Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CXLI
De Wicri Chanson de Roland
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Dans le manuscrit d'Oxford
La laisse est contenue sur les feuillets 34 verso puis 35 recto puis ) du manuscrit. Elle démarre par une lettrine H. Elle est numérotée
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Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)
Source : Wikisource[1]
CXLIII | |||
Hom ki ço set que ja n’averat prisun, | Quand il sait qu’on ne lui fera point de quartier, | ||
En tel bataille fait grant defensiun ; | L’homme dans la bataille se défend formidablement. | ||
Pur ço sunt Franc si fier cume leun. | Et c’est pourquoi les Français sont fiers comme des lions. | ||
As vus Marsilie en guise de barun, | Voici, voici Marsile, qui a tout l’air d’un vrai baron. | ||
1890 | Siet el’ cheval qu’il apelet Gaignun ; | Monté sur son cheval qu’il appelle Gaignon ; | |
Brochet le ben, si vait ferir Bevun, | Il l’éperonne vivement et va frapper Beuves, | ||
(Icil ert sire de Belne e de Digun), | Sire de Beaune et de Dijon ; | ||
L’escut li freint et l’osberc li derumpt, | Il lui brise l’écu, lui rompt les mailles du haubert, | ||
Que mort l’abat seinz altre descunfisun ; | Et l’abat mort du premier coup ; | ||
1895 | Puis, ad ocis Yvoerie et Ivun, | Puis le roi sarrasin tua encore Ivoire et Ivon | |
Ensembl’od els Gerard de Russillun. | Et, avec eux, Girard de Roussillon. | ||
Li quenz Rollanz ne li est guaires luinz, | Le comte Roland n’était pas loin : | ||
Dist à l’ païen : « Damnes Deus mal te duinst ! | « Que le Seigneur Dieu te maudisse, dit-il au païen, | ||
« A si grant tort m’ociz mes cumpaignuns, | « Puisque tu m’as si cruellement privé de mes compagnons. | ||
1900 | « Colp en averas, einz que nus departum, | « Tu vas, avant de nous séparer, le payer d’un rude coup, | |
« Et de m’espée encoi saveras le num. » | « Et savoir aujourd’hui le nom de mon épée. » | ||
Vait le ferir en guise de barun, | Alors il va le frapper en vrai baron | ||
Trenchet li ad li quens le destre puign ; | Et lui tranche du coup le poing droit ; | ||
Puis, prent la teste de Jurfaleu le blund ; | Puis il prend la tête de Jurfaleu le blond, | ||
1905 | Icil ert filz à l’ rei Marsiliun. | Qui était le propre fils du roi Marsile. | |
Païen escrient : « Aïe nus, Mahum ; | « À l’aide ! à l’aide ! Mahomet, s’écrient alors les païens. | ||
« Li nostre deu, vengez nus de Carlun ! | « Ô nos dieux, vengez-nous de Charles. | ||
« En ceste terre nus ad mis tels feluns | « Quels félons il a laissés devant nous sur la terre d’Espagne !
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« Ja pur murir le camp ne guerpirunt. » | « Plutôt que de nous laisser le champ, ils mourront. | ||
1910 | Dist l’uns à l’altre : « E ! kar nus en fuium ! » | « — Nous n’avons plus qu’à nous enfuir, » se disent-ils l’un à l’autre.
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A icest mot tel .c. milie s’en vunt : | Et voilà que, sur ce mot, cent mille hommes tournent le dos. | ||
Ki que’s rapelt, ja n’en returnerunt. | Aoi. | Les rappeler ? c’est inutile. Ils ne reviendront pas. |
Voir aussi
Sur ce wiki :
- la catégorie : Chanson de Roland, laisse CXLI