Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CCLVIII

De Wicri Chanson de Roland
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Révision datée du 1 novembre 2023 à 22:31 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription et traduction par Léon Gautier)

Cette page introduit la laisse CCLVIII (258) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 63 recto puis verso du manuscrit.

Elle démarre sur la lettrine M.

Elle est numérotée :

  • CCLVII chez Francisque Michel (page 106).
  • CCLVIII chez Léon Gautier,
  • CCLV chez Edmund Stengel.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


CCLVIII

Mult ben i fièrent Franceis e Arrabit ; Français et Arabes frappent à qui mieux mieux ;
Fruissent cez hanstes e cez espiez furbiz. Le bois et l’acier fourbi des lances sont mis en pièces.
Ki dunc veïst cez escuz si malmis, Ah ! celui qui eût vu tant d’écus en cet état,
Cez blancs osbercs ki dunc oïst fremir,
Celui qui eût entendu le bruit de ces blancs hauberts que l’on heurte,
3485 E cez escuz sur cez helmes cruisir ; Et de ces heaumes qui grincent contre les boucliers ;
Cez chevalers ki dunc veïst caïr, Celui qui eût alors vu tomber tous ces chevaliers,
E humes braire, cuntre tere murir,
Et les hommes pousser des hurlements de douleur et mourir à terre,
De grant dulur li poüst suvenir. Celui-là saurait ce que c’est qu’une grande douleur !
Ceste bataille est mult forz à suffrir. La bataille est rude à supporter,
3490 Li Amiralz recleimet Apollin Et l’Émir invoque Apollon,
E Tervagan e Mahum altresi : Tervagan et Mahomet :
« Mi damne deu, jo vus ai mult servit ; « Je vous ai bien servis, seigneurs mes dieux !
« Tutes voz ymagenes vus referai d’or fin :
« Eh bien ! je veux faire plus, je vous élèverai d’autres statues, tout en or fin,
« Cuntre Carlun deignez me guarantir. » « Si vous me secourez contre Charles. »
3495 As li devant un soen drut, Gemalfin,
En ce moment Gémalfin, un ami de l’Émir, se présente à ses yeux ;
Males nuveles li aportet e dit : Il lui apporte de mauvaises nouvelles, et lui dit :
« Baliganz, Sire, mal estes hoi bailliz, « La journée est mauvaise pour vous, sire Baligant !
« Perdut avez Malprime vostre fil, « Vous avez perdu Malprime, votre fils,
« E Canabeus vostre frere est ocis. « Et l’on vous a tué Canabeus, votre frère.
3500 « A dous Franceis belement en avint ; « Deux Français ont eu l’heur de les vaincre ;
« Li Emperere en est l’uns, ço m’est vis, « L’un d’eux, je pense, est l’Empereur :
« Grant ad le cors, ben resenblet marchis, « Il a le corps énorme et tout l’air d’un marquis.
« Blanche ad la barbe cume flurs en avril. » « Sa barbe est blanche comme fleur en avril. »
Li Amiralz en ad le helme enclin, L’Émir alors baisse son heaume,
3505 E enaprès si ’n enbrunket sun vis, Et laisse tomber sa tête sur sa poitrine ;
Si grant doel ad sempres quiat murir : Sa douleur est si grande, qu’il pense mourir sur l’heure...
Si ’n apelat Jangleu l’ultre-marin. Aoi. Il appelle Jangleu d’outre-mer.

Voir aussi

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