Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LXV
Feuillets, Laisses, Catégories (laisses), Concordances LXIV Laisse LXV LXVI |
Cette page concerne la laisse LXV du manuscrit d'Oxford.
Sommaire
Dans le manuscrit
La laisse est LXV (65) est contenue sur le feuillet 15 recto puis verso du manuscrit. Elle est numérotée
Elle démarre au vers 814.
|
Transcription et traduction par Léon Gautier
Édition critique et traduction[1] LXV (W: LXIV ) Laisse LXVI (WS) LXVII (W: LXVI ) |
LXVI | |||
Halt sunt li pui e li val tenebrus, | Hautes sont les montagnes, ténébreuses sont les vallées ; | ||
815 | Les roches bises, li destreit merveillus. | La roche est noire, terribles sont les défilés... | |
Le jur passerent Franceis à grant dulur : | C’est là que, ce jour même, les Français passèrent, non sans grande douleur :
| ||
De .xv. liues en ot hom la rimur. | À quinze lieues de là on entendit leur marche. | ||
Puis que il venent à la Tere Majur, | Mais, lorsqu’en se dirigeant vers la Grande-Terre, | ||
Virent Guascuigne la tere lur seignur. | Il virent la Gascogne, le pays de leur seigneur, | ||
820 | Dunc lur remembret des fieus e des honurs | Alors un souvenir les saisit : celui de leurs fiefs et de leurs domaines,
| |
E des pulceles e des gentilz oixurs : | Celui de leurs petites filles et de leurs nobles femmes ; | ||
Cel n’en i ad ki de pitet ne plurt. | Et il n’en est pas un qui ne pleure de tendresse ! | ||
Sur tuz les altres est Carles anguissus : | Mais entre tous le plus angoisseux, c’est Charles | ||
As porz d’Espaigne ad lesset sun nevuld. | Qui a laissé son neveu aux défilés d’Espagne. | ||
825 | Pitez l’en prent, ne poet muer n’en plurt. | Aoi. | Il est pris de douleur, et ne se peut empêcher de pleurer. |
Transcription commentée de Francisque Michel
Sur la page 26 de l'édition de 1869.
|
Notes (version de Léon Gautier)
Notes et variantes |
- 814 ##
Vers 814. — Un couplet manque ici à la version d’Oxford. Nous proposons de le restituer ainsi qu’il suit, d’après les couplets correspondants de Versailles et des deux manuscrits de Venise. C’est Venise IV que nous suivrons de préférence.
En Rencesvals si est Carles entrez.
L’einz-garde fist li dux Ogiers, li ber :
De celle part il n’unt mie à duter.
Rollanz remeint pur les altres guarder.
E Oliviers e tuit li duze Per,
Des Francs de France xx. milie chevaler ;
Bataille averunt, or pitiet en ait Deus.
Guenes le sout, li fel, li parjurez,
N’ad tant de coer que ja s’en puist celer.
═ Halt sunt li pui, li val tenebrus. O. E a été ajouté dans les éditions de G. et Mu.
- 815 ##
Vers 815. — Les. O. Il faut li pour le cas sujet du pluriel. ═ Destreiz. O. Pour la même raison il faut destreit.
- 816 ##
Vers 816. — Le jur passerent Franceis à grant dulur. — « À l’endroit où est passée l’armée de Charlemagne, était une voie romaine, celle d’Astorga à Bordeaux. Sur l’Itinéraire d’Antonin sont indiquées deux localités qui ont de l’importance pour l’étude de la Chanson de Roland. La première est Summum Pyrenæum, qu’il faut identifier avec l’église et l’hôpital Sancti Salvatoris de Summiportus in Valle Caroli, mentionnés en 1273 et 1333. Ce Saint-Sauveur doit correspondre à peu près aux ruines d’une chapelle qu’on appelle Ibagneta, et qui domine l’abbaye actuelle de Roncevaux. La seconde localité que signale l’Itinéraire d’Antonin est Imum Pyrenæum, qui correspond à Saint-Jean-Pied-de-Port ou à Saint-Jean-le-Vieux. Voici les textes justificatifs pour le Val-Carlos et Irasqueta : ... 1° Archives des Basses-Pyrénées (G., 204, p. 4), acte du 20 mars 1273. Vente de l’hôpital de « Summiportus », de celui d’Irasqueta et de celui de Goroscaray, par l’abbé de Leyre (diocèse de Pampelune), à celui de Roncevaux, pour 3000 pièces d’or : Ecclesiam seu hospitale situm et positum in loco qui dicitur « Summiportus » cum omnibus juribus et pertinentiis suis ;
- 816 ##
il est quamdam aliam domum nostram seu hospitale, sitam et positam in loco qui dicitur « Irasqueta » cum omnibus juribus et pertinentiis suis, it est quamdam aliam domum nostram seu hospitale, sitam et positam in loco qua dicitur « Goroscaray ». On retrouve sur la carte de Cassini la benta (auberge) de Goroscaray, dans les gorges qui précèdent Roncevaux. Tous ces hôpitaux nous indiquent une des routes du Pèlerinage de Saint-Jacques. 2° Il existe au même dépôt (G., 204, p. 10) une enquête du 17 août 1333 (Déposition d’Ochoas de Villanova, de Aezcoa, trésorier-cellerier de l’abbaye de Roncevaux, 70 ans, mémoire de 50 ans) : Ecclesia sancti Johannis de Iraotzqueta, sita in valle Caroli, est parochialis... Et dicta villa (pour vallis) Caroli, ab ecclesia Sancti Salvatoris (de Summi portus, près Roncevaux), usque ad domum de Bon-Conseil (près Saint-Jean-Pied-de-Port), est parochia sancti Joannis (d’Irasqueta)... Vallis Caroli, quæ basconcialiter (dans le langage basque), dicitur Luzaïde. Les deux noms existent encore aujourd’hui. » (Mémoire manuscrit de M. P. Raymond.)
- 817 ##
Vers 817. — Rumur. Mu. Le Ms. porte rimur. Au v. suiv., p.-e. vienent.
- 820 ##
Vers 820. — Le remembret. O. Erreur évidente. ═ Fius. O. V. la note du vers 76.
- 821 ##
Vers 821. — Pulcele. O. Erreur évidente.
- 824 ##
Vers 824. — Nevold. O. Pour l’assonance, nevuld.
- 825 ##
Vers 825. — Pitet. O. Pour le cas sujet il faut pitiez.
Voir aussi
Sur ce wiki :
- la catégorie : Chanson de Roland, laisse LXV
- ↑ Version numérique copiée de WikiSource :