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|titre=V - A. La recherche en prise avec les débats sociétaux
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'''Comment les chercheurs brésiliens/français associent-ils leurs objectifs de recherche à une demande de la société ? Comment la société produit-elle ses propres institutions de recherche / est-elle à l’origine d’une production scientifique (ONG, mouvements sociaux, expertise associative…) ou d’initiatives de formation populaire ? Comment les pouvoirs publics encouragent-ils la collaboration entre les institutions de recherche et organisations de la société civile  ? Quelle contribution à la décision publique ?'''
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Comment les chercheurs brésiliens/français associent-ils leurs objectifs de recherche à une demande de la société ? Comment la société produit-elle ses propres institutions de recherche / est-elle à l’origine d’une production scientifique (ONG, mouvements sociaux, expertise associative…) ou d’initiatives de formation populaire ? Comment les pouvoirs publics encouragent-ils la collaboration entre les institutions de recherche et organisations de la société civile  ? Quelle contribution à la décision publique ?
 
  
 
==Indicateurs choisis==
 
==Indicateurs choisis==
*participation des mouvements associatifs, syndicaux, religieux dans diffusion/production savoir
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*La participation des mouvements associatifs, syndicaux, religieux dans diffusion/production savoir
*lobbying ; soutien aux médiateurs
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*Les actions de pression (lobbying), de médiation de la société civile
*débat public : champs, nature, accès, médiatisation, relais vis-à-vis du public
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*L’existence ou non de centres d’expertise indépendants
*centres d'expertise indépendants
 
*ONG, think tank et nature des données produites (quel débat ?)
 
 
 
==Terminologie==
 
 
 
===Brésil===
 
Sont définies comme fondations privées et associations à but non lucratif (Fundações Privadas e Associações sem Fins Lucrativos – FASFIL) les entités à but non lucratif, déclarées comme tel au registre du Commerce (Cadastro Central de Empresas – CEMPRE). La construction des statistiques s’appuie sur la définition des FASFIL établie par la Division des statistiques des Nations Unies, et présentée dans l’ouvrage méthodologique ''Handbook on Non-Profit Institutions in the System of National Accounts''.
 
 
 
Les entités doivent respecter les cinq critères suivants :
 
*(i) relever du droit privé, et en conséquence, ne pas intégrer l’appareil d’Etat ;
 
*(ii) être à but non lucratif, c’est-à-dire que les éventuels excédents financiers ne sont pas distribués entre les propriétaires et directeurs. La raison première d’exister de ces entités n’est pas de générer des bénéfices - et le cas échéant, ceux-ci doivent être utilisés dans le cadre de l’activité de l’entité ;
 
*(iii) être institutionnalisées, c’est-à-dire être légalement constituées ;
 
*(iv) auto-gérées ou capables de gérer leurs propres activités ;
 
*(v) volontaires, dans la mesure où elles peuvent être constituées librement par tout groupe de personnes, c’est-à-dire que l’activité de l’entité est librement choisie par les associés ou les fondateurs.
 
 
 
Dans le cas brésilien, ces critères correspondent à trois figures juridiques :
 
*les associations (associações - Lei n° 10.406 du 10/01/2002) : union de personnes qui se réunissent à des fins non-économiques ;
 
*les fondations (fundações) : sont créées par un instituteur, par le biais d’une écriture publique ou sous forme testamentaire, à partir d’une dotation spéciale de biens libres, avec spécification de la finalité à laquelle ceux-ci doivent être destinés, pouvant également faire mention de la manière dont ceux-ci doivent être administrés ;
 
*les organisations religieuses (organizações religiosas), auparavant désignées comme “associations“ sont désormais reconnues à part entière par la Lei n° 10.825, du 22/09/2003 comme des personnalités juridiques de droit privé.
 
 
 
Sont ainsi reconnues comme FASFIL et intégrées aux statistiques les : organisations sociales (Organização Social) ; organisations de la société civile d’intérêt public (Organização da Sociedade Civil de Interesse Público - OSCIP) ; autres fondations financées par des ressources privées (Outras Fundações Mantidas com Recursos Privados) ; filiales brésiliennes d’une fondation ou d’une association étrangère (Filial, no Brasil, de Fundação ou Associação Estrangeira) ; organisations religieuses (Organização Religiosa) ; communautés indigènes (Comunidade Indígena); autres formes d’association (Outras Formas de Associação).
 
 
 
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===Brésil : panorama des associations et fondations à but non lucratif (IBGE, 2005)===
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==Les fondations et les associations sans but lucratif au Brésil (enquêtes de l’IBGE-IPEA)==
En, les 338 000 FASFIL représentaient 5,6% du total des entités publiques et privées du pays. Elles employaient 5,3% de la population active brésilienne, ce qui représentait un contingent de 1,7 million de personnes, gagnant, en moyenne R$1 094,44 par moi, ce qui équivaut à 3,8 SM de l’année 2005, date de l’enquête. Cette moyenne est légèrement supérieure à la moyenne nationale (3,7 SM / mois).
 
  
Une analyse générale des activités développées par ces institutions révèle qu’elles n’ont pas vocation à assumer les fonctions typiques de l'État, mais plutôt de défendre les droits et les intérêts des citoyens ou de diffuser des préceptes religieux. Plus d’un tiers des FASFIL (35,2%) est composé par des Associações de moradores, Centros associações comunitárias, Defesa de direitos e grupos de minorias, Desenvolvimento rural, Emprego e treinamento, Associações empresariais e patronais, Associações profissionais e Associações de produtores rurais, et un quart (24,8%) sont des entités religieuses. Les entités relevant du domaine de la santé et du champ éducation et recherche représentent seulement 7,2% de l’ensemble.  
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Sont définies comme fondations privées et associations sans but lucratif (Fundaçoes Privadas et Associaçoes sem Fins Lucrativos - FASFIL) les entités à but non lucratif, déclarées comme telles au registre du Commerce (Cadastro Central de Empresas – CEMPRE). La construction des statistiques s’appuie sur une définition des FASFIL conforme à celle de la Division des statistiques des Nations Unies et présentée dans l’ouvrage méthodologique Handbook on Non-Profit Institutions in the System of National Accounts (New York 2003) :
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http://unstats.un.org/unsd/publication/seriesf/seriesf_91e.pdf
  
La distribution des FASFIL sur le territoire national reflète la distribution de la population, mais le domaine d’activité varie grandement en fonction des régions. Les entités religieuses se concentrent dans la région Sudeste (57,9%), ainsi que celles consacrées à la santé (49,0%), l’assistance sociale (44,5%) et celles de culture & loisirs (43,3%), tandis que la région Nordeste se spécialise dans le domaine de la défense des droits et intérêts du citoyen (38,9%).
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==Définition==
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Les entités doivent respecter les cinq (5) critères suivants :
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• Relever du droit privé et en conséquence ne pas être intégrées dans l’appareil d’État ;
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• Être à but non lucratif, c’est-à-dire que les éventuels excédents financiers ne sont pas redistribués entre les dirigeants ;
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• Être institutionnalisées, c’est-à-dire être légalement constituées ;
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• Être autogérées ou capables de gérer leurs propres activités ;
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• Être constituées librement par les associés ou les fondateurs.
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Cependant au Brésil la méthodologie de recension des fondations et des associations a été révisée à partir de 2005. La publication de l’IBGE et de l’IPEA As Fundações privadas e associações sem fins lucrativos no Brasil – 2010 (Rio de Janeiro, 2012) précise cette méthodologie et analyse l’évolution des fondations et des associations entre 2005 et 2010 :
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http://biblioteca.ibge.gov.br/biblioteca-catalogo?view=detalhes&id=262841
  
On observe une différenciation régionale également en matière de salaire et de personnel employé.
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Cette révision  a entraîné la réduction du nombre total d’entités en éliminant les entités locales non actives. Par contre, on observe entre 2006 et 2010 une croissance de 8,8 % du nombre des fondations et des associations (FASFIL) qui sont passées de 267 300 à 290 700.
  
En moyenne, les FASFIL existent depuis 12,3 années, et une grande partie d’entre elles (41,5%) ont été créées au cours des années 90. Les plus anciennes, créées avant les années 80, relèvent essentiellement du domaine de la santé (36%) ou de la religion (20,2%). Les plus récentes, créées entre 2000 et 2005, se consacrent principalement à la défense des droits des citoyens (30,1%) mais surtout à l’environnement et au respect des droits des animaux (45,1%).
 
  
Les FASFIL forment un groupe très diversifié, au sein duquel les généralisations sont délicates. On peut néanmoins affirmer qu’en 2005, les plus anciennes sont les plus traditionnelles, de plus grande portée et les employés sont les mieux rémunérés. Celles répondant à ce profil se trouvent plutôt dans les régions Sud et Sudeste du pays.
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==Analyse==
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Une bonne partie de ces FASFIL correspond à des associations locales de résidents et à  des associations religieuses (28,5 % du total pour les associations religieuses). Un autre groupe important concerne les associations de défense des droits des citoyens. On constate également la place assez importante des syndicats ouvriers et patronaux. Les associations se consacrant à la santé et à l’éducation ne représentent que 9 % du total.
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Les FASFIL sont relativement récentes. La plus grande partie de ces fondations et associations est née entre 2001 et 2010 (41 %) et la moitié de celles nées pendant cette décennie ont surgi dans les années 2005 -2010. Elles emploient un contingent de 2 100 000 personnes salariées, ce qui représente une part non négligeable de l’emploi formel dans le pays. Il est vrai que plus de la moitié de ces salariés travaillent dans la Région du Sud-Est. A lui seul l’État de São Paulo emploie environ 750 000 personnes (35 % du total). La Région du Nord-Est se situe assez loin derrière (296 300 emplois, 14 % du total).Une des révélations du recensement est qu’il s’agit essentiellement d’un personnel féminin (63 % des emplois).
  
Entre 1996 et 2005, la croissance des FASFIL a été de l’ordre de 215,1%, soit une augmentation presque quatre dois plus élevée que la moyenne de croissance de tous les autres groupes d’entités publiques et privées inscrites au registre du Commerce (74,8%). Entre 2002 et 2005, c’est le domaine de la protection de l’environnement et de la faune qui a suscité la plus grande création d’associations et fondation (61%), suivi de la défense des droits des citoyens (33,4%). Notons également que la croissance a été la plus grande dans les régions Nord (38%) et Nordeste (30,5%). Au cours de cette même période, les emplois créés dans ce secteur ont été équivalent à un tiers des emplois créés dans le secteur public.
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Au total en 2010 les 290 700 FASFIL représentaient 5,2 % de l’ensemble des entreprises publiques et privées du pays. Elles payaient des salaires sensiblement au-dessus de la moyenne malgré le fait que leur personnel était majoritairement féminin et elles semblaient bénéficier d’un certain dynamisme. Il reste à voir quelle a été l’évolution dans la période de crise récente (2014 – 2016), ce sur quoi une nouvelle enquête de l’IBGE devrait nous éclairer dans quelque temps.
  
Bien que leur rythme de croissance s’atténue, au Brésil, ces institutions semblent continuer à croître, de même que leur nombre d’employés - et dans une moindre mesure, leurs rémunérations. Les données traduisent également une croissance différenciée entre les différents secteurs d’activité, suggérant un changement dans la composition générale des FASFIL, de plus en plus tournées vers la défense des droits des citoyens.
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Source : IBGE – IPEA As fundaçoes Privadas e Associaçoes sem Fins Lucrativos no Brasil 2010, Informação Económica, Série Estudos e Pesquisas N° 20, Rio de Janeiro, 2012, 178 p.
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http://biblioteca.ibge.gov.br/biblioteca-catalogo?view=detalhes&id=262841
  
==À compléter==
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[[Catégorie:Débat public]] [[Catégorie:Société]] [[Catégorie:FASFIL]] [[Catégorie:association sans but lucratif]]
Durée d’existence moyenne ; taille/portée (par nb moyen d’employés/volume financier géré) ; segments d’activité, activités de recherche ; public.
 

Version actuelle datée du 22 février 2016 à 22:06

Comment les chercheurs brésiliens/français associent-ils leurs objectifs de recherche à une demande de la société ? Comment la société produit-elle ses propres institutions de recherche / est-elle à l’origine d’une production scientifique (ONG, mouvements sociaux, expertise associative…) ou d’initiatives de formation populaire ? Comment les pouvoirs publics encouragent-ils la collaboration entre les institutions de recherche et organisations de la société civile  ? Quelle contribution à la décision publique ?

Indicateurs choisis

  • La participation des mouvements associatifs, syndicaux, religieux dans diffusion/production savoir
  • Les actions de pression (lobbying), de médiation de la société civile
  • L’existence ou non de centres d’expertise indépendants

Les fondations et les associations sans but lucratif au Brésil (enquêtes de l’IBGE-IPEA)

Sont définies comme fondations privées et associations sans but lucratif (Fundaçoes Privadas et Associaçoes sem Fins Lucrativos - FASFIL) les entités à but non lucratif, déclarées comme telles au registre du Commerce (Cadastro Central de Empresas – CEMPRE). La construction des statistiques s’appuie sur une définition des FASFIL conforme à celle de la Division des statistiques des Nations Unies et présentée dans l’ouvrage méthodologique Handbook on Non-Profit Institutions in the System of National Accounts (New York 2003) : http://unstats.un.org/unsd/publication/seriesf/seriesf_91e.pdf

Définition

Les entités doivent respecter les cinq (5) critères suivants : • Relever du droit privé et en conséquence ne pas être intégrées dans l’appareil d’État ; • Être à but non lucratif, c’est-à-dire que les éventuels excédents financiers ne sont pas redistribués entre les dirigeants ; • Être institutionnalisées, c’est-à-dire être légalement constituées ; • Être autogérées ou capables de gérer leurs propres activités ; • Être constituées librement par les associés ou les fondateurs. Cependant au Brésil la méthodologie de recension des fondations et des associations a été révisée à partir de 2005. La publication de l’IBGE et de l’IPEA As Fundações privadas e associações sem fins lucrativos no Brasil – 2010 (Rio de Janeiro, 2012) précise cette méthodologie et analyse l’évolution des fondations et des associations entre 2005 et 2010 : http://biblioteca.ibge.gov.br/biblioteca-catalogo?view=detalhes&id=262841

Cette révision a entraîné la réduction du nombre total d’entités en éliminant les entités locales non actives. Par contre, on observe entre 2006 et 2010 une croissance de 8,8 % du nombre des fondations et des associations (FASFIL) qui sont passées de 267 300 à 290 700.


Analyse

Une bonne partie de ces FASFIL correspond à des associations locales de résidents et à des associations religieuses (28,5 % du total pour les associations religieuses). Un autre groupe important concerne les associations de défense des droits des citoyens. On constate également la place assez importante des syndicats ouvriers et patronaux. Les associations se consacrant à la santé et à l’éducation ne représentent que 9 % du total. Les FASFIL sont relativement récentes. La plus grande partie de ces fondations et associations est née entre 2001 et 2010 (41 %) et la moitié de celles nées pendant cette décennie ont surgi dans les années 2005 -2010. Elles emploient un contingent de 2 100 000 personnes salariées, ce qui représente une part non négligeable de l’emploi formel dans le pays. Il est vrai que plus de la moitié de ces salariés travaillent dans la Région du Sud-Est. A lui seul l’État de São Paulo emploie environ 750 000 personnes (35 % du total). La Région du Nord-Est se situe assez loin derrière (296 300 emplois, 14 % du total).Une des révélations du recensement est qu’il s’agit essentiellement d’un personnel féminin (63 % des emplois).

Au total en 2010 les 290 700 FASFIL représentaient 5,2 % de l’ensemble des entreprises publiques et privées du pays. Elles payaient des salaires sensiblement au-dessus de la moyenne malgré le fait que leur personnel était majoritairement féminin et elles semblaient bénéficier d’un certain dynamisme. Il reste à voir quelle a été l’évolution dans la période de crise récente (2014 – 2016), ce sur quoi une nouvelle enquête de l’IBGE devrait nous éclairer dans quelque temps.

Source : IBGE – IPEA As fundaçoes Privadas e Associaçoes sem Fins Lucrativos no Brasil 2010, Informação Económica, Série Estudos e Pesquisas N° 20, Rio de Janeiro, 2012, 178 p. http://biblioteca.ibge.gov.br/biblioteca-catalogo?view=detalhes&id=262841