Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XCIII

De Wicri Chanson de Roland

Cette page concerne la laisse XCIII du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse XCIII (93) est contenue dans les feuilletd 22 verso et 23 recto du manuscrit d'Oxford.

Elle démarre avec la lettrine V (U).

Elle est numérotée

  • XCIV chez Francisque Michel ;
  • XCIII chez Léon Gautier.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


XCIV

Uns dux i est, si ad num Falsarun ; Il y a là un duc du nom de Falseron :
Icil ert frere à l’ rei Marsiliun : C’est le frère du roi Marsile.
1215 Il tint la tere Dathan e Abirun ; Il tient la terre de Dathan et Abiron,
Suz cel nen ad plus encrismet felun.
Et il n’est pas sous le ciel d’homme plus scélérat ni plus félon.
Entre les oilz mult out large le frunt, Entre ses deux yeux il a le front énorme,
Grant demi pied mesurer i pout hum. Et l’on y pourrait mesurer un grand demi-pied.
Asez ad doel quant vit mort sun nevuld, À la vue de son neveu mort, il est frappé de douleur,
1220 Ist de la presse, si se met en bandun Sort de la foule, se précipite,
E si escriet l’enseigne païenur ; Jette le cri des païens
Envers Franceis est mult cuntrarius : Et, dans sa rage contre les Français :
« Encoi perdrat France dulce s’honur. »
« C’est aujourd’hui, dit-il, que douce France va perdre son honneur. »
Ot le Olivers, si’n ad mult grant irur : Olivier l’entend, il en a grande colère,
1225 Le cheval brochet des orez esperuns, Des deux éperons d’or pique son cheval
Vait le ferir en guise de barun, Et va frapper Falseron d’un vrai coup de baron.
L’escut li freint e l’osberc li derumpt, Il lui brise l’écu, rompt les mailles du haubert,
El’ cors li met les pans de l’ gunfanun, Lui plonge dans le corps les pans de son gonfanon,
Pleine sa hanste l’abat mort des arçuns. Et, à pleine lance, l’abat mort des arçons.
1230 Guardet à tere, veit gesir le glutun, Alors il regarde à terre, et, y voyant le misérable étendu,
Si li ad dit par mult fière raisun : Il lui dit ces très-fières paroles :
« De voz manaces, culvert, jo n’ai essuign. « Point n’ai souci, lâche, de vos menaces.
« Ferez i, Franc, kar très ben les veintrum. » « Frappez, frappez, Français ; nous les vaincrons. »
Munjoie escriet, ço est l’enseigne Carlun. Aoi.
Puis : « Montjoie ! » s’écrie-t-il. C’est le cri de l’Empereur.

Notes (version de Léon Gautier)

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 139.jpg[132]

Vers 1213.
    1. 1213 ##

Vers 1213.Un duc. O. Pour le cas sujet, il faut uns dux. ═ Falsaron. O. V. la note du vers 30.

    1. 1215 ##

Vers 1215.Datliun e balbiun. O. La correction est de G. et Mu., Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 140.jpg[133]

    1. 1215 ##

d’après Versailles. À l’appui de cette leçon, Venise VII donne également : Cil tint la tere Dathan et d’Abiron.

    1. 1216 ##

Vers 1216.At. O. V. la note du vers 2. ═ Encrismé. V. O. notre note sur les participes (au vers 703).

    1. 1217 ##

Vers 1217. — Nous avons supprimé dous, qui rompt la mesure. ═ Front. O. V. la note du vers 30.

    1. 1218 ##

Vers 1218.Hum, pour l’assonance. Le Ms. porte hom.

    1. 1219 ##

Vers 1219.Nevuld, pour la même cause, au lieu de nevold. O.

    1. 1220 ##

Vers 1220.Prese. O. L’étymologie veut presse, qui se trouve au vers 933, etc.

    1. 1221 ##

Vers 1221.E se s’escriet. O. Erreur évidente. ═ Paienor. O. Voir la note du vers 30. ═ Le Ms. de Lyon, qui commence ici, nous fournit ces deux vers : Il escriat fortement à cler son : — « Hui perdra Karles de ses loz grant porçon. »

    1. 1223 ##

Vers 1223.Enquoi. O. V. la note du vers 1194. ═ Onur. O. V. la note du vers 45.

    1. 1224 ##

Vers 1224.Oliver. O. V. la note du v. 1500.

    1. 1225 ##

Vers 1225.Oriez. V. la note du vers 466.

    1. 1226 ##

Vers 1226.Baron. O. V. la note du vers 30.

    1. 1229 ##

Vers 1229.Arçuns. Les arçons, les parties relevées en avant et en arrière de la selle, dont les Orientaux ont conservé la forme et le vaste développement : Arciones vocamus ab arcu quod in modum arcus sint incurvi. (Saumaise.) Plusieurs arçons de derrière, des xiie siècle-, xiiie siècle- et xive siècles sont parvenus jusqu’à nous, les uns en métal repoussé, émaillé ou ciselé, les autres en bois sculpté : « Pierre de Blois, au xiie siècle, parle de combats de cavalerie peints sur les arçons, et le moine Théophile, au xiiie siècle, décrit cette ornementation comme étant de vogue, et dès longtemps établie. » (Glossaire des Émaux, par L. de Laborde, au mot Arçons.)

    1. 1231 ##

Vers 1231.Raison. O. V. la note du vers 30.

    1. 1232 ##

Vers 1232.Essoign. O. Id.

    1. 1233 ##

Vers 1233.Francs. O. V. notre note du vers 15, sur les vocatifs.


Voir aussi

Notes
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