Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LXXVIII
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Cette page concerne la laisse LXXVIII du manuscrit d'Oxford.
Sommaire
Dans le manuscrit
Elle est numérotée LXXIX chez Francisque Michel.
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Transcription et traduction par Léon Gautier
Édition critique et traduction[1] LXXVIII (W: LXXVII ) Laisse LXXIX (WS) LXXX (W: LXXIX ) |
LXXIX | |||
Païen s’adubent d’ osbercs sarazineis, | Les païens se revêtent de hauberts à la sarrasine, | ||
995 | Tuit li plusur en sunt dubiet en treis ; | Qui, pour la plupart, sont de triple épaisseur. | |
Lacent lor helmes mult bons sarraguzeis, | Sur leurs têtes ils lacent les bons heaumes de Saragosse, | ||
Ceignent espées de l’ acer vianeis, | Et ceignent les épées d’acier viennois. | ||
Escuz unt genz, espiez valentineis, | Leurs écus sont beaux à voir, leurs lances sont de Valence ; | ||
E gunfanuns blancs e blois e vermeilz. | Leurs gonfanons sont bleus, blancs et rouges. | ||
1000 | Laissent les muls e tuz les palefreiz, | Ils laissent là leurs mulets et leurs bêtes de somme ; | |
Es destrers muntent, si chevalchent estreiz. | Montent sur leurs chevaux de bataille, et s’avancent en rangs serrés.....
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Clers fut li jurz, e bels fut li soleilz, | Le jour fut clair, et beau fut le soleil : | ||
N’unt guarnement que tut ne reflambeit. | Pas d’armure qui ne flamboie et resplendisse. | ||
Sunent mil grailles por ço que plus bel seit ; | Mille clairons sonnent, pour que ce soit plus beau. | ||
1005 | Granz est la noise, si l’ oïrent Franceis. | Grand est le tumulte, et nos Français l’entendent : | |
Dist Olivers : « Sire cumpainz, ço crei, | « Sire compagnon, dit Olivier, je crois | ||
« De Sarrazins purrum bataille aveir. » | « Que nous pourrons bien avoir bataille avec les Sarrasins. »
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Respunt Rollanz : « E Deus la nus otreit ! | Et Roland : « Que Dieu nous l’accorde, répond-il. | ||
« Ben devum ci estre pur nostre rei ; | « Notre devoir est de tenir ici pour notre Roi ; | ||
1010 | « Pur sun seignur deit hom suffrir destreiz, | « Car pour son seigneur on doit souffrir grande détresse. | |
« E endurer e granz chalz e granz freiz ; | « Il faut endurer pour lui grande chaleur et grand froid, | ||
« Si’n deit hom perdre e del quir e del peil. | « Et perdre enfin de son poil et de son cuir. | ||
« Or guart cascuns que granz colps i empleit, | « Frapper de grands coups, voilà ce que chacun doit, | ||
« Que malvais chant de nus chantet ne seit. | « Afin qu’on ne chante pas sur nous de mauvaise chanson. | ||
1015 | « Païen unt tort, e chrestien unt dreit. | « Les païens ont le tort, le droit est pour les chrétiens. | |
« Malvaise essample n’en serat ja de mei ! » | Aoi. | « Ce n’est pas moi qui vous donnerai jamais le mauvais exemple ! »
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Notes (version de Léon Gautier)
Notes et variantes |
- 994 ##
Vers 994. — Des osbercs. O. Faute évidente, et qui rompt la mesure. ═ Une étude spéciale sur les armures décrites dans la Chanson de Roland peut offrir un double intérêt. Elle mettra le lecteur à même de saisir plus aisément mille passages de notre poëme, où il est question de helmes, d’osbercs, d’espiez, de gunfanuns, etc. Sans doute, nous avons essayé de rendre notre traduction claire et limpide pour tout le monde, pour les femmes mêmes et pour les enfants. Mais ils comprendront encore mieux la vieille Chanson, quand nous en aurons expliqué tous les termes difficiles. Une seconde utilité de ce travail frappera davantage les savants : la description de ces armures se rapporte évidemment au temps où fut écrit le poëme, et par conséquent peut servir à fixer cette époque d’une manière plus ou moins précise. — Commençons par décrire l’armure offensive.
1° La pièce principale est l’épée. L’épée est l’arme noble, l’arme chevaleresque par excellence. On est fait chevalier per spatam (comme aussi per balteum, par le baudrier, et per alapam, par le soufflet ou le coup de paume donné au moment de l’adoubement). Mais c’est l’épée qui demeure le signe distinctif du chevalier. ═ L’épée est, en quelque manière, une personne, un individu. On lui donne un nom : Joyeuse est celle de Charlemagne (vers 2989) ; Almace, celle de Turpin (2089) ; Durendal, de Roland (988) ; Halteclere, d’Olivier (1363) ; Précieuse, de l’Émir (3146), etc. ═ Chaque héros garde, en général, la même épée toute sa vie, et l’on peut se rappeler ici la très-longue énumération de toutes les victoires que Roland a gagnées avec la
Concordances et compléments
Cette laisse est alignée avec la laisse LXXXVIII du manuscrit de Châteauroux.
Voir aussi
- Notes
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