Il n'y a aucune ambiguïté sur notre identité catholique (InfoNum2 2019-2020)

De Wicri Incubateur
Ce tableau de Albert Anker illustre une activité à caractère pédagogique sur une page Espace dédié à un travail pédagogique
IUT Nancy-Charlemagne - InfoNum2 2019-2020

Marie Mullet-Abrassart. Présidente des Scouts et Guides de France.

Jean-Michel Blanquer rencontre les Scouts lors du Jamboree.

Cet été, en marge d'un grand rassemblement, les Scouts et Guides de France se sont vus accusés de soutenir la « cause LGBT ». Répondant aux mises en cause récurrentes de la fidélité du mouvement à l'Église, sa présidente, Marie Mullet-Abrassart, réaffirme l'identité d'un mouvement « catholique donc ouvert à tous ».

Fin juillet, le « jamboree[1] » des Scouts et Guides de France à Jambville a été marqué par une violente polémique sur les réseaux sociaux autour d'un supposé soutien du mouvement à la « cause LGBT » (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Quelle est votre version des événements ?

Marie Mullet-Abrassart : Nous avons reçu lors de cet événement le ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et nous lui avons fait rencontrer une unité qui avait travaillé en camp sur la « vie citoyenne ». Ils avaient retenu cinq sujets, dont ils voulaient parler dans une lettre au président de la République. Nous leur avons proposé de remettre directement cette lettre au ministre.
Lorsque les jeunes en ont exposé le contenu à Jean-Michel Blanquer, l'un d'eux a énuméré la « cause LGBT » parmi ces cinq sujets. À mon sens, il s'agissait d'un abus de langage du jeune, car la lettre évoquait en fait le problème du harcèlement scolaire en raison de l'orientation sexuelle. Mais l'expression - et c'était une erreur - a été reprise telle quelle sur le compte Twitter officiel des Scouts et Guides de France, dans une série de tweets restituant la rencontre entre les jeunes et le ministre. Puis un évêque a repris ce tweet en s'en désolant, et tout est parti de là, car beaucoup ont pensé que les thèmes de la lettre étaient portés officiellement par le mouvement, alors que c'était la démarche des jeunes. Les Scouts et Guides de France n'ont pas à s'engager sur ce genre de terrain. Notre rôle, c'est le projet éducatif, la méthode scoute. Dans ce projet, il y a l'expression des jeunes et la vie citoyenne. Les jeunes ont exprimé des choses autour du harcèlement scolaire, et nous n'avions aucune raison de les en empêcher.

Plus largement, est-ce votre rôle d'aborder des sujets de société avec les jeunes ?

M. M.-A.: Cela fait partie de la méthode scoute pensée par Baden-Powell. Nous éduquons des citoyens heureux, utiles, actifs, artisans de paix. Eh bien dans « citoyen », il y a la question de la vie dans la société. Mais nous estimons en effet que certains sujets sociétaux ne sont pas dans notre champ de compétence. Notre rôle est alors de donner des éléments pour que les jeunes se construisent un avis éclairé. Nous sommes un mouvement d'Église et pour nous, la doctrine sociale de l'Église est l'un de ces éléments, il n'est pas le seul mais il est central. Et ce n'est pas notre rôle d'éducateurs de prendre parti contre le mariage homosexuel, l'avortement, la GPA - ni de les promouvoir, évidemment. Nous pouvons inciter à réfléchir, mais ce n'est pas à nous d'imposer ce qu'il faut penser.

Régulièrement, les Scouts et Guides de France sont accusés par certains catholiques d'effacer leur identité chrétienne. Que répondez-vous à ces critiques ?

M. M.-A.: Depuis que j'ai pris la présidence, il y a deux ans, j'ai fait de notre proposition spirituelle l'une des trois priorités principales du mouvement. Peut-être est-ce parce que je viens justement d'une génération de scouts qui a toujours eu à justifier de sa place dans l'Église. Nous sommes plus présents à la Conférence des évêques de France, que nous avions sans doute un peu désertée auparavant. J'ai à cœur d'ancrer les Scouts et Guides de France dans la foi, et la gouvernance du mouvement le porte haut et fort avec moi.

Pourquoi, selon vous, ces critiques persistent-elles ?

M. M.-A.: Parce que nous sommes un mouvement catholique ouvert à tous. Et même, catholique donc ouvert à tous. Cette ouverture implique une tension: quand on accueille des non-catholiques ou des jeunes d'autres confessions, cela crée une mixité sociale et religieuse qui fait qu'il y a, de manière évidente, moins d'uniformité que dans les autres mouvements. Chez les Scouts unitaires de France (SUF) ou les Scouts d'Europe, la question de la messe ne se pose pas. Chez nous, il n'y a pas cette uniformité, et effectivement nous avons des chefs et cheftaines qui ne croient pas en Dieu, mais selon moi, c'est une richesse.

Aujourd'hui, en quoi consiste la proposition spirituelle des Scouts et Guides de France pour les jeunes ?

M. M.-A.: Nous sommes le seul mouvement qui ait réuni cet été 20 000 jeunes pour un rassemblement avec une proposition spirituelle construite, en présence d'évêques enthousiastes, avec la messe tous les jours.
Il n'y a aucune ambiguïté sur notre identité catholique. Mais chez nous, ce n'est pas le caté[2]. Nous voulons que la découverte du Christ se fasse par la méthode scoute, c'est-à-dire par l'expérimentation, en apprenant à relier toutes les dimensions de la vie à l'Évangile. Et, en fonction des groupes[3], cela peut prendre des visages très différents.

Existe-t-il des endroits où la liberté est laissée aux jeunes de ne pas aller à la messe ?

Oui. Des groupes sont très assidus, d'autres pas, il y a de la place pour l'expression des doutes, qui me semble faire partie de la foi. Dans notre volonté d'ouverture, il faut accepter ces différences. C'est exigeant, et ce n'est pas toujours parfait. Mais notre projet a un aspect missionnaire, qui ne serait pas possible sans la rencontre avec des gens qui ne croient pas.

Source

"Il n'y a aucune ambiguïté sur notre identité catholique", texte repris de La Croix.

Notes et références

  1. Un jamboree est un rassemblement national d'une tranche d'âge, dans ce cas les 11-14ans, pendant un camp d'été (généralement une semaine)
  2. Le catéchisme est une proposition de préparation aux différentes étapes pour l'entrée dans l'Église (baptême, communion)
  3. Les groupes sont implantés dans une localité, une ville ou une paroisse et font partis du mouvement SGDF en ayant un fonctionnement basé sur un responsable de groupe et des équipiers

Société

Autres pages  : société

  1. Réduire ses déchets au minimum, c’est possible (InfoNum2 2019-2020)
  2. Ne pas négliger l'impact social de la transition énergétique (InfoNum2 2019-2020)
  3. L'utopie et la dystopie (InfoNum2 2019-2020)
  4. Il n'y a aucune ambiguïté sur notre identité catholique (InfoNum2 2019-2020)
  5. Fashion Week Paris : c’est peut-être un détail pour vous… (InfoNum2 2019-2020)
  6. Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique (InfoNum2 2019-2020)

Ce texte a été choisi par Louise Hublart.