Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CXLI

De Wicri Chanson de Roland
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Cette page introduit la laisse CXLI (141) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur les feuillets 34 verso puis 35 recto puis ) du manuscrit.

Elle démarre par une lettrine H.

Elle est numérotée

  • CXLII chez Francisque Michel ;
  • CXL chez Edmund Stengel ;
  • CXLIII chez Léon Gautier


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


CXLIII

Hom ki ço set que ja n’averat prisun, Quand il sait qu’on ne lui fera point de quartier,
En tel bataille fait grant defensiun ; L’homme dans la bataille se défend formidablement.
Pur ço sunt Franc si fier cume leun. Et c’est pourquoi les Français sont fiers comme des lions.
As vus Marsilie en guise de barun, Voici, voici Marsile, qui a tout l’air d’un vrai baron.
1890 Siet el’ cheval qu’il apelet Gaignun ; Monté sur son cheval qu’il appelle Gaignon ;
Brochet le ben, si vait ferir Bevun, Il l’éperonne vivement et va frapper Beuves,
(Icil ert sire de Belne e de Digun), Sire de Beaune et de Dijon ;
L’escut li freint et l’osberc li derumpt, Il lui brise l’écu, lui rompt les mailles du haubert,
Que mort l’abat seinz altre descunfisun ; Et l’abat mort du premier coup ;
1895 Puis, ad ocis Yvoerie et Ivun, Puis le roi sarrasin tua encore Ivoire et Ivon
Ensembl’od els Gerard de Russillun. Et, avec eux, Girard de Roussillon.
Li quenz Rollanz ne li est guaires luinz, Le comte Roland n’était pas loin :
Dist à l’ païen : « Damnes Deus mal te duinst ! « Que le Seigneur Dieu te maudisse, dit-il au païen,
« A si grant tort m’ociz mes cumpaignuns, « Puisque tu m’as si cruellement privé de mes compagnons.
1900 « Colp en averas, einz que nus departum, « Tu vas, avant de nous séparer, le payer d’un rude coup,
« Et de m’espée encoi saveras le num. » « Et savoir aujourd’hui le nom de mon épée. »
Vait le ferir en guise de barun, Alors il va le frapper en vrai baron
Trenchet li ad li quens le destre puign ; Et lui tranche du coup le poing droit ;
Puis, prent la teste de Jurfaleu le blund ; Puis il prend la tête de Jurfaleu le blond,
1905 Icil ert filz à l’ rei Marsiliun. Qui était le propre fils du roi Marsile.
Païen escrient : « Aïe nus, Mahum ; « À l’aide ! à l’aide ! Mahomet, s’écrient alors les païens.
« Li nostre deu, vengez nus de Carlun ! « Ô nos dieux, vengez-nous de Charles.
« En ceste terre nus ad mis tels feluns
« Quels félons il a laissés devant nous sur la terre d’Espagne !
« Ja pur murir le camp ne guerpirunt. » « Plutôt que de nous laisser le champ, ils mourront.
1910 Dist l’uns à l’altre : « E ! kar nus en fuium ! »
« — Nous n’avons plus qu’à nous enfuir, » se disent-ils l’un à l’autre.
A icest mot tel .c. milie s’en vunt : Et voilà que, sur ce mot, cent mille hommes tournent le dos.
Ki que’s rapelt, ja n’en returnerunt. Aoi. Les rappeler ? c’est inutile. Ils ne reviendront pas.

Voir aussi

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