La grippe ou influenza (1908) André/Complications/Système nerveux
Grippe et maladies du système nerveux (complications)
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Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.
Sommaire
Grippe et maladies du système nerveux (complications)
Il est avéré que les épidémies de grippe ayant sévi à diverses époques ont, à des degrés divers, provoqué des manifestations nerveuses très variées, Aussi, les documents qui existent sur ce sujet sont nombreux et réellement intéres- sants, Nous n'avons à relever ici que les détermi- nations insolites, les autres ayantôtô énumérées précédemment; Ce sont ces troubles qui, en l'absence de fièvre catarrhàle, ont pu. être quel- quefois méconnus et ont fait songer .assez fré- quemment à la dengue.
Le I)r J. Marty a publié dans les Archives générales de/Médecine (novembre 1898) un très important travail sur les accidents cérébro-spinaux de la grippo. L'auteur résume d'abord de façon très intéressantel'historiquo de cette question. Il rap- pelle qu'en 1580, Henisch; (Saxe), Sennert (Rome), notèrent des phénomènes nerveux inquiétants. Do
1718 à 1729, Camerarius et Beccaria décrivent des grippesàforme cérébrale, le premier enThuringe, le second à* Bologne. Ozanam rapporte des cas de même ordre observés, en 1765 en Allemagne, en 1800 à Lyon, en 1802 à Milan. En 1837, Nonat signale un fait de pseudo-méningite, Petrequin enregistre divers cas de folie avec suicides. Brionne (Thèse Paris, 1890) cite un cas de névraN gie du phrénique, une méningite de la basé sui- vie de mort, un cas à début apoplectiiorme, un cas de paraplégie.
Henry (Revue de la Suisse romande) relate le cas d'un employé de chemin He fer qui s'af- faissa subitement à la gare et dormit dix-huit heures consécutives, sans suites sérieuses au réveil. Fiessinger, cité dans le même travail, étudie les phénomènes spiné-méningôs. teyden {Soc. méd. int., Berlin) signale diverses formés nerveuses avec céphalée intéiise, raideur de là nUque, délire, et parfois coma mbrteb Kejsch et Antôrty (Arçh. de Méd. milit,, t.: Xyiïl) notéitt quelques décès occasionnés par des méningites où des congestions àpopléctifôrmès; survendes d'enlblée après l'attaque grippale.; Tra^sipUr ref late cinq observations'de grippés à forme hèr-, yeuse terminées par la guérison, Utte; grimpe à' forme cérébrale suivie dé niort, -un-cas avéé phénomènes d'aliénation mentale et inégalité Rupiliaire terminée par la guértèon, enfin, un
cas avec aphasie temporaire, délire et abatte- ment extrême. Loroyer et Gallois (Bullct. méd.} publiont une observation do myélite aiguô grip- pale. Dans un fait de Paviot (Vullet. méd., 1895), on constata avec étonnement l'absence de lé- sions à l'autopsie, Michel Lévy avait déjà relevé, à une certaine époque, la coïncidence des épidé- mies do grippe et de méningite cérébro-spinale. Les quelques cas de méningite cérébro-spinale observés à Rochefort pendant quinze années sur- vinrent tous pendant la seule année où la grippe a régné dans cette ville. Le Dr Degrooie (Thèse Lille) cite dé nouvelles observations de sclérose en plaques survenues après la grippe.
Après cette étude historique, que nous tenions à résumer, le Dr J. Marty cite ses .'observations personnelles, très importantes et très intéressan- tes; Il s'agit d'un cas de grippe avec trismus, de plusieurs cas de pseudo-méningite, d'une ménin- gite à prédominance spinale et de trois cas de méningite grippale avec mort. A relever, au point de vue clinique, l'irrégularité et la variabilité des phénomènes cutanés (hypéresthésie, hypoes- thésie), dos névralgies occipitales et abdomi- nales, etc.
Le travail de J. Marty, tant au point de vue des recherches historiques que des observations per- sonnelles, présente un grand intôrôt.
Paul Blocq (Gaz. hébd. de Méd. et de C7«r„ 1890)
fait remarquer que la grippe nerveuse a été sur- tout fréquente chez les intellectuels, notamment dans les lycées, dans les écoles du Gouvernement, tout en se montrant très rare dans la population ouvrière. C'est chez les enfants qu'on a observé, nous l'avons déjà vu, des phénomènes de ménin- gisme. Dans certains cas, les douleurs, chez les adultes, prédominant au niveau de l'articulation coxo-vertébrale, avec irradiations dans le terri- toire du nerf sciatique, la confusion avec la den- gue était presque inévitable. En général, les àflec- ' lions nerveuses qui ont surgi sous l'action des toxines grippales ont consisté en névroses telles que la neurasthénie, l'hystérie et les maladies mentales. C'est à titre d'agent provocateur que la grippe a mis en évidence diverses nôvropathies chez des prédisposés. C'est ainsi que chez des arthritiques à hérédité nerveuse plus ou moins chargée, elle suscite fréquemment de,la faiblesse générale, de l'inaptitude au travail, des vertiges, de la céphalée en casque, de l'atonie stomacale, de la parésie, dès membres inférieurs, en un mot, des signes formels de neurasthénie. Dans des! cas plus accentués, l'insomniecst robello, l'anxiété, l'angoisse prédominent et l'abattement est poussé à l'extrême. En 1890, d'après P. Blocq, quelques* cas de chorée, des névralgies faciales, cervicales et sciatiques, des paralysies faciales ont pu être rationnellement imputées à la grippe. P. Blocq a
observé, en outre, des états nerveux provoqués exclusivement parla peur de l'épidémie, C'est par une sorte d'auto-suggestion que le tableau de la forme nerveuse de l'influenza a pu ôtre réalisé sans augmentation de la température.
On trouve des renseignements intéressants, au sujet de Vhystérie post-grippale, dans la thèse de Le Joubioux (Paris, 1890). Chez un soldat ob- servé par Grasset et rapporté dans ce travail, il se produisit brusquement des troubles de la vue, une chute avec perte de connaissance, de là con- tracture douloureuse des membres, de Panes- thésiè, de l'analgésie et un tic palpébral, Huchard, cité dans la môme thèse, a observé aussi, avec son ancien interne Marigny, une grippe compli- quée d'accidents hystériques se montrant pour la première fois. Séglasacitédeux cas analogues. Dans une observation de J. Voisin, il exista de là céphalalgie avec hémiparésie' et hémianesthésie sensitivo-sehsorieîlé. Iî.' Rambaud a vu un cas de somnambulisme, Le Joubioux publie une obser- vation personnelle d'automatisme ambulatoire
- avèc mélancolie, C'est à l'asthénie post-grippalè,
à l'altération prôfondo de la nutrition, et, Vrai- semblablement, à une action élective des toxines grippales sur le centre cérébro-spinal, qu'il faut attribuer l'explosion de la névrose. C'est là la théorie de Le Joubioux et nous l'admettons sans difficulté.
R. Gomez, chez un enfant de sept ans, a vu des contractures et des douleurs musculaires généra- lisées; les muscles faisaiont saillie sous la peau des membres inférieurs, du thorax et de l'abdo- men. La raideur de la nuque, l'opisthotdnos, le trismus, le rictus sardonique, l'exagération des réflexes rotuliens, enfin l'hyperexcitabilitô élec- trique complétaient lo tableau de cette tétanie grippale. La guérison fut obtenue en cinq semai- nes par les lavages du sang.
G. Minciotti a guéri par l'électricité, en six se- maines, un cas de diplégie faciale provoquée par l'influenza.
Stonkovenkoflcite le fait d'une femme âgée qui éprouva des accès vertigineux à la suite d'une perturbation morale consécutive à la grippe. Il existait des bourdonnements, du bruit dans la tête, des secousses dans les bras et les jambes, du Cheyne-Stokes,des nausées, des vomissements, le tout avec conservation très nette de la cons- cience. Un soulagement réel se produisit par l'ap-; pliôatibn de compresses froides et par l'admihis-y tration de la valériane. S'agissait-il d'hystérie ?; Étàit:ce du vertige de Môniôre? Ces deux hypothèC; ses péuventétre misés en avant, ;/■" , ;
Boori (Riforma rhedica) à vu, chez,une fi)|ettéd!ê" onze ans, des accès épileptiformes^engendrés par, la grippe. On connaît l'Opinion do P. ilario sur l'étiologio infectieuse de l'ôpilepsîo. Bitck: et MôoV
ont constaté des tremblements dans un cas de forme nerveuse de l'influenza; le tremblement prédo- minait dans le bras droit, avec un rythme moyen do cinq à six secousses par seconde. L'agitation faisait défaut pendant le sommeil et s'exagérait par les fatigues ot les émotions ; pas d'atrophio musculaire, pas de réaction do dégénérescence; pas de symptômes oculo-pupillaires. Il s'agissait vraisemblablement d'une manifestation hystéri- que. La guérison fut obtenue par le chlorhydrate de spermine.
Vers la fin de l'épidémie de 1889-1890, on aurait observé, dans la province de Mantoue, des cas .extraordinaires de léthargie prolongée se termi- nant quelquefois par la mort. R, Longuet a con- sacré à l'étude de ce syndrome un article des plus intéressants dans \aSemainemédicale (juillet 1892). Nous le résumons très succinctement. Cette affec- tion, à laquelle on donna le nom de nona, fut considérée, d'après des rapports administratifs, comme absolument légendaire. Pourtant, vers la même époque, des faits similaires furent observés en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en Dane- mark, en Angleterre et en Amérique, par divers médecins (Traujen, Muller,Hammerschlag, Pries- ter, Hallager, Barrett, Frome Young, etc.). Dans toutes ces observations, il s'agissait d'un sommeil profond, d'une léthargie, survenant longtemps après la convalescence d'une attaqUe d'influenza
et persistant souvent plusieurs jours. Des compli- cations analogues s'étaient produites dans plu- sieurs épidémies anciennes, notamment dans celle de Tubingue en 1718 et de Lyon en 1800. A relever parmi les symptômes de la nona de 1890, en même temps que le coma, la raideur de là nu- que, du trismus, de la dilatation ou de l'inégalité pupillaire, la constipation, quelquefois de l'am- nésie après la guérison. Longuet parle de cas frustes.
Cet état léthargique post-grippal pouvait être confondu avec la narcolepsie, s'observant parfois chez les obèses, les névropathes, lès cardia- 1 ques, etc. ; avec le sommeil hystérique, le ver- tige paralysant de Gerlier et avec la maladie du sommeil des nègres.
Mauthner, de Vienne, en 1890, plaçait là nona dans la substance grise ventriculàire, Gillet de Grandmont émit l'hypothèse d'une ophtalmo- plégie externe, à propos d'une mala,dè chez; laquelle il avait constaté la chute des paupières et l'immobilité des globes oculaires. Oh a pu se demander s'il ne s'agissait pas de méningite cé- rébro-spinale ou d'urémie grippale. En réalité, là pathogônie de cette maladie, aujourd'hui disparue et presque légendaire, est inconnue, ert raison de l'absence d'autopsies (R, LongueVSeroctwe médi- cale, 9 juillet 1892).
L'épidémie do 1889-189Qa été remàriquablé par
la variété et l'intensité des déterminations névro- pathiquesi II n'est pas de praticien qui n'ait observé, à cette époque, l'atteinte profonde pro- voquée jiar la grippe dans le système nerveux, et nous avons déjà insisté sur cette question. Depuis lors, nous n'avons plus rencontré, clans des constitutions saisonnières, sans conteste grip- pales, cet ébranlement profond, cette prostration extraordinaire, ces singulières douleurs névral- giques, ces états neurasthéniques stupéfiants, ces. troubles cérébraux violents qui, à cette époque* étaient de pratique courante.
On peut relever dans diverses observations des troubles insolites consistant en contractures, té- tanie, douleurs épigastriques Intenses, névralgies du plexus cardiaque, manifestations hystérifor- mes, etc. Dans des cas assez nombreux, on signale une véritable sldération du système nerveux,
Psychoses grippales
La tendance manifeste de la grippe à porter son action sur le myélencé- phale explique le grand nombre d'aflections men- tales qui se développent sous son influence.
Nous avons déjà parlé du délire fébrile simple apparaissant au moment de la fièvre, disparais- sant après elle et qui peut revêtir, comme dans.le. cas de Joffroy, l'intensité de l'agitation maniaque. Séglas, G. Ballet, Kroepelln, Malret, etc., Ont rencontré, après la période fébrile, des états do
dépression mélancolique. J. Voisin a cité des cas de confusion mentale, de vagues systématisa- tions délirantes. Le plus souvent, la toxine grip- pale ne ïait qu'éveiller une prédisposition latente, comme cela a lieu pour certains cas de mélan- colie ou de délires systématisés.
Camia a observé deux fois une psychose consé- cutive à l'influenza. Il s'agissait de deux femmes exemptes d'hérédité et qui succombèrent après avoir présenté des symptômes de. confusion men- tale. Il existait des lésions cnrohiatolytlques de l'écorce.
D'après H. Fclir, qui a observé en Danemark cinquante-quatre cas d'aliénation mentale caUsés par la grippe, les individus, en raison de la qua- lité particulière de la toxine et des points fai- bles résidant en eux, ne contractent pas telle où telle maladie mentale, mais celle à laquelle lour organisme se trouve lo plus prédisposé, Le Doc- teur Toulouse admet que la confusion mentale post-grippale revêt trois formes : l'état démentiel, la stupeur, l'agitation avec hallucinations.
J, Séglas a eu l'occasion d'observer, à la suite d'une grippe munie légère, des troubles intellec- tuels très nets de nature dépressive. Dans les cas les plus simples, il existait de la paresse des fa- cultés Intellectuelles, de la mémoire, de l'attention et surtout de la volonté. La durée fût toujours assez courte. Chez une dame, après une grippo
des plus bénignes, Séglas constata un accès de délire mélancolique avec anxiété, idées de ruine et craintes de mort, Chez un malade atteint d'obsessions avec conscience, la grippe suscita un abcès de folie du doute. Certains obsédés ont vu leur psychose s'exagérer considérablement par lo fait do l'infection ôpidêmiquo. G. Ballet a cité le cas d'une jeune fille qui, pendant l'épidémie de 1890, fut prise d'un accès de délire mélancoli- que très accusé.
Ë. Régis (Précis de Psychiatrie, 3<> édit.) étudie dans la grippe les psychoses do la période fébrile Ou psychoses per-grippalcs et les psychoses do la convalescence ou psychoses post-grippales, Il peut exister, d'après Klru cité dans ce remarquable ouvrage, des délires fébriles ou psychoses tran- sitoires aiguës avec hallucinations, cris, parfois symptômes de méningite ou des psychoses pro- prement dites ayee agitation ou dépression, idées mélancoliques, idées de grandeur ressemblant parfois au délire alcoolique, et se terminant d'or- dinaire favorablement. D'après Régis, ce qu'il importo surtout d'indiquer, c'est que les psy- choses grippales de la période fébrile se tradui- sent par do la confusion mentale, en particulier, par du délire hallucinatoire aigu ou du délire aigu* Ce délire grippal se termine rarement par la mort,
Les psychoses de la convalescence ou post-infee-
lieuses sont divisées par Kroepelin, cité par Régis, en délire de collapsus, démence ou délire hal- lucinatoire, avec stupeur^ délire asthénique et dé- mence aiguë ou stupidité. Il s'agirait là4 en somme, , de certaines variétés de confusion mentale. L'ômi- nent Professeur de Bordeaux insiste, lui aussi, sur la ténacité de cette asthénie physique et mentale de la grippo résultant de la dénutrition et do l'épuisement de l'organisme. 11 fait une place à part à la paralysie générale. Souvent, rien ne manque au tableau clinique, mais les symp- tômes peuvent varier d'un jour à l'autre et, fort heureusement, au bout do quelques semaines, ces troubles, si graves en apparence, se dissipent complètement. Il ne s'agirait donc pas d'une ■ pseudo-paralysie générale, mais d'une forme ré- gressive ou.temporaire.
Les lésions anatomhiucsde ces psychoses, étu- diées par Pierrot et Camia et résumées par Régis, sont celles des méningo-encéphalites aiguës dif- fuses d'origine infectieuse. 11 s*aglt do stase glo- bulaire dans les vaisseaux, do dlapédèse avec accumulation de globules blancs dans les gaines, d'émigrations lointaines dé globules blancs dans tous les espaces disponibles; ils se réunissent, pleins de vitalité, autour des cellules nerveuses les plus altérées. Ces cellules elles-mêmes présen- tent un proloplasma trop clair et un noyau dé- formé plus ou moins excentrique. Pierrot a cru
distinguer des bacilles très petits dans le voisi- nage de quelques cellules nerveuses.,
Les 'polynévrites grippales ont été étudiées par un certain nombre d'auteurs, notamment par Raymond, «L teissier, Diemer, R. Cestan et Bar* donneixb Ces deux derniers, à propos de trois observations personnelles, ont publié sur cette question une vue d'ensemble très intéressante (Gfaut invoquer dans l'apparition de ces localisà; tions nerveuses. En général^ la polynévrite post- grippale est une complication tardive. Dans un cas dé Breton, il s'écoula trois mois ayant que les nerfs périphériques fussent définitivement frappés. La face est rarement prise, et ce sont surtout les fonctions motrices qui sont altérées. Les troublés de la sensibilité sont pourtant cons- tants, mais faibles, et cèdent le pas à l'asthénie. On constate les troubles trophiques habituels, notamment l'amyotrophie ; les sphincters, sui- vant la règle, sont respectés. Dans les trois cas de Cestan et Berdonneix, la polynévrite tardive pré- senta les caractères suivants : irrégularité do la marche, prédilection pour les extrémités des membres et pour les muscles interosseux, ad- jonction de phénomènes ataxlques aux troubles paralytiques; il existait peu de troubles de la sensibilité ; c'était surtout la paralysie motrice qui dominait.
Dans Un cas deWeil et Regaud, de Lyon, où la grippe fut de moyenne intensité, tous les symptô- mes d'une polynévrite évoluèrent en moins d'un mois et emportèrent le malade* A l'autopsie, les lésions dès nerfs étaient extrêmement accusées et exactement superposables $ la distribution des symptômes. Les lésions portaient sUr la myéline et le cylindre-axe. La moelle était saine; les cul- tures du sang furent négatives. Nous avons déjà relaté une autopsie de môme nature résumée dans la thèse de Diemer.
Leyden a observé deux cas de névrite et de pai. ralysie ascendante aiguë à la suite do l'influenza. Le premier consistait en une névrite périphéri- que avec tous les signes classiques. : Dans le deuxième, le malade avait été emporté par lo syndrome de Landry et, à l'autopsie, on trouva un gonflement des cylindres-axes de la moelle, ainsi qu'une tuméfaction avec aspect arrondi des cel- lules ganglionnaires. Pour Leyden, la paralysie ascendante aiguë présenterait deux formes ana- tomiques : 1° une lésion des nerfs périphériques (polynévrite); 2» une lésion bulbaire avec propa- gation, soit par en haut, soit par en bas.
D'après Diemer, la symptomatologle a quelque chose de spécial ; il s'agit surtout de troubles mo- teurs consistant en paralysies de siège très varia- ble. Les quatre membres peuvent être atteints, mais le plus souvent la paralysie envahit les mem-
bres inférieurs ou les membres supérieurs, avec prédominance d'un côté, C'est surtout'le pneumo- gastrique qui est affecté, et c'est ainsi qu'on s'ex- plique la fréquence et la gravité des troubles cardio-pulmonaires. On a observé des paralysies du nerf moteur oculaire commun, du moteur oculaire externe, du nerf optique. En général, la paralysie est surtout accentuée aux extrémités des membres. Nous n'insisterons pas sur la réac- tion de dégénérescence qui, bien entendu, est un signo constant.
Le Professeur Raymond a insisté sur l'irrégu- larité de la marche de ces polynévrites, certaines paralysies disparaissant rapidement, tandis que d'autres sont d'une ténacité désespérante. Aux troubles paralytiques s'adjoignent fréquemment des phénomènes ataxlques, La flaccidité est la règle, et les troubles de la sensibilité sont peu accusés (fourmillements, sensations de froid). Signalons encore le peu do gravité des troubles trophiques et vaso-moteurs ; l'atrophie n'est jamais très accusée et ne survient que lorsque là paralysie a cessé de s'accroître. Grasset a re- levé l'apparition des escarres fessières, Huchard des éruptions de zona et Bidon des crises sudo- raies. Les réflexes cutanés sont affaiblis et les ré- flexes tendineux abolis dans la plupart des cas. Les sphincters sont le plus souvent intacts.
Dans un Important travail que nous résumons
(Congrès de Médecine do Bordeaux, 1895), le Pro- fesseur Mossé a étudié la myélite et la polynévrite grippales. L'auteur rappelle très justement com- bien il est difficile d'établir, au lit du malade, lo diagnostic diflérentiel entre les polynévrites et certains syndromes myélopathiques. Dans le pre- mier cas, il s'agissait d'une polynévrite des mem- bres inférieurs; dans le second, d'accidents de mêningo-myélite, à début bulbo-spinal ; dans le troisième, d'une paralysie ascendante progres- sive à type mixte polynévritique et spinal ayant abouti à la paralysie générale spinale.
Dans l'observation I, l'impotence des membres inférieurs associée à un certain degré d'incoordi- nation et à quelques douleurs put faire songer un instant au tabès, mois les réflexes patellaires étaient conservés, et il n'existait ni signe de Rombcrg, ni signe d'Argyll-Robertson. L'évolu- tion de la maladie prouva qu'il s'agissait d'une polynévrite périphérique ayant pu simuler un nervo-tabes. 11 existait sur plusieurs points de la réaction de dégénérescence. La guérison se pro- duisit assez rapidement.
L'observation II concerne un homme de qua- rante-neuf ans atteint d'une grippe à allures graves, chez qui se produisit d'abord de la rai- deur do la nuque, puis survinrent des crampes dans les jambes et des douleurs spontanées dans les membres inférieurs ; plus tard, météorisme*
parôsio vésjcale, paralysie des membres infé- rieurs sans contractures,, avec conservation des réflexes pafelïaires.' Après des péripéties diverses, ^malade obtint uneguérisoncomplèto à Lamalou. L'observation III a trait à une dame de trente- d( AX ans, rhumatisante et quelque peu hystéri- qUInUne attaque de grippe aiguë franche entraîna desf Jluleursdans les jambes, puis une impotenèe du h mbre inférieur gauche ; les phénomènes parai/ îques envahirent le membre inférieur, droit. I agressivement, apparurent de l'impuis- sance musculaire de la masse sacro-lombaire, de la difficulté de la miction et une constipation opiniâtre', un peu plus tard, successivement, parésio du membre supérieur gauche et du bras' droit; douleurs spontanées très vives, amyotro- phio des membres supérieurs, avec déformation en griffe de la main gaucho. Tous ces phéno- mènes s'accentuèrent en se compliquant de trou- bles sérieux de la sensibilité (paresthésie, anal- gésie incomplète, thermanesthésie, etc.). On put se demander tout d bord si l'hystérie n'était point le facteur priiif oal, mais un oxamen attentif démontra qu'il. agissait d'une paralysie ascendante, infectieuse, pist-grippale, paraissant susceptible de régression. Ln effet, l'amélioration sembla s'affirmer, mats, quelques semaines aptes, l'état s'aggrava pour s'amender de nouveau et lo pronostic dut être réservé.. En résumé, Pensemble
des symptômes rappelait la paralysie' générale spinale de puchenne.
Mossé*' après avoir présenté l'histoire très dé- taillée de ces trois cas -—et nous avons été obligé, à notre grand regret» de résumer très brièvement, ce remarquable exposé, -^ Mossô se demande quelle est la raison.prochaine de la production, de l'évolution et de la localisation do ces acci- dents. Sa conclusion principale, qui nous parait fort rationnelle, c'est qu'il est impossible d'éta- blir des séparations tranchées entre lès polyné- vrites et les myélites développées sous l'influence, des maladies infectieuses générales.
Le LV Jacobson a cité le cas curieux d'une jeune fille de vingt-trots ans atteinte déjà de giganto- phytlo congénitale et partielle (doigts en baguette de tambour) chez qui se produisit une polyné- vrite toxique, après une pneumonie grippale. On put assister alors à une accentuation do la ma- ladie. Il survint un affaiblissement croissant de la musculature et une difformité des mains pur: gigantisme ; les dernières phalanges étalent en forme de crosse et les ongles étaient, très recour- bés. Par suite de l'atrophie des muscles inter- osseux, la main était molle, comme cartilagi- neuse. Une difformité analogue existait aux pieds avec grossissement des genoux et de l'extrémité inférieure du tibia, Le bord alvéolaire de la mâchoire supérieure était épaissi et saillant ; le
menton était très fort; les lèvres, très volumi- neuses, étulonl débordantes; il existait enfin uno cyphose dorso-lombaire. Lo Dr Jacobson émit l'hypothèse d'uno pslëo-arthroputhio hyportro- phiante pneumique. A la giganlophylio partielle congénitale s'étaient associées des paralysies dues ft dos névrites périphériques, résultant de l'infec- tion grippale.
La grippe médullaire
Leyden,nous venons do le voir, avait déjà signalé la paralysie ascen- dante aiguë. Laverait a aussi observé la maladie do Landry dans un cas de pneumonie grippale; le malade, après une tillelnto progressive do lu moOlle ou bulbe, succomba avec des phénomè- nes asphyxiques. Dans un cas de Kiessinger, la myélite aiguë, rapidement envahissante et d'un pronostic sévère, passa à l'état chronique. Un ma- lade do Kerrëol, Agé do soixante-trois ans, sur- mené, nosomaue et morphinomane, présenta> nu moment de la convalescence, uno paraplégie «tut l'emporta en quelques jours, après avoir pris un caractère ascendant et être remontée au bulbe.
Pitres a publié une observation do paralysie nsthënlquo dtlluse post-grlppule, avec paralysie flasque des quatre membres, sans atrophie mus- culaire, sans modifications qualitatives des réactions électriques, sans troubles trophlques