Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XCIII
De Wicri Chanson de Roland
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Dans le manuscrit d'Oxford
La laisse XCIII (93) est contenue dans les feuilletd 22 verso et 23 recto du manuscrit d'Oxford. Elle démarre avec la lettrine V (U). Elle est numérotée
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Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)
Source : Wikisource[1]
LA MÊLÉE
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XCIII | |||
Li niés Marsilie (il ad num Aelroth) | Le neveu de Marsile (il s’appelle Aelroth) | ||
Tut premereins chevalchet devant l’ost. | Chevauche tout le premier devant l’armée païenne. | ||
1190 | De noz Franceis vait disanz si mals moz : | Quelles injures il jette à nos Français ! | |
« Feluns Franceis, hoi justerez as noz. | « Félons Français, vous allez aujourd’hui lutter avec les nôtres !
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« Traït vus ad ki à guarder vus out ; | « Celui qui vous devait défendre vous a trahis. | ||
« Fols est li Reis ki vus laissat as porz. | « Quant à votre empereur, il est fou de vous avoir laissés dans ces défilés ;
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« Encoi perdrat France dulce sun los, | « Car c’en est fait aujourd’hui de l’honneur de douce France,
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1195 | « Carles li magnes le destre braz de l’ cors. » | « Et Charles le Grand va perdre ici le bras droit de son corps. »
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Quant l’ot Rollanz, Deus ! si grant doel en out ! | Roland l’entend : grand Dieu, quelle douleur ! | ||
Sun cheval brochet, laisset curre ad esforz. | Il éperonne son cheval et le lance bride abattue. | ||
Vait le ferir li quens quanque il pout, | Le comte frappe le païen des plus rudes coups qu’il peut porter ;
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L’escut li freint et l’osberc li desclot, | Il fracasse l’écu d’Aelroth, lui rompt les mailles du haubert ;
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1200 | Trenchet le piz, si li briset les os, | Lui tranche la poitrine, lui brise les os, | |
Tute l’eschine li deseveret de l’ dos, | Lui sépare toute l’échine du dos, | ||
Od sun espiet l’anme li getet fors, | Et avec sa lance lui jette l’âme hors du corps. | ||
Enpeint le ben, fait li brandir le cors, | Le coup est si rude qu’il fait chanceler le misérable, | ||
Pleine sa hanste de l’ cheval l’abat mort ; | Si bien que Roland, à pleine lance, l’abat mort de son cheval,
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1205 | En dous meitez li ad briset le col. | Et que le cou du païen est en deux morceaux. | |
Ne laisserat, ço dit, que n’i parolt : | Roland cependant ne laissera pas de lui parler : | ||
« Ultre, culvert ! Carles n’est mie fols, | « Va donc, brigand, et sache bien que Charlemagne n’est pas fou
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« Ne traïsun unkes amer ne volt. | « Et qu’il n’aima jamais la trahison. | ||
« Il fist que proz qu’il nus laissat as porz ; | « En nous laissant aux défilés il a agi en preux, | ||
1210 | « Hoi n’en perdrat France dulce sun los. | « Et la France ne perdra pas aujourd’hui son honneur. | |
« Ferez i, Franc ! Nostre est li premers colps. | « Frappez, frappez, Français : le premier coup est nôtre. | ||
« Nus avum dreit, mais cist glutun unt tort. » | Aoi. | « C’est à ces gloutons qu’est le tort, c’est à nous qu’est le droit. »
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Voir aussi
- Notes
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