Le Buffon choisi de Benjamin Rabier/Domestiques/Brebis

De Wicri Animaux

La brebis (et le mouton)



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Cette page introduit le chapitre dédiée à la brebis dans la partie dédiée aux animaux domestiques du Buffon choisi de Benjamin Rabier.  

 

La brebis

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La brebis est absolument sans ressource et sans défense; le bélier n'a que de faibles armes, son courage n'est qu'une pétulance inutile pour lui-même et incommode pour les autres ; les moutons sont encore plus timides que les brebis : c'est par crainte qu'ils se rassemblent si souvent en troupeaux, le moindre bruit extraordinaire suffit pour qu'ils se précipitent et se serrent les uns contre les autres, et cette crainte est accompagnée de la plus grande stupidité, car ils ne savent pas fuir le danger.

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Ils restent où ils se trouvent, à la pluie, à la neige; ils y demeurent opiniâtrement, et pour les obliger à changer de lieu, et à prendre une route, il leur faut un chef qu'on instruit à marcher le premier, et dont ils suivent tous les mouvements pas à pas : ce chef demeurerait lui-même avec le reste du troupeau, sans mouvement, dans la même place, s'il n'était chassé par le berger ou excité par le chien commis à leur garde, lequel sait, en effet, veiller à leur sûreté, les défendre, les diriger, les séparer, les rassembler et leur communiquer les mouvements qui leur manquent.

La brebis ne sait ni fuir. ni s'approcher; quelque besoin qu'elle ait de secours, elle ne vient point à l'homme aussi volontiers que la chèvre, et, ce qui dans ces animaux paraît être le dernier degré de la timidité, ou de l'insensibilité, elle se laisse enlever son agneau sans le défendre, sans s'irriter et sans marquer sa douleur par un cri différent du bêlement ordinaire.

Mais cet animal, si chétif en lui-même est pour l'homme l'animal le plus précieux : il lui fournit tout à la fois de quoi se nourrir et se vêtir, sans compter les avantages particuliers que l'on sait tirer du suif, du lait, de la peau, et même des boyaux, des os et du fumier de cet animal.

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La brebis n'a qu'autant d'instinct qu'il en faut pour choisir sa nourriture et pour reconnaître son agneau.

Le jeune agneau cherche lui-même dans un nombreux troupeau, trouve et saisit la mamelle de sa mère sans jamais se méprendre.

Ces animaux, dont le naturel est si simple, sont aussi d'un tempérament très faible; ils ne peuvent marcher long- temps, les voyages les affaiblissent et les exténuent ; dès qu'ils courent, ils palpitent et sont bientôt essoufflés; la grande chaleur, l'ardeur du soleil les incommodent autant que l'humidité, le froid et la neige: ils sont sujets à grand nombre de maladies, dont la plupart sont contagieuses; la Le Buffon choisi de Benjamin Rabier, page f26.jpg[18] surabondance de la graisse les fait quelquefois mourir, et toujours elle empêche les brebis de produire; elles demandent plus de soins qu'aucun des autres animaux domestiques.

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Si l'on veut élever des agneaux qui naissent aux mois d'octobre, novembre, décembre, janvier, février, on ne les garde à l'étable pendant l'hiver; on ne les en fait sortir que le soir et le matin pour téter, et on ne les laisse point aller aux champs avant le commencement d'avril; quelque temps auparavant on leur donne tous les jours un peu d'herbe, afin de les accoutumer peu à peu à cette nouvelle nourriture.

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On peut les sevrer à un mois, mais il vaut mieux ne le faire qu'à six semaines ou deux mois. On préfère toujours les agneaux blancs et sans taches aux agneaux noirs ou tachés, la laine blanche se vendant mieux que la laine noire ou mêlée. Tous les ans on fait la tonte de la laine des moutons, des brebis ou des agneaux; dans les pays chauds, où l' on ne craint pas de mettre l'animal tout à fait à nu, l'on ne coupe pas la laine, mais on l' arrache, et on fait souvent deux récoltes par an ; en France et dans les climats plus froids, on se contente de la couper une fois par an avec de grands ciseaux, et on laisse aux moutons une partie de leur toison, afin de les garantir de l'intempérie du climat


C'est au mois de mai que se fait cette opération, après les avoir bien lavés, afin de rendre la laine aussi nette ~l qu'elle peut l'être: au mois d'avril il fait encore trop froid, et si l'on attendait les mois de juin ou de juillet, la laine ne croîtrait pas assez pendant le reste de l'été pour les garantir du froid pendant l'hiver.

La laine des moutons est ordinairement plus abondante et meilleure que celle des brebis.

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Planche hors texte

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Facsimilé

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