La chanson de Roland (1850) Génin/Notes/Chant I/Vers 12 : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
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<center>Sur un perron de marbre ''[[bloi]]'' se culche. </center>
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Il paraît indubitable que ce mot ''bloi'' a été plus tard employé pour signifier blond ; mais dans le ''Roland'' les deux mots sont bien distincts :
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<center>Nus n'avum mie de Jursaleu le blunt.</center>
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et ''bloi'' signifie ''bleu'', conformément à l'étymologie du bas latin ''bloire'', d'où le français ''éblouir''. ''Bloi'' est le participe passé ''blouï''; l’œil ébloui voit bleu. C'est sans doute par un abus né de la ressemblance de forme l'on aura confondu ensuite ''bloi'' et ''blond''.
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L'interprétation de ''bloi'' par ''blond'' me paraît se fonder exclusivement sur les passages très nombreux où il est parlé de ''crins blois'', de ''poil bloi'', de ''chevelure bloie''. On s'est dit sans hésiter : il ne peut s'agir là que de cheveux ''blonds''; et avec la même sagacité intrépide a conclu que la couleur blonde était pour les cheveux la couleur préférée de nos pères. Mais est-ce un raisonnement bien sûr ? Je pense, au contraire, que des cheveux ''blois'' étaient des cheveux éblouissants, c'est-à-dire d'un noir luisant et lustré, d'un noir-jais.
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Je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré cette expression ''cheveux noirs''. Or, quelle que fût la passion de nos aïeux pour les cheveux blonds, encore y avait-il au moyen âge des cheveux noirs, et il serait bien étrange qu'il ne se fût jamais rencontré un poëte qui aimât cette couleur de cheveux et en fit mention chez sa maîtresse.
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Si ''bloi'' signifiait ''blond'', en vertu de quelle étymologie? car ce ne pourra plus être ''bloire'', ''blouir'', ''bleuir''.
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Pourquoi aussi rencontre-t-on dans un même texte, dans le ''Roland'', par exemple, l'emploi simultané des deux mots ''blond'' et ''bloi'' ? Il est sûr que Jurfaleu le ''blunt'' était blond; mais le perron où se couche Marsille (1, 12), mais les étendards des Sarrasins (II, 339), ceux des Français (III, 361) étaient blois. El comment des étendards blonds se seraient-ils distingués parmi des étendards blancs ? C'est qu'ils étaient réellement bleus.
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Dans tous les poëmes où l'on nomme la belle Yseult, c'est toujours Yseult la blonde, et jamais Yseult la bloie :
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Cette page concerne une note associée au vers 12 du manuscrit d'Oxford.

La note

Sur un perron de marbre bloi se culche.

Il paraît indubitable que ce mot bloi a été plus tard employé pour signifier blond ; mais dans le Roland les deux mots sont bien distincts :

Puis prent la teste de Jursaleu le blunt.
                        (III, 166)O. : 1904
Nus n'avum mie de Jursaleu le blunt.
                        (IV, 305)O. : 2702.

et bloi signifie bleu, conformément à l'étymologie du bas latin bloire, d'où le français éblouir. Bloi est le participe passé blouï; l’œil ébloui voit bleu. C'est sans doute par un abus né de la ressemblance de forme l'on aura confondu ensuite bloi et blond.

L'interprétation de bloi par blond me paraît se fonder exclusivement sur les passages très nombreux où il est parlé de crins blois, de poil bloi, de chevelure bloie. On s'est dit sans hésiter : il ne peut s'agir là que de cheveux blonds; et avec la même sagacité intrépide a conclu que la couleur blonde était pour les cheveux la couleur préférée de nos pères. Mais est-ce un raisonnement bien sûr ? Je pense, au contraire, que des cheveux blois étaient des cheveux éblouissants, c'est-à-dire d'un noir luisant et lustré, d'un noir-jais.

Je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré cette expression cheveux noirs. Or, quelle que fût la passion de nos aïeux pour les cheveux blonds, encore y avait-il au moyen âge des cheveux noirs, et il serait bien étrange qu'il ne se fût jamais rencontré un poëte qui aimât cette couleur de cheveux et en fit mention chez sa maîtresse.

Si bloi signifiait blond, en vertu de quelle étymologie? car ce ne pourra plus être bloire, blouir, bleuir.

Pourquoi aussi rencontre-t-on dans un même texte, dans le Roland, par exemple, l'emploi simultané des deux mots blond et bloi ? Il est sûr que Jurfaleu le blunt était blond; mais le perron où se couche Marsille (1, 12), mais les étendards des Sarrasins (II, 339), ceux des Français (III, 361) étaient blois. El comment des étendards blonds se seraient-ils distingués parmi des étendards blancs ? C'est qu'ils étaient réellement bleus.

Dans tous les poëmes où l'on nomme la belle Yseult, c'est toujours Yseult la blonde, et jamais Yseult la bloie :


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