Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CXXXVI

De Wicri Chanson de Roland

Cette page introduit la laisse CXXXVI (136) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 33 recto puis verso du manuscrit.

Elle démarre par une lettrine E.

Elle est numérotée

  • CXXXVII chez Francisque Michel ;
  • CXXXV chez Edmund Stengel.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


CXXXVIII

Esclargiz est li vespres e li jurz ; Le soir s’est éclairci, voici le jour.
Cuntre le soleill reluisent cil adub, Au soleil reluisent les armes ;
Osberc e helme i getent grant flambur, Heaumes et hauberts jettent des flammes,
1810 E cil escut ki ben sunt peint à flurs, Et les écus aussi, si bien peints à fleurs,
E cil espiet, cil oret gunfanun. Et les lances et les gonfanons dorés.
Li Emperere chevalchet par irur, L’Empereur chevauche, plein de colère ;
E li Franceis dolent e curius ; Tous les Français sont tristes, sont angoisseux ;
N’i ad celui ki durement ne plurt, Il n’en est pas un qui ne pleure à chaudes larmes,
1815 E de Rollant sunt en mult grant poür. Pas un qui ne tremble pour Roland...
Li Reis fait prendre le cunte Guenelun, Cependant l’Empereur a fait saisir le comte Ganelon
Si l’ cumandat as cous de sa maisun ; Et l’a livré aux gens de sa cuisine.
Tut le plus maistre en apelet Besgun : Leur chef se nomme Bègue ; Charles l’appelle :
« Ben le me guarde, si cume tel felun « Garde-moi bien cet homme, dit-il, comme un traître
1820 « De ma maisnée ad faite traïsun. » « Qui a vendu toute ma maison. »
Cil le receit, si met .c. cumpaignuns Bègue alors prend Ganelon, et met après lui cent compagnons
De la quisine, des melz e des pejurs : De sa cuisine, des meilleurs et des pires,
Icil li peilent la barbe e les gernuns, Qui vous lui épilent la barbe et les moustaches.
Cascuns le fiert .iiii. colps de sun puign. Puis, chacun vous lui donne quatre coups de son poing ;
1825 Ben le batirent à fuz e à bastuns,
Ensuite ils vous le battent rudement à coups de verges et de bâtons ;
E si li metent el’ col un caeignun ; Ils vous lui mettent une grosse chaîne au cou,
Si l’ encaeinent altresi cum un urs, Ils l’enchaînent enfin comme on ferait un ours
Sur un sumer l’unt mis à deshonur ; Et le jettent ignominieusement sur un cheval de charge.
Tant le guarderent que l’ rendent à Carlun. Aoi.
Et c’est ainsi qu’ils le gardèrent jusqu’au moment de le rendre à Charles.

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