La grippe ou influenza (1908) André/Complications/Système nerveux : Différence entre versions

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Paul Blocq (Gaz. hébd. de Méd. et de C7«r„ 1890)
 
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tout fréquente chez les intellectuels, notamment
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dans les lycées, dans les écoles du Gouvernement,
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tout en se montrant très rare dans la population
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ouvrière. C'est chez les enfants qu'on a observé,
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lions nerveuses qui ont surgi sous l'action des
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grippe a mis en évidence diverses nôvropathies
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cas de chorée, des névralgies faciales, cervicales
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de Le Joubioux (Paris, 1890). Chez un soldat ob-
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servé par Grasset et rapporté dans ce travail, il se
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produisit brusquement des troubles de la vue,
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son ancien interne Marigny, une grippe compli-
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quée d'accidents hystériques se montrant pour
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céphalalgie avec hémiparésie' et hémianesthésie
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somnambulisme, Le Joubioux publie une obser-
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vation personnelle d'automatisme ambulatoire
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;avèc mélancolie, C'est à l'asthénie post-grippalè,
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à l'altération prôfondo de la nutrition, et, Vrai-
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semblablement, à une action élective des toxines
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grippales sur le centre cérébro-spinal, qu'il faut
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attribuer l'explosion de la névrose. C'est là la
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lisées; les muscles faisaiont saillie sous la peau
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des membres inférieurs, du thorax et de l'abdo-
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men. La raideur de la nuque, l'opisthotdnos, le
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trismus, le rictus sardonique, l'exagération des
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réflexes rotuliens, enfin l'hyperexcitabilitô élec-
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trique complétaient lo tableau de cette tétanie
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grippale. La guérison fut obtenue en cinq semai-
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nes par les lavages du sang.
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G. Minciotti a guéri par l'électricité, en six se-
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du Cheyne-Stokes,des nausées, des vomissements,
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cience. Un soulagement réel se produisit par l'ap-;
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vraisemblablement d'une manifestation hystéri-
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que. La guérison fut obtenue par le chlorhydrate
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observé, dans la province de Mantoue, des cas
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nant quelquefois par la mort. R, Longuet a con-
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sacré à l'étude de ce syndrome un article des plus
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intéressants dans \aSemainemédicale (juillet 1892).
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Nous le résumons très succinctement. Cette affec-
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tion, à laquelle on donna le nom de nona, fut
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considérée, d'après des rapports administratifs,
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même époque, des faits similaires furent observés
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en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en Dane-
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médecins (Traujen, Muller,Hammerschlag, Pries-
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toutes ces observations, il s'agissait d'un sommeil
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chez les obèses, les névropathes, lès cardia- 1
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tige paralysant de Gerlier et avec la maladie du
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sommeil des nègres.
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Mauthner, de Vienne, en 1890, plaçait là nona
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dans la substance grise ventriculàire, Gillet de
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Grandmont émit l'hypothèse d'une ophtalmo-
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plégie externe, à propos d'une mala,dè chez;
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laquelle il avait constaté la chute des paupières
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et l'immobilité des globes oculaires. Oh a pu se
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demander s'il ne s'agissait pas de méningite cé-
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rébro-spinale ou d'urémie grippale. En réalité, là
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pathogônie de cette maladie, aujourd'hui disparue
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et presque légendaire, est inconnue, ert raison de
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l'absence d'autopsies (R, LongueVSeroctwe médi-
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cale, 9 juillet 1892).
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L'épidémie do 1889-189Qa été remàriquablé par
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observé, à cette époque, l'atteinte profonde pro-
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voquée jiar la grippe dans le système nerveux, et
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nous avons déjà insisté sur cette question. Depuis
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pales, cet ébranlement profond, cette prostration
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extraordinaire, ces singulières douleurs névral-
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giques, ces états neurasthéniques stupéfiants, ces.
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troubles cérébraux violents qui, à cette époque*
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étaient de pratique courante.
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On peut relever dans diverses observations des
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troubles insolites consistant en contractures, té-
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tanie, douleurs épigastriques Intenses, névralgies
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du plexus cardiaque, manifestations hystérifor-
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mes, etc. Dans des cas assez nombreux, on signale
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une véritable sldération du système nerveux,
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===Psychoses grippales===
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La tendance manifeste
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de la grippe à porter son action sur le myélencé-
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phale explique le grand nombre d'aflections men-
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tales qui se développent sous son influence.
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Nous avons déjà parlé du délire fébrile simple
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apparaissant au moment de la fièvre, disparais-
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sant après elle et qui peut revêtir, comme dans.le.
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cas de Joffroy, l'intensité de l'agitation maniaque.
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Séglas, G. Ballet, Kroepelln, Malret, etc., Ont
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rencontré, après la période fébrile, des états do
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Version du 15 avril 2020 à 12:23

Grippe et maladies du système nerveux (complications)


 
 

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Chapitre
Grippe et maladies du système nerveux (complications)
Auteur
Gustave André
Extrait de
La grippe ou influenza (1908)
Visible en ligne
Sur Gallica
Chapitre précédant
Complications gastro-intestinales
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Autres complications

Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.

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Grippe et maladies du système nerveux (complications)


- 336 (G) -

Il est avéré que les épidémies de grippe ayant sévi à diverses époques ont, à des degrés divers, provoqué des manifestations nerveuses très variées, Aussi, les documents qui existent sur ce sujet sont nombreux et réellement intéres- sants, Nous n'avons à relever ici que les détermi- nations insolites, les autres ayantôtô énumérées précédemment; Ce sont ces troubles qui, en l'absence de fièvre catarrhàle, ont pu. être quel- quefois méconnus et ont fait songer .assez fré- quemment à la dengue.

Le I)r J. Marty a publié dans les Archives générales de/Médecine (novembre 1898) un très important travail sur les accidents cérébro-spinaux de la grippo. L'auteur résume d'abord de façon très intéressantel'historiquo de cette question. Il rap- pelle qu'en 1580, Henisch; (Saxe), Sennert (Rome), notèrent des phénomènes nerveux inquiétants. Do


- 337 (G) -

1718 à 1729, Camerarius et Beccaria décrivent des grippesàforme cérébrale, le premier enThuringe, le second à* Bologne. Ozanam rapporte des cas de même ordre observés, en 1765 en Allemagne, en 1800 à Lyon, en 1802 à Milan. En 1837, Nonat signale un fait de pseudo-méningite, Petrequin enregistre divers cas de folie avec suicides. Brionne (Thèse Paris, 1890) cite un cas de névraN gie du phrénique, une méningite de la basé sui- vie de mort, un cas à début apoplectiiorme, un cas de paraplégie.

Henry (Revue de la Suisse romande) relate le cas d'un employé de chemin He fer qui s'af- faissa subitement à la gare et dormit dix-huit heures consécutives, sans suites sérieuses au réveil. Fiessinger, cité dans le même travail, étudie les phénomènes spiné-méningôs. teyden {Soc. méd. int., Berlin) signale diverses formés nerveuses avec céphalée intéiise, raideur de là nUque, délire, et parfois coma mbrteb Kejsch et Antôrty (Arçh. de Méd. milit,, t.: Xyiïl) notéitt quelques décès occasionnés par des méningites où des congestions àpopléctifôrmès; survendes d'enlblée après l'attaque grippale.; Tra^sipUr ref late cinq observations'de grippés à forme hèr-, yeuse terminées par la guérison, Utte; grimpe à' forme cérébrale suivie dé niort, -un-cas avéé phénomènes d'aliénation mentale et inégalité Rupiliaire terminée par la guértèon, enfin, un



- 338 (G) -

cas avec aphasie temporaire, délire et abatte- ment extrême. Loroyer et Gallois (Bullct. méd.} publiont une observation do myélite aiguô grip- pale. Dans un fait de Paviot (Vullet. méd., 1895), on constata avec étonnement l'absence de lé- sions à l'autopsie, Michel Lévy avait déjà relevé, à une certaine époque, la coïncidence des épidé- mies do grippe et de méningite cérébro-spinale. Les quelques cas de méningite cérébro-spinale observés à Rochefort pendant quinze années sur- vinrent tous pendant la seule année où la grippe a régné dans cette ville. Le Dr Degrooie (Thèse Lille) cite dé nouvelles observations de sclérose en plaques survenues après la grippe.

Après cette étude historique, que nous tenions à résumer, le Dr J. Marty cite ses .'observations personnelles, très importantes et très intéressan- tes; Il s'agit d'un cas de grippe avec trismus, de plusieurs cas de pseudo-méningite, d'une ménin- gite à prédominance spinale et de trois cas de méningite grippale avec mort. A relever, au point de vue clinique, l'irrégularité et la variabilité des phénomènes cutanés (hypéresthésie, hypoes- thésie), dos névralgies occipitales et abdomi- nales, etc.

Le travail de J. Marty, tant au point de vue des recherches historiques que des observations per- sonnelles, présente un grand intôrôt.

Paul Blocq (Gaz. hébd. de Méd. et de C7«r„ 1890)


- 339 (G) -

fait remarquer que la grippe nerveuse a été sur- tout fréquente chez les intellectuels, notamment dans les lycées, dans les écoles du Gouvernement, tout en se montrant très rare dans la population ouvrière. C'est chez les enfants qu'on a observé, nous l'avons déjà vu, des phénomènes de ménin- gisme. Dans certains cas, les douleurs, chez les adultes, prédominant au niveau de l'articulation coxo-vertébrale, avec irradiations dans le terri- toire du nerf sciatique, la confusion avec la den- gue était presque inévitable. En général, les àflec- ' lions nerveuses qui ont surgi sous l'action des toxines grippales ont consisté en névroses telles que la neurasthénie, l'hystérie et les maladies mentales. C'est à titre d'agent provocateur que la grippe a mis en évidence diverses nôvropathies chez des prédisposés. C'est ainsi que chez des arthritiques à hérédité nerveuse plus ou moins chargée, elle suscite fréquemment de,la faiblesse générale, de l'inaptitude au travail, des vertiges, de la céphalée en casque, de l'atonie stomacale, de la parésie, dès membres inférieurs, en un mot, des signes formels de neurasthénie. Dans des! cas plus accentués, l'insomniecst robello, l'anxiété, l'angoisse prédominent et l'abattement est poussé à l'extrême. En 1890, d'après P. Blocq, quelques* cas de chorée, des névralgies faciales, cervicales et sciatiques, des paralysies faciales ont pu être rationnellement imputées à la grippe. P. Blocq a


- 340 (G) -

observé, en outre, des états nerveux provoqués exclusivement parla peur de l'épidémie, C'est par une sorte d'auto-suggestion que le tableau de la forme nerveuse de l'influenza a pu ôtre réalisé sans augmentation de la température.

On trouve des renseignements intéressants, au sujet de Vhystérie post-grippale, dans la thèse de Le Joubioux (Paris, 1890). Chez un soldat ob- servé par Grasset et rapporté dans ce travail, il se produisit brusquement des troubles de la vue, une chute avec perte de connaissance, de là con- tracture douloureuse des membres, de Panes- thésiè, de l'analgésie et un tic palpébral, Huchard, cité dans la môme thèse, a observé aussi, avec son ancien interne Marigny, une grippe compli- quée d'accidents hystériques se montrant pour la première fois. Séglasacitédeux cas analogues. Dans une observation de J. Voisin, il exista de là céphalalgie avec hémiparésie' et hémianesthésie sensitivo-sehsorieîlé. Iî.' Rambaud a vu un cas de somnambulisme, Le Joubioux publie une obser- vation personnelle d'automatisme ambulatoire

avèc mélancolie, C'est à l'asthénie post-grippalè,

à l'altération prôfondo de la nutrition, et, Vrai- semblablement, à une action élective des toxines grippales sur le centre cérébro-spinal, qu'il faut attribuer l'explosion de la névrose. C'est là la théorie de Le Joubioux et nous l'admettons sans difficulté.



- 341 (G) -

R. Gomez, chez un enfant de sept ans, a vu des contractures et des douleurs musculaires généra- lisées; les muscles faisaiont saillie sous la peau des membres inférieurs, du thorax et de l'abdo- men. La raideur de la nuque, l'opisthotdnos, le trismus, le rictus sardonique, l'exagération des réflexes rotuliens, enfin l'hyperexcitabilitô élec- trique complétaient lo tableau de cette tétanie grippale. La guérison fut obtenue en cinq semai- nes par les lavages du sang.

G. Minciotti a guéri par l'électricité, en six se- maines, un cas de diplégie faciale provoquée par l'influenza.

Stonkovenkoflcite le fait d'une femme âgée qui éprouva des accès vertigineux à la suite d'une perturbation morale consécutive à la grippe. Il existait des bourdonnements, du bruit dans la tête, des secousses dans les bras et les jambes, du Cheyne-Stokes,des nausées, des vomissements, le tout avec conservation très nette de la cons- cience. Un soulagement réel se produisit par l'ap-; pliôatibn de compresses froides et par l'admihis-y tration de la valériane. S'agissait-il d'hystérie ?; Étàit:ce du vertige de Môniôre? Ces deux hypothèC; ses péuventétre misés en avant, ;/■" , ;

Boori (Riforma rhedica) à vu, chez,une fi)|ettéd!ê" onze ans, des accès épileptiformes^engendrés par, la grippe. On connaît l'Opinion do P. ilario sur l'étiologio infectieuse de l'ôpilepsîo. Bitck: et MôoV


- 342 (G) -

ont constaté des tremblements dans un cas de forme nerveuse de l'influenza; le tremblement prédo- minait dans le bras droit, avec un rythme moyen do cinq à six secousses par seconde. L'agitation faisait défaut pendant le sommeil et s'exagérait par les fatigues ot les émotions ; pas d'atrophio musculaire, pas de réaction do dégénérescence; pas de symptômes oculo-pupillaires. Il s'agissait vraisemblablement d'une manifestation hystéri- que. La guérison fut obtenue par le chlorhydrate de spermine.

Vers la fin de l'épidémie de 1889-1890, on aurait observé, dans la province de Mantoue, des cas .extraordinaires de léthargie prolongée se termi- nant quelquefois par la mort. R, Longuet a con- sacré à l'étude de ce syndrome un article des plus intéressants dans \aSemainemédicale (juillet 1892). Nous le résumons très succinctement. Cette affec- tion, à laquelle on donna le nom de nona, fut considérée, d'après des rapports administratifs, comme absolument légendaire. Pourtant, vers la même époque, des faits similaires furent observés en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en Dane- mark, en Angleterre et en Amérique, par divers médecins (Traujen, Muller,Hammerschlag, Pries- ter, Hallager, Barrett, Frome Young, etc.). Dans toutes ces observations, il s'agissait d'un sommeil profond, d'une léthargie, survenant longtemps après la convalescence d'une attaqUe d'influenza


- 343 (G) -

et persistant souvent plusieurs jours. Des compli- cations analogues s'étaient produites dans plu- sieurs épidémies anciennes, notamment dans celle de Tubingue en 1718 et de Lyon en 1800. A relever parmi les symptômes de la nona de 1890, en même temps que le coma, la raideur de là nu- que, du trismus, de la dilatation ou de l'inégalité pupillaire, la constipation, quelquefois de l'am- nésie après la guérison. Longuet parle de cas frustes.

Cet état léthargique post-grippal pouvait être confondu avec la narcolepsie, s'observant parfois chez les obèses, les névropathes, lès cardia- 1 ques, etc. ; avec le sommeil hystérique, le ver- tige paralysant de Gerlier et avec la maladie du sommeil des nègres.

Mauthner, de Vienne, en 1890, plaçait là nona dans la substance grise ventriculàire, Gillet de Grandmont émit l'hypothèse d'une ophtalmo- plégie externe, à propos d'une mala,dè chez; laquelle il avait constaté la chute des paupières et l'immobilité des globes oculaires. Oh a pu se demander s'il ne s'agissait pas de méningite cé- rébro-spinale ou d'urémie grippale. En réalité, là pathogônie de cette maladie, aujourd'hui disparue et presque légendaire, est inconnue, ert raison de l'absence d'autopsies (R, LongueVSeroctwe médi- cale, 9 juillet 1892).

L'épidémie do 1889-189Qa été remàriquablé par



- 344 (G) -

la variété et l'intensité des déterminations névro- pathiquesi II n'est pas de praticien qui n'ait observé, à cette époque, l'atteinte profonde pro- voquée jiar la grippe dans le système nerveux, et nous avons déjà insisté sur cette question. Depuis lors, nous n'avons plus rencontré, clans des constitutions saisonnières, sans conteste grip- pales, cet ébranlement profond, cette prostration extraordinaire, ces singulières douleurs névral- giques, ces états neurasthéniques stupéfiants, ces. troubles cérébraux violents qui, à cette époque* étaient de pratique courante.

On peut relever dans diverses observations des troubles insolites consistant en contractures, té- tanie, douleurs épigastriques Intenses, névralgies du plexus cardiaque, manifestations hystérifor- mes, etc. Dans des cas assez nombreux, on signale une véritable sldération du système nerveux,

Psychoses grippales

La tendance manifeste de la grippe à porter son action sur le myélencé- phale explique le grand nombre d'aflections men- tales qui se développent sous son influence.

Nous avons déjà parlé du délire fébrile simple apparaissant au moment de la fièvre, disparais- sant après elle et qui peut revêtir, comme dans.le. cas de Joffroy, l'intensité de l'agitation maniaque. Séglas, G. Ballet, Kroepelln, Malret, etc., Ont rencontré, après la période fébrile, des états do




- 345 (G) -

Voir aussi