Bibl. Éc. Chartes (1864) Paris, Karlamagnus-Saga

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La Karlamagnus-Saga, histoire islandaise de Charlemagne.

premier article


 
 

   
Titre
La Karlamagnus-Saga, histoire islandaise de Charlemagne (premier article)
Auteur
Gaston Paris
Dans
Bibliothèque de l'École des chartes n° 25, 1864, p. 89-123,
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Avant propos

En fait, cet article a été édité dans un fascicule paru en 1863 (nov.-déc. 1863[NDLR 1]).

Les chiffres entre parenthèses semblent se référer aux numérotations des couplets dans l'ouvrage de Unger.

La Karlamagnus-Saga, histoire islandaise de Charlemagne

Bib Ec Chartes (1864) Gallica F93.jpg[89] M. Unger vient de publier à Christiania [1] l'histoire islandaise de Charlemagne (Karlamagnùs-Saga), dont les manuscrits avaient déjà été plus d'une fois cités par les savants danois et allemands, et dont le contenu excitait depuis longtemps la curiosité des travailleurs qui ont pris pour sujet de leurs recherches la littérature du moyen âge. Bien qu'il fût presumable que ce contenu était le même que celui du livre populaire danois intitulé Kronike от Keyser Karl Magnus, l'âge du texte islandais suffisait pour qu'on désirât le connaître directement, sans compter l'espoir d'y trouver des variantes dans les récits et des indications de sources plus certaines. Les lecteurs français ne connaissant d'ailleurs en général ni l'un ni l'autre de ces ouvrages , il m'a paru qu'il serait intéressant de traduire le sommaire très-bien fait que l'éditeur danois a mis en tête de sa publication, en donnant au préalable sur la Karlamagnùs-Saga quelques détails nécessaires que j'extrais en grande partie de la préface. Quant au travail fort curieux de rapprochement et de comparaison auquel ce livre donnerait lieu avec les autres sources de l'histoire poétique de Charlemagne, il demande trop d'espace et de détails pour que je puisse l'entreprendre ici. Je me contenterai de donner, en tête de chacune des dix parties dont l'ouvrage se compose, l'indication sommaire des sources auxquelles le compilateur a. puisé, et l'appréciation du récit qu'il nous offre.

L'IIistoire de Charlemagne nous a été conservée par quatre manuscrits, sans compter quelques fragments détachés. Ces quatre manuscrits se divisent en deux groupes, qui contiennent deux

...

I. Charlemagne

Dans le récit des premières années du règne de Charlemagne, il est très curieux de voir que notre Saga s'éloigne de tous les textes poétiques connus; elle ne 'sait rien de l'histoire de Berthe , de la. fuite de Charlemagne chez Galafre, de sa rentrée triomphante; elle nie même implicitement tout cela en présentant Hainfroi et Heudri comme étrangers à Charlemagne (tandis que partout ailleurs ils sont ses frères, fils de la fausse Berthe), en lui donnant trente-deux ans à la mort de son père, etc. L'histoire de Basin, par laquelle elle commence, est évidemment traduite d'une chanson de geste aujourd'hui perdue, mais dont l'existence était déjà prouvée, notamment par un passage d'Albéric de Trois- Fontaines et un autre de Renaud de Montauban. On trouve une autre forme du même récit dans l'épisode de Karl et Elegast du Karl Meinet récemment publié par M. Ad. Keller. Le compilateur y a interpolé quelques passages destinés à préparer l'histoire du Chevalier au Cygne, certainement étrangère au poème original français, et empruntée à des traditions différentes, mais non, comme le suppose M. Unger, au poëme publié par M. de Beiffem- berg, lequel est postérieur à la Saga. Cette première partie comprend trente-trois chapitres. Le compilateur rassemble ensuite

...

Bib Ec Chartes (1864) Gallica F104.jpg[100] accomplit les prescriptions divines : il donne sa sœur à Milon et le fait duc de Bretagne. Sept mois après naît un garçon qu'on baptise sous le nom de Roland (Rollant) ; un abbé est chargé de lui et lui donne quatre nourrices. A l'âge de sept ans on l'amène à Charlemagne, qu'il reconnaît immédiatement pour son oncle (36). Le roi se rend alors à Orléans, où le jeune Roland le suit. Le roi fait venir son beau-frère Milon et sa sœur, qui soupirent tous deux après Roland. Celui-ci arrive avec son père nourricier, et escorté de quarante fils de nobles hommes. Milon et Gille obtiennent de le prendre avec eux en Bretagne, ainsi que les quarante jeunes gens (37).

Girard de Viane se soulève contre le roi et lui fait toutes les offenses imaginables. Charlemagne le cite à comparaître devant lui, s'il veut conserver sa terre et sa vie; il s'y refuse. Le roi irrité rassemble sept mille hommes et assiège Viane. Le duc Milon arme son fils Roland chevalier (il est encore si petit qu'il faut lui pendre son épée au cou), et l'envoie à Viane avec quarante chevaliers, en lui recommandant de demander à Naime le logement et ses conseils : il arrive à Viane à midi (38). Un chevalier sort de la ville; Roland s'arme et chevauche à sa rencontre ; après une conversation où on apprend que ce chevalier est Bernard d'Auvergne, un ami de Girard, ils en viennent aux mains; Bernard est vaincu et obligé de demander grâce. Tous deux alors s'avancent vers les tentes; Naime les rencontre, et prévient Roland que le roi a défendu, sous peine de lavie, tout combat sans son autorisation. 11 le réconcilie cependant avec le roi, qui reçoit aussi Bernard en grâce et le fait comte d'Auvergne (39). Viane est assiégée pendant sept ans. Roland arrange un tournoi; il dresse un arbre, où il suspend un bouclier, et contre lequel il fait jouter ses gens. Girard et son neveu Olivier troublent le jeu : de là un combat, où Olivier fait Lambert prisonnier. Comme le roi arrive avec son armée, Girard et ses hommes rentrent dans la ville (40). Le lendemain matin, Girard engage Olivier à se rendre avec Lambert auprès de Charlemagne pour lui demander grâce et lui porter Faveu qu'il fait de ses torts envers lui. Charlemagne appelle Girard traître; Olivier s'irrite et veut combattre avec n'importe qui pour démentir cette accusation. Roland relève le gant, et le combat doit avoir lieu sous les murs de Viane. Naime et Lambert désapprouvent le duel (Al). Olivier et Lambert rentrent dans la ville. Lambert conseille à Girard de donner la sœur d'Olivier, Aude (Adein), à Roland, de les accorder ainsi tous deux, puis d'aller se rendre à Charlemagne. Il va alors trouver le roi, et lui propose cet arrangement, qui est accepté. Le lendemain, comme les Bib Ec Chartes (1864) Gallica F105.jpg[101] deux champions armés se rencontrent sur le terrain, Charles s'avance entre eux et les désarme; ils se jurent fraternité, et Roland promet d'épouser Aude, si Dieu lui prête vie (42).

Le roi et le duc Girard sont maintenant accordés. Peu après arrive Malakin d'Ivin, qui prie Charles de relâcher son frère Abraham, prisonnier depuis quatorze ans, et offre en rançon trois épées excellentes, forgées par le célèbre Galant d'Angleterre, et pour lesquelles le roi Faber lui a donné 700 besants d'or. Le roi prie le duc Girard (dont Abraham semble avoir été prisonnier) de le délivrer, ce à quoi il consent. Charles remet les épées à son berger Difa. Chacun retourne chez soi,- le roi à Aix (4-3). Arrivé là, il éprouve les épées sur la grande masse d'acier qui est devant son palais. La première fait dans l'acier une petite entaille. « C'est une bonne épée, dit le roi, et elle s'appellera Courte (Kurt). « La seconde entre ďune palme ou plus dans le métal ; il l'appelle Almace (Almacia). Ensuite il frappe avec la troisième, qui emporte d'acier plus d'un demi-pied. Celle- là il l'appelle Durandal (Dyrumdale) (44).

Le roi reçoit des lettres de Pavie, où on se plaint des insultes que les Romains reçoivent des Lombards et des Bretons. Le roi cite les parties belligérantes au val de Moriane (Moniardal) et les accorde avec l'aide du pape. La nuit d'après, le roi étant dans sa chambre, l'ange Gabriel lui révèle que dans son épée il y a de saintes reliques, une dent de l'apôtre Pierre, des cheveux de Marie-Madeleine et du sang du saint évêque Biaise, et lui ordonne de la donner à Roland1. Le lendemain le pape retourne à Rome. Roland et Olivier vont avec vingt mille hommes assiéger la ville de- Nobles (Nobilis), dont le roi Fouré (Fui) était préparé à soutenir un siège de vingt ans (45). Le roi est à peine rentré à Aix qu'il reçoit de Saxe la nouvelle que le roi Vi- takind a pris et brûlé Mutersborg et mutilé l'évoque. Il s'avance avec son armée vers la Saxe; mais il est arrêté au passage du Rhin : il n'y a ni pont, ni bateau, ni gué. il rassemble des matériaux pour un pont; mais le travail va très-lentement; Charles regrette que Roland ne soit pas là; les ponts seraient vite faits et Vitakind tué (46). Il envoie des messages à Roland et Olivier ; ceux-ci se mettent à l'œuvre, et en six mois le pont est construit. Roland et Olivier s'emparent de

1. Cf. Chanson de Roland, str. CLXIX; Roland dit, en s 'adressant à son épée:

Caries esteit es vais de Moriane,

Quand Deus del cel li mandat par sun angle

Qu'il te dunast à u,n conte cataigne.

Dune la me ceinst li gentilz rcis, H magnes.

II. Dame Olive et Landri

III. Ogier le Danois

Notes de l'article

  1. Christiania, H.-J. Jensen, 1860.

Voir aussi

Notes de la rédaction
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Bibl. Éc. Chartes (1865) Paris, Karlamagnus-Saga
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