La grippe ou influenza (1908) André/Complications/Autres

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Autres complications


 
 

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Autres complications
Auteur
Gustave André
Extrait de
La grippe ou influenza (1908)
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Grippe et maladies du système nerveux (complications)
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Diagnostic

Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.

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Avant propos

Autres complications


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Appareil urinaire

Lés urines renferment souvent de l'albuminé dans le cours de la grippe. Il se produit parfois


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une hématurie prémonitoire d'une néphrite catary rhale,ou indiquant tout au moins une congestion rénale. Cette congestion initiale du rein.a été ob- servée par Le Gendre qui en a publié une impor- tante observation. Quand la grippe s'accompagne de pneumonie, l'albuminurie est presque toujours abondante. Les abcès miliaires des reins figurent dans les complications suppuratives de la grippe (Ménétrier). Dans les angines infectieuses de môme origine, la généralisation, dont elles cons-t tituent les foyers primitifs, peuvent déterminer une néphrite aiguë capable de passer à la chroni- cité. Chez les brightiques, nous avons vu quelque- fois une grippe légère faire éclater des accidents urémiques. D'après le Dr Tuvache, la néphrite grippale est souvent Ignorée; c'est pendant le» convalescences traînantes que la localisation ré- nale se prépare sans bruit. Les symptômes sont surtout respiratoires, avec une toux quinteuse et une dyspnée qui fait songer a l'asthme. On peut constater des douleurs lombaires, prises quelque* fois pour un simple lumbago, de la céphalée, des bourdonnements d'oreille, la bouffissure des pau- pières, la pâleur de la face et des fourmillements aux extrémités. Parfois, après de l'hématurie et des éptslaxis» surviennent des accès de suffoca- tion. Le pronostic est assez sévère et, môme après la guérison» lo rein reste toujours un or- gane de moindre résistance. Parfois, la néphrite


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aiguô se manifesté par des troubles urémiquès soudains. l

Dans un cas du Dr Breton, il existait une né^

phrite chronique associée à une aortito. Mais ces complications, au lieu d'être précoces et à marche rapide, ne se manifestèrent que longtemps après les premiers phénomènes grippaux. L'aortite fit éclosion dans la convalescence, au bout de trois semaines, mais ce ne fut que trois ans plus tard, après un refroidissement, que surgirent l'oedème des jambes, puis une anasarquo totale; un peu plus tard, apparurent tous les signes du brlgh- tisme, avec six grammes d'albumine.

Juhel-Rônoy a vu un malade chez qui l'infec- tion grippale s'attaqua au rein, à l'endopéricarde, au poumon» à la plèvre, aux amygdales et aux veines du membre inférieur gauche. Cette mali- gnité n'est pas rare, comme nous le savons, dans les épidémies d'influenza,

Dans son étude sur cette affection, le D* G. Sto- wart mentionne l'albuminurie et l'hématurie comme complications possibles. Le D* Soumari- pas» de la Canéo, a étudié la néphrite grippale chez les enfants. Les formes symptomatlques de la lé- sion rénale apparaissent sous des aspects fort dissemblables. Parfois, la maladie débute d'une façon insidieuse et peut rester longtemps latente, ne se traduisant que par des signes d'anémie. Dans des cas rares» les petits malades présentent



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outes les variétés de phénomènes urémiquesavec cedômeplus ou moins étendu. Chez, quelques-uns, tout se borne à de la céphalée, à quelques épis- taxis, quelques douleurs lombaires et un peu de bouffissure de la face. Chez quelques petits mala- des, ce sont des convulsions éclamptiques ou du coma. Chez des enfants un peu plus grands, on peut voir surgir des manifestations psychiques, telles que anorexie nerveuse, mélancolie, abatte- ment, délire avec cris perçants. D'après notre savant confrère Cretois, la fréquence de cette néphrite grippale chez l'enfant serait de 5% en- viron des cas. La durée serait de trois à cinq se- maines. La guérison aurait lieu assez fréquem- ment.

Desnos a cité un cas de pyonêphrose consécuti- vement a une violente attaque de grippe. 11 exista d'abord des douleurs lombaires vives exaspérées par la pression. Au bout de deux

mois, apparition d'une tumeur rénale et émission

d'urines purulentes. Après la néphrotomie lom- baire, il s'écoula un litre de pus crémeux renfer- mant de.nombreux streptocoques; un calcul vo- lumineux, rameux, était enclavé dans la cavité du bassinet ; il existait, en outre, une tuméfaction du rein droit. L'état général devint rapidement mauvais. En résumé, rinfection d'origine grip- pale avait agi autour d'un calcul préexistant.

Le même clinicien a décrit aussi des uréthrites


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et des prostatites de même origine. Dans uno pre- mière catégorie, sans maladies urinaires anté- rieures, il y eut des frissons violents, des dou- leurs prostatiques et de la rétention d'urine. La prostate avait le volume d'Une mandarine avec des bosselures qui persistèrent ; pas d'abcès. On peut, dans ces cas, songer un instant à de la tu- berculose locale, mais la résolution se fait pro- gressivement. Dans une deuxième forme, IL s'agit d'une ancienne uréthrite ravivée par la grippe, avec propagation à la prostate et suppu- ration possible. Dans une troisième catégorie enfin, une vieille uréthrite se réveille, mais sans- participation de la prostate.

Le Df Divaris a publié une observation de pros- tatite phlegmoneuse à la suite d'une pneumonie grippale. Le malade se plaignait d'une sensation de pesanteur du côté du rectum et du périnée, ainsi que de douleurs vives pendant la miction. Au toucher rectal» la prostate était sensible et vo- lumineuse avec une forme carrée. Plus tard, on constata un pouls prostatique très net, marqué par les battements des artères de la paroi an- térieure du rectum. Le Dr Divaris prescrivit avec succès des bains et des lavements très chauds ainsi qu'une application de sangsues et pratiqua le cathélérlsme avec une sonde à béquille n° 16\ Le malade conserva pendant quelque temps une petite fistule.



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Çastaigne [Manuel des Maladies des Reins) range la grippe parmi les maladies générales qui peu- vent provoqueras lésions rénales et pyôlitiqUes.. La pyôio-néphrite, en particulier, est, dans ce cas, un accident de la convalescence. D'après l'auteur, les décharges bactériennes et l'élimina- tion de substances toxiques, au moment de la crise, provoquent un excès de fonctionnement du rein et doivent être incriminées comme causes des lésions du bassinet.

Ces infections qui sont d'origine sanguine don- nent lieu parfois à des abcès rénaux multiples sans altération du bassinet.

On sait que les pyélo-néphrltcs primitives ont été divisées par Albert Robin en caiarrhale» flbrl- neuse et purulente. Mais la grippe est susceptible surtout do créer une pyélo-néphrite suppurée d'origine bématogène. 11 faut mentionner surtout la violence de la douleur lombaire, la fièvre et les vomissements. L'examen des urines, après cen- trlfugation, décèle des globules de pus et de nom- breux microbes. Le pronostic de cette compli- cation, d'après Çastaigne, n'est pas dénué do gravité; la convalescence est souvent fort longue et la mort peut survenir de plusieurs façons : rupture du bassinet, abcès pôrlnéph relique, anurle, urémie, hecticlté, etc. Si nous voulons résumer l'action de la grippe sur les reins, nous pouvons dire, avec Çastaigne (toc. dt.), qu'elle



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doit êtro rangée, par ordre de gravité, aussitôt après la scarlatine.

Leyden, Brault, Dieulafoy, Teissier ont remar- quablement étudié la néphrite grippale ; le Pro- fesseur de Lyon, en particulier, admet que la grippe vient en seconde ligne, représentée qu'elle est par 30% des cas, tandis que la scarlatine compte pour 38%.

La cystite grippale est une manifestation rare. Comby, en 1894, avait eu l'occasion de Voir un cocher de cinquante-cinq ans présentant, au dé- cours d'une grippe à forme nerveuse et gastrique, une cystite des plus douloureuses et des plus re- belles. En 1895, il put observer, dans son service de l'hôpital Trousseau, un enfant de treize ans frappé de la même localisation insolite. Cet en- fant fut pris simultanément de congestion pul- monaire gauche et de cystite du col avec urines sanglantes ; il n'y avait pas eu d'application de vésicatoire ; le petit malade présentait d'ailleurs cette langue grippale si bien décrite par Faisans. Vers la même époque, Comby vit également un enfant du même âge, atteint de grippe avec cour- bature, langue grippale, etc. L'enfant malade ren- •dait des urines troubles analogues à du marc de café clair. A propos de phénomènes de même or- dre, Le Gendre cite le fait d'un homme de soixante ans qui fut brusquement pris, un soir, d'une dou- leur lombaire d'une extrême violence, avec fièvre



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et brisement des membres, céphalalgio frontale et douleurs orbitaires. Les premières urines émi- ses après cette invasion brutale étaient presque noires par mélange intime de sang; en même temps que la douleur lombaire disparaissait, se montrait un catarrhe grippal typique, d'abord oculo-nasal, puis laryngo-trachéal, enfin, une bronchite congestive tenace.

Fiessinger signale la cystite comme une com- plication assez fréquente ; Dubrulle et Marrotte en ont observé chez des militaires.

Le Dr Trdssat, de Chalon-sur-Saône, a publié aussi deux cas de cystite chez des femmes n'ayant jamais rien présenté d'anormal du côté, de la vessie. La cystite avait coïncidé avec le début brusque de la grippe.

D'après le Professeur Albarran [Journal des Pra- ticiens, 1907), la cystite grippale guérit en quel- ques jours, mais il faut compter avec l'apparition d'hématuries, parfois abondantes; dans certains cas, on a pu croire à une tumeur vésicale. L'exa- men cystoscopique fait découvrir quelquefois l'existencede petites exulcérations en coup d'ongle. et un oedème du bas-fond de la vessie. Albarran a rencontré un grand nombre de germes infec- tieux, sauf le bacille de Pfeilïer, dans l'uriné de ces malades. C'est surtout par la voie rénale que se fait l'infection, au moyen de décharges bacté- riennes. L'éminent chirurgien proteste contre



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l'application des vésicatoires chez les grippés. Quelques lavages de nitratod'argent à l/1000°suf- fisent d'ordinaire pour obtenir là guérison do cette complication, en somme bénigne.

Le DrM.-P. Colin [Deutsche med.Wochensch., juil- let 1905) relate dans un mémoire intéressant le cas d'un malade atteint d'uréthrite primitive, sans gonocoques; mais avec de très nombreux bacilles de la grippe. L'écoulement rappelait l'as- pect des crachats muco-purulents; l'examen mi- croscopique et divers ensemencements révélèrent l'existence de deux microbes prédominants, l'un appartenant au groupe des bacilles encapsulés, l'autre constitué par des bacilles de Pfeïiïer extrê- mement abondants. L'auteur est disposé à attri- buer à ce dernier l'action essentielle dans la production de celte uréthrite.

Organes génitaux

La grippe, semble-t-il, toiit comme la fièvre ourlienne, pourrait exercer une action fâcheuse sur le testicule ou l'épidh dyme. En 1890, Dubrulle et Mariette, que nous citions tout à l'heure, ont observé une orchite chez un soldat, pendant la convalescence de la grippe; mais, malgré une augmentation notable de vo- lume, la manifestation fut de courte durée. Fies- singer rapporte aussi le cas d'un enfant de neuf ans qui, dans le cours d'une grippe à forme ty- phoïde, eut trois poussées de vaginali te ; il resta uno


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induration de l'ôpididyme. Ces deux observations peuvent, à la rigueur, laisser quelques doutes dans l'esprit; la première peut faire supposer l'exis- tence de quelque uréthrite antérieure ; la seconde peut cadrer avec une tuberculose épididymaire. Mais, il faut le dire, Desmonts a vu des orchites survenant dans la convalescence do la grippe, sans oreillons ni blennorragie antérieure, sans ofiorts, sans contusions et disparaissant assez vite.

Au cours de l'épidémie do 1890, A. Robin et Dalché ont soigné plusieurs femmes dont les règles furent avancées ou augmentées par les phénomènes d'invasion brusque de l'influenza. Pozzi, à la suite de la même infection, a observé des poussées de péri métro-salpingite,et il rapporte que Gottschalk et Goldberg ont vu la métrite hé- morragique succéder à la grippe et au scorbut. Le mauvais état général de l'organisme, après les fièvres graves, laisserait la matrice plus vul- nérable à l'action des microbes pathogènes.

Les névralgies pelviennes, la névralgie utérine,, l'hystéralgie, l'ovaralgie ne sont pas rares et les troubles menstruels sont fréquents. E. Mûller, sur 157 femmes grippées qu'il a eues à traiter, a relevé chez 138 d'entre elies, non gravides, des troubles génitaux divers : métrorragies, ménor- ragies, règles avancées ; sur 21 femmes enceintes, 17 ont avorté ou accouché prématurément. L'avor- tement serait dû, d'après Labadie-Lagrave, à l'endométrite aiguë grippale.


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Le même observateur a signalé la fréquence des hémorragies et des suppurations chez les nouvelles accouchées.

Dans les tableaux dressés par J. Bertillon, en décembre 1889 et janvier 1890, on peut constater que le nombre des avortements déclarés était resté absolument stationnaire. Or, comme les avortements des premiers mois échappent seuls à la vigilance de l'administration munici- pale, c'est vraisemblablement avant le cinquième mois de la grossesse que ces accidents ont pu être relevés par les praticiens. Nous avons déjà exposé les résultats des recherches de Demelin concernant les rapports de l'influenza et de la grossesse.

Vinay a étudié la marche de la grippe chez un certain nombre de femmes en état de puerpéra- lité [Lyon médical, 1892). Jacquemier, dont il cite les travaux, n'a pas constaté de troubles sérieux pendant la gestation, mais Càzeaux a, au con- traire, signalé la fréquence des avortements, par suite de quintes de toux violentes. Dans l'épidé- mie de 1675, particulièrement meurtrière pour les femmes enceintes, rapporte Vinay, Peu, maître chirurgien, affirme que la maladie catar- rhale épidémique « donna d'une telle force » sur les femmes enceintes, que la plupart en mouru- rent, les unes par fluxion de poitrine, les autres à la suite d'un avortement accompagné de nié-



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trorragie. Dans une observation personnelle de Vinay, une broncho-pneumonie grippale survint au huitième niois d'une grossesse chez une femme atteinte d'emphysème et d'un léger rétrécisse- ment mitral. La dyspnée extrême et l'asphyxie provoquèrent l'accouchement. L'enfant vécut, mais la mère succomba le septième jour des couches.

Corps thyroïde

Nous avons déjà cité, dans une observation complexe, des troubles base- downiens consécutifs à la grippe. Galliard a pré- senté à ia Société médicale des Hôpitaux, en 1895, une très intéressante observation de thyroldito' aiguë, d'origine grippale, terminée par résolution. 11 s'agissait d'une femme de quarante ans qui, lors, de la perte de son mari, éprouva du tremblement, un peu d'irritabilité, quelques palpitations, mais», cela sans exophtalmie ni tuméfaction thy- roïdienne. C'est une semaine environ après la guérison d'une grippe, que la malade éprouva une douleur vive à la région cervicale, de la gêne de la déglutition et de la; fièvre; elle s'aperçut alors d'une tuméfaction évidente du cou. La peau qui la recouvrait était rouge, tendue et luisante ; pas d'angine, pas d'engorgement ganglionnaire. La guérison eut lieu complètement.

Parotide

A propos de l'anatomie pathologique, nous avons cité quelques observations de


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parotidiles. Nous rappellerons, à ce propos, que Jarre (Thèse Paris, 1890) mentionne cette manifes- tation parmi les complications suppuratives de la grippe. Kundrat la signale aussi; Fiessinger a noté la tuméfaction parotidienne n'aboutissant pas à la suppuration. Dans trois observations de Lemoine concernant des soldats, la parotidite suppurée est expressément mentionnée parmi d'autres complications et notamment deux cas d'érysipèle. La parotidite, toujours bilatérale, ne suppurait pas fatalement. C'est ainsi que Comby a vu la parotidite se terminer par résolution chez un vieillard.

Articulations

On a noté certaines hydar- throses et l'inflammation des gaines tendineu- ses. C'est dans le cours de grippes, à manifes- tations septicémiques diverses, qu'on,a vu éclater parfois le pseudo-rhumatisme infectieux. Le Dr Ollivier, de Rouen, a observé de véritables douleurs rhumatismales, sans tendance à la sup- puration ni à l'ankylpse. Les quatre faits qu'il cite ont une singulière analogie avec le rhuma- tisme articulaire vrai, jusques clans l'apparition de complications cardiaques, jusques à l'action favorable du salicylate de soude. Dans la forme pyohémique de la grippe, l'extension se fait par localisations successives et peut arriver ainsi à l'endocarde ou au péricarde, après plusieurs loca-


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lisations articulaires; on constate parallèlement de grandes oscillations thermiques, des symptô- mes typhoïdes, de la congestion splénique, etc.

Le Dr Bloch [Soc. médico-prat., 1890) a publié une observation de septicémie aiguë avec angine, néphrite, orchite, endocardite et pseudo-rhuma- tisme infectieux. 11 s'agissait d'une personne ayant été en contact avec une malade atteinte d'infection purulente secondaire à la grippe. Les symptômes articulaires furent les suivants : d'abord, douleur localisée à l'épaule droite, sans oedème ni gonflement manifestes; trois ou quatre jours après, les douleurs s'apaisèrent et le genou gauche envahi diminua bientôt de volume. Survint ensuite une rougeur diffuse occupant toute la partie postérieure du coude, sans douleur ni tuméfaction, et cela coïnci- dait avec un frottement péricardique. Ces der- niers symptômes avaient été précédés par une douleur aiguë et continue dans le genou gauche qui,bientôt après, présenta un épanchemfent,ma- nifeste. Après la résolution de cette hydarthrose, il se manifesta au niveau de l'olécràne une fluc- tuation évidente ; l'incision donna issue à un pus de couleur chocolat, sans odeur.

Dans un cas de Huchard, le pseudo-rhumatisme grippal se traduisit d'abord par des douleurs cont tusives dans la cuisse droite, ce qui fit songer à l'ostéomyélite, avec phénomènes généraux fé-


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briles, céphalalgie violente et vomissements. Puis les petites articulations des pieds devinrent rouges et douloureuses. Le malade succomba au bout de six jours avec des accidents cérébraux constitués par un délire continu.

Le Dr Renon a cité le cas d'un malade de vingt ans chez qui se produisirent des manifestations articulaires et tendineuses, par intoxication ali- mentaire, au décours d'une grippe. Il existait en même temps une éruption ortiée due à l'ingestion de poisson et dé mollusques. Lés grosses et les petites articulations, les gaines synoviales furent envahies un peu plus tard ; les fluxions se dissi- pèrent lentement, sans tendance à l'ankylose. L'auteur se demande s'il s'est agi d'un rhuma- tisme articulaire vrai, d'un pseudo-rhumatisme infectieux pbst-grippal ou d'un rhumatisme toxi- que par intoxication alimentaire.

Le Dr Duchateau, de Brest, a décrit une forme de grippe à type dengue, avec rachialgie intense, vultuosité de la face, douleurs phalangiennes, rougeur des mains et des poignets avec gonflement sensible, prurit, desquamation furfuracée et pla- ques érythémateuses. Nous avons déjà parlé du rôle de la grippe dans le rhumatisme articulaire vrai, d'après Weber et Ferrand. Nous rappelle- rons que Barbier se demande s'il ne s'agit pas, dans tous ces cas, de pseudo-rhumatisme infec- tieux.



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Nous avons vu nous-même, en 1901, deux cas de pseudo-rhumatisme infectieux grippal, Lé premier concernait une dame de cinquante-cinq ans que nous eûmes à examiner avec le D* C... Après l'éclosion d'une bronchite diffuse grippale, la malade éprouva une douleur très violente à l'épaule droite et au coude droit, avec gonflement manifeste. Presque immédiatement éclata une endo-péricardite avec frottement, arythmie, pal- pitations, dyspnée violente, et la mort se pro- duisit au bout de quelques jours avec des phéno- mènes septicémiques. Le second cas avait trait à une dame d'une cinquantaine d'années que nous vîmes en consultation avec les Drs R... et M... La grippe, contractée dans l'Aude, avait laissé comme reliquat une céphalalgie très vive. Cette céphalalgie s'accentua encore à Toulouse et s'ac- compagna de douleurs articulaires dans lés genoux et les épaules. La malade présenta dés troubles cérébraux et succomba dans le coma.

Manifestations cutanées, trophiques et vasomotrices

L'érysipèle que nous plaçons un peu arbitrairement sous cette rubrique n'est pas une complication rare. Bonnemaison, de Toulouse, à propos d'une épidémie de pneumonie concomi- tante à la grippe (1874), constate, en dehors du caractère insolite de ces pneumonies, l'appari- tion, dans les salles d'hôpital, de l'érysipèle, de


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la fièvre puerpérale et de l'infection purulente. Lemoine parle aussi de l'existence de l'érysipèle pendant la convalescenco de la grippe, éruption précédée quelquefois par un gonflement de la région parotidienne. La broncho-pneumonie éry- sipélateuse, sous forme isolée, sans préexistence antérieure de l'érysipèle, a été assez fréquemment observée dans la grande épidémie de 1889-1890. Finkler, dans trois autopsies, a retrouvé les lé- sions caractéristiques de cette variété de bron- cho-pneumonie décrite par Strauss. Mosny a publié un cas de pneumonie de même nature sur- venue chez une personne ayant soigné un malade atteint d'érysipèîe, suite de grippe. Lemoine a cité les cas de deux soldats atteints de parotidite et d'érysipèîe.

Dans une observation de William B. Bennett, invoquée par Verneuil, un sujet de vingt et un ans, grippé, vit se former, autour d'une crevasse de là lèvre inférieure, un peu de rougeur et de gonfle- ment ; survint ensuite une inflammation érysipé- lateuse avec abcès qui s'étendit au côté droit de la face et de la gorge ; puis éclata bientôt une pneumonie avec formation de dépôts purulents dans le genou droit et la cuisse gauche. Le chi- rurgien anglais relate encore le cas d'un homme de quarante ans atteint de rétrécissement de l'urèthre qui, après une dilatation, fut pris dé grippe avec herpès labial ; celui-ci fut le point de


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départ d'un érysipôle qui envahit successivement les deux joues ; plus tard, des plaques doulou- reuses isolées se montrèrent aux genoux, aux épaules, au dos, annonçant probablement la for- mation d'abcès pyohémiques secondaires. L'ob- servation s'arrête là. ,

Nous avons parlé des éruptions cutanées, à propos de l'anatomie pathologique et de la description clinique de la grippe ordinaire; nous donnerons quelques détails complémentaires.

Bucquoy, dans une communication faite à l'Académie de Médecine (décembre 1889), fut très frappé, dit-il, de trouver dans l'infirmerie d'un grand lycée de Paris vingt-cinq enfants ma- lades, alors qu'il n'y en avait pas un seul la veille. Il n'existait pas de toux, mais un grand mal de tête, du brisement dans les membres inférieurs, principalement aux genoux. La figure était tantôt rouge, tantôt pâle, suivant qu'il existait ou non de la fièvre ; pas de phénomènes catarrhaux, mais les bords du voile du palais étaient sensiblement rouges, et, le lendemain, cette rougeur s'étendait à tout le voile. Presque toujours, cette coloration était l'indice de l'éruption cutanée ; les jeunes ma- lades présentaient, en effet, un rash des plus évi- dents des mains, ainsi qu'une éruption analogue au niveau de la poitrine. Cette éruption était tantôt scarlatiniforme, tantôt d'une rougeur moins vive, et quelquefois d'une teinte légèrement rosée. Bue-



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quoy, en présence de ces phénomènes, ne put se défendre d'établir un rapport étroit entre la grippe actuelle et la dengue modifiée par le climat.

Nous avons déjà cité l'étude de Leloir sur les pyodermites, les éruptions acnéiques, séborrhéi- ques, influenziques et para-inttuenziques, avec les accidents qui s'y rattachent. La furonculose et les éruptions ecthymateuses figurent dans cette énumération.

Deux confrères distingués de l'armée, les Drs Antony et Biscons, ont publié des observa- tions d'érytuèmes survenus pendant la conva- lescence de pneumonies grippales. A côté d'un cas d'érythème scarlatiniforme, apparu pendant la convalescence d'une pleuro-pneumonie, mais sans angine et avec une très légère desqua- mation cutanée, est décrit un cas d'érythème noueux. Il s'agissait de plaques surélevées d'un rouge violacé, larges de 1 à 3 centimètres, avec induration notable de la peau. Ces plaques étaient absolument localisées aux jambes et à la partie antéro-inférieure des cuisses. Le sang re- cueilli au niveau des plaques érythémateuses renfermait deux staphylocoques, le jaune et le blanc.

Nous avons donné des soins, en novembre 1906,

conjointement avec le Dr T..., à une jeune fille de quinze ans, très vigoureuse, sans tare hérédi- taire, qui fut prise, au moment où régnait la



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grippe, d'uno trachéo-bronchito avec fièvre et abattement, bientôt suivie d'une congestion pul- monaire paraissant localisée au sommet gauche. En mémo temps se montraient sur les jambes quatre ou cinq plaques d'une étendue variant entre celle d'une pièco de deux francs et celle d'une pièce de cinq francs. Ces plaques, légère- ment saillantes et d'un rouge foncé, n'étaient au- tres que des manifestations de l'érythème poly- morphe. Il existait concurremment des douleurs rhumatoïdes aux deux genoux ; les urines ne renfermaient pas d'albumine. On put songer un instant à une lésion pulmonaire d'origine bacil- laire ; mais les choses se passèrent pour le mieux, et cette congestion locale, qui est assez dans les habitudes de la grippe, comme nous le savons, disparut sans laisser la moindre trace. A l'époque en question, plusieurs médecins de la ville eurent à traiter des cas semblables.

Nous avons eu l'occasion de revoir tout récem- ment cette jeune fille (décembre 1907), c'est-à-dire un an environ après son infection. Nous avons été frappé de l'excellence de l'état général, et le mur- mure vésiculaire aux deux sommets était d'une pureté parfaite. C'est là un fait qui confirme, d'une façon très nette, l'opinion de Graves, de J. Teissier et de Huchard.

Lès éruptions cutanées, apparaissant au début de la grippe, ne sont pas rares, comme le témoi-


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gnent les observations de Comby, Barthélémy, déjà cité, Lèclerc, Ferréul, A. Petit, Faisans et Ferrand. Dés rash analogues à ceux des fièvres éruptives, des manifestations herpétiques, vési- culeuses ou ortiées, ont été observés en 1889-1890 par un grand nombre de médecins de l'armée.

Danlos a décrit des affections cutanées indéter- minées et singulières liées à la grippe. Il s'agis- sait de surfaces anfractueusos, exulcérées à la face dorsale des deux mains. La lésion initiale avait consisté en phlyctènes à sérosité louche^ Finalement, il se produisit une grande plaque ulcérée avec bourrelet phlycténoïde sur base légè- rement surélevée.

Nous avons déjà résumé, à propos de l'anatomie pathologique (page 132) un travail de Morel- Lavallée sur les troubles vaso-moteurs consécu- tifs à la grippe.

Forme sudorale

Le Dr Marquié a décrit une forme sudorale de cette affection et a établi cette variété sur sept observations. Il existait, au début, de la courba- ture, de la bronchite avec ou sans fièvre, des sueurs extrêmement abondantes sans localisa- tions spéciales et précédées d'une sorte de ther- mophobie. Ces sueurs, d'ailleurs sans fièvre, étaient suivies d'un sentiment particulier de bien- être. Les malades étaient très sensibles au froid et avaient une tendance- marquée au développe- ment du tissu adipeux, avec diminution des for-


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ces. L'auteur a constaté aussi, quelquefois, des sudamina, des palpitations cardiaques angois- santes, de l'inappétence, de la constipation et des urinés rares. Malgré des traitements divers, cet état persistait parfois pendant plusieurs mois, laissant comme reliquat une neurasthénie pro- longée. On percevait aisément entre les sueurs e.t le catarrhe bronchique une alternance singulière. Il y eut un décès avec symptômes de méningite tuberculeuse. L'atropine n'eut que de mauvais effets. La suette miliaire ne pouvait être en pause; cette dernière est de durée plus courte, présenté une éruption assez caractéristique et les sueurs ne produisent aucun soulagement [Journ. deMédi de Bordeaux, 1898).

Forme œdémateuse

Le Dr Le Clerc, de Saint-Lô, a consacré deux mémoires importants à la grippe œdémateuse; nous en détachons les points principaux. Le premier était basé sur dix-sept observations; le second comprend trente-deux observations nouvelles. L'auteur se croit en droit d'affirmer « qu'il peut y « avoir des cas d'infection grippale se traduisant <( uniquement par des oedèmes périphériques ». Ces cas d'oedème se sont manifestés sur de grands jeunes gens ou des enfants, l'âge variant entre quatorze et vingt-quatre ans. L'oedème a apparu soudainement, sans prodromes, dans vingt-huit cas. Il a toujours débuté par les membres infé- rieurs où il est resté cantonné. Il s'est étendu par-



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fois à la face, aux mains ou au tronc; il a toujours été dur, sans altération de couleur de la peau, sauf dans un cas où celle-ci avait une teinte vio- lacée; il avait son maximum le soir. Jamais d'al- bumine dans les urines ; troubles cardiaques consistant en tachycardie (neuf fois), en bruit de galop (une fois), en arythmie (une fois). À signaler, en outre, de la céphalalgie, parfois des douleurs aiguës dans la jambe gauche, suivant le trajet du nerf sciatique (une fois), des troubles digestifs (six fois), de l'herpès des lèvres (une fois), un ictère catarrhal, une grippe commune, une pha- ryngite aiguë, un cas de neurasthénie durant cinq mois. Ces oedèmes ont présenté une durée très courte, quelques jours à peine. L'auteur se refuse a à rejeter toute relation de cause à effet « entre la grippe et ce qu'il considère absolument « comme une expression tangible du poison grip- « pal, autrement dit l'oedème périphérique ». 11 trouve la preuve do cette relation dans une série de faits qui paraissent, en effet, probants et qui ont trait à des aliénés de l'asile de Pont-Labbé, chez qui le Dr Viol avait constaté des cas d'oedè- mes périphériques d'origine grippale (Dullet.Soc, méd.Hôpit.).

Le D* Schwarz a mentionné douze cas de fikre ganglionnaire chez des enfants entourés de per- sonnes grippées, Cette maladie pourrait être une forme ganglionnaire de la grippe.



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Le Dl Concetti, de Rome, a cité aussi des cas.de grippe ganglionnaire infantile (fièvre ganglion- naire de Pfeiffer). Tout comme les streptocoques^ les pneumocoques, les staphylocoques, les coli- bacilles, etc., le cocco-bacille pourrait déterminer, chez les enfants, des rhinites ou des pharyngites avec tuméfaction des ganglions cervicaux et ré- tro-maxillaires, parfois des ganglions médiasti- naux, mésentériques, axillaires, inguinaux, etc.

Fièvre ganglionnaire grippale

Nous avons communiqué au Congrès de Médecine interne, tenu à Toulouse en 1901, six observa- tions de fièvre ganglionnaire d'origine grippale chez des adultes. Nous reproduisons ici de petit travail.

Depuis les travaux de Pfeiffer, de A. Moussous, de J. Comby etdeGourichou (Thèse de Paris, 1895), il est admis que la fièvre ganglionnaire est rela- tivement fréquente, chez les enfants, à l'époque de la dentition. On la rencontré aussi, d'après Comby, à quatre, à six, à dix, à quatorze ans. On peut en- core, ajoute le môme auteur, la trouver tout à fait exceptionnellement chez l'adulte.

Nous avons observé pendant le mois d'avril 1900r à Toulouse, au moment où sévissait la grippe, uno petite épidémie de fièvre ganglionnaire chez un certain nombre d'adultes, en même temps que chez quelques enfants.

Tout récemment, les l)rs Czaykowski et Fiori ont publié quelques observations semblables, dont quelques-unes concernaient des adultes, ot


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lé premier de ces observateurs a attribué cet état infectieux au bacille de Pfeiffer. Tous ces cas paraissent avoir été Observés à l'état sporadique, tandis que ceux qui nous appartiennent ont eu une allure nettement épidémique. C'est là ce qui constitue peut-être le côté nouveau et l'intérêt de cette communication.

Observation 1

Cette première observation, comme on va en juger, était bien certainement de nature à sur- prendre et déconcerter le praticien.

Le 22 avril 1900, nous eûmes à examiner, en compagnie du Dr G.;., une jeune femme de vingt- quatre ans qui, cinq semaines après des couches normales, avait été prise de phénomènes gra- ves, consistant en une fièvre très vive (40°,6), de l'angoisse respiratoire, de l'excitation cérébrale, des sueurs profuses, tout cela paraissant avoir pour substratum une sorte d'adôno-phlegmon siégeant au niveau des ganglions cervicaux, le long du sterno-cléido-mastoldien gauche. Il existait, en effet, à ce niveau, une rougeur très vive, une tumé- faction marquée et une douleur d'une certaine in- tensité avec gène dans les mouvements du cou. Cette adénite avait été précédée, quelques jours auparavant» par une angine très bénigne dont on


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ne pouvait plus constater, en ce moment, aucune trace. Renseignement très important et môme assez extraordinaire : cinq membres de la même famille, a grénd'mère, la mère, deux nourrices et un enr fant de quatre ans, avaient présenté simuîtanémr^t des phénomènes identiques, quoique beaucoup moins accentués. Seulement, chez la jeune accou- chée, l'empâtement ganglionnaire s'était greffé sur un état autrement grave. En effet, l'analyse des urines décela l'existence de 16 grammes d'albu- mine. Le lendemain, le prétendu phlegmon avait disparu, mais la malade fut emportée en quelques heures par des phénomènes d'urémie convulsiye. Il est certain que, chez cette jeune femme, l'adéno- pathie cervicale éphémère avait constitué, malgré les apparences, un ôpiphénomône sans valeur. 11 s'était produit, en somme, une petite épidémie familiale de fièvre ganglionnaire, mais la nouvelle accouchée avait succombé à une néphrite infec- tieuse suraiguô. Nous ferons remarquer que, chez aucun malade de la maison, il n'avait existé d'érup- tion scarlatiniformeou rubéolique. Inutile d'ajouter qu'à aucun moment, on ne put croire à une épi- démie d'oreillons.


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Observation II

M. X..., quarante-six ans, peintre en bâtiments, avait travaillé la veille sur un échafaudage par un soleil très vif. Le lendemain, 25 avril 1900, cépha- lalgie intense, fièvre très vive, bronchite, endolo- rissement et tuméfaction de la chaîne ganglionnaire sterno-mastoïdi .ri.ie à droite. Pas d'angine ap- préciable. Prescription : 1 gramme de sulfate de quinine, potion pectorale. Le 27, atténuation du gonflement ganglionnaire, aggravation de la bron- chite grippale qui persista encore une dizaine de jours et fut suivie d'une convalescence pénible.

Vers cette époque, le Dr G... nous informa qu'il avait constaté dans deux autres familles cinq cas de fièvre ganglionnaire avec angine bénigne et fièvre légère, le tout de courte durée.

Observation III

Le Dr M..., professeur agrégé à la Faculté, a constaté dans le courant du mois d'avril 1900, chez un enfant de dix ans, une bronchite aiguC avec fièvre et tuméfaction des ganglions sus-cla- viculaires des deux côtés, sans rubéole. En raison de certains phénomènes douteux, il crut d'abord A l'avènement d'une tuberculisation pulmonaire,


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mais, heureusement, tous ces troubles s'amendè- rent rapidement sans laisser de traces.

Observation IV

M 11' de B..., quarante-deux ans, religieuse dans un couvent de la ville, éprouva dans les derniers jours du mois d'avril un léger mal de gorge avec fièvre, courbature, et constata elle-même un engor- gement ganglionnaire dans la région sous-maxil- laire à droite. Ces phénomènes disparurent en quelques jours, mais la convalescence fut pénible et aggrava singulièrement un état neurasthénique existant déjà depuis longtemps.

Observation V

(Due à l'obligeance de M. le Dr B..., médecin des Hôpitaux).

Marie B..., huit ans. Bonne santé habituelle; rougeole bénigne à six ans. En mars 1900, bron- chite aiguë" généralisée, précédée de courbature, de céphalalgie, d'anorexie, de coryza 5 fièvre lé- gèreté).

L'existence dans la maison et dans la famille de plusieurs cas de grippe fait penser à une bronchite grippale. Sa durée a été très courte : dix à douze jours.

Pendant la convalescence, apparition de gan-


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glions multiples aux aines et aux aisselles. Ces adônopathies ont persisté pendant un mois environ.

Observation VI

(Due encore au Dr B...).

Henri C..., onze ans et demi. Antécédents héré- ditaires : arthritisme et hérédo-arthritisme du côté paternel et du côté maternel. Pas de tuberculose. Antécédents personnels : scarlatine à cinq ans, rougeole à huit ans; depuis lors, bonne santé habi- tuelle.

Pendant l'hiver 1899-1900, bronchite aiguô per- sistante et tenace (un mois et demi environ) avec fièvre légère. En février 1900, apparition d'adéno- pathies multiples, sous-maxillaires, sus-claviculai- res et axillaires; ganglions petits et durs. S'agis- sait-il d'une micropolyadénite en train de se généraliser et d'une tuberculisation naissante > On a pu le craindre pendant quelques jours. Mais les choses se sont arrêtées là, et la bronchite a guéri sans laisser aucune trace suspecte du côté des som- mets. Les ganglions ont eux-mêmes progressive- ment diminué de volume et finalement disparu. Il s'agit là très certainement d'une fièvre ganglion- naire d'origine grippale.

En résumé, nous avons pu relever, en une pé- riode de temps relativement courte, dans la popu-



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lation de la ville, seize cas d'une maladie éphé- mère, bénigne même, si l'on veut bien se rappeler que la jeune femme en état de puerpéralité avait succomhé à une néphrite aiguë. Nous restons convaincu qu'une enquête prolongée aurait cer- tainement révélé l'existence d'un plus grand nom- bre de cas.

Nous devons dire pourtant que le Dr Heubner» cité par Comby, a rencontré, chez des enfants atteints de fièvre ganglionnaire, l'albuminurie, l'hématurie et la néphrite présentant le tableau de la néphrite scarlatineuse. Tous les petits mala- des ont d'ailleurs guéri. Nous avons cru devoir désigner cette légère affection épidémique sous le nom de fièvre ganglionnaire d'origine grippale, parce que, dans tous les cas, l'adénopathie est venue compliquer les troubles morbides caracté* ristiques de l'inlluenza. Nous devons faire remar- quer, en outre, que l'angine initiale a paru man- quer dans certains cas; il est probable que les malades, comme cela arrive souvent, ont omis de mentionner ce symptôme fugace ou même n'en ont pas eu conscience.

Dans la plupart des observations, la tumé- faction ganglionnaire a été sus-claviculaire et unilatérale. Les deux observations du l)r B... constituent, à vrai dire, une exception et sont remarquables par la multiplicité] des adénopa- Unes.


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D'après Comby, l'adénite suppuréc ne serait pas extrêmement rare dans cette affection. Chez notre première malade, nous avions cru tout d'abord à un adéno-phlegmon du cou.

La pathogénie de celte petite maladie est discu- table. S'agit-il de la pénétration directe du mi- crobe de Pfeiffer dans le tissu des ganglions? Faut-il invoquer, comme le croit Comby, une in- fection streplococcique bénigne, à porte d'entrée amygdalienne ? Ce sont là des points difficiles à élucider.

Nous tenons à faire remarquer, en terminant, que l'épidémie de grippe, dans notre région, dif- féra par certains côtés de celle de 1889-1890. Cette dernière fut fertile en complications variées et graves: les déterminations rénales, cardiaques et cérébrales y furent fréquentes; quant à la conta- gion, elle ne parut pas s'exercer d'une manière intense.

En 1901, les manifestations semblèrent se dé- rouler avec plus d'uniformité, se montrèrent rela- tivement bénignes avec une contagiosité des plus évidentes.

Complications oculaires

Les manifestai ions oculaires de la grippe sont, comme on pouvait lo supposer, plus ou moins fréquentes et variées suivant l'épidémie, et cela au même titre que dans la rougeole, la variole, la fièvre typhoïdo, l'érysi-


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pcîe, etc. Les troubles ayant cette origine sont provoqués tantôt par l'action locale de germes infectieux sur la conjonctive, tantôt par l'inter- médiaire de l'infection générale. Quelques mois après l'apparition de la grippe en France, le IV Nimier a tracé un tableau très net de ces af- fections oculaires, d'ailleurs relativement rares au cours de cette épidémie.

L'oedème palpébral a été très remarqué. Il est quelquefois, d'après le Dr Landolt, associé à la conjonctivite ; mais parfois il est strictement, localisé à ces voiles membraneux (oeil poché). Il s'agit d'un oedème mou, avec coloration rosée de la peau.

Les abcès des paupières constituent une compli- cation tardive, avec douleurs pulsatiles. La tu- méfaction de la paupière supérieure est parfois considérable. La coloration rouge sombre fait songer tout d'abord à un érysipèle. Le pus qui s'écoule à l'incision est d'une fétidité particu- lière. La guérison est la règle dans la quinzaine.

La conjonctivitey avec hyperhémie médiocre, n'est guère douloureuse. Comby, nous le rappe- lons, a cité cinq cas de conjonctivite catarrliale, quatre de conjonctivite pustuleuse et un de con- jonctivite hémorragique. Galezowski suppose que la rougeur de l'oeil est le résultat d'un état névro- pathtquc du nerf trijumeau. La conjonctivite bulbaire et palpébrale peut survenir dans la conva-



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lescence ; la sclérotique peut être légèrement en- tamée. La tuméfaction des follicules palpébraux fait percevoir un aspect velouté; il se produit parfois un écoulement muco-purulent. S'il sur- vient de Vépisclérite, celle-ci est partielle, tenace et douloureuse.

La kératite, infectieuse a été signalée par Dela- croix, à Reims, et s'est présentée avec une forme serpigineuse et rebelle, sans tendance manifeste à la production d'hypopyons ou d'ulcères perforants. 11 peut exister soit une petite tache jaunâtre, allongée près du limbe cornéen, soit une fine strie grise, abords un peu dentelés, s'avançant vers le centre de la membrane ; ce centre est parfois entouré de petits points blancs ; par la suite, il se produit une exulcération superficielle.

Pour Galezowski, c'est la kératite à forme her- pétique qui s'établit surtout dans la convales- cence de la grippe ; à la photophobie ne tarde pas à succéder une anesthésie complète. L'aspect de la cornée devient louche, trouble, et, en certains points, l'éclairage oblique révèle une ulcération superficielle triangulaire, avec extension de la périphérie au centre. Le tableau est complété par des névralgies péri-orbitaires vives, de la lièvre, des nausées, de l'anorexie et de la consti- pation,

Valude signale l'herpès cornéen et Hans Adler une kératocèle suivie de perforation. Le dernier



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observateur a Soigné un sujet, non syphilitique, qui, pendant une grippe, eut une «n'tts avecsyné- chies postérieures ; il signale, en outre, deux cas de glaucome. Dubigs de la Vigerie et Vigûes ont constaté, chez des grippés, des douleurs ocu- laires violentes rappelant celles du glaucome. Deux cas d'atrophie de la papille ont été cités par Bergmeister, et Koenigstein a relaté un cas de né- vrite rétrobulbaire.

Les troubles paralytiques des muscles des yeux ont été fréquents, notamment du côté des muscles accommodateurs (Gorecki, Valude, Bettremieux, Delacroix, Uhthoff, Bergmeister, Koenigstein). Le muscle droit supérieur, le muscle droit externe, dans quelques cas, ont été frappés dès le début même de la grippe (Von den Bergh). L'inflamma- tion de la capsule de Tenon explique, pour Bet- tremieux, la douleur rétro-oculaire si violente de la période d'invasion de la grippe. La capsule de Tenon peut suppurer et être même perforée (Fuchs).

Dans trente-deux observations, Badal a relevé, en 1890, des blèpharites, l'eczéma impétigineux des paupières et du nez, des orgelets, le phlegmon du sac, des kérato-conjonctivites éruptives (phlyc- ténulaire3, en bandelette), des kératites infectieu- ses (ulcéreuses, à hypopyon), des cas d'iritis aiguë ou d'irido-choroïdites, un cas de glaucome aigu, la paralysie du droit supérieur, ou du droit ex-



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terno, un cas d'amblyopie sans lésions ophtal- moscopiques. Chez trois malades, Galezowski a vu la rétinite hémorragique, avec ondartérito.

Dianoux, de Nantes, lors d'une violente épidé- mie d'intluenza en 1897, n'a compté que sept fois des lésions oculaires, parmi lesquelles un cas de rétinite septique hémorragique Lefrançais, de Cherbourg, en 1899, a cité un cas de phlegmon de l'orbite, à pneumocoques, chez un enfant, au cours de Ja grippe.

Panas a noté des catarrhes conjonctivaux, des blépharites, des lésions lacrymales, l'herpès do la cornée, des kératites en sillons étoiles. Dans une observation, il existait une ulcération centrale de la cornée, avec large infiltration survenue, assez rapidement, l'oeil malade possédant déjà un ptérygion; les ptérygions sont toujours de grands accumulateurs de microbes.

Dans une autre observation du même Profes- seur, citée par le Journal des Praticiens, un phleg- mon de l'oeil apparut en pleine influenza ; il exis- tait un énorme gonflement des paupières, avec immobilisation de l'oeil dans l'orbite, chémosis, douleurs; en résumé, panophtalmie chez un sujet dont les yeux étaient déjà atteints de granulations palpébrales.

Dans le cas suivant, toujours de Panas, une rétino-hyalite de tout un oeil se développa chez un grippé atteint d'une petite plaie du pouce avec



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lymphangite grave, abcès sous-cutané de l'avant- bras et ganglions sous-claviculaires. Lo pus des abcès contonait des streptocoques.

Divers auteurs ont signalé des iritis et des irido- cyclites, des névrites optiques. Parmi ces derniè- res, les unes avaient l'aspect classique do la névro-rétinite, à l'ophtalmoscope ; les autres ne présentaient pas de lésions ophtalmoscopiqùes, mais il existait un scotome central avec les trou- bles fonctionnels des névrites dites rétro-bulbai- res, tout à fait analogues aux névrites des intoxi- cations chimiques.

On a noté aussi des dacryodénites, do:> abcès palpébraux métastatiques.

Citons encore l'amaurose passagère, la throm- bose de l'artère centrale de la rétine (A. Froenkel), l'atrophie tardive du nerf optique (Snell, M. Gunn, Mac-Hardy), la cécité sans lésion apparente à l'ophtalmoscope (Cross).

Gillet de Grandmont a noté des douleurs dans le domaine de la cinquième paire; on eût dit une migraine ophtalmique; le patient éprouvait, en outre, de vives douleurs dans les muscles du globe oculaire.

Dans la seconde période de la grippe, celle, des accidents congestifs, d'après le même auteur, il existait des phosphènes lumineux et scintil- lants, tantôt des zigzags lumineux et sans cesse vibrant devant l'oeil, tantôt des poussières lumi-



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neuses en perpétuelle oscillation, tous phénomè- nes propres aux troubles circulatoires de la rétine. Gos troubles, en s'accentuant, déterminaient la production d'hyalitis avec corps flottants, des hémorragies miliaires rétiniennes ou choroï- diennes.

Gillet de Grandmont a vu aussi des affections à répétition de la cornée ou de l'iris reprendre une acuité imprévue dans le cours do la grippe ; des sujets hypermétropes perdaient tout à coup la vision du fait de la faiblesse de leurs muscles accommodateurs ; d'autres, à l'Age do la pres- bytie, éprouvaient subitement le besoin de verres divergents.


Complications auriculaires

Il semble bien que les diverses otites, si fréquemment obsor- vées dans la pratique de tous les jours, aient une étiologie un peu banale, et qu'à ce point do vue, la grippe nostras ou endémique ait à peu près la même importance que l'influenza. C'est pour- quoi, avec le Dr A. Courtade, nous pensons' qu'il faut faire d'absolues réserves en ce qui concerne le diagnostic d'otite grippale. Tout ce qu'on peut dire, croyons-nous, c'est que, à l'époque des épi- démies de grippe infectieuse, les complications auriculaires ont une fréquence et peut-être une gravité plus grandes. Mais existe-t-il quelques caractères spéciaux, quelques signes insolites,



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quolques nuances séparant cos deux ordres do manifestations, soit dans la grippe nostras, soit dans l'influenza? Cela n'est pas aussi prouvé peut-être que pour les manifestations oculaires. Pourtant, la fréquence des otites grippales pa- rait rationnelle quand on songe que les microbes, habitant normalement la cavité buccale, le pha- rynx ot les fosses nasales, voient leur virulence fortement accrue par le fait de l'épidémie. L'in- tensité de la toux fait comprendre aussi la faci- lité avec laquelle le cocco-bacille ou d'autres mi- cro-organismes peuvent pénétrer dans la trompe d'Eustache. Existe-t-il dans les allures do ces otites quelques caractères particuliers qui puis- sent permettre de les rattacher à l'influenza? Il semble bien, en examinant de près les observa- tions des auteurs que nous allons citer, leur variété et la vivacité des symptômes, qu'il s'agit do complications relevant d'une maladie géné- rale infectant tout particulièrement les premières voies respiratoires. C'est ce qui parait notamment ressortir de l'étude importante consacrée aux otites grippales parle Professeur Moure, do Bor- deaux. Le travail do l'ôminent spécialiste, publié eii 1905 dans la Semaine médicale, est on ne peut plus suggestif à cet égard. Nous glisserons sur les formes légères, telles que la furonculose et l'otalgio qui se caractérisent par l'intensité des douleurs. La myringite hyperhémique n'oflre rien


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de spécial. En revanche, l'air, fortement conta- miné, transforme rapidement en pus l'exsudat do l'otite moyenne,

Dans les formes moyennes donnant lieu à un liquide purulent d'une grande abondance, les irradiations douloureuses se font sentir parfois jusqu'aux épaules. La durée extraordinaire de la suppuration, après la perforation du tympan, nous parait, comme à Moure, un signe d'une grande valeur. C'est ce que nous avons pu cons- tater nous-méme chez un homme d'une cinquan- taine d'années dont nous avons déjà parlé, qui, après une attaque d'influenza, en 1895, à Tou- louse, éprouva pendant près d'un mois une cépha- lalgie violente et un écoulement purulent de l'oreille droite, d'une duréo de deux mois. Si l'apophyse mastoïde est envahie, les douleurs avec irradiations constituent le symptôme majeur, sans parler de l'apparition tardive d'une ostéo-périos- tite très apparente à l'extérieur. Daus ces condi- tions, la suppuration peut fuser dans le crâne.

Dans les formes graves, toujours d'après le même auteur, l'infection, gagnant le labyrinthe provo- que des vertiges, des bourdonnements et des vo- missements. Dans certains cas, l'envahissement du rocher tout entier donne lieu à la panotite; alors l'analogie avec l'ostéomyélite aiguë est frap- pante et la mort a lieu par pyohémie ou par lep- toméningite infectieuse diffuse.



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En résumé, ces complications auriculaires se feraient remarquer par l'intensité des douleurs, la propagation rapide de l'inflammation puru- lente et la gravité du pronostic.

Le Dr A. Courtade [Journal des Praticiens, 1893) a cité des cas fort intéressants d'otites grippales; chez un enfant de quatre ans, par exemple, atteint de coryza, de toux fréquente, etc., écla- tent tout à coup des douleurs vives dans l'oreille droite. A l'examen du tympan, la membrane est rouge, mais elle n'est ni dépolie, ni projetée en dehors; un traitement approprié a raison de tous ces symptômes en vingt-quatre heures. Autre exemple : Un homme de trente ans, déjà atteint d'une otorrhée à gauche, éprouve brusquement des douleurs violentes dans l'oreille droite, avec irradiations vers la pointe de l'apophyse mas- toïde et le creux rétro-maxillaire ; la surdité est prononcée. A l'examen, le tympan droit est très injecté ; il existe une voussure vers le segment inférieur avec triangle lumineux brisé, aspect terne ; bref, otito catarrhale aiguë ; la guérison se fait sans paracentèse. Chez une femme de trente ans, une suppuration des deux oreilles guérit en quelques jours avec retour de l'ouïo.

Quelquefois, par suite de soins insuffisants, l'apophyse mastoïde s'enflamme; suivant l'âge et le génie épidémique de la maladie, les complica- tions auriculaires sont fréquentes ou rares; U


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faut toujours y penser pour éviter des sur- prises.

Courtade signale notamment, parmi ces mani- festations grippales, l'apparition de phlyctônes hémorragiques sur le tympan, avec douleurs au- riculaires, céphalalgie, vertige, surdité. En ré- sumé, on peut assister à tous les degrés d'inflam- mation possible. Il faut avoir, dit Courtade, l'attention fortement "attirée sur l'oreille moyenne pour éviter les mastoïdites.

Nous ne saurions passer sous silence les recher- ches des Drs Aristide Malherbe et Albert Bayce sur les complications rhino-pharyngées et auricu- laires de la grippe, Leur travail publié dans le Bulletin médical est surtout remarquable par cer- taines considérations histologiques originales concernant la structure des amygdales et des fos- ses nasales. Il existe, en effet, dans ces organes, un grand nombre de follicules clos ou corpuscules lymphoïdes, groupés en amas au niveau des amygdales, ou disséminés dans l'épaisseur de la muqueuse. Ceux-ci fournissent en abondance des leucocytes pkagocytairex. S'il s'agit d'une infection d'origine nasale, ce qui frappera ce sera surtout une hypertrophie de l'amygdale nasale, de l'amyg- dale de Luschka et des corpuscules erratiques du pharynx ; c'est la conséquence d'une réaction des amygdales palatines. pnaura, suivant les circons- tances, le tableau, morbide d'une rhinite hyper-


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trophique, d'un catarrhe pharyngé postérieur, d'une angine. Si l'inflammation dépasso le pre- mier degré,'on verra naître le catarrhe pharyngé postérieur. S'il s'agit d'une hypertrophie crois- sante de l'amygdale do Luschka, ainsi quo des follicules clos péritubaires et intra-tubaires, c'est l'apparition de l'occlusion de la trompe d'Eusta- che; la sécrétion de la muqueuse tympaniquo s'accumule alors dans la caisse.

Comme la rhinite, la pharyngite peut entraîner des troubles du rhinopharynx et de l'oreille moyenne ; celle-ci est alors envahie par une infec- tion ascendante.

D'après ces deux auteurs, le caractère le plus important des otites grippales, au point de vue pathogônique, c'est l'absence du cocço-bacillo dans le pus ou dans les phlyctônes sur le parcours du conduit externe. Ces rhino-pharyngiles et ces otites, indépendamment de l'infection spécifique par le bacille de Pf eifler, sont tributaires des infec- tions secondaires, par suite do l'insuffisance de la phagocytose.



Voir aussi