Bémol

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Dans le Trésor de la langue française

BÉMOL, subst. masc. MUS. Signe d'altération placé devant une note pour l'abaisser d'un demi-ton, ou à la clef pour déterminer la tonalité d'un morceau :

    Ce qu'elle a trouvé de difficile, c'est un exercice assez simple, mais qui, tout en doubles croches, avec sept bémols à la clef, lui a semblé « noir » et redoutable. Colette, Claudine à l'école,1900, p. 235.
  • P. métaph. et fam. Mettre un bémol (à qqc.). Baisser de ton (dans ses propos, ses actes, etc.).

- Emploi adj. Une note bémol : un si, un mi, un la bémol. Marqué d'un bémol :

     D'autres analyses encore peuvent être invoquées. Ainsi l'accord bitonal : (...) se trouve analysable comme un accord de neuvième mineure de dominante contenant à la fois la quinte normale sol et la quinte altérée sol bémol. Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 3414.
  • P. métaph. et iron. :
     Tous deux essayaient de ne pas dire la vérité et de ne pas mentir en s'adressant de douces flatteries. Un musicien célèbre consolait en si bémol, et d'une voix moqueuse, un jeune homme politique récemment tombé de la tribune sans se faire aucun mal. Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 48.

Dans le dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau

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BÉMOL, ou B MOL.f.m. Caractère de


- 108 (G) -

Musique auquel on donne à-peu-près la figure d'un b, & qui fait abaisser d'un semi-ton mineur la Note à laquelle il est joint. (Voyez Modèle:Semi-Ton) Guy d'Arezzo ayant autrefois donné des noms à six des Notes de l'Octave, desquelles il fit son célèbre Hexacorde, laissa la septième sans autre nom que celui de la lettre B qui lui est propre, comme la C à l'ut,le D au re, & c. Or ce B se chantait de deux manières; savoir, à un ton au-dessus du la, selon l'ordre naturel de la Gamme, ou seulement à un semi-ton du même la, lorsqu'on voulait conjoindre les Tétracordes; car il n'était pas encore question de nos odes ou Tons modernes. Dans le premier cas, le fi sonnant assez durement, à cause des trois Tons consécutifs, on jugea qu'il saisit à l'oreille un effet semblable à celui que les corps anguleux & durs font à la main: c'est pourquoi on l'appela B dur ou B quarre, en Italien B quadro. Dans le second cas, au contraire, on trouva que les fi était extrêmement doux; c'est pourquoi on l'appela B mol; par la même analogie on aurait pu l'appeler aussi B rond, & en effet les Italiens le nomment quelquefois B tondo.

Il y a deux manières d'employer le Bémol; l'une accidentelle, quand dans le cours du Chant on le place à la gauche d'une Note. Cette Note est presque toujours la Note sensible dans les Tons majeurs, & quelquefois la sixième Note dans les Tons mineurs, quand la Clef n'est pas correctement armée. Le Bémol accidentel n'altère que la Note qu'il touche & celles qui la rabattent immédiatement, ou tout au plus, celles qui, dans la même Mesure, se trouvent sur le même degré sans aucun signe contraire.

L'autre manière est d'employer le Bémol à la Clef, & alors il la modifie, il agit dans toute la suite de l'Air & sur toutes les Notes placées sur le même degré à moins que ce Bémol ne soit détruit accidentellement par quelque Dièse ou Béquarre, ou que la Clef ne vienne à changer. La position des Bémols à la Clef n'est pas arbitraire; en voici la raison. Ils sot destinés à changer le lieu des semi-tons de l'Echelle : or ces deux semi-tons doivent toujours garder entre eux des Intervalles prescrits; savoir, celui d'une Quarte d'un coté, & celui d'une Quinte de l'autre. Ainsi la Note mi inférieure de son semi-ton fait au grave la Quinte du fi, qui est son homologue dans l'autre semi-ton, & à l'aigu la Quarte du même fi, & réciproquement la Note fi fait au grave la Quarte du mi, & à l'aigu la Quinte du même mi. Si donc laissant, par exemple, le fi naturel, on donnait un Bémol au mi, le semi-ton changerait de lieu & se trouverait descendu d'un degré entre le re & le mi Bémol. Or, dans cette position, l'on voit que les deux semi-tons ne garderaient plus entre eux la distance prescrite; car le re, qui ferait la Note inférieure de l'un, ferait au grave la Sixte du fi son homologue dans l'autre; & à l'aigu, la Tierce du même fi; & ce fi ferait au grave la Tierce du re, & à l'aigu, la Sixte du même re, Ainsi les deux semi-tons feraient trop voisins d'un coté & trop éloignés de l'autre. L'ordre des Bémols ne doit donc pas commencer par mi, ni par aucune autre Note de l'Octave que par fi, la seule qui n'a pas le même inconvénient; car bien que le semi-ton y change de place, &, cessant d'être entre le fi & l'ut, descendre entre le fi Bémol & le la, toutefois l'ordre prescrit n'est point détruit; le la, dans ce nouvel arrangement, se trouvant d'un à la Quarte, & de l'autre à la Quinte du mi son homologue, & réciproquement. La même raison qui fait placer le premier Bémol sur le fi, fait mettre le second sur le mi, & ainsi de suite, en montant de Quarte ou descendant de Quinte jusqu'au sol, auquel on s'arrête ordinairement, parce que le Bémol de l'u, qu'on trouverait ensuite, ne diffère point du fi dans la pratique. Cela fait donc une suite de cinq Bémols dans cet ordre :

                      1      2      3      4      5
                      Si      Mi    La     Re     Sol 

Toujours, par la même raison, l'on ne saurait employer les derniers Bémols à la Clef, sans employer aussi ceux qui les précèdent : ainsi le Bémol du mi ne se pose qu'avec celui du si, celui du la qu'avec les deux précédents, & chacun des suivants qu'avec tous ceux qui le précèdent. On trouvera dans l'Article Clef une formule pour savoir tout d'un coup si un Ton ou un Mode donné doit porter des Bémols à la Clef, & combien.