, des vomissements, le tout avec conservation très nette de la cons- cience. Un soulagement réel se produisit par l'ap-; pliôatibn de compresses froides et par l'admihis-y tration de la valériane. S'agissait-il d'hystérie ?; Étàit:ce du vertige de Môniôre? Ces deux hypothèC; ses péuventétre misés en avant, ;/■" , ;

Boori (Riforma rhedica) à vu, chez,une fi)|ettéd!ê" onze ans, des accès épileptiformes^engendrés par, la grippe. On connaît l'Opinion do P. ilario sur l'étiologio infectieuse de l'ôpilepsîo. Bitck: et MôoV


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ont constaté des tremblements dans un cas de forme nerveuse de l'influenza; le tremblement prédo- minait dans le bras droit, avec un rythme moyen do cinq à six secousses par seconde. L'agitation faisait défaut pendant le sommeil et s'exagérait par les fatigues ot les émotions ; pas d'atrophio musculaire, pas de réaction do dégénérescence; pas de symptômes oculo-pupillaires. Il s'agissait vraisemblablement d'une manifestation hystéri- que. La guérison fut obtenue par le chlorhydrate de spermine.

Vers la fin de l'épidémie de 1889-1890, on aurait observé, dans la province de Mantoue, des cas .extraordinaires de léthargie prolongée se termi- nant quelquefois par la mort. R, Longuet a con- sacré à l'étude de ce syndrome un article des plus intéressants dans \aSemainemédicale (juillet 1892). Nous le résumons très succinctement. Cette affec- tion, à laquelle on donna le nom de nona, fut considérée, d'après des rapports administratifs, comme absolument légendaire. Pourtant, vers la même époque, des faits similaires furent observés en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en Dane- mark, en Angleterre et en Amérique, par divers médecins (Traujen, Muller,Hammerschlag, Pries- ter, Hallager, Barrett, Frome Young, etc.). Dans toutes ces observations, il s'agissait d'un sommeil profond, d'une léthargie, survenant longtemps après la convalescence d'une attaqUe d'influenza


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et persistant souvent plusieurs jours. Des compli- cations analogues s'étaient produites dans plu- sieurs épidémies anciennes, notamment dans celle de Tubingue en 1718 et de Lyon en 1800. A relever parmi les symptômes de la nona de 1890, en même temps que le coma, la raideur de là nu- que, du trismus, de la dilatation ou de l'inégalité pupillaire, la constipation, quelquefois de l'am- nésie après la guérison. Longuet parle de cas frustes.

Cet état léthargique post-grippal pouvait être confondu avec la narcolepsie, s'observant parfois chez les obèses, les névropathes, lès cardia- 1 ques, etc. ; avec le sommeil hystérique, le ver- tige paralysant de Gerlier et avec la maladie du sommeil des nègres.

Mauthner, de Vienne, en 1890, plaçait là nona dans la substance grise ventriculàire, Gillet de Grandmont émit l'hypothèse d'une ophtalmo- plégie externe, à propos d'une mala,dè chez; laquelle il avait constaté la chute des paupières et l'immobilité des globes oculaires. Oh a pu se demander s'il ne s'agissait pas de méningite cé- rébro-spinale ou d'urémie grippale. En réalité, là pathogônie de cette maladie, aujourd'hui disparue et presque légendaire, est inconnue, ert raison de l'absence d'autopsies (R, LongueVSeroctwe médi- cale, 9 juillet 1892).

L'épidémie do 1889-189Qa été remarquable par



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la variété et l'intensité des déterminations névropathiques. II n'est pas de praticien qui n'ait observé, à cette époque, l'atteinte profonde provoquée par la grippe dans le système nerveux, et nous avons déjà insisté sur cette question. Depuis lors, nous n'avons plus rencontré, clans des constitutions saisonnières, sans conteste grip- pales, cet ébranlement profond, cette prostration extraordinaire, ces singulières douleurs névral- giques, ces états neurasthéniques stupéfiants, ces. troubles cérébraux violents qui, à cette époque* étaient de pratique courante.

On peut relever dans diverses observations des troubles insolites consistant en contractures, té- tanie, douleurs épigastriques Intenses, névralgies du plexus cardiaque, manifestations hystérifor- mes, etc. Dans des cas assez nombreux, on signale une véritable sldération du système nerveux,

Psychoses grippales

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La grippe médullaire

Leyden,nous venons do le voir, avait déjà signalé la paralysie ascen- dante aiguë. Laverait a aussi observé la maladie do Landry dans un cas de pneumonie grippale; le malade, après une tillelnto progressive do lu moOlle ou bulbe, succomba avec des phénomè- nes asphyxiques. Dans un cas de Kiessinger, la myélite aiguë, rapidement envahissante et d'un pronostic sévère, passa à l'état chronique. Un ma- lade do Kerrëol, Agé do soixante-trois ans, sur- mené, nosomaue et morphinomane, présenta> nu moment de la convalescence, uno paraplégie «tut l'emporta en quelques jours, après avoir pris un caractère ascendant et être remontée au bulbe.

Pitres a publié une observation do paralysie nsthënlquo dtlluse post-grlppule, avec paralysie flasque des quatre membres, sans atrophie mus- culaire, sans modifications qualitatives des réactions électriques, sans troubles trophlques


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ni sonsilifs, sans atteinte dos sphinçlors, onlliv avec abolition dos réllexos tendineux ot conser- vation des réflexes cutanés., Lo diagnostic oscilla entre l'asthénie des convalescents, la paralysio asthéniquo diflusodo Gublor, la paralysie géné- rale subaiguô do Dttchenno ot la maladie de Landry.

Lo diagnostic tut douteux aussi dans un cas de paralysio myasthénique post-grippale observé par AbricassolL H se produisit une faiblesse motrice généralisée, une lusslludo très rapido de la mus- culature volontaire do tout lo corps.

Dans les trois observations précédemment ré- sumées, lo Profosseur Mossé rclèvo d'une façon expresse un cas de paralysie ascendante

Boulin (Thèse Lyon, 1900) a étudié, à son tour, lo syndrome de Landry post-grippal, Il admot doux modes cliniques : 1» un début insidieux avec bénignité et régression rapido des accidents; 2«> un début aigu avec persistance des symptômes généraux, une nuircho ascendante de la paralysio ot uno terminaison mortelle D'après l'auteur, 11 s'agit do l'altération d'un mémo système anatomlt que : lo neurone moteur périphérique, Le pro- nostic dépend du modo de début, do l'évolution et do la marche de ht paralysie, de la persistance des phénomènes généraux, après la naissance du syndrome.

Laurentl (Riforma mecttett, 1994) cite un cas do


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gangrène symétrique, d'origine spinale, chez Une petite fille grippée, Le sphacèle était limité aux phajànisfes des orteils et aux membres:supérieurs, de i'extrénlite dès doigts aux ayant-bras. Là» lésion;ocpupait probablement; d'après jui^ la por- tion de substance griso située entre là-corne pos- térieure et la corné antérieure.

Dans un cas de Pailhas, le sujet atteint de paralysie de Landry, en pleine épidémie, put heureusement guérir, après avoir présenté do l'aphasie. ' (

Àpostoli et Planet ont publié un cas de myélite aiguô infectieuse avec guérison. On dut abandon- ner, successivement lo diagnostic d'atrophié mus- culaire progressive et de névrite post-grippale du nerf cubital gaucho. Au bout d'un an et demi, on' se trouva en face dû tableau do la sclérose latérale nmyotrophiquo. Puis survint un brusque change- ment de direction; pendant seize mots, l'état fut stationnaire ; enfin, après un arrêt du processus, la rétrocession progressa jusqu'à la guérison,

Dans un cas de paralysie spinale spastîque (Clini- que de Senator, 1899), un garçon de treize ans fut pris de raideur des membres inférieurs, avec secousses convulslves intermittentes. La démar- che était spàsmb-parétique; pas d'atrophie; exa- gération des réflexes rotultens; intégrité des nerfs crâniens; rien dans les sphincters. La guérison eut Heu. Il s'agissait probablement d'une myélite


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transverse de la partie inférieure de ïsi moelle" dorsale.', . •< *■ '•-'.'".:. *:";Y\Ï>:

Fiessinger a cru reconnaître des symptôméjj; de méningite spinale chez une jeune fiRe de, dix-huit ans qui, dès le début de sa grippé» ac^ cusà une rachialgie violente et qui, au bout de quinze jours,, présenta du nasonnement de là voix, do la dysphagle, de la dyspnée, de la con*. trac tu ro des muscles de la nuque et du dos. La malade succomba quarante-huit heures après ces derniers accidents aveo de la tachycardie,

Jplly a signalé un cas de poliomyélite survenu; chez une dame, trois semaines après; une forte attaque d'iniluenza. Il exista des phénomènes douloureux, de la paralysie des membres supé- rieurs drcits et du membre Inférieur du mémo côté, La guérison se fit en un an, interrompue par quelques récidives. Souvent, d'après cet au- teur, les myélites préexistantes ou le tabès pfésenv tent une aggravation notable du fait do l'influenza. Un chauffeur, observé par Frèund, fit une chute sur le dos dans son tender et n'éprouva que quelques douleurs. Sept jours après, une attaqué de grippe aggrava les souffrances et provoqua une parésle avec amyotrophlo des quatre membres. H s'était produit sans doute, d'après ce clini- cien, tout d'abord une hémorragie dans les enveloppes de la moelle par suite de la chute, puis une suppuration eh ce point par l'action 1


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de;, la, grippe. La guérison se lit incômplô- totneiit:..' " .'■} >.•"'•■'•' • ' , '"• / V,. ■- '" •; Les toxines grippales peuvent réveiller un pro- cessus niédullaireôleint ou activer la marche*. ■', d'une affection systématisée. Qu'il s'agisse, dô sclérose des cordons postérieurs ou/d'une atro- phie ancienne de certains ilôts cellulaires, on voit éclater des complications inflammatoires inattendues au voisinage des parties autrefois lésées. Les muscles épargnés dans une vieille poliomyélite, par exemple, présentent des lésions dégéhératives. Tout comme la diphtérie, la va- riole, l'érysipèle, etc., l'inllucnza peut créer uno •véritable sclérose en plaques.

 propos d'altérations du sympathique, Ilolz a cité la curieuse observation d'un homme de Ironie ans chez qui, consécutivement à h grippe, survinrent des accès de suffocation, avec diffi- culté de la déglutition, coïncidant avec une tu- méfaction algue" d'une moitié du corps thyroïde atteignant ie volume d'un oeuf de poule. Puis, apparurent successivement des douleurs lombai- res violentes, de l'albuminurie ctdel'exophtalmie bilatérale. Il survint un peu plus tard du ptosis, sans paralysie des muscles de l'oeil et un rétrécis- sement très accentué de la pupille droite. Le ma- lade souffrait depuis cinq ans d'une forte hyper- hydroso du côté droit. Or, avant l'apparition des symptômes sus-mentlonnés, il s'était établi à



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droite une anhydrose, tandis que i'hyjierhydrose: ancienne passait à gauche. Ces èymptôrilêsrà^ pelant ceux qu'on obtient, chez les animaux, parN la section du nerf sympathique cervical, étaient -dus probablement, d'après Holz, à la pression exercée par le goitre, lequel, à son tour, avait été provoqué par l'influenzà.

Rendu a publié (DuUct.Soc. mêd. Hopit» 1901) «ne intéressante observation de méningite céré- bro-spinale d'origine grippale, compliquée de poliomyélite antérieure aiguô avec guérison par la ponction lombaire et les bains chauds. Le diagnostic,extrômementdifflciie, avait été d'abord celui de rhino-pharyngite supérieure, d'ordre in- fectieux, donnant lieu à des manifestations arti- culaires. 11 fallut l'apparition, au cinquième Jour, de la raideur du cou et du signe de Kernig pour lever tous les doutes. Fait important, la ménin- gite cérébro-spinalo se compliqua d'accidents de poliomyélite diffuse tout à fait analogues n ceux, de la paralysie infantile. Rendu se demanda, après une objection de Cômby, si la paralysie se- condaire était le fait d'une poliomyélite ou d'une uolynévrito, mais, finalement, il conclut à une îésion d'emblée centrale.

. A propos de cette observation, Lermoyeà clttt deux cas qu'il résuma ainsi : Début par une otite aiguë, d'apparence banale, au cours d'une bonne santé, élévation rapide de la température, phéno-


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^ini^l^.'âM^rç^spijàLlàii'^* là : paracentèse du 'tyhK îiiïiifàiteà*tphipâi n/arrête pas la/marche des, àcçicjentà ; rapidement éclate le syndrome typique de laJplSnihgite cérébro-spinale. 11 est possible*, d'aprèsLermoyez,que rinfécUon méningitïque: partie du nez puisse gagner le crinê par une autre ; ..voie..; "\.;./;-!.-■ . • */■•■:•" '. ' >'• "

Lès déterminations médullaires de la grippe no so présentent pas toujours, fort heureusement, avec ce cortège de symptoinçs aussi alarmants, ilomaro(tïifoma rnedica, 1894) a publié un cas do paralysie transitoire des membres inférieurs et de la vessie,'consécutivement à une congestion neuro-paralytique due à l'infliienza. En mars 1907, nous avons observé nousmôme, chez une Jeunô, malade du D* G..., de Toulouse, des trouble» cohgostifs cérébro-médullaires qui avaient été précédés par dos phénomènes très nets do grippe et qui simuleront, a s'y méprondro, le début d'une méningite cérébro-spinale (céphalalgie, vomissements, raideur de la nuque, signe de Kernig, etc.). Des sangsues aux apophyses mus- toYdes, du calomol at des bains chauds enrayèrent rapidement ces symptômes inquiétants.

Friedniann a eu h traiter trois cas de myélite inflammatoire Chez une femmo de cinquante ans,. il put constater d'abord une hémiplégie avec dou- leurs rachidtennes, puis une paralysie avec dou- leurs en ceinture et état spasmodlque. La mort



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observation, uit homme de vijig^ de paraplégieavec-douleurs racbidienfiei^aussj] plus tard sô produisit un état paj^tp-spas^ avec symptômes denévrite rètrèbuïbairëYDaàs îë| troisième cas, un homme de qùarantè-deùxan$^ présenta de la rétention d'ùrinë, un tremblement^ généralisé» des douleurs rachidiennes ;çt- encqre un état parélo-spasmbdique. La guérison, eût iïèu également. ; * , V*'V'-'

La paralysie bulbaire progressive peut résulter do la grippe. Stembo, de Saint-Pétersbourg en a observé un cas chez une femnie de quâtohïe1- huit ans. Les symptômes, très caradtôristiques» consistèrent en embarras de la parole» reflua des boissons par lo nez, déglutition difficile, voix na- sonnéo et enrouée; les lèvres étaient amincies avec sifflement et moue impossibles;.les labiales et les linguales étaient difficilement prononcées ; la langue était tremblante et amincie. Il existait, en outre, uncparésio évidente du constricteur du larynx et une paralysie du cricoarythénofdien gauche. Le pronostic fut considéré comme sombre. •

Encéphalopathies

A propos de Ù forme nerveuse, nous avons étudié les pseudo-ménin- gites, les méningites et les méninge-encéphalites* Il reste à énumérer certaines lésions oncéphali-


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qués heureusement' tàrés et dont il à été d'ail? leurs fait;mention dans le chapitro ^e l'anatomio pathologique. . '

Gûtlniann a publié deux cas de paralysie çéré? brale après l'influenzai Dans le premieiy les symp- tômes consistèrent en, affaiblissement des mem- bres droits avec douleurs légères^ La paralysie progressa rapidement; quatre mois après,sur- vinrent dû nystagmus, des paralysies oculaires, un tremblement intentionnel des mains et des pieds et l'exagération des réflexes. Ces signes in- diquaient, d'après l'auteur, la période de sclé- rose d'un processus inflammatoire ayant atteint le cervelet et le pont de Vérole, processus masqué parles symptômes de la grippe. Dans le deuxième cas; il se manifesta des signes de ramollissement progressif avec.troubles dé la parole, hémiplégie progressive aussi et incontinence des réservoirs.

Une observation d'Àlexander James concerne une jeune fille do vingt-trois ans qui subit deux attaques d'intluenza à huit mois d'intervalle; dans la dernière, on constata une impotence com- plète des quatre membres, avec Incontinence des sphincters, des troubles de la déglutition et la disparition des réflexes. À l'autopsie, on trouva un cerveau oedémateux, une moelle congestion- née'et des hémorragies microscopiques dans les cornes antérieurcâ des renflements cervical et lombaire.



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Nous ayons clôjà: mentionna les ;àbcès dû ,cerj-/ vèaU; consécutifs 'à j des sinusites, frontales et cthmoïdalés. d^rigine grippale (Belin). Dans Un cas cité, par, Virchoyy, qui pratiqua dps:recher- ches anatomp pathologiques, Uh, individu atteint d'influenza succomba avec ; tous lçS: signes de l'apoplexie foudroyante* Rappelons^ qu'il existait plusieurs foyers hémorragiques dansje cerveau// Furbringer a publié un cas analogue ; une jeiine fille de vingt-sept ans, après des symptômes très nets de grippe, succomba à une attaque; d'apo- plexie. On rencontra aussi plusieurs foyers hé- morragiques dans les deux hémisphères. ;V

Nous avons déjà résumé les symptônios si bien décrits par Grasset et Çprnil dans lés encéphalq- patbies graves. Dans trois observations de ce dernier, malgré la gravité du pronostic» la gué- rison eut lieu.

Dans certaines formes graves de l'otite grippale où le rocher est tout entier enflammé (panotito), les malades succombent quelquefois par lépto- méninglte diffuse. • * .

Un empyèine aigu du sinus sphénoïdal peut provoquer une collection purulente occupant une partie du rocher et envahissant la fosse crânienne antérieure (cas du l)r Halle). Dans une Observa- tion de Gntlmabn, avec encéphalite probable d'une petite portion du cervelet ot de la protubé- rance et sclérose consécutive, les symptômes,



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très variés, furent les suivants: titubation, trem- blement intentionnel, exagération des réflexes rôtuliens et plantaires, paralysie des muscles des yeux, nystagmus bilatéral; tout cela avec conser- vation, de l?açujtô Visuelle. La sclérose consécu- tive avait altéré les origines de plusieurs nerfs crâniens. On porta, néanmoins, un pronostic favorable.

Chez une demoiselle do dix-neuf ans observée par Nauwerk et Leichtenstern, 11 exista des dou- leurs occipitales, des vomissements, dcs.otorra- gies, du Çheyne-Stokes et du coma. A l'autopsie, il s'écoula un liquide trouble par la section du corps calleux. L'examen bactériologique décela l'oxistènce de bacilles un peu plus gros que celui dePfeiffer.

Chez une fournie soignée par lo Dr Dufour, de la Rochelle, et dont nous avons résumé l'observation, nous rappellerons que la mort eut Heu par ramol- lissement aigu du cerveau avec hémiplégie droite et aphasie.

Après celte longue énumératlon des complica- tions nerveuses, on no peut qu'être frappé de la fréquence et de la gravité do ces accidents. La neurasthénie post-grippale est de notion vulgaire; l'éclosion de troubles psychiques chez les pré- disposés ou les dégénérés est également bien connue.

Un fait singulier se dégage aussi des allure»



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tout à fait insotttes des troubles riôyrppathiques dans les épidémies d'influenza. Il s'agit presque \ toujours de manifestations complexés; bizarres, incohérentes, réellement déconcertantes au point de vue du diagnostic et surtout du prpnoslic. Dans la plupart des cas, qu'il s'agisse de pertur- bations sine materia, ou d'altérations organiques,

, le cortège symptpmatique est rarement superpo- sable aux descriptions nosologiques classiques. On se trouve en face, fort souvent,- d'un mélange inextricable de phénomènes où le praticien dé- routé ne peut saisir le moindre fil conducteur.

< Accidents tétaniques ou épileptlformes, tremble- ments divers, fatigue insurmontable, paralysies, contractures, amyotrophies, etc., tout cela s'asso- cie sans ordre connu, affectant des apparences de gravité extrême et se terminant souvent par uno' guérison inattendue.

S'il s'agit de polynévrites, ce sont des allures étranges, différant par bien des points de l'évolu- tion classique ot s'arssociant presque toujours à des lésions médullaires incontestables.

La grippe médullaire est encoro plus extraor- dinaire et on ne compte pas les observations où des cliniciens consommés'ont été entraînés a en- tasser hypothèses sur hypothèses. Les types clas- siques sont débordés; plus do systématisation, mais des lésions disséminées un peu partout et donnant lieu à une symptomatologle touffue, in-


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cohérente èl indéchiffrable, se terminant parfois par une résolution complète. ;

Le môme désordre se présente dans les eiicé- phalopathies.Il ne s'agit presque jamais d'une hémorragie cérébrale typique, d'Un ramollisse- ment, d'une hémorragie méningée, d'une ménin- gite isolée, mais dé types associés; on verra se produire; par exemple, une paralysie des quatre membres, des paralysies oculaires partielles, des ophtalmbplégies, ou encore dès foyers hémorra- giques multiples, des points d'encéphalite dissé- minés, des altérations simultanées de plusieurs nerfs crâniens a leur origine. On voit, surgir pôle-môle des otorragies, du coma, du Cheyne- Stokes, des vomissements, du nystagmus, etc. C'est encore, comme pour la moelle, la dissémi- nation sans ordre des'lésions, avec une symp- tomatologie multiple et défiant .souvent tout diagnostic raisonnable. ' 11 faut ajouter, cepen- dant, qu'on peut relever la prédominance mar- quée dés processus hémorragipares.


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