Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Emperere : Différence entre versions
De Wicri Chanson de Roland
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;1°: « D’après le texte d’Oxford, les Substantifs masculins et féminins de la troisième Déclinaison, qui n’avaient pas en latin une ''s'' finale à leur nominatif singulier (''imperator, homo, vigor''), ont donné naissance à des noms français qui, {{sc|en général}}, ne prennent point cette ''s'' au cas sujet du singulier (''emperere, hom, vigur''). | ;1°: « D’après le texte d’Oxford, les Substantifs masculins et féminins de la troisième Déclinaison, qui n’avaient pas en latin une ''s'' finale à leur nominatif singulier (''imperator, homo, vigor''), ont donné naissance à des noms français qui, {{sc|en général}}, ne prennent point cette ''s'' au cas sujet du singulier (''emperere, hom, vigur''). | ||
; 2°: Ces Substantifs français devaient un jour, il est vrai, prendre cette ''s'' {{sc|par analogie}}, et quelques-uns avaient déjà commencé de la recevoir ; mais cette évolution, à coup sûr, n’est pas achevée dans le texte le plus ancien de la ''Chanson de Roland''. | ; 2°: Ces Substantifs français devaient un jour, il est vrai, prendre cette ''s'' {{sc|par analogie}}, et quelques-uns avaient déjà commencé de la recevoir ; mais cette évolution, à coup sûr, n’est pas achevée dans le texte le plus ancien de la ''Chanson de Roland''. | ||
− | ;3°: C’est ainsi que nous trouvons, au cas sujet du singulier : ''Traïsun'' ( | + | ;3°: C’est ainsi que nous trouvons, au cas sujet du singulier : ''Traïsun'' (vers {{CdR MO lien vers|1458}}) ; ''dulur'' (2030) ; ''muiller'' (2576) ; ''cunfusiun'' (2699 et 3276) ; ''honor, onur'' (2890, 922) ; ''car'', de ''caro'' (2942) ; ''meillor'' (3532) ; ''vigur'' (3614) ; ''lion'' (2436) ; ''garçun'' (2437) ; ''ocisiun'' (3946) ; ''empereor'' (1942) ; ''major'' (1984) ; ''hom'' (3974, etc. etc.) ; ''prozdom'' (1474) ; ''chançun'' (1466) et ''cançun'' (1614) ; ''avisiun'' ([[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Vers 836|836]]), etc. — |
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;4°: À cette règle générale on peut seulement opposer quelques exceptions qui s’expliquent trop bien par l’ignorance mille fois constatée du scribe de notre manuscrit : ''Dulors'' (v. 1437) ; ''puinneres'' (3033) ; ''amurs'' (3107) ; ''leons'' (2549) et ''campiuns'' (2244), sans parler ici de ''bers'', qui peut se justifier, et de ''fels''. Malgré ces exceptions, nous avons dû {{sc|partout}} observer la règle. | ;4°: À cette règle générale on peut seulement opposer quelques exceptions qui s’expliquent trop bien par l’ignorance mille fois constatée du scribe de notre manuscrit : ''Dulors'' (v. 1437) ; ''puinneres'' (3033) ; ''amurs'' (3107) ; ''leons'' (2549) et ''campiuns'' (2244), sans parler ici de ''bers'', qui peut se justifier, et de ''fels''. Malgré ces exceptions, nous avons dû {{sc|partout}} observer la règle. | ||
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;4°: Quelques substantifs de la deuxième déclinaison (tels, par exemple, que ''Carles'', ''Marsilies'', etc.), ont été, {{sc|par analogie ou par extension}}, soumis aux règles de la « Déclinaison qui déplace l’accent ». (''Carles, Carlun ; Marsilies, Marsiliun''), etc. | ;4°: Quelques substantifs de la deuxième déclinaison (tels, par exemple, que ''Carles'', ''Marsilies'', etc.), ont été, {{sc|par analogie ou par extension}}, soumis aux règles de la « Déclinaison qui déplace l’accent ». (''Carles, Carlun ; Marsilies, Marsiliun''), etc. | ||
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Version actuelle datée du 14 octobre 2023 à 10:49
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Emperere
Vers 1. — Emperere. Dans le manuscrit de la Bodléienne, on lit tantôt emperere, tantôt empereres. Nous avons partout adopté la première de ces formes, nous basant sur les principes suivants :
- 1°
- « D’après le texte d’Oxford, les Substantifs masculins et féminins de la troisième Déclinaison, qui n’avaient pas en latin une s finale à leur nominatif singulier (imperator, homo, vigor), ont donné naissance à des noms français qui, en général, ne prennent point cette s au cas sujet du singulier (emperere, hom, vigur).
- 2°
- Ces Substantifs français devaient un jour, il est vrai, prendre cette s par analogie, et quelques-uns avaient déjà commencé de la recevoir ; mais cette évolution, à coup sûr, n’est pas achevée dans le texte le plus ancien de la Chanson de Roland.
- 3°
- C’est ainsi que nous trouvons, au cas sujet du singulier : Traïsun (vers 1458) ; dulur (2030) ; muiller (2576) ; cunfusiun (2699 et 3276) ; honor, onur (2890, 922) ; car, de caro (2942) ; meillor (3532) ; vigur (3614) ; lion (2436) ; garçun (2437) ; ocisiun (3946) ; empereor (1942) ; major (1984) ; hom (3974, etc. etc.) ; prozdom (1474) ; chançun (1466) et cançun (1614) ; avisiun (836), etc. —
- 4°
- À cette règle générale on peut seulement opposer quelques exceptions qui s’expliquent trop bien par l’ignorance mille fois constatée du scribe de notre manuscrit : Dulors (v. 1437) ; puinneres (3033) ; amurs (3107) ; leons (2549) et campiuns (2244), sans parler ici de bers, qui peut se justifier, et de fels. Malgré ces exceptions, nous avons dû partout observer la règle.
- 5°
- D’ailleurs, la forme emperere apparaît beaucoup plus fréquemment dans le texte original que la forme empereres ; la proportion est la suivante : 25 fois empereres ; 41 fois emperere.
Emperere est le cas sujet ; empereür le cas régime. Ces Substantifs sont de ceux que l’on appelle en Allemagne : Noms qui déplacent l’accent, et en France, mal à propos : Noms à déclinaison imparisyllabique. On en peut ainsi formuler la théorie :
- 1°
- Un certain nombre de noms français revêtent au singulier deux formes distinctes, l’une pour le sujet (emperere, sire, etc.), et l’autre pour le régime (empereür, seignur, etc.).
- 2°
- Ces deux formes s’expliquent aisément par le déplacement de l’accent tonique, qui, dans imperator, senior, etc., n’est pas à la même place que dans imperatorem, seniorem, etc.
- 3°
- M. Bartsch (dans la Grammaire qui suit sa Chrestomathie de l’ancien français, p. 480) divise en trois familles tous les Noms à double déclinaison : a. Ceux qui dérivent des noms latins en or, oris... b. Ceux qui viennent des vocables en o, onis. Et enfin, c : les « mots isolés », tels que niés, nevuld ; enfes, enfant, etc.
- 4°
- Quelques substantifs de la deuxième déclinaison (tels, par exemple, que Carles, Marsilies, etc.), ont été, par analogie ou par extension, soumis aux règles de la « Déclinaison qui déplace l’accent ». (Carles, Carlun ; Marsilies, Marsiliun), etc.