Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CXVI

De Wicri Chanson de Roland
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Cette page introduit la laisse CXVI (116) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse CXVI (116) est contenue sur les feuillet 28 recto puis verso, du manuscrit d'Oxford.

Elle est numérotée

  • CXVII chez Francisque Michel.
  • CXV chez Gautier.
 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


CXV

Un Sarrazin i out de Sarraguce : Il y a là certain païen de Saragosse
De la citet l’une meitez est sue. Qui possède toute une moitié de la ville :
1485 Ço est Climorins, ki pas ne fut prozdume ; Climorin n’a pas un cœur de baron.
Fiance prist de Guenelun le cunte, C’est lui qui a reçu les promesses du comte Ganelon,
(1530) Par amistet l’en baisat en la buche, Et qui par amitié l’a baisé sur la bouche ;
Si l’ en dunat s’espée e s’escarbuncle. Même il a donné au traître son épée et son escarboucle.
Tere Majur, ço dit, metrat à hunte, « Je veux, disait-il, couvrir de déshonneur le Grand Pays,
1490 A l’Emperere si toldrat la curune. « Et enlever sa couronne à Charlemagne. »
Siet el’ cheval qu’il cleimet Barbamusche, Climorin est assis sur son cheval Barbamouche,
(1535) Plus est isnels qu’esprevers ne arunde : Plus rapide qu’épervier et hirondelle.
Brochet le ben, le frein li abandunet, Il l’éperonne, il lui lâche les rênes
Si vait ferir Engeler de Guascuigne ; Et va frapper Engelier de Gascogne.
1495 Ne l’ poet guarir sis escuz ne sa brunie, Haubert, écu, rien n’y fait :
De sun espiet el’ cors li met l’amure, Le païen lui plante au corps le fer de sa lance,
(1540) Empeint le ben, tut le fer li mist ultre,
Et si bien le frappe, que la pointe passe tout entière de l’autre côté ;
Pleine sa hanste el’ camp mort le tresturnet. À pleine lance il le retourne à terre, roide mort :
Après, escriet : « Cist sunt bon à cunfundre. « Ces gens-là, s’écrient-ils, sont bons à vaincre :
1500 « Ferez, païen, pur la presse derumpre. » « Frappez, païens, frappez, et perçons leurs rangs !
Dient Franceis : « Deus ! quel doel de prozdume ! » Aoi.
« — Quelle douleur ! disent les Français. Perdre un si vaillant homme ! »

Notes (version de Léon Gautier)

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Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 151.jpg[144]

Vers 1483. (1526)
    1. 1483 ##

Vers 1483. — Il y a encore ici une lacune évidente, et, comme le dit Mu., « le récit du texte d’O. est véritablement confus. » D’après les Refazimenti, on voit ici Marsile confier la moitié de son armée à Grandogne, et c’est ce corps qui s’avance sur-le-champ contre les Français. Quant au reste de l’armée, il forme la réserve et reste sur une montagne. Nous allons essayer une restitution critique de ce passage, pour compléter le texte de notre Chanson :

Li reis Marsilies est mult uns malvais reis ;
Dit as païens : « Bien amer jo vus dei.
« Li quens Rollanz ad merveillus podeir :
« Ki le voelt veintre forment pener s’en deit.
« Par dous batailles n’iert-il vencuz, ço crei.
« Se l’ graantez, nus l’en liverrum treis.
« Les dis escheles justerunt as Françeis,
« Les altres dis remeindrunt ci od mei.
« Encoi perdrat Carles de sun podeir :
« En grant viltet verrum France cadeir. »
Mandet Grandonie (ço est uns de ses fedeilz) :
« Cest gunfanun en l’estur portereiz.
« Les .X. escheles contre Francs guiereiz. »Aoi.


Li reis Marsilies est remés sur un munt :

Vait s’en Grandonies, il e si cumpaignun.
A treis clous d’or fermet sun gunfanun,
A voiz escriet : « Kar, chevalchiez, barun. »
Mil graisle sunent, mult en sunt cler li sun.
Dient Français : « Deus Pere, que ferun ?

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 152.jpg[145]


Voir aussi

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