Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse X

De Wicri Chanson de Roland
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Révision datée du 5 septembre 2021 à 17:08 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription et traduction par Léon Gautier (1872))

Cette page concerne la laisse X du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse X (10) est contenue dans le feuillet 3.

Elle démarre à la deuxième lettrine L du recto.

Elle se poursuit sur la première partie du verso.

 
feuillet 3 recto
feuillet 3 verso

Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)

Source : WikiSource [1]


X

Li Emperere en tint sun chef enclin, L’Empereur demeurait là, tête baissée ;
140 De sa parole ne fut mie hastifs, Car jamais sa parole ne fut hâtive,
Sa custume est qu’il parolet à leisir. Et sa coutume était de ne parler qu’à loisir.
Quant se redrecet, mult par out fier le vis.
Quand enfin il se redressa, la fierté éclatait sur son visage :
Dist as messages : « Vus avez mult ben dit. « Vous avez bien parlé, dit-il aux messagers.
« Li reis Marsilies est mult mis enemis. « Il est vrai que le roi Marsile est mon grand ennemi.
145 « De cez paroles que vus avez ci dit « Mais enfin ces paroles que vous venez de prononcer,
« En quel mesure en purrai estre fiz ? » « Dans quelle mesure puis-je m’y fier ?
« — Voelt par ostages, ço dist li Sarrazins, « — Vous aurez des otages, répond le Sarrasin ;
« Dunt vus averez u dis u quinze u vint. « Nous vous en donnerons dix, quinze ou vingt.
« Par num de ocire i metrai un men filz, « Mon fils sera du nombre, dût-il y périr.
150 « E si’n averez, ço quid, de plus gentilz. « Et vous en aurez, je pense, de plus nobles encore.
« Quant vus serez el palais seignurill, « Lorsque vous serez de retour en votre palais seigneurial,
« A la grant feste seint Michel del Peril, « À la grande fête de saint-Michel du Péril,
« Mis avoez là vus siurat, ço dit, « Mon maître, c’est lui qui vous le promet, vous suivra
« Enz en voz bainz que Deus pur vus i fist ;
« À vos bains d’Aix, dont Dieu a fait jaillir pour vous les eaux miraculeuses.
155 « Là vuldrat il chrestiens devenir. » « Là, il consentira à devenir chrétien.
Carles respunt : « Uncore purrat guarir. » Aoi.
« — Voilà bien, répond Charles, le moyen pour lui de se sauver. »

Transcription commentée de Francisque Michel

Sur la page 5 de l'édition de 1869.


X.
Li emperères en tint sun chef enclin*,  *Baissé.
De sa parole ne fut mie hastifs,
Sa custume est qu'il parolet* à leisir ;  *Parle (subj.)'
Avant se redrecet, mult par out fier lu vis*,  *Il eut très-fier le visage.
Dist as messages* : « Vus avez mult ben dit.  *Aux messagers.
Li reis Marsilies est mult mis enemis*.  *Mon ennemi.
De cez paroles que vos avez ci dit,
En quel mesure en purrai estre fiz* ? »  *Assuré.
– « Voet par hostages*, ço dist li Sarrazins,  *En vérité, par hôtages.
Dunt vos aurez u dis u quinze u vint.
Pa[r] nun de ocire*, i metrai un mien filz,  *Au risque de le faire tuer.
E si'n averez, ço quid, de plus gentilz*.  *Et vous en aurez, je crois, de plus nobles.
Quant vus serez el palais seignurill*  *Seigneurial.
A la grant feste seint Michel del Péril,
Mis avoez là vos siurat, ço dit*,  *Mon maître là vous suivra, ce dit(-il).
Enz* en voz bainz que Deus pur vos i fist,  *Dedans.
Là vuldrat-il chrestiens devenir. »
Charles respunt : « Uncore purrat guarir*.  » AOI.  *Se sauver, échapper.
 

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Voir aussi

Notes
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