Biographie universelle des musiciens (1835) Fétis/Lassus (Orland ou Roland de)

De Wicri Musique
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< Ferdinand de Lassus

Biographie de Roland de Lassus par François-Joseph Fétis


 
 


Cette page propose une réédition diplomatique d'un article de François-Joseph Fétis dans sa Biographie universelle des musiciens Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique , 1ère édition 1839 page (page 54)


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Seules les 4 premières pages (biographie) sont réellement traitées.

Le texte


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Lassus (Orland ou Roland de)
célèbre compositeur belge du seizième siècle, naquit à Mons en 1520. Beaucoup d'incertitude a régné jusqu'à l'époque actuelle sur le nom véritable de cet artiste, sur le lieu et sur l'année de sa naissance ; mais d'heureuses découvertes littéraires de Delmotte, auteur d'une intéressante notice sur cet illustre musicien, ont levé tous les doutes à son égard. Ce Lassus, appelé par les italiens Orlando di Lasso, et par les français Roland Lassé, se nommait Roland de Lattre : il ne naquit point en 1524, comme le prétendent Moréri 1 et l'abbé Fontenay 2, ni en 1550, suivant l'opinion de Samuel A Quickelberg 3, ami de l'artiste dont il s'agit, mais en 1520 ; enfin il n'était point Italien, malgré l'assertion du Corio , dans son Histoire de Milan, mais Belge et né à Mons. Ces faits devenus inattaquables, sont démontrés par un passage des Annales du Hainaut par Vinchant, que Delmotte a trouvé dans le manuscrit original de cet ouvrage 4, et qui est ainsi conçu :

« L'an 1520, fut né en la ville de Mons, Orland dit Lassus (ce fut en cest an que Charles V fut coronné empereur à Aix-la-Chapelle) ; il fut de son temps le prince et phénix des musiciens, d"où vient ce verse : »
« Hic ille Orlandis Lassus qui recreat orbem. »
« Il fut né donc en la rue dicte Gerlande à l'issue de la maison portant l'enseigne de la Noire Teste. 11 fut enfant de chœur en l'église de St-Nicolas de la rue de Havrecq. Après que son père fut par sentence judicielle contraint de porter en son col un pendant de fausses monte noies et avec iceluy faire trois pourmaines (promenades) publiquement à l'lentour d'un hour ( échalaud) dressé pour avoir esté convaincu d'estre faux monoyer. Ledit Orland qui s'appelloit Roland de Lattre changea de nom et de surnoms s'appellant Orland de Lassus et ainsy quitta le pays et s'en alla en Italie avec Ferdinand de Gonzague qui suivait le party du roy de Sicile, etc. »

Ces détails sont curieux et décisifs.

Plusieurs auteurs, et Samuel A Quickelberg lui-même , disent que Roland de Lattre fut enlevé trois fois à ses parens lorsqu'il était enfant de chœur à St-Nicolas, à cause de sa belle voix ; que deux fois on le retrouva, mais qu'enfin on consentit après le troisième rapt à ce qu'il demeurât à St-Didier, près de Ferdinand de Gonzague, général au service de l'Empire et vice-roi de Sicile, qui, après la guerre, l'emmena avec lui, à 1 âge d'environ douze ans, à Milan, puis en Sicile. Cette histoire ne parait qu'un roman à Delmotte. Pour moi, j'avoue que je n'y vois point de difficulté. 11 me paraît vraisemblable que celui qui a eu tant de renommée comme compositeur a montré dans sa jeunesse un rare instinct, et qu'il y avait dans son chant un accent expressif qui aura fait naître le désir de l'enlever pour l'attacher au service d'un grand seigneur. Il me parait aussi vraisemblable qu'il a reçu dans son enfance, chez Ferdinand de Gonzague, l'éducation qui le rendit propre à exercer plus tard les emplois qui lui furent confiés.

Quoi qu'il en soit, le général au service de Charles-Quint emmena son jeune musicien à Milan, où Roland de Lattre changea son nom en celui à d'Orlando di Lasso, à cause




(1) Le grand Dictionnaire Historique. Paris, 1709, 10 vol. in-fol.
(2) Dictionnaire des artistes. Paris, 1775, 2 volumes iu-l2.
(3) Prosopuijrapliiœ heroum alque illustrium viroruin

totitts Gerniuniœ, autli. H. Pantaleone, Lasileae, 1565,

in-lo.
(4) Ce passage est fort différent de celui qu'on trouve dans l'édition altérée et tronquée des mêmes Annales du Hainaut que Ruteau a publiée à Mons, 1648, in-fol. Voici ce qu'on trouve dans ce volume, p. 414 : ce 1520.
«Cette année nasquit dans Slons ce tant fameui musicien Orlande, qui dès sa jeunesse fut enfant de chœur dans l'éylise de St-Nicolas, et après que son père eut reçu quelque disgrâce, s'en alla en Italie avec Uon Ferdinand de Gonzajue, oii il changea son nom de Roland de Lattre en celui d'Orlando di Lasso qu'il retint depuis. »

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de la fâcheuse aventure de son père. Ce nom fut ensuite latinisé en celui d'Orlandus Lassus, qui depuis lors est resté au protégé de Ferdinand de Gonzague. Nous devons à A Quickelberg les renseignements que nous possédons sur les événements de la vie de Roland de Lattre, depuis cette époque jusqu'en 1566, où il paraît avoir écrit sa notice sous la dictée du célèbre musicien. De Milan , celui-ci suivit De Gonzague en Sicile, où il acheva de s'instruire dans son art. A 18 ans il s'attacha à Constantin Castriotto, qui le conduisit à Naples. Arrivé dans cette ville, De Lattre entra chez le marquis de La Terza et y demeura environ trois années. En 1541 il se rendit à Rome, où le cardinal archevêque de Florence l'accueillit avec bienveillance, et le logea dans son palais pendant six mois. Après ce temps, De Lattre obtint la place de maître de chapelle à l'église Saint-Jean-de-Latran. Ce fait est constaté par les registres de cette église, dont l'abbé Raini a donné un extrait dans la note 109 de son livre sur la vie et les ouvrages de Pierluigi de Palestrina. 11 fallait que le mérite du musicien de Mons fût déjà bien remarquable pour qu'une place de cette importance fût conflée à un jeune homme de vingt-un ans, à Rome, alors la première ville du monde pour la musique, et qui renfermait dans son sein des compositeurs de premier ordre pour l'église.

Depuis deux ans, Lassus {je me servirai désormais de ce nom, sous lequel l'artiste est connu) remplissait ses fonctions de maître de chapelle à St-Jean-de-Latran, lorsqu'il apprit, en 1545, qu'une- maladie grave menaçait les jours de ses parents. Le désir de les voir et de les embrasser encore une fois l'emporte snr toute autre considération ; il quitta Rome et se rendit a Mons en toute hâte ; mais lorsqu'il y arriva, ceux qu'il y venait chercher n'étaient plus. Le lieu de sa naissance no pouvait avoir désormais pour lui que de tristes souvenirs ; il s'en éloigna bientôt, et accompagné de Jules-César Brancaceio, il visita l'Angleterre et la France, puis il alla s'établir à Anvers et y demeura deux ans. il paraît qu'il y fut maître de chapelle de Notre-Dame; toutefois le fait n'est pas prouvé ; on sait seulement qu'il y composa plusieurs beaux ouvrages qui étendirent sa réputation. Delmotte a remarqué avec beaucoup de justesse que depuis 1545 où Lassus s'éloigna de Rome, jusqu'en 1557 où il passa au service de l'électeur de Bavière, il s'est écoulé quatorze ans qui forment l'époque de sa vie la moins connue, car on n'y trouve que son court séjour à Mons, ses voyages à Londres et en France, enfin deux années passées à Anvers. Le grand nombre d'ouvrages de sa composition publiés à Venise vers le milieu du seizième siècle peut faire croire que dans cet intervalle il a fait un second voyage en Italie.

En 1557, Albert V, dit le Généreux invita Lassus à se rendre à sa cour, lui offrant des avantages qui paraissaient alors considérables , et l'engageant à amener avec lui à Munich quelques bons musiciens belges pour le service de la chapelle. Ces propositions furent acceptées. Quickelberg nous apprend que Lassus, voulant justifier la réputation qui l'avait précédé à Munich, se fit remarquer par son érudition, ses bons mots, son esprit, sa gaieté, sa conduite irréprochable, et surtout par la beauté de ses compositions. Heureux de sa position honorable et de la bienveillance dont le duc l'honorait, il songea à se marier, et moins d'un an après son arrivée a Munich, il devint l'époux de Regina Weckinger, fille d'honneur de la duchesse do Bavière. En 1562, le duc Albert le nomma directeur de sa chapelle, la meilleure qui existât alors en Europe, soit parle nombre des musiciens qui la composaient, soit par leur mérite. On y comptait seize enfans de chœur, six castrats, treize contraltos, quinze ténors, douze basses et trente instrumentistes, formant un nombre de 92 artistes . Avec de tels moyens d'exécution.

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Lassus sentit se développer la puissance de son génie : ses plus grandes compositions, au nombre desquelles on remarque ses Psaumes de la pénitence et ses Magnificat, sont de cette belle époque de sa vie (1560 à 1575). La plus grande distinction s'attacha à son nom et à tout ce qui venait de sa plume. Bien que contemporain de Palestrina, qui l'emportait sur lui sous plusieurs rapports, il eut une renommée plus universelle, parce que les circonstances lui furent plus favorables. En Allemagne, en France, en Angleterre et dans les Pays-Bas, on lui décerna le litre de Prince des musiciens, que les Italiens décernaient dans le même temps à l'illustre compositeur de l'école romaine. Les princes, les rois les plus puissants le recherchèrent et lui firent les offres séduisantes, et plusieurs lui donnèrent des témoignages éclatants de l'estime qu'ils accordaient à son mérite. Le 7 décembre 1570, l'empereur Maximilien, alors à la diète de Spire, accorda de son propre mouvement à Lassus des lettres de noblesse, ainsi qu'à ses. enfants légitimes et à leurs descendants des deux sexes. D'autres honneurs lui furent décernés par le pape Grégoire XIII qui, !e 6 avril 1571, le fit chevalier de Saint-Pierre à l'éperon d'or, et chargea les nobles chevaliers Honoré Cajetan et Ange Mazzacosta de lui chausser l'éperon et de l'armer du glaive, dans la chapelle papale fie la cour, avec le cérémonial accoutumé.

En 1571, Lassus fit un voyage à Paris : c'était la première fois qu'il voyait cette ville, comme il le dit lui-même dans l'épître dédicatoire d'un de ses ouvrages '. Adrian Leroy, célèbre imprimeur de musique de ce temps, et lui-même musicien distingué, le logea dans sa maison, et le présenta à la cour où Charles IX l'admit à lui baiser la main, le reçut avec beaucoup de bienveillance et lui fit de riches présents =„

Plus tard, ce malheureux prince se souvint de Lassus ; et lorsque les remords s'emparèrent de son esprit, après le massacre de la Saint-Barthélémy, il désira que le musicien célèbre lui fit entendre les Psaumes de la pénitence qu'il avait composés, en les dirigeant lui-même; il le fit inviter à se rendre près de lui, et lui offrit la maîtrise de sa chapelle, avec un traite- ment considérable. Plusieurs auteurs ont dit à ce sujet que ces psaumes, considérés comme le plus bel ouvrage de Lassus, lui avaient été demandés par Charles IX, et qu'il les avait composés pour ce prince; mais M. Schmiedhamer, savant bibliothécaire de Munich, exprime ainsi son opinion sur ce fait, dans une lettre qu'il écrivait à Delmotte en 1830 :

« Il serait peut-être bon de réfuter l'opinion erronée de plusieurs historiens qui prétendent qu'Orlando di Lasso avait mis en musique les sept psaumes de la pénitence à la demande de Charles IX, roi de France, en expiation du crime de la Saint-Barthélemy. Ce fait est évidemment faux, car : 1° Le premier volume contenant la copie de la musique, ainsi que l'explication des tableaux par A Quickelberg, était déjà achevé en 1565, et le second en 1570 : donc l'original de la composition avait dû être terminé avant 1565, et avant qu'on commençât la copie magnifique dont il s'agit. Or le massacre où plus de trente mille huguenots périrent dans une seule nuit, n'eut lieu que le 24 août 1572. 2,° Samuel A Quickelberg, dans l'exorde de sa préface sur l'explication des tableaux du manuscrit, dit expressément qu'Orlando di Lasso avait reçu du prince Albert V l'ordre de composer cet ouvrage. »

(1) Voyez la dédicace de Lassus au duc Guillaume de Bavière, datée de Paris, le 7 juin IjTl, en lête de son recueil de motels intitulé : Moduli qainis vociinis unifuam hactcnns ethti, etc. Paris, Adiiaii I.croy cl Roeit Ballard. ID7I, iu-i'^ obi.
(2) Adrian Leroy parle en termes explicites de ces honneurs et de ces largesses dans la dédicace à Charles IX de l'ouvrage qui a pour titre : Frimns Uberinodulurum, quinis vocihus constantiuin , Orlando Lassusio auctore. Paris, Adrian Leroy et Robert Eallard, 1571, in-4° oh!.

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Quels que fussent les avantages offerts à Lassus par le roi de France, il hésitait à les accepter. Le sort heureux dont il jouissait à Munich ; la bienveillance ou plutôt l'amitié dont l'honorait le duc Albert l'attachaient à la Bavière; mais le duc lui-même, quoiqu'il vît à regret le départ d'un artiste qu'il appelait la perle de sa chapelle , l'engagea à ne pas lui sacrifier sa fortune, et à se rendre à l'invitation de Charles IX. Lassus se mit en effet en route avec toute sa famille; mais à peine arrivé à Francfort, il y apprit la mort du roi (1754). Sans perdre de temps, il retourna à Munich , où le duc le rétablit dans ses fonctions et le combla de nouveaux bienfaits. Charmé du retour de son maître de chapelle, ce prince composa un panégyrique en son honneur, et le 23 avril 1579, il lui assura, pour tout le temps de son règne, la jouissance de ses appointe- mens(400 florins, ou 860 fr.), sans qu'on pût y faire de réduction, pour quelque cause que ce fût. Malheureusement, ce prince survécut peu à ce dernier acte de munificence, car il mourut le 24 octobre 1579. Son successeur, Guillaume V, dit le pieux, aimait aussi la musique ; il témoignait beaucoup d'estime pour les talents de Lassus, et se montra généreux à son égard ; mais il n'y eut jamais entre le souverain et son maître de chapelle la douce familiarité qu'on avait remarquée sous le règne précédent. Le 17 janvier 1587, le duc Guillaume, voulant donner à Lassus un témoignage particulier de sa bienveillance , lui fit présent d'un jardin à Meising , sur la route de Fürstenfeld , et le 6 novembre de la même année, il accorda à sa femme une pension annuelle de cent florins. Indépendamment de cette propriété deMeising, Lassus en possédait une autre à Pultzhurnn , dans le district de Wolfarths Hauen ; elle fut vendue en 1588 à un habitant de Munich, pour le firix de 425 florins.

Parvenu à l'âge de 67 ans, Lassus commença à éprouver de la fatigue dans ses fonctions quotidiennes de maître de chapelle; il désirait d'être dispensé de ce service, afin de consacrer ses dernières années à la composition. Ce désir devint si vif, qu'il se décida, en 1587, à demander au duc Guillaume l'autorisation d'aller passer quelques mois chaque année dans sa propriété de Meising, sur l'Amber. Cette permission lui fut accordée, mais on lui diminuait son traitement de moitié, le réduisant à 200 florins. Pour adoucir ce que cette réduction avait de pénible, le duc lui promit d'avoir soin de ses deux fils Ferdinand et Rodolphe. Toutefois la perte de 200 florins parut trop considérable au vieux compositeur ; il renonça à son projet de passer une partie de l'année à la campagne, et continua de remplir avec exactitude ses devoirs de maître de chapelle, employant le temps qui lui restait à écrire de nouveaux ouvrages ou à perfectionner les anciens. Une singulière ardeur de travail se manifesta dès lors en lui, comme s'il eût prévu la fin prochaine de son génie. Tout à coup ses facultés mentales l'abandonnèrent : ce fut avec effroi que sa femme le vit revenir de Meising, où il avait été passer quelques jours. On le ramenait à Munich faible, souffrant, et dans un état de démence complète. Il ne reconnut aucun des siens. Dans sa frayeur d'un événement si terrible, si peu prévu, Regina fît avertir la princesse Maximilienne, sœur du duc Guillaume, qui envoya aussitôt son médecin, le docteur Mermann , près du malade. Des soins assidus améliorèrent la santé de Lassus, mais sa raison ne revint pas. Un air triste, rêveur, avait suc- cédé à son ancienne gaieté. Le duc lui avait fait savoir, par le docteur Mermann, qu'il continuerait à jouir, malgré son état, de son traitement entier ; mais cette nouvelle ne put le ranimer. Dans un des accès de sa folie, il écrivit au prince « qu'il avait l'intention de quitter entièrement le service de la cour, s'il voulait lui laisser les 400 florins que son illustre père, le duc Albert lui avait promis, en y ajoutant

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« une somme quelconque à sa volonté. » Sa femme, craignant les suites fâcheuses de cette folle démarche, fit prier le prince de la considérer comme non avenue; et Guillaume fit savoir a Lassus que tout resterait pour lui comme par le passé, mais que s'il renouvelait sa demande, il serait libre de se retirer et qu'on lui donnerait son congé. L'artiste infortuné ne vécut pas longtemps en cet état : sa profonde mélancolie le conduisit bientôt au tombeau.

La date de la mort de cet homme célèbre est aussi incertaine que l'a été longtemps celle de sa naissance. Ainsi que l'a remarqué M. Schmiedhamer, les auteurs ne s'accordent que sur le jour (le 3 juin) ; à l'égard de l'année, les opinions diffèrent, sans qu'on puisse leur accorder aucun fondement. Les uns fixent l'année 1585 pour celle de son décès, d'autres 1595, beaucoup choisissent 1594, et quelques-uns 1595. Delmotte a très bien démontre, par les actes de 1587, que la date de 1585 ne peut pas se soutenir. Celle de 1595 a été adoptée par Philippe Brasseur 1 , de Boussu 2, de la Serna Santander 3, Fel1er 4, Locrius 5, Paquot 6, Vinchant 7 , et l'auteur anonyme d'un ouvrage intitulé : Belgii Clironicoii sacrum iisqiie adann. 1595, dont le manuscrit se trouve à Bruxelles, dans la Bibliothèque de l'Etat s. Elle est également inadmissible, car la dédicace de l'œuvre de Lassus intitulé Le Lagriine di S. Pietro, porte la date du 24 mai 1594. Cet ouvrage, imprimé à Munich, renferme un portrait de Lassus, avec la dale 1594, et les mots œlatis LXII aniio, qui prouvent, comme le dit Delmotte, que Lassus vivait encore à celle époque , mais (ce qu'il n'a point remarqué) que cet artiste était lui-même incertain de l'annéede sa naissance, car s'il avait vu le jour en 1520, il avait 74 ans en 1594. La date de 1594 est celle qu'on trouve dans 1 historien De Thou, dans le Dictionnaire des artistes de l'abbé de Fontenay, dans les Mélanges tirés d'une grande hibliollwque, par le marquis de Paulmy, dans l'histoire manuscrite de la musique de Dom Caffiaux, enfin dans les Diction- naires historiques de Moreri, de Chaudon et Delandine , et de Choron et Fayolle. C'est aussi celle que j'ai adoptée dans mon Mémoire sur les musiciens néerlandais 9 ; enfin les mots obiit 1594 se trouvent au portrait de Lassas gravé par Jean Sa'deler. Néanmoins Delmotte croit que la date du 24 mai, placée à la fin de la dédicace des Lagrinie, -est trop rapprochée de celle du 5 juin, et cette observation paraît juste. Les registres de l'état civil de Munich ne sont d'aucun secours pour cette question, car ils ne remontent pas au delà de 1650.

(! Reste donc la date de 1595 (dit Dél- ie motte), qui est celle à laquelle, jusqu'à K preuve contraire, je m'arrêterai, at- u tendu qu'elle est sculptée en gros carac- <i tères sur le tombeau de Lassus. Or, II cette date ne peut être que celle du ic décès, quoiqu'à la vérité, rien ne l'in- (1 dique ; on ne peut prétendre qu'elle soit u celle de l'achèvement du monument, car n on sait très-bien que jamais on n'a trouvé <: d'indication de cette espèce sur des cé- ti notaphes. )>

Lassus fut inhumé dans le cimetière de l'église des Franciscains, à Munich: un superbe tombeau en marbre rouge, haut de trois pal mes et demi (2 pieds 4 pouces), large de sept (4 pieds 8 pouces), et orné


(1) Sydera illustriuni, Hantioniœ scnptorum, Blons, 1637, in-12.
(2) Histoire de Mons, Jlons, 1725, in-4°.
(3) Mémoire historique sur la bibliothèque publique de Bourgogne, présentenieîit hibliot/téque pvbliqite de Bruxelles, Bruxelles, 1809, in-8o.
(4) Dictionnaire historique, Liège, 1789-1794, 8 Tol. in-80.
(5) ChroHjcon Bclgicum, Ârra?, 1016, in-fol.
(6) Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas , etc., Louvain, 17>i5- 1770, 3 vol. in-fol.
(7) îlanuscrit autographe des Annales du Hainaut.
(8) Voici ce qu'on y lit : ,4«K0 1Ô93, Orlandut Lassus Montihus Hannoniœ natus , nostri sœculi coriphœus afque princeps Monachii in Bavarid anno (rtatis 73, ntonlur.
(9) Amsterdam, 1830, jîullet elCie, in-4').

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de bas-reliefs représentant d'un côté le tombeau du Christ, avec les saintes femmes , de l'autre les armoiries de Lassus , lui-même, sa femme, ses enfants et petits-enfants agenouillés. Aux deux côtés du bas-relief où est représenté le tombeau du Christ sont deux cartouches sculptés sur lesquels on lit l'épitaphe suivante, composée par Sébastien Bauer, de Haidenkeim :

Orlandi cinerea, eheu ! modo dulce îoqucntes
Nunc mutos, eheu I flcbilis urna premit.
Lassée sunl flendo ciiarites tua funera Lasse,
Prinoipibus multum, chareque cœsaribus.
Belgica quem tellus genitrix dédit ingeuioruni,
Ingeniorum altrix Boja fovlt humus.
Corpuris esuvias eodem quoque Boja tesit,
Post lustra ac hyemes sena bis acta duas.
Robora, sasa, feras Orpheus, at hic Orphea traiit,
Harmoniaeque duces percutit harmonià.
Nunc quia complevit totum concentibus orbem,
Victor cum superis certat apud superos.

Ce tombeau resta dans le cimetière des Franciscains jusqu'en 1800. Lorsque ce cimetière fut détruit, Heigel, artiste du théâtre de la cour, et admirateur passionné des œuvres de Lassus, le recueillit et le plaça dans son jardin, devenu depuis lors la propriété d'une demoiselle de Manntich. Il s'y trouvait encore en 1830. C'est là que M. Schmiedhamer Fa découvert alors , et en a fait prendre un dessin au trait, que Delmotte a fait graver pour le publier dans sa notice, avec la description.

Lassus eut de sa femme, Regina Weckinger, morte le 5 juin 1600, quatre fils, Ferdinand, Rodolphe, Jean et Ernest, et deux filles, Anne, et Regina, qui devint la femme d'un seigneur d'Ach.

Peu de noms d'artistes ont en autant de retentissement que celui de Lassus ; il n'en est point qui ait été plus connu non- seulement des musiciens, mais des gens du monde et même du peuple. On a dit de lui :


Hic illoest Lassus lassum qui recréai oibein,
Discordemque suâ copulat harmonià.

et ces vers ne sont point une vaine flatterie de quelque poète obscur; ils s'accordent avec la multitude d'éloges dont beaucoup de recueils du temps sont rempli*, Étienne Jodelle, contemporain de Lassus, a fait en son honneur un poème français en cent soixante-douze et vers dont Duverdier nous a donné les vingt-sept premiers, dans sa Bibliothèque française. Les diverses éditions des Meslanges de Lassus, publiées par Adrien Leroy et les Ballard portent en tête ces vers :

Bruta Orpheus, saïa Amphyon, delphinus Arion
Traxit ; at Orlandus post se tcrramquc frctumque,
Po.st se traxit item molem totius Olympi.
Quauto igitur major, quantoque potentîor unus
Orlandus tribus his, Amphione, Arione et Orpheu '.

Un enthousiasme égal pour ce compositeur se rencontre dans les oeuvres de Philippe Bocquier, dans [es Sydera illtistriiiin Uannoniœ scriptoriim de Brasseur, et dans les recueils de beaucoup d'autres poètes des seizième et dix-septième siècles. Adrien Leroy, qui connaissait l'art, et qui en parlait bien, disait de lui, dans la préface de son traité de musique (imprimé en 1585) :

«  Ce grand maître et suprême ouvrier, l'excellente et docte veine duquel pourroit seule servir de loi et de reigle à la musique, attendu que les admirables inventions, ingénieuses dispositions, douceur agréable, propreté nayve, nayveté propre, traits signalés, liberté hardie, et plaisante harmonie de sa composition fournissent assés de sujets pour recevoir sa musique, comme patron et exemplaire, sur lequel on se peut seurement arrêter. »

Le nombre des éditions des ouvrages de Lassus surpasse tout ce qu'on a fait pour aucun autre musicien de ces temps déjà reculés ; elles se succédaient avec une rapidité qui indique clairement le prompt débit qu'elles obtenaient. Depuis longtemps on avait cessé de réimprimer les œuvres des artistes les plus renommés du seizième siècle, tandis que celles de Lassus

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étaient encore reproduites par la presse. C'est ainsi que les motets de ce compositeur étaient encore publiés par les Ballard en 1677. De nos jours même, on en a fait de nouvelles publications.

Une si vaste renommée, des succès si universels , si soutenus , offriraient des preuves irrécusables du mérite de Lassus et de l'influence qu'il a exercée sur l'art, lors même que nous ne posséderions pas aujourd'hui d'autres moyens pour nous éclairer sur la valeur de ses œuvres; car un homme médiocre n"a jamais été l'objet d'éloges unanimes de plusieurs générations et de nations diverses. L'examen attentif des productions de Lassus nous démontre que ces éloges étaient mérités. Ce n'est donc pas sans étonnement qu'on lit dans les mémoires sur la vie et les ouvrages de Palestrina des paroles de mépris sur son illustre contemporain ; Roland de Lassus; Flamand de naissance, Flamand de style , stérile de belles mélodies, prive d'âme et de feu, et qui avec quelques messes et quelques motets à huit voix , du genre choral, a usurpé cet éloge outré : Lassum qui recréât orbem 1. Qu'il y a d'injustice dans cette amère critique! Et quoi, Palestrina, le héros de M, l'abbé Baini, n'est-il donc pas assez grand dans l'histoire de l'art, et faut-il, pour l'élever encore, lui sacrifier la renommée du plus illustre de ses contemporains? Pour moi, admirateur sans réserve du grand maître de l'école romaine, j'ose dire que tout est faux et passionné dans ces paroles du savant italien : Flamand de naissance ! On pourrait discuter là-dessus, puisque le langage fait la différence des peuples , et que Lassus était né AVallon, Au surplus, on ne comprendrait guère qu'il y eût une injure dans cette qualification, si la suite de la phrase ne lui donnait ce caractère, Flamand de style! ceci est une erreur palpable de M. l'abbé Baini. Le style flamand, (jui devint le modèle du style italien, au quinzième siècle, et dans la première par- tie du seizième, était composé de reclier- ches plus mécaniques que véritablement artisti({ues sur des motifs de chansons vulgaires, dont les mélodies, et les paroles mêmes, faisaient dans la niusique d'église un monstrueux assemblage avec les textes sacrés. Or, ce qui distingue particulièrement la musique de Lassus, ce qui lit ses succès, ce qui donne à ses ouvrages le caractère de l'originalité, c'est précisément qu'il se sépara de ce style et prit dans sa musique d'église un caractère grave et simple, et dans ses compositions légères une manière élégante et facile. Si, quelquefois il suivit l'exemple des maîtres de son temps, en écrivant quelques messes sur des chansons populaires, on ne peut lui en faire un reproclie, car tout jeune artiste commence par l'imitation. D'ailleurs, Palestrina lui- mêmen'a-t-il pas faitla messede Vhonime armé? Suivant M, l'abbé Baini, Lassus était stérile de mélodies 2, privé d'âme et de feu! Eh! mais, c'est exactement le contraire; car c'est par la mélodie (j'entends ici celle du système de son temps) que ce maître se distingue de ses contemporains, et ce sont les chants de ses compositions qui ont fait la popularité de ses succès. Si le critique italien avait fait remarquer que sa facture est inférieure à celle du célèbre maître de l'école romaine, il aurait exprimé une vérité inattaquable, car c'est surtout par son admirable correction, par son art inimitable de faire mouvoir toutes les parties, et par son élégante manière de l'aire chanter toutes les voix et de leur donner de l'intérêt, que Palestrina s'est placé au-dessus de tous les


(1) Orlando di Lassus, fiammingo di nascita, fiammingo di stile, stérile di bci cuncetti, jirivo di anima e di 1 uoco, e che con alciine messe e cuolctti ad S vnci di •stil piano si usurpô 1" eccessivo elugio : Lassum qui j-ecreat orheni. IMomor, Storico-critiche thlla vita el tlelie opère di Giof. Pierl. da Palestrina, t. 2, p. 432}.
(2) Je rends concctti par mélodies parce que je ne saurais lui donner d'autre signification en frauçai;* san-î une longue paraphrase. Mélodie, dans le sens tjuf je lui donne, signiCe concert mélodieux.

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mnsiciens ; mais attaquer Lassus dans ce qui constitue précisément son talent, il me semble que c'est plus que de l'injustice. M. l'abbé Baini prétend que Lassus a usurpé un éloge outré avec quelques messes, quelques motets! D'abord, on n'usurpe pas les éloges de tous les peuples, de tous les temps : ceux-là sont toujours mérités. Mais que veut dire M. Baini avec ces mots : quelques messes , quelques motels ? Ignore-t-il donc que le nombre des compositions de Lassus est de plus de deux mille ? Or, remarquez que c'est aussi un des signes du génie que cette fécondité et ce besoin de produire qui se manifesta dans la vie du compositeur belge jusqu'à ses derniers moments. Concluons de tout ceci que la prévention nationale a exercé trop d'influence sur le jugement d'un savant, ordinairement bon juge, et lui a fait hasarder une critique acerbe que rien ne justifie, la gloire de Lassus n'en restera pas moins intacte, et celle de Palestrina ne s'en trouvera pas diminuée.

On a vu qu'un souverain, le duc Albert V de Bavière ne crut pas manquer à sa dignité en composant un panégyrique à l'occasion du retour de son maitre de chapelle à Munich. Déjà ce prince avait donné un éclatant témoignage de son admiration pour le génie de Lassus, en faisant exécuter une copie de ses Psaumes de la pénitence avec un luxe dont il n'y a point d'exemple1. Ce superbe manuscrit est composé de quatre volumes in-folio reliés en maroquin avec des garnitures, des fermoirs et des serrures en vermeil ciselé et émaillé, dont le poids total est de 24 livres. Des armoiries, des portraits en pied et en buste du duc Albert, de Lassus, du peintre Jean Mielicb, qui a exécuté les miniatures, de Samuel A Quickelberg, auteur des des- criptions des volumes, de Blathien Fris- bammer. le calligiapbe, de Gaspard Lin- del, qui a surveillé l'exécution de l'ouvrage entier, doGeoi'ges Seylikein, orfèvre qui a fait les garnitures en argent et en vor- niril, de Gaspard llitter, relieur, enfin des belles miniatures de la plus grande di- mension, et des lettres historiées en or et en couleur, en font un monument unique. On en trouve la description dans la notice de H. Delmotte (pag. 152-159).


(1) Je m'étais trompé lorsque j'ai dit rtans mon mémoire sur les musiciens néerlandais que le duc avait fait exécuter de cette manière une copie de tous les ouvrages de Lassus : ainsi que me l'écrivait plus tard M. Georges Poelchaau, les revenus de ses Etals auraient à peine suffi à une telle magnifiçence.

Liste des compositions de Lassus

logo travaux Cette partie est intégralement reprise dans l'ouvrage d'Adolphe Mathieu dont l'OCR est de meilleure qualité.

Le travail de transcription est arrêté ici pour être repris à partir de Roland de Lattre (1840) Mathieu/Messes.

Messes

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Liste des compositions de Lassus. Ouvrages imprimés :

I Messes :

Cypriani De Rore, Annibalis Patavini et Orlandi liber missarum quatuor, quinque et sex vocum. Venetiis, 1566, in-4°.
Missœ aliquot quinque vocum. Illustntt. principis D. Guillielmi Comit. Point. Rheni, etc., liberalitide in lucem editœ. Monachii, Adam. Berg, 1574 in-fol.
Liber missarum, quatuor et quinque vocum. Norimbergœ, 1581, in-4°.
Missœ cum cantico Beatœ Maria' octo modis musicis. Parisiis , R. Ballard , 1585, in-folio.
Missœ decem cum quatuor vocibus. Venetiis, 1588, in-4".
Missœ aliquot quinque vocum. Monacliii , exrudcbat Adam Berg, 1589, in-4".
7° Lassus {Orland) Belga^ musicorum Orpheus. chorique apud sereniss. Boj. principes aunis 40 prœfectus . Missœ posthwnœ sex ritu veteri Bomano Catholico, in modos quel seiios, quà octonos temperatœ, Iii cteinis ineditce et omnium quas edidit selectissimœ : vulgatœ démuni affecta, studio, sumlu superstilis Jilii Bodolpln de Lasso, sereniss. Boj'or. Duel 3Iaximiliano ad odis ntqueorganis. Monacliii, i'\ lypograpliiâ mus.NicolaiHenrici, 1610, in-Jbl. max.
C'est la même collection que Draudius a citée sous un titre altéré, avec l'ailrcsse du libraire Jean Kruger, et la date de 1611. Peut-être a-t-il été fait un nouveau frontispice avec ce nom et cette date. A l'égard de l'édition de 1612, citée par M. de IleifFenborg (Lettre à 31. Félis, etc., sur quelques particularités de

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l'histoire musicale de la Belgique) , je crois quelle n'existe pas, et qu'il y a erreur de date.

Magnificat

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II Magnificat.

Magnificat octo tonorum, quatuor, quiuqiieet sexvocum. Korimberjire, 15G7, in-4".
L'éd. de 1568 citée par M. de Reiffenberg est supposée par Draudius, qui s'est souvent trompé sur les dates.
9° Magnificat octo tonorum, quinque et sex vociim. Norimberga;, 1572, iu-f'ol.
10° Oclo cantica cVwœ Mariœ Virginis qiiœ viilgb Magnificat appellanlur secitnduin singiilos octo tonorum quaternis vocibus. Monachii, 1575, in-i'uL max.
Une deuxièuie édition de ces 3 Magnicat a été publiée à Paris par Adrian Leroy et Robert Ballard, 1581, in-4".
1l° Magnificat aliquot 4, 5, 6 ef 8 vocum. Monachii, Adanius Ber."-, 1576, in-fol.
Ces Magnificat font partie d'une collection renfermant un livre de messes, un de motets, un d'iiymnes et d'antiennes pour les principales fêtes de Tannée, une Passion à 5 voix, les leçons de Job, et les leçons des matines de Noël à 4 voix ; elle a été publiée en '6 volumes in-folio, depuis 1575 jusqu'en 1576, aux frais du duc Guillaume de Bavière. Il a été fait en 1580 une deuxième édition des hymnes et antiennes sons ce titre : OJJîcia aliquot de prcecipuis feslis anni, in-fol.
12° Lassi sereniss. Bojorum ducis symphoniaco-

nunprœfecti, cantica sacra, recens nu- nieris et modulis musicis ornata, nec alibi anteà ijpis vulgata, sex et oclo vocibus. Monachii, excudebat Ad, Berjj, 1585, in-4". C'est ce même ouvrage que Draudius a donné sous le titre tronqué de Cantica sacra, Q et ^ vocum, et avec la fausse date de3Iunich, 1583. \'5° Magni- ficat 4:, 5 et 6 vocibus ad imitationem cantilenarum quarum singulari concen- lus hilaritate excellentium. Monachii, Adam. Berg, 1587, in-fol. C'est le même ouvrage que Draudius cite avec un titre

ii)régé, sous la date de 1588. 14" 3Iagin-

ficat oclo tonorum i, 5 et 6 vocum. Au- gust. Vindel. 1601. 15" Lassi {Oi lundi)


serenissimorum Bavariœ ducum j4l- l'c.rliel Gnilielmimusic. Prœfecti Jubilus Jj. Virginis FI. E. cenluni Magnificat, labore et impenso Rodolphl de Lasso, sereniss. utriusque Bavariœ ducis Maxi- miliani, etc., melopœi et organistœ prœ- lodalœ. Monachii, 1619, in-4". Ces Magnificat sont à cinq, six, sept, huit et dix voix. C'est le même recueil que Drau- dius a indiqué sous la fausse date de 1621.


Psaumes

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III. Psaumes

Cette partie est intégralement reprise par Adolphe Mathieu.


Lamentations et leçons

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IV. Lamentations et leçons.

19°. Sacrœ lectiones novem ex prophetâ Job, quatuor vocum, in officiis defunctorum cantari solitœ, etc. Principi Alberto com. Palat. Rheni, utriusque Bavariae Duci, etc., dedicatae. Venetiis, apud Ant. Gardanum, 1565, in-4°.
Une deuxième édition de cet ouvrage a été publiée à Lyon, en 1566, sous ce titre : Novem lectiones ex historiâ Job, quatuor vocum. Il y en a une troisième intitulée : Lectiones novem ex Job, 4 voc. Norimbergae, apud Gerlach, 1567, et une quatrième, Louvain, 1572.
Je doute de l'existence des éditions de Venise, 1573, citées par Draudius, et de Louvain, 1577, par M. de Reiffenberg. A l'égard de l'édition de Nuremberg, 1597, je la crois réelle.

20" Passio 5 vocum.

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Item lectioiics Job, et lectiones nintu- tinœ de nativitale 4 vocuni . Monachii , Adam. Berg, L^75, in-foL C'est le même recueil que Draudius cite sous ce titre : Patrocinii musices, passio qiiinqiie vo- fum, et lectiones matutinœ de nativitate Christi, quatuor vocum , pars quarta, o't avec la fausse date de 1565. 21" Lassi sereniss. Bavariœ duels GuUelmus, etc. Sacelli magistri Hierciniœ proplietœ la- tnentaliones, et aliœpiœ cantloues ?uin- quam anteJincvisœ. Blonachii, Ad. Boro-, 1585, in-4". 11 y a des exemplaires de cette édition qui portent l'adresse : Fran- cofurtii, Sleiiiius, 1585. Je crois que ce sont les mêmes lamentations de Jerémie qui ont été réunies avec la Passion à 5 voix {voyez n° 20), dans une édition qui a pour titre : Jeremiœ propJielœ devo- tissimœ lamenlaliones cuvi passioiie Do- mini domin. palmaruni quinque vocu/n, auctore Oihnulo Lasso. Lutetite Pari- siorum, apud Adrianum Leroy et Rober- tum Ballard, 1586, in-4°. 12° Moduli quatuor et octo vocum parlini à riuerita- tionibus Jobe, partini e psalm. Davidis et aliis scriptura; lacis descriptif Orlando Lassusio auctore. Rupe]Iœ(La Rochelle), apud P. Ilaultinum, 1576, in-4°. Une deuxième «'dition de ce recueil, qui con- tient près de cent morceaux, a été publiée a Paris, cIk'z Adrien Leroy et Robert l!al- îard, 1587, in-4". 23" Le Lagrime di S. Pietro aescritte del Signor Luigi Tansillo. Munich, Adam. Bergf, 1595, in-fol. Avec un portrait de Lassus (œtatis LXîl anno) portant la date 1594, et une dédicace au pape Clément VIII, datée du 25 mai de la même année.


Motets

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V. Motets.

Les indications des recueils de ces compositions de Lassus sont souvent trop vagues, et les éditeurs en ont fait trop de mélanges différens, pour qu'il soit ]5ossible d'en faire une classification certaine et sans double emploi : nonobstant le soin que j'y ai apporté, je n'ose f'sjiérer que la liste suivante soit d'une exac'itude iiréprc diable. îl faut aussi remarquer que des motets ont été arrang^és sur des chansons profanes, ou même obscènes, et que celles-ci ont été quelque fois parodiées sur des motets.

24° Il primo libre de' Motetti di Orlando di Lasso. Venise, Gardane, 1545, in 4°.
Le nombre de voix de ces motets n'étant point indiqué, j'ignore si le recueil suivant est une autre édition du môme : // primo libro de' inotetti à 5 et 6 voci nuovamente posti in luce. In Anversâ , 1556, in-4o.
Cet ouvrage est dédié à Antoine Perrenot, évi'que d'Arras, depuis cardinal de GrnnvcUe.
25° Sacrœ cantiones (vidgo motela appellalœ) 5 et 6 vocum. Liber

secundus , Venetiis, 1560, in-4.

Une autre édition de ces deux premiers livres de motets a été publiée à Paris, en 1571, in-4°, par Adrien Le Roy et Robert Ballard, et dédiée à Charles IX : elle est à la Bibliothèque royale de Munich.
26° Sacrœ cantiones quinque vocum cum vivd voce tuni omnis geucris inslrumentis cantatu comniodissinire, Norihergse, 1562, in-4°.

Cet ouvrage est dédié ])ar Lassus au duc Albert de Bavière, le l^t^juin 1562; il contient 25 motets. 27" Sacrœ cantiones (vulgo moteta appellatœ) qui/ique vocuni cum vivd voce tum omnis generis in- slrumentis cantatu commodissimœ, Ve- mtiis, apud Ant. Gardanum, 1565, in-4". L'épître dédicatoire à Albert, duc de Bavière, est datée du l^"" novembre 1562. Delmotte pense que ce recueil doit être la seconde édition du précédent ; cependant la différence de dates dans la dédicace peut insj)irer quelque doute. Au surplus, le recueil suivant est aussi une source d'incertitude, car il est indiqué comme le troisième livre, et il devrait être le qua- trième. 28" Sacrœ cantiones {vulgo mo- teta appellatœ) 5 et 6 vocum. Liber tertius, Venetiis, 1566, in-4". (]et œuvre contient trente motets. 29" Sacrœ can- tiones {vulgo moteta appellatce) 6 et S vocum. Liber quartus, Venetiis, 1566, iu-4". Une deuxième édition de ce qua- tiième livre a élé [mbliée à \'cnise, en

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1579, iii-4". Tous ces reeut'ils sont à la ])ibliotlièque de Munich. La collection sui- vaiile, citée par Di'autlius, parait être un cfioix des ]irécédenles : Moieloruni libri duo, (jualnor, quiiique , sex , oclo et dccein vocuin, Parisiis, lj6(i. II en est de même de celles-ci : Selectissiinœ can- liones, fjitos vu/go motelos vocaiif^ par- iim oninino novce , parlirn niisqiutin in Gennanid excusce , sex e( pluribiis i>o- cilnts comj>ositœ, Korimhergœ, 1568, in-4"; Selectissiincecanlioiies, quasvidgo motelos vacant, A et 5 vocibiis, ibid., 1568, in-4". Ces deux recueils sont dans la bibliothèque de Munich. Gerber cite aussi : Selectissimœ canliones sex vo- ciim , ibid., 1569. 5G" Lassl Illustr. Biivariiv ducis j4[bei-ti nuisici c/iori magistri selecliorian aliquol canlioniim sncranan sex vocumjascicidus adjunc- tis in fine tribus dicdogis octo vocum, quorum niliil adliuc in lucem est edi- /;/m,Monacbii,excud. Adam. Berg, 1750, in-4". Celte collection, qui contient vingt- trois morceaux, est le cinquième livre de motets ; elle est dédiée par Lassus à Jean, abbé de Weingarten. 51° Moduli quinis vocibus nunquam Jiactenus editi, 3Io- nachii Boiorum composHi, Lutetiœ Pari- siorum, apud Adrianum Le Roy et Rûbertum Ballard, 1571, in-4°. Sixième livre, dédié par Lassus au duc Guillaume pendant son séjour à Paris, avec des vers français du compositeur. Une deuxième édition de ce recueil a été publiée à Mu- nich, dans la même année. 52° Cantioimm quos motetos vacant opus novum,pars I. Illustrissimi principis D. Guilhelmi co- mit. Palatin. Rheni, etc. , liberalitate in lucem editum, Monachii, Adam. Berg, 1573, in-fol. max.; avec le portrait du duc Guillaume, et une dédicace de l'auteur à ce prince. C'est la première partie de la collection in-fol. de motets, messes. Ma- gnificat, etc., pour l'usage de la ciiapelle rovale. Delmotte a pensé que celte col- leclion renferme tout ce que Lassus avait ]iub]ié précédemment ; mais les mots opus novutn démentent cette opinion. Ces iriotets doivent former le septième livre. Draudius a cru que les cinq volumes qui composent cette collection appartenaient aux motels, et il a cit('; l'ouvrage sous ce titre : Cantionum quos motetos vacant, opus noviun T' tonds digestuni, quo- rum 1,2, 3 et i in lucem prodierunt grandissimis pro choro notis et folio reL^ali, Monachii, Adam. Berg, 1573, in-fol. maximo. C'est aussi le même ou- vrage que M. de BeifTenberg a cité sous le titre : Palrocinium musices, cantionum quos motetos, etc. Une deuxième édition de ces motets a été publiée à Nuremberg, en 1575, in-4. Une antre édition de ce recueil a paru à Venise, en 1585, sous ce titre : // settimo libra di motetti del Orlando di Lasso , a cinque voci, in-4". 55° Lassi musicorum apud sere- niss. Bavariœ duceni Guillelmus, recto- ris, motetta, sex vocum, Monachii, exca- debat Adam. Berg, 1582, in-4<'. La deuxième partie de ce recueil contient des motets à cinq voix : elle a pour titre : Lassi musicorum apud sereniss .Bavariœ ducem Guillielmum, etc.,rectoris Sacra? cantiones quinque vocum, Monachii excudebat Adam. Berg, 1582, in-4°. Draudius et Gesner citent ce recueil, avec la même date, mais sous des titres diCPé- rens. J'ignore si cette collection doit être considérée comme le huitième livre, ou si elle ne renferme qu'un choix de pièces des recueils précédons. 54" Lassi serenissimi B avarice ducis Guiliehni, etc., musico- rum prœfecti Sacrœ cantiones : antehac nunquam visœ , nec typis uspiam (sic) exusœ, quatuor vocum, Monachii, Adam. Berg, 1585, iu-4°. Huitième ou neuvième livre , avec une dédicace de Lassus à Alexandre II Fugger, prévôt de l'église cathédrale de Frisinge. Une deuxième édition a été publiée sous ce titre : Sacra- crarum cantionum moduli quatuor va- cibus contexti. Auciare Orlando Las- susio, Lutetise Parisiorum, apud Adria- num Le Roy et Robertum Ballard, 1586.


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in-l". On a donné à Venise, en 1580, comme huitième livre des motets de Las- sas, une compilation intitulée : Il ottavo lihro de Motetli di Orlando di Lasso, « 2, 4, 6 e 6 voci. Les recueils intitulés : // nono libro de' molelti di Orlando di LnssOy a sei voci, \en\?.e, 1589, in-4°; // decimo lihro de' motetli di Orlando di Lasso , ihid., 1595, et II undecimo libre de' Molelti, sont également des compilations. Diverses réimpressions des anciens livres de motets ont aussi été faites, mais sans indications de numéro d'ordre : je citerai les suivantes : Selec- tissimœ canliones , quas vulgo moletos vocant , partini omnino novœ , partini nusquani in Germania excusœ, sex et pluribiis vocibus composilce , per excel- lentiwn miisicum Orlandiini de Lassas, Norimberpœ, 1587, in-4°. — Modidi quinque vociun. Auctore Orlando Las- susio , Lutetiœ Parisiorum , apud Adria- num Le Roy et Robertum Ballard, 1588, in-4. — Blodnli sex vociim. Auctore Orlando Lassiisio, ibid., 1588, in-4". — Sacrarwn cantionum Jloscidi Orlandi di Lasso, Antverp. , 1607, in-4°.

Il a été fait plusieurs éditions de col- lections générales des motets de Lassus. La première a pour titre : Lassi miisici prœstantissinn Jasciculi cdiquot sacra- rum cantionimi cnni quatuor, quinque, sex et octo vocibus, anleà quidem sepa- ratini excusi , nunc vero auctoris con- sensu in ununi corpus redacti, Norimber- gœ, in officinâ Gerlachiana , 1585,6 vol. in-4°. Après sa mort ses fils , Ferdinand et Rodolphe, élevèrent un monument à sa mémoire en publiant un recueil de tous ses motets latins déjà connus ou inédits, au nombre de 512. Cette belle et précieuse collection est intitulée Magnum ojnis Tnusicuni Orlandi de Lasso Capellœ Ravariœ quondam magistri, complectens omnes canliones quos vulgo moletos vacant, tant anleà edilos quam haclenus nttndum publicalos 2, 5, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 12 vocuni. A Ferdinando serenis-


sinii Ba'i'ariœ ducis 3Itiximiliani musi- corum prœjecto , et Eudolpho , eideni principi ah organis, authoris fdiis summo studio collectum, et impensis eorundem tjpis mandatum, Monac.hii,N. Henricus, 1604, 6 vol. in-fol. qui contiennent: Canlus, Alius, Ténor, Bassus, Quinta et Sexta.On y joint un septième volume, plus rare que les autres et qui a pour titre : In magni illust. magin Bojoariœ ducis syniphoniarchce Orlandi de Lasso magnum opus musicum, Bassus ad or- ganum studio Casparis Vincenlii Auda- nariensis Arihesii in cathedral. Wir- cehurgensis orgnnœdi. Septima pars, Wirceburgi , typis J. Volamari, 1625, in-4°. Jenecrois pas que l'édition d'Au<fs- bourg , du Blagnuni opus, citée par Draudius et d'autres, existe.

Des motets de Lassus ont été publiés conjointement avec ceux de quelques au- tres musiciens dans divers recueils dont je citerai les suivans : 1° Orlandi de Lassus et Cipria?n de Bore canlionum sacra- rumlih. II, 4 vocwn , Lovanii , 1569, in-4. 1" Premier livre du meslange des psaumes et cantiques à trois parties, recueillis de la musique d'Orlande de Lassus et autres excellens musiciens de noslre temps (sans nom de lieu), 1577, ia-S°. 5° Second livre du meslange des psaumes et cantiques à trois parties, recueillis de la musique d'Orlande de Lassus et autres excellens musiciens de noslre temps (sans nom de lieu), 1577, in-S. i" Theatruni musicum Orlandi de Lassus cdiorumque prœstanlissimorum musicorum selectissimas canliones sa- cras, quatuor, quinque et plurium vo- cuni reprœsentans. Liber primus (sans nom de lieu), 1580, in-4°. 5" Theatrice miisici Orlandi de Lassus , aliorunique pireslantiss. musicorum selectissimas canliones 4, 5 et plurium vocum reprœ- sentans. Liber secundus (sans nom de lieu), 1580, in-4. 6" Canliones sacrai ah Orlando di Lasso et ejus fdio Eudol- pho, sex vocibus composilce , typis jam


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primum .vihjcclœ^ Monachii, lG0l,in-4". 7" Liber prinms. CimUones sacne, Ma- ç(r/ificaf voca/it, 5 et 6 vocurii , aiiclore ()/lfini/o Lasso, llis nccesserunt qualuor {ih ejiisdern Orlnndi fdio Fcrdinundo de Lasso cornposdœ, jatn priniiuii in luceni editœ, Monachii, Nicol. Henriciis, 1602, in-4". On peut voir aussi le Florile^iuni Portense de Bodenschatz et d'autres re- nieils du counnencemcnt du dix-septième si(:<de.


Madrigaux et chansons latines françaises et allemandes

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VI. Madrigaux et chansons latines, françaises et allemandes. 34° // primo e secondo Uhro de' madrigali a cincpie ■voci, in Vinegia, appresso Girolamo Scoto, 1559, in-4°. 35° Il primo libro de' ma- drigali a quattro voci , iiisieme alciini madrigali d' altri aiilori, iu A'enetia, ap- presso di Antonio Gardnno, 1560, in-4°. lîne deuxième édition de cet œuvre a étii Caiie à Venise, en 1562. Dans la même année il a été fait une deuxième édition du deuxième livre des madrigaux à cinq, Venise, chez Jérôme Scotto, in-4°. D'au- tres réimpressions des mêmes niadrit>aus ont été puldiées dans la même ville en 1566, 1568 et 1570. 36° Dl Madrigali a (jualtro voci il secondo libro, Roma, appresso Antonio Barré, 1565, in-4° ; réimprimé à Venise en 1569 et 1575. 37° // terzo libro de' Madrigali delecce- leniissimo Orlando dl Lasso a quattro voci, in Venetia, appresso Gardano, 1564, in-4°. Plusieurs fois réimprimé. 38° Il libro terzo de' Madrigali a cinqiie voci, ihid., 1564, in-4°. La deuxième édition a paru sous ce titre : Il terzo libro de' Madrigali a cinqne voci, novamenle per Antonio Gardano rislampalo, in Vene- tia, 1566,in-4°. L'année suivante un choix des deuxième et troisième livres de madri- }ifaux à 4 et 5 voix a été publié sous ce titre : // terzo libro de' Madrigali « 4e 5 voci, Venezia, 1567, in-4°. 39° De Madrigali deir ottimo Orlando di Lasso a cinqne roci il quarto libro. in \'enezia, aj)prcsso Antonio Gardano, 1:)67, in-4"; réim|)r!mé ihins la même ville en 1587, et viiiiscm-


Idahlcmenl auparavant. î)atis Tintervalle, dillerens choix des madrijjaux de Lassus avaient été publiés par lui-même, ou par dilï'érens éditeurs, entre autres ceux-ci : Madrigali novamenle coniposti a cin- qne voci, Nuremberg, 1585, in-4" (avec une: dédicace de Lassus au comte Bevi- lac(jua). Draudius cite aussi : Madrigali a 4,5 e 6 voci, Korimberga;, 1587, in-4°, et Madrigali a 4, 5, 6 e 8 voci, Anvers, Jean Bellero, 1593, in-4». 40° // quinio libro de Madrigali a 4 voci, del Or- lando di Lasso, m Venezia, 1587, in-4°. Il est vraisemblable qu'il y en a des édi- tions autérieures. 41° // sesto libro de' Madrigali a i e 5 voci, di Orlando di Lasso, in Venezia, 1588, in-4°. 42° Li- bro de Fdlanelle , moresche ed allre canzoni ci 4, 5, 6 ed 8 voci, Paris, Adrien Le Roy et Robert Ballard, in-4° obi.; réimprimé à Anvers en 1582. Del- niolte reprend Brunet d'avoir écrit dans le Supplément de son Manuel du Libraire (t. 2, p. 284), moresche, à quoi il veut q'j'on substitue motesche ; mais il se trompe : la moresque était une sorte d'air en usage dans les seizième et dix- septième siècles : motesche n'est pas italien et n'a point de signification. 43° Le quatorzième livre à quatre par- ties contenant dix-huit chansons ita- liennes, six chansons françaises et six motets fuie Is {à la nouvelle composition d'aucuns d'Italie) par Rolando de Las- sus, nouvellement imprimé à Anvers par Tvlman Susato, 1555, in-4". Ce recueil n'est indiqué comme quatorzième livre que parce qu'il appartient à une collection de divers auteurs publiée ])ar Tylman Su- sato. 44° Lassus, maistre de la chapelle de Vexcellentissime et illustrissime duc de Bavière. Nouvelles chansons à quatre parties, convenables tant à la voix comme aux instrumens. Le premier livre, en Anvers, par Jean Laet, 1566, cum pri- viîegio, in-4°. Il doit y avoir des éditions antérieures, car le quatrième livre a (>té piihlié en 1564. 45" Lassus, le second


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livre des nouvelles cliansons lanl à fjua- Lie comme à cinq parties. En Anvers, par Jean Laet, 1566, in-4°. 46" Tiers livre des chansons de quatre, cinq et six par- ties convenables tant aux instrnmens qu'à la voix, imprimé à Louvain , par Pierre Plialèse, 1566, avec grâce et pri- vilège, in-4°. La dernière clianson de ce recueil a pour texte ces vers de Virgile :

Tvtire, tu patulce reciibans stib tegmine fagi. Eté

47° Le quart livre des chansons nouvellement composées par Roland de Lassus, convenables tant aux instruments comme à la voix, en Anvers, par Jean Laet, 1564, in-4°.

Dans la même année, une autre édition a été publiée sous ce titre : (^iia- liiesme livre des chansons, etc., Louvain , Pierre Plialèse, 1564, in-4°. Un choix de chansons de ces quatres livres fut donné par le même imprimeur, en 1570, avec d'autres chansons de Cyprien Rore et Philippe de Mons, sous ces litres :
  • Premier livre des chansons à quatre et cinq parties composées par Orlando dl Lassas, Cyprian de Rore, etc., convenables tant aux instrumens comme à la voix, in-4.
  • Second livre des chansons à quatre et cincq parties., etc.
  • Tiers livre des chansons à quatre., cinq et sixparties^ etc.
  • Qiiatriesme livre des chansons à quatre et cinq parties ., etc.
Draudius cite une autre édition de ces quatre livres de chansons imprimée à Francfort, en 1570, clicz Stein, in-4.

48° Livre de chansons nouvelles à cinq parties, avec deux dialogues à huict , Paris, 1571, in-4°.

Lassus a publié lui-même ce recueil pendant son voyage à Paris, avec une ode en vers français adressée à Charles IX. Le même ouvrage a paru l'année suivante à Louvain, chez Pierre ]'iia]èse, in-4°, sous ce titre : Livre V de chansons nouvelles à 5 parties , avec deux dialogues. Il en a été fait une troisième édition par la veuve Ballard et son fils Pierre P.nllard, 1599, in 8".
Après la publication de ce cinquièfne livre par Lassus, il a été fait une multitude de collections complètes ou choisies, de mélanges, de parodies, de motets en chansons ou de chansons en motets, et de traductions de madrigaux ou de chansons allemandes et latines, toutes sur la musique de cet homme célèbre. Les plus connues sont celles dont les titres suivent :
1° Meslange contenant plusieurs chansons latines et françaises à 4,5, 6, 8 et 10 parties, Paris, 1570, in-4°, avec le portrait de Lassus gravé en bois, cinq distif[ues latins de Gahori in ef/igium Lassi, et trois hexamètres de Jodelle sur le même portrait.
2° Meslanges d'Orlando de Lassus, ou recueil de ses plus beaux ouvrages en musique, Paris, Adrien Le Pioy et Robert

Ballard, 1576,in-4°.

3° Continuation des Meslanges d'Orlando de Lassus, Paris, Adrien Le Roy, 1584,
4°. i" Continuation des meslauges cVOrlando de Lassus , Paris, Adrien Le Roy et la veuve R. Ballard, 1586, in-4°.
Une nouvelle édition complète de ces Meslanges a été publiée à Paris , chez Pierre Ballard, en 1619, in-8°.
5° Thrèsor de musique d'Orlande de Lassus, contenant ses chansons à quatre, cinq et six parties (sans nom de lieu), 1576, in-8°.
L'imprimeur, en s'adressant aux musiciens, s'excuse de ne pouvoir publier toutes les chansons d'Orlande à cinq et six parties comme celles qui sont à quatre voix, et il promet de présenler à la deuxième édition un thrèsor accompli. :::Cette promesse a été réalisée dans Le thrèsor de musique d'Orlande de Lassus, prince des musiciens de noslre temps. Contenant ses chansons françaises , italiennes et latines , à quatre, cinq et six parties : augmentées de plus de la moitié en ceste seconde édition (sans nom de lieu), 1582, in-12. Ce recueil contient 1 85 chansons. L'éditeur explique dans la dédicace

les motifs qui l'ont porté à changer les paroles peu chastes de la plupart des chansons de Lassus, pour leur en substi*

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l.iier frautres plus honnêtes. On peut lire ce passage curieux clans la notice de Delmotle (p. 107 et suiv.)-
La troisième édition ri a Tl trésor a. paru cliez R. Ballard, en 1594. C'est cette même édition que Draudius a citée (sans nom de lieu) sous le titre latin : Thesnwus musicus cantionuin Gall. liai. Latin. 4, 5, 6 vociiin,

et avec la fausse date de 1595. Il en a été publié une quatrième à Cologne, dans la même année , in-4°.

6° La fleur des chansons des deux plus excellens musiciens de nostre temps, assavoir d'Orlande de Lassus et de Claude Goudimel, Lyon, par Jean Bavent, 1574. Premier livre à 4 parties, in-12 oLl. Deuxième livre A cinq parties, 1575. Burney en indique une autre édition de la même ville, 1576, in-4. Un titre semblable a été choisi pour

nn recueil des chansons de Lassus seul : le voici :

7° La fleur des chansons d'Orlando Lassus, maistre de la chapelle du sèrénissinie duc de Bavière, à quatre,

rincfj, six et huict parties, en Anvers, chez Pierre Plialèse et chez Jean Bellere. 1592, 6 vol. in-4°. La date de 1593, donnée par Draudius, est fausse. îl y a une deuxième édition de ce recueil, en. Anvers, de l'imprimerie de Pierre Phlèse , libraire juré , 1604, 6 volumes, in-4".

8° Chansons nouvelles allemandes et françaises à 6 voix, Munich, Adam Berg, 1590, in-4.
9° Jea7i Pasquier, la lettre profane des chansons des Meslanges d'Orlando changée en lettre spirituelle à 4, 5 e^ 8 parties, à la Rochelle, Pierre Hanltin, 1575 et 1576.
10° Jean Pasquier, cantiques et chansons spirituelles pour chanter soubz la musique des chansons profanes d'Orlatido de Lassus, à i et 5 parties, à la Rochelle. Pierre Haultin, 1578.
49° Moduli duohus vel tribus vocibus, auctore Orlando de I^asso . lib. 1, 3Ionachii, 1582, in-4°.
50° Cantiones elegiacœ suavissimœ duobus vocibus, lib. 2, Antuerpiae, 1598, in-4" obi.
51° Orlandi di Lasso proplietiiE Sibyllarnm quatuor vocibus chromatico more singulari confectœ industrid et per Rodolphuni ejus fdium typis datœ, Augustœ, apud Georg. Willer, 1600, in-8".
52° Lassus maître de la cliapelle ducale bavaroise. JSou- velles chansons allemandes à cincq voix, j)ropres à chanter sur tous les instrume/is, Munich, Adam Berg, 1567, in-4".
53° Deuxième partie des chansons allemandes à cinq voix (en allemand), ibid., 1573, in-4".
54° Troisième partie des belles chansons allemandes nouvelles à cmq voix, avec une gaie chansonnette française (en allemand), ibid., 1576, in-4°.
55° Teutsche und Franzœsische Gesœng

mit 6 Stimmen (Chansons nouvell'es alle- mandes et françaises) , Munich , Adam Berg, 1590, in-4". 5Q° Etliche ausser- lese/ie kurze, gute, geistliche und welt- liche Liedlein mit A Stimmen, sozuvorin Franzœsischer spraach aussgangen . jetzund aber mit Teutschen Texten, und mit des Authors Bewilligung in Truck gegeben, durch Johann Biihler von Sch\vandorff[Qae\(ines cliansons choisies, tant spirituelles que profanes, à 4 voix, d'abord composées sur des paroles fran- çaises , mais aujourd'hui publiées en alle- Jiiand, etc. Imprimées du consentement de l'auteur par Jean Biihler de Sclnvan- dorfï', en son vivant maître de chapelle de 1 empereur Ferdinand , de glorieuse mé- moire, puis professeur à l'église collégiale de Ratisbonne) , Munich , Adam Berg , 1582. ia-4". Ce recueil contient 50 chan- sons.

Outre le superbe manuscrit des Psaumes de la pénitence, la bibliothèque royale de 3Iunich possède cent quatre- vingt-onze compositions manuscrites de Lassus , parmi lesquelles on remarque 32 messes, dont une de requiem, 53 iMa- gnificat, 11 Nunc Dimittis. 3 psaumes, 1 office complet de la Purification de la Jlerge, 3 Benedictus , 7 litanies de la \ lerge, dont une à 9 voix en deux chœurs, 50 motets, 34 hymnes, 2 Asperges me, 6 Salve Résina, dont 1 à 8 voix, 1 Ave

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Regina, 1 Alma redemptoris, 1 Regina cœli, et une Passion.

M. Schmiedhamer, savant bibliothécaire chargé de la garde du riche dépôt de la bibliothèque royale de Munich, ayant sous les yeux les œuvres imprimées et manuscrites de Lassus, en a fait un recensement que Deîmotte considère comme incomplet, mais qui me semble devoir approcher beaucoup de l'exactitude. Le voici :

MUSIQUE RELIGIEUSE :
Aima redemptoris 2
Antiphon. et responsoria 1
Asperges me 4
Ave Regina 6
Benedictus 3
Cantiones sacrœ latinœ et germ 429 '
Domine ad adjuvendum 2
Hymnes 54
Introït 1
Lamentations 13
Litanies 19
Magnificat 180
Miserere mei Deus 1
Messes 51
Idem de requiem 1
Motets 780
Nuncdimittis. 12
Offices propres 5
Passion historique. 2
Psaumes 2
Psaumes pénitentiels. 7
Regina cœli. 6
Respons. 1
Salve Regina. 8
Vidi aquam. 1
____
1572


MUSIQUE PROFANE :



Cantates et dialogues. .


7


Cliansons latines.


. 54


Canzonettes. . , . . •


. 59


Chansons françaises.


. 571


Madri"aux. . ...


. 253


(Chansons allemandes. .


. 61



765


RECAPITULATION


Musique religieuse.


1572


Musique profane 765

Total général 2357

Beaucoup de portraits de Roland de Lassus sont connus. Parmi les miniatures du beau manuscrit de Munich , on en trouve un en buste et un autre en pied : Deîmotte a fait faire une belle lithogra- phie d'après le dessin de celui-ci pour sa notice. Le Meslange publié à Paris en 1750 contient un portrait gravé en boi» j les Lagrime di S. Pietro (1594) en ren- ferment un autre de Tartiste à Fâge de 72 ans y dans l'Iconographie do Reusner, on en trouve un , gravé sur bois , in-8" j un autre in-4°, gravé de la inéme ma- nière, est ajouté au Thrésor in-4*' de Ro- bert Ballard, 1594 j N. de Larraessin en a gravé un in-4 en taille-douce ; Théo- doi'e de Bry et Meysens en ont publié deux autres également in-4°; la collection de L'awk en renferme un gravé par Caldwal, petit in-4"; celui de Jean Sadeler, publié en 1600, est en format in-8°; il a été copié dans L'Académie des sciences et des arts de BuUiart et dans la Biblio- iheca Belgica de Foppens; il y en a un gravé en bois (in-fol.) dans les Prosopo- graphite heroiim alque illustrinm viro- rum totius Germaniœ, de H. Pantaleoue (Baie, 1566, 5« partie, p. 541} ; un autre


' .Te no cnuiprends pns la (Uffeicnce que fait 31. f>chmiedliamer entre le» Cantiones saciœ et les milieu.


^ II y a erreur ici, car Lassut a écrit un nturibre dj psaumes beaucoup plus considérable.

Il faut aussi remarquer que le sa-rant bibliothécaire, sa Uluuich a oublie lea leçons de J'jh.

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t'sl ilans ](! livn; de i';in] Freiicr ; Ame- linjjuf;, CL'lèhre ;i;ravcur français, en a piililié un licaii en taille- douce, avec les vers :


Il en est sans doute plusieurs autres qui me sont inconnus.

L'historien de la ville de Jlons (de Boussu) assure, d'ajirès Philippe Brasseur (Sydera illustvium lîannoniœ scriptor., j). 84), que les magistrats de cette ville élevèrent à Lassus une statue dans l'église St-Nieolas , avec cette inscription sur le picdeslal :

s. p. Q. M.

Konligenje OrlaDdo,quod eo nascerife renafa ef-t BUiiica, Montenses hoc pcisiiere deciis.

11 ajoute que cette statue a été détruite vers 1680; mais Delmotte a déraoniré la fausseté de ces assertions, et a rendu plus une douteuse l'existence de cette statue, à quelle époque que ce soit. Si les habitans de Mons ont montré jusqu'à ce jour beau- coup d'indifférence pour la gloire de leur illustre compatriote, le temps est peut- être venu où cette faute sera réparée. L'auteur de cette notice nourrit l'espoir que ses efforts pour faire élever un monu- ment à la mémoire d'un des plus grands artistes de la Belgique ne seront pas in- fructueux.

Grand nombre de notices biographiques ont été faites sur Piolaud de Lassus dans les recueils généraux et nationaux , ainsi que dans les dictionnaires d'artistes; mais la plupart des compilateurs n'ont fait que se répéter en ajoutant quelques erreurs nou- velles aux anciennes erreurs. Dans ces der- niers temps, de meilleures sources ont été explorées et ont donné de bons résultats : ie citerai particulièrement une excellente notice insérée dans les n^^ 38, 59, 41, 43 et 47 du journal allemand Dns Inlcmd (ann. 1830), publié par le libraire Cotta, à Hlunich,etla consciencieuse niouograpliie


intitulée : Notice blograph. sur liolancl de Lnllie, connu sous le nom d'Orlund de Lassus, pur H. Delinollc, im])rimerie de l'iignet, à Valenciennes, 1836, iM-<S° de 176 pages. Cet excellent travail a servi de base au présent article. M. Adolphe Ma- thieu vient de publier un poème intitulé: Roland de Lattre, Mons, Piérart, 1838, in-18 de 76 pages. Ce poème est précédé d'une notice biograpbique extraite de celle de Delnmtte, et suivi de notes.




Voir aussi