Grippe aviaire et transmission chez l'homme (2006) Delvallée/Grippe humaine/Traitement : Différence entre versions

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(Les signes paracliniques)
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(Diagnostic clinique)
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Cas possible (ou suspect) :
 
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* toute personne présentant un syndrome respiratoire aigu fébrile, ayant eu dans les sept jours précédant les symptômes :
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** une  exposition  professionnelle  à  des  cas  humains  ou  animaux,  avérés  ou  présumés,  de  grippe  aviaire, ou à tout lieu ou matériel biologique avéré ou présumé contaminé par le virus A (H5N1) ;
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** ou un contact direct, prolongé, répété, ou à moins d’un mètre dans les pays avec épizooties et cas humains de grippe A (H5N1), avec des oiseaux vivants ou morts, sauvages ou domestiques, ou leurs fientes ;
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** ou  un  contact  proche  et  répété  avec  une  personne  infectée  par  un  virus  influenza A (H5) ou fortement suspectée de l’être.

Version du 9 avril 2020 à 11:44

Aspects cliniques et diagnostiques - Traitement

Actualités sur la grippe aviaire et sa transmission chez l’homme, Grippe humaine d'origine aviaire


 
 

Delvallée page 2.png
Rapport
Actualités sur la grippe aviaire et sa transmission chez l’homme
Chapitre
Grippe humaine d'origine aviaire
Section
Aspects cliniques et diagnostiques - Traitement
Auteur
Thérèse Delvallée (INIST)
Date
2006
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Section du rapport

La symptomatologie

Elle se limite aux cas décrits chez des patients hospitalisés, lors des épisodes de grippe humaine d’origine aviaire depuis 1997. En fonction du sous-type de virus, différentes formes cliniques sont décrites. La grippe aviaire touche préférentiellement les enfants.

Les infections à virus influenza A (H5N1)

Elles représentent les cas le plus fréquemment diagnostiqués, les aspects cliniques les plus largement décrits. La symptomatologie est variée, des formes bénignes aux formes mortelles (de Jong and Hien 2006 [52]) (Yuen and Wong 2005 [212]) (Grose and Chokephaibulkit 2004 [76]).

  • L’incubation est courte, de un à trois jours, pouvant aller jusqu’à une semaine, voire dix jours ; la moyenne étant de deux à quatre jours après l’exposition.
  • La période initiale est caractérisée dans la quasi-totalité des cas par un syndrome grippal.
    Au cours de la première épidémie de Hong Kong, en 1997 (Chan 2002 [36]), les malades présentent essentiellement une fièvre élevée, avec céphalées, malaise général, et myalgies, une pharyngite, toux et rhinite  ; plus rarement des troubles gastro-intestinaux et une conjonctivite.
    En 2004, au Vietnam (Tran, Nguyen et al. 2004 [194]) et en Thaïlande (Chotpitayasunondh, Ungchusak et al. 2005 [43]) (Chokephaibulkit, Uiprasertkulet al. 2005 [42]), les cas décrits font état également d’un syndrome grippal, avec dyspnée et diarrhée chez la moitié des patients.
    La fièvre est souvent le premier signe clinique, la symptomatologie est essentiellement respiratoire, la dyspnée apparaît en moyenne vers le cinquième jour après le début des troubles.
  • La période d’état est dominée par des signes d’atteinte des voies respiratoires hautes dans les formes bénignes et des voies respiratoires basses dans les formes sévères.
    Le tableau clinique est classiquement celui d’une pneumopathie le plus souvent grave avec détresse respiratoire, tachypnée et crépitants.
  • L’évolution se fait en règle générale vers une insuffisance respiratoire aiguë, nécessitant une assistance ventilatoire.
    Le stade ultime d’insuffisance organique multiple avec insuffisance rénale et insuffisance cardiaque est fréquent (Beigel, Farrar et al. 2005 [23]).
    La durée moyenne d’évolution dans les formes mortelles, varie de huit jours (Cambodge, 2005) à 23 jours (Hong Kong, 1997) (Beigel, Farrar et al. 2005 [23]).
La mortalité est très élevée, de l’ordre de 55%, d’après le nombre de cas déclarés à l’OMS.

La quasi-totalité des sujets infectés par le virus A (H5N1) présente un tableau de pneumonie plus ou moins sévère, avec des troubles digestifs fréquemment associés.

En Thaïlande, un cas d’infection à virus influenza A (H5N1) sans troubles respiratoires a été rapporté en 2004  : le diagnostic posé étant celui d’une diarrhée fébrile (Apisarnthanarak, Kitphati et al. 2004 [14]) (Wiwanitkit 2005 [206]). Au Vietnam, d’autres cas atypiques ont été décrits, sous forme d’encéphalite mortelle, compliquant une diarrhée sévère initiale, sans aucune manifestation respiratoire (de Jong, Bach et al. 2005 [51]). La neurovirulence du virus A (H5N1) est documentée chez les mammifères (Keawcharoen, Oraveerakul et al. 2004 [103]) (Rowe, Cho et al. 2003 [166]), son neurotropisme a été démontré expérimentalement chez la souris (Tanaka, Park et al. 2003 [188]) (Iwasaki, Itamuraet al. 2004 [96]).

Il est donc important, pour faire le diagnostic, de ne pas se focaliser sur la présence ou non de manifestations respiratoires.

Ces formes graves sont observées chez des individus sains auparavant, sans facteur de risque particulier.

L’existence de formes asymptomatiques et de formes paucisymptomatiques passées inaperçues est réelle, en témoignent les différentes études sérologiques effectuées dans le cadre des infections humaines dues au virus A (H5N1), à Hong Kong. La présence d’anticorps sériques anti-H5 a été démontrée chez des personnes exposées professionnellement et chez des sujets contacts de cas confirmés de grippe A (H5N1) (Katz, Lim et al. 1999 [101]) (Bridges, Katz et al. 2000 [28]) (Bridges, Lim et al. 2002 [29]).

Les infections à virus influenza A (H7)

  • Les études sérologiques menées en 2003, en Italie, à la suite des épizooties à virus A (H7N3) dans les élevages de volaille, montrent à l’évidence le caractère asymptomatique des infections à virus A (H7N1) et A (H7N3) chez les personnes exposées professionnellement  ; un seul cas séropositif a présenté une conjonctivite (Puzelli, Di Trani et al. 2005 [160]).
  • En mars 2003, aux Pays-Bas, une épizootie de grippe aviaire due au virus hautement pathogène A (H7N7) touche les élevages de volaille. Une enquête épidémiologique et virologique est alors effectuée auprès de tous les employés et intervenants de l’industrie volaillère et de leur famille, afin d’enregistrer les symptômes présentés au cours de cette période (Koopmans, Wilbrink et al. 2004 [108]).
    18,32% des personnes ayant rapporté un problème de santé ont une infection à A (H7N7) confirmée virologiquement. La conjonctivite est la manifestation la plus fréquente (87,64%), en association avec un syndrome grippal dans 5,6% des cas. *:L’évolution est bénigne dans la quasi-totalité des cas. Un seul cas mortel a été signalé chez un vétérinaire présentant un syndrome de détresse respiratoire aiguë (Fouchier, Schneeberger et al. 2004 [67]), similaire à celui des infections graves à virus A (H5N1).
    Les études de séroprévalence ont mis en évidence des anticorps spécifiques anti-H7 chez 49% des personnes exposées professionnellement et chez 64% des sujets contacts, et témoignent de l’existence de formes asymptomatiques (Meijer, Valette et al. 2005 [135]).

Les infections à virus influenza A (H9N2)

  • Les premiers cas ont été diagnostiqués à Hong Kong, en 1999. Ils concernent deux enfants en bas âge. Les caractéristiques cliniques se résument à un syndrome grippal (fièvre, malaises, manifestations respiratoires hautes) accompagné de troubles gastro-intestinaux (anorexie, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée). Un autre cas pédiatrique diagnostiqué en 2003, également à Hong Kong, a fait récemment l’objet d’une description (Butt, Smithet al. 2005 [32]). L’évolution est simple et favorable (Uyeki, Chong et al. 2002 [198]).
  • A côté de ces cas cliniques sporadiques s’ajoutent vraisemblablement des infections asymptomatiques  ; des actions de surveillance séroépidémiologique ont mis en évidence des anticorps spécifiques dirigés contre le virus A (H9N2) chez des habitants du nord-est et du sud de la République populaire de Chine, et chez des personnes exposées professionnellement aux élevages de volaille à Hong Kong (Cheng, Liu et al. 2002 [39]) (Peiris, Yuen et al. 1999 [156]).

Les signes paracliniques

ls ont été essentiellement étudiés dans les formes graves des infections à virus grippaux A (H5N1).

  • Les signes biologiques incluent une leucopénie avec lymphopénie, une thrombopénie, une anémie (Wiwanitkit 2005 [206]), une atteinte de la fonction hépatique avec élévation des transaminases sériques et augmentation des temps de coagulation, une atteinte de la fonction rénale avec augmentation de la créatinémie (Chotpitayasunondh, Ungchusak et al. 2005 [43]) (Beigel, Farrar et al. 2005 [23]).
  • Les signes radiographiques, dans le cas d’atteinte des voies respiratoires basses sont ceux d’une pneumonie  ; la radiographie pulmonaire montre des images d’infiltrats clairsemés, localisés ou diffus, des infiltrations interstitielles, de distribution lobaire, plurilobaire, unilatérale ou bilatérale. Au fur et à mesure de l’évolution, les poumons prennent un aspect en verre dépoli, de façon diffuse et bilatérale. En Thaïlande, le délai d’apparition de ces images a été étudié  : il est en moyenne de six jours à compter du début des symptômes (Chotpitayasunondh, Ungchusak et al. 2005 [43]). Les pneumothorax sont rares et plutôt le fait de complications liées à la ventilation artificielle.

Le diagnostic

Diagnostic clinique

En dehors des zones d’épizooties à virus aviaires hautement pathogènes

Suite à l’épidémie de grippe aviaire aux Pays-Bas en 2003, la Direction Générale de la Santé dépendant du Ministère français de la santé, avait émis une directive le 7 juillet 2003, réactualisée le 22 mars 2006, à l’intention des professionnels de santé. Cette note définit «  le cas humain suspect de grippe à influenza A hautement pathogène  », notamment à A (H5N1). Les définitions de cas, possible, probable et confirmé de grippe aviaire ont été élaborées par l’OMS et tiennent compte de l’évolution de la situation épidémiologique mondiale.

Cas possible (ou suspect) :

  • toute personne présentant un syndrome respiratoire aigu fébrile, ayant eu dans les sept jours précédant les symptômes :
    • une exposition professionnelle à des cas humains ou animaux, avérés ou présumés, de grippe aviaire, ou à tout lieu ou matériel biologique avéré ou présumé contaminé par le virus A (H5N1) ;
    • ou un contact direct, prolongé, répété, ou à moins d’un mètre dans les pays avec épizooties et cas humains de grippe A (H5N1), avec des oiseaux vivants ou morts, sauvages ou domestiques, ou leurs fientes ;
    • ou un contact proche et répété avec une personne infectée par un virus influenza A (H5) ou fortement suspectée de l’être.