Bull. mens. soc. sci. Nancy (1938) Cuénot : Différence entre versions

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II.  Au  point  de  vue  anatomique,  physiologique  ou  psychique,  il  y  a  ''grosso modo''  une  hiérarchie  des  organisations:  Eponges  et  Coelentérés  sont  assurément  de  structure  plus  simple  que  les  Echinodermes  et  les  Vers ; ceux-ci  sont  moins  compliqués  que  les  Mammifères  et  les  Oiseaux  qui  occupent  le  sommet  de  l'échelle.  Dans  chaque  groupe,  il  y  a  aussi  une  sorte  de  hiérarchie,  allant  des  formes  dites  primitives  ou  archaïques  (les plus anciennes au  point  de vue géologique)  aux  formes  dites  spécialisées,  plus  récentes;  ainsi  l'Homme,  que  l'on  peut  placer  au  sommet  des  Mammifères  en  raison  de  sa  spécialisation  bipède  et  de  son  psychisme  supérieur,  est  une  espèce  relativement  jeune.  
 
II.  Au  point  de  vue  anatomique,  physiologique  ou  psychique,  il  y  a  ''grosso modo''  une  hiérarchie  des  organisations:  Eponges  et  Coelentérés  sont  assurément  de  structure  plus  simple  que  les  Echinodermes  et  les  Vers ; ceux-ci  sont  moins  compliqués  que  les  Mammifères  et  les  Oiseaux  qui  occupent  le  sommet  de  l'échelle.  Dans  chaque  groupe,  il  y  a  aussi  une  sorte  de  hiérarchie,  allant  des  formes  dites  primitives  ou  archaïques  (les plus anciennes au  point  de vue géologique)  aux  formes  dites  spécialisées,  plus  récentes;  ainsi  l'Homme,  que  l'on  peut  placer  au  sommet  des  Mammifères  en  raison  de  sa  spécialisation  bipède  et  de  son  psychisme  supérieur,  est  une  espèce  relativement  jeune.  
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III.  —  On  connaît  assez  peu  de  types  de  passage  entre  les  différents  groupes,  mais  on  en  connaît:  il  y  en  a  entre  Batra-ciens  et  Reptiles  (''Conodectcs''),    entre  Reptiles  et  Oiseaux  (''Archaeopteryx''),    entre  Reptiles  et  Mammifères  (''Ictidosauria'',  ''Dromatherium'',  ''Monotrèmes'').  D'une  façon  très  générale,  les  groupes  paraissent  reliés  par  leurs  bases,  c'est-à-dire  par  les  formes  les  plus  anciennes,  les  plus  simples,  dîtes  primitives,  synthétiques  ou  non  spécialisées;  hypothèse  corroborée  par  le  fait  que,  dans  la  nature  actuelle,  les  ordres  ou  classes  sont  nettement  séparés,  sans  passage  entre  eux :  il  y  a  hiatus  entre  Mammifères  et  Oiseaux,  Reptiles et  Batraciens,  Cyclostomes  et  Poissons,  etc..  La  délimitation  des  groupes  est  facile ; il  en  est  tout  autrement  lorsqu'on  s'adresse  à  des  for-mes  anciennes,  comme  par  exemple  les  premiers  Insectes. 
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IV.  —  Il  semble  que  toutes  les  formules  animales  qui  ont  apparu  au  cours  des  âges  ont  laissé  des  descendants  vivant  aujourd'hui;  si  des  ordres  ont  disparu  totalement  parmi  les  Echinodermes  (Cystidés),  les  Reptiles,  les  Céphalopodes,  ils  ont  été  relayés  au  point  de  vue  de  leur  place  dans  la  Nature  par  des  formes  d'exigences  analogues.  Il  est  extrêmement  remarquable  qu'il  n'y ait  pas une  forme  fossile  qui  soit  inclas-sable, au  sens très  large  du  mot ; la  population  animale  a  tou-jours  été  en  se  diversifiant  et  en  comblant  des  places  vides,  de  sorte  qu'elle  est  aujourd'hui  plus variée  que jadis.
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V.  —  Bien  que  séparés  nettement  les uns  des autres  depuis  des  époques  extrêmement  reculées,  les  groupes  présentent  néanmoins  des  traits  de  liaison  ou  caractères  communs,  soit  dans  l'anatomie  interne,  soit  dans  la  structure  histologique,  soit  enfin  dans  le développement.  L'organe  excréteur  constitué  par  les  protonéphridies  à  solénocytes  est  connu  chez  les  Turbellariés,    Némertes,  Trématodes    et    Cestodes,    Rotifères,    Acanthocéphales,  certains  Annélides,  larves  de  Mollusques,  tandis  qu'il  manque  complètement  chez  les  Echinodermes,  Tuniciers,  Vertébrés,  Arthropodes.  La  structure  fine  du  système  nerveux,  constitué  principalement  par  des  fibrilles  cou-rant  entre  les pieds  de hautes  cellules  épidermiques  filiformes,  est  la même chez  les Actiniaires,  les Echinodermes,  le Balano-glosse;  le  type  spiral  de  segmentation  de  l'œuf  se  rencontre  chez  beaucoup  de  Mollusques,  d'Annélides,  de  Némertes  et  quelques  Planaires.  Il  est  bien  connu  que  la  larve  d'Ascidie  présente  des  organes  transitoires,  notocorde  et  tube  nerveux,  qui  sont  à  peu  près  identiques  à  ceux  que  présente  un  jeune  Amphioxus  ou  un  embryon  de  Vertébré. 
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Version du 27 novembre 2020 à 13:40

Présentation d'un arbre généalogique du Règne animal


 
 

Titre
Présentation d'un arbre généalogique du Règne animal
Auteur
Lucien Cuénot
In
Bulletin de la Société des sciences de Nancy (Séance du 13 mai 1938).
Dates
  • création : 1938
  • mise en lecture 25 novembre 2020
En ligne
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/32172/ALS_1883_6_16.pdf
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Mise en forme du texte

I. Un fait certain, c'est que les différentes formes animales et végétales apparaissent successivement dans le Temps: les Poissons commencent au silurien; les Conifères datent du dévonien, les Batraciens du dévonien supérieur; on ne trouve des Insectes qu'à partir du carbonifère; les Reptiles sont permiens, les Mammifères rhétiens; le premier Oiseau se rencontre au portlandien  : l'Homme, tout récent, à la fin du pliocène. Il est bien entendu que nous ne connaissons pas la date réelle de la naissance, mais seulement celle où l'on trouve le premier fossile, ce qui signifie que les représentants du groupe sont déjà nombreux.

II. Au point de vue anatomique, physiologique ou psychique, il y a grosso modo une hiérarchie des organisations: Eponges et Coelentérés sont assurément de structure plus simple que les Echinodermes et les Vers ; ceux-ci sont moins compliqués que les Mammifères et les Oiseaux qui occupent le sommet de l'échelle. Dans chaque groupe, il y a aussi une sorte de hiérarchie, allant des formes dites primitives ou archaïques (les plus anciennes au point de vue géologique) aux formes dites spécialisées, plus récentes; ainsi l'Homme, que l'on peut placer au sommet des Mammifères en raison de sa spécialisation bipède et de son psychisme supérieur, est une espèce relativement jeune.

III. — On connaît assez peu de types de passage entre les différents groupes, mais on en connaît: il y en a entre Batra-ciens et Reptiles (Conodectcs), entre Reptiles et Oiseaux (Archaeopteryx), entre Reptiles et Mammifères (Ictidosauria, Dromatherium, Monotrèmes). D'une façon très générale, les groupes paraissent reliés par leurs bases, c'est-à-dire par les formes les plus anciennes, les plus simples, dîtes primitives, synthétiques ou non spécialisées; hypothèse corroborée par le fait que, dans la nature actuelle, les ordres ou classes sont nettement séparés, sans passage entre eux : il y a hiatus entre Mammifères et Oiseaux, Reptiles et Batraciens, Cyclostomes et Poissons, etc.. La délimitation des groupes est facile ; il en est tout autrement lorsqu'on s'adresse à des for-mes anciennes, comme par exemple les premiers Insectes.

IV. — Il semble que toutes les formules animales qui ont apparu au cours des âges ont laissé des descendants vivant aujourd'hui; si des ordres ont disparu totalement parmi les Echinodermes (Cystidés), les Reptiles, les Céphalopodes, ils ont été relayés au point de vue de leur place dans la Nature par des formes d'exigences analogues. Il est extrêmement remarquable qu'il n'y ait pas une forme fossile qui soit inclas-sable, au sens très large du mot ; la population animale a tou-jours été en se diversifiant et en comblant des places vides, de sorte qu'elle est aujourd'hui plus variée que jadis.

V. — Bien que séparés nettement les uns des autres depuis des époques extrêmement reculées, les groupes présentent néanmoins des traits de liaison ou caractères communs, soit dans l'anatomie interne, soit dans la structure histologique, soit enfin dans le développement. L'organe excréteur constitué par les protonéphridies à solénocytes est connu chez les Turbellariés, Némertes, Trématodes et Cestodes, Rotifères, Acanthocéphales, certains Annélides, larves de Mollusques, tandis qu'il manque complètement chez les Echinodermes, Tuniciers, Vertébrés, Arthropodes. La structure fine du système nerveux, constitué principalement par des fibrilles cou-rant entre les pieds de hautes cellules épidermiques filiformes, est la même chez les Actiniaires, les Echinodermes, le Balano-glosse; le type spiral de segmentation de l'œuf se rencontre chez beaucoup de Mollusques, d'Annélides, de Némertes et quelques Planaires. Il est bien connu que la larve d'Ascidie présente des organes transitoires, notocorde et tube nerveux, qui sont à peu près identiques à ceux que présente un jeune Amphioxus ou un embryon de Vertébré.