Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LXXVII : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
(Voir aussi)
(Transcription et traduction par Léon Gautier)
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Version du 11 juillet 2022 à 11:05

Cette page concerne la laisse LXXVII du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

Elle est numérotée LXXVIII chez Francisque Michel.


 
Page35-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg
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Transcription et traduction par Léon Gautier


LXXVIII

975 D’altre part est Chernubles de Munigre. D’autre part est Chernuble de Muntnigre.
Jusqu’à la tere si chevel li balient ; Ses cheveux descendent jusqu’à terre ;
Greignur fais portet par giu, quant il s’enveiset, En se jouant, il porte un plus grand faix
Que .iiii. mul ne funt, quant il sumeient. Que ne font quatre mulets chargés.
Icele tere, ço dit, dunt il esteit, Dans son pays, dit-on,
980 Soleilz n’i luist, ne blet n’i poet pas creistre, Le soleil ne luit pas, et le blé n’y peut croître.
Pluie n’i chet, rusée n’i adeiset, La pluie n’y tombe point, et la rosée ne touche pas le sol.
Piere n’i ad que tute ne seit neire. Toutes les pierres y sont noires,
Dient alquant que diables i meignent. Et plusieurs prétendent que c’est la demeure des démons.
Ço dist Chernubles : « Ma bone espée ai ceinte. « J’ai ceint ma bonne épée, dit Chernuble ;
985 « En Rencesvals jo la teindrai vermeille ; « Je la teindrai en rouge à Roncevaux.
« Se truis Rollant le proz en mi ma veie, « Si je trouve Roland le preux sur mon chemin,
« Se ne l’ asaill, dunc ne faz jo que creire ; « Je l’attaquerai, ou je veux qu’on ne me croie plus jamais.
« Si conquerrai Durendal od la meie. « Je conquerrai l’épée Durendal avec mon épée.
« Franceis murrunt, e France en ert deserte. » « Français mourront, France en sera déserte. »
990 A icez moz li .xii. Per saleient,
À ces mots, les douze pairs de Marsile s’élancent et s’éloignent ;
Itels .c. milie Sarrazins od els meinent, Ils emmènent avec eux cent mille Sarrasins,
Ki de bataille s’arguent e hasteient. Qui se hâtent et s’excitent à la bataille.
Vunt s’aduber desuz une sapeie. Aoi. Sous un bois de sapins ils vont s’armer.

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