Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XXVII
De Wicri Chanson de Roland
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Dans le manuscrit
La laisse XXVII (27) est contenue sur le feuillet 7 recto puis verso. |
Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)
Pages 29 et 30 de l'ouvrage[1][2]
XXVII | |||
Guenes li quens s’en vait à sun ostel, | Le comte Ganelon revient dans sa maison, | ||
De guarnemenz se prent à cunreer, | Et se prend alors à préparer ses armes, | ||
De ses meillurs que il pout recuverer : | Les meilleures qu’il y peut trouver. | ||
345 | Esperuns d’or ad en ses piez fermez, | À ses pieds il attache les éperons d’or, | |
Ceinte Murgleis s’espée à sun costet, | À son côté ceint Murgleis, son épée, | ||
En Tachebrun sun destrer est muntez : | Et monte sur son destrier Tachebrun. | ||
L’estreu li tint sis uncles Guinemers. | Son oncle Guinemer lui tient l’étrier. | ||
Là veïsez tanz chevalers plorer, | Que de chevaliers vous eussiez vus pleurer ! | ||
350 | Ki tuit li dient : « Tant mare fustes, ber ! | Et tous : « Ô baron, lui disent-ils, quel malheur pour vous !
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« En la curt al Rei mult i avez estet, | « Il y a si longtemps que vous êtes à la cour du Roi, | ||
« Noble vassal vus i solt hom clamer. | « Et que vous y avez le renom d’un noble vassal ! | ||
« Ki ço jugat que doüssez aler, | « Quant à celui qui vous a désigné pour aller là-bas, | ||
« Par Carlemagne n’ert guariz ne tensez. | « Charlemagne lui-même ne saura le défendre. | ||
355 | « Li quens Rollanz ne l’ se doüst penser, | « Jamais le comte Roland n’eût dû avoir une telle pensée ; | |
« Que estraiz estes de mult grant parentet. » | « Car vous êtes issu d’un si haut parentage ! » | ||
Enprès li dient : « Sire, car nos menez. » | Puis : « Seigneur, lui disent-ils, emmenez-nous. | ||
Ço respunt Guenes : « Ne placet damne Deu ! | « — À Dieu ne plaise, répond Ganelon. | ||
« Melz est que suls moerge que tant bon chevaler. | « Tant de bons chevaliers mourir ! non, plutôt mourir seul. | ||
360 | « En dulce France, seignurs, vus en irez, | « Vous, seigneurs, retournez en douce France. | |
« De meie part ma muiller saluez, | « Saluez ma femme de ma part ; | ||
« E Pinabel mun ami e mun per, | « Saluez aussi Pinabel, mon ami et mon pair ; | ||
« E Baldewin mun fil que vus savez, | « Et mon fils Baudouin, que vous savez. | ||
« E lui aidez, e pur seignur le tenez. » | « Défendez-le bien, et tenez-le pour votre seigneur... » | ||
365 | Entret en sa veie, si s’est acheminet... | Aoi. | Alors Ganelon entre en sa voie, et s’achemine vers Saragosse.
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Voir aussi
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