Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CCIV

De Wicri Chanson de Roland
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Révision datée du 30 septembre 2022 à 21:59 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription et traduction par Léon Gautier)

Cette page introduit la laisse CCIV (204) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur les feuillets 51 verso et 52 recto du manuscrit.

Elle démarre sur une lettrine E (en bas de page).


Elle est numérotée :

  • CCIV chez Francisque Michel (page 87).
  • CCVI chez Léon Gautier.
  • CCI chez Edmund Stengel.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


CCVI

2855 En Rencesvals en est Carles entrez : Charles est revenu à Roncevaux.
Des morz qu’il troevet cumencet à plurer. À cause des morts qu’il y trouve, commence à pleurer :
Dist as Franceis : « Seignurs, le pas tenez ; « Seigneurs, dit-il aux Français, allez le petit pas ;
« Kar mei meïsme estoet avant aler « Car il me faut aller seul en avant,
« Pur mun nevuld que vuldreie truver. « Pour mon neveu Roland que je voudrais trouver.
2860 « Ad Ais esteie, ad une feste anuel : « Un jour j’étais à Aix, à une fête annuelle ;
« Si se vanteient mi vaillant chevaler « Mes vaillants chevaliers se vantaient
« De granz batailles, de forz esturs pleners ; « De leurs batailles, de leurs rudes et forts combats ;
« D’une raisun oï Rollant parler : « Et Roland disait, je l’entendis,
« Ja ne murreit en estrange regnet « Que, s’il mourait jamais en pays étranger,
2865 « Ne trespassast ses humes e ses pers :
« On trouverait son corps en avant de ceux de ses pairs et de ses hommes ;
« Vers lur païs avereit sun chef turnet, « Qu’il aurait le visage tourné du côté du pays ennemi,
« Cunquerrantment si finereit li bers. » « Et qu’enfin, le brave ! il mourrait en conquérant. »
Plus qu’om ne poet un bastuncel jeter, Un peu plus loin que la portée d’un bâton qu’on jetterait,
Devant les altres est en un pui muntez. Aoi.
Charles est allé devant ses compagnons et a gravi une colline.

Transcription commentée de Francisque Michel

A la page 2 de l'édition de 1869.


CCIV.
En Rencesvals en est Carles venuz,
Des morz qu'il troevet* cumencet à plurer,  *Qu'il trouve.
Dist à Franceis : « Segnu[r]s, le pas* tenez ;  *Passage.
Kar* mei-méisme estoet** avant aler  *Car à. **(Il) faut.
Pur mun ne[v]ud* que vuldreie truver.  *Neveu.
A Eis* esteie à une feste anoel ;  *À Aix.
Si se vantoent mi vaillant chevaler
De granz batailles, de forz esturs* pleners ;  *Combats.
D'une raisun* oï Rollant parler :  *Chose.
Jà ne murreit en estrange régnet*  *En royaume étranger.
Ne trespassast* ses hume[s] e ses pers,  *Ne passât.
Vers lur païs avereit sun chef turnet*,  *Sa tête tournée.
Cunquerrantment si finereit li bers*. »  *En conquérant mourrait le preux.
Plus qu'en ne poet un bastuncel* jeter,  *Plus qu'on ne peut un petit bâton.
Devant les altres est en un pui* muntet. [AOI.]  *Montagne.

CCV.
Quant l'emperères vait querre sun nevold*,  *Neveu.
De tantes* herbes el pré truvat les flors  *Tant de.
Ki sunt vermeilz del sanc de noz barons ;
Pitet en ad, ne poet muer n'en plurt*.  *Ne peut s'empêcher d'en pleurer.
Desuz* dous arbres parvenuz est li reis,  *Dessous.
Les colps* Rollant conut en treis perruns,  *Les coups de.
Sur l'erbe verte veit gésir sun nevuld :
N'en est merveille se Karles ad irur* ;  *Chagrin.
Descent à pied, aled i est pleins curs*  *Pleine course.
Entre ses mains ansdous le priest suus*,  *Entre ses deux mains le prit, le leva.
Sur lui se pasmet : tant par est anguissus. [AOI.]


 
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