Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CXLVIII

De Wicri Chanson de Roland
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Révision datée du 21 mars 2022 à 10:10 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription et traduction par Léon Gautier (1872))

Cette page introduit la laisse CXLVIII (148) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 36 (recto puis verso) du manuscrit.

Elle démarre par une lettrine A.

Elle est numérotée

  • CL chez Francisque Michel ;
  • CXLVII chez Edmund Stengel.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)

Source : WikiSource [1]


CL

As vus Rollant sur sun cheval pasmet, Voyez-vous Roland, là, pâmé sur son cheval,
1990 E Oliver ki est à mort naffrez. Et Olivier, qui est blessé à mort ?
Tant ad seinet, li oil li sunt trublet : Il a tant saigné que sa vue en est trouble ;
Ne loinz ne près ne poet veeir si cler Ni de près, ni de loin, ne voit plus assez clair
Que reconoistre puisset nul hume mortel ; Pour reconnaître homme qui vive.
Sun cumpaignun, cum il l’ad encuntret, Le voilà qui rencontre son compagnon Roland ;
1995 Si l’ fiert amunt sur l’ helme ad or gemmet, Sur le heaume doré il frappe un coup terrible,
Tut li detrenchet d’ici que à l’ nasel, Qui le fend en deux jusqu’au nasal,
Mais en la teste ne l’ad mie adeset. Mais qui, par bonheur, ne pénètre pas en la tête.
A icel colp l’ ad Rollanz reguardet, À ce coup, Roland l’a regardé,
Si li demandet dulcement e suef : Et doucement, doucement, lui fait cette demande :
2000 « Sire cumpainz, faites le vus de gret ? « Mon compagnon, l’avez-vous fait exprès ?
« Ja est ço Rollanz, ki tant vus soelt amer ; « Je suis Roland, celui qui tant vous aime :
« Par nule guise ne m’aviez desfiet. » « Vous ne m’aviez pas défié, que je sache ?
Dist Olivers : « Or vus oi jo parler ; « — Je vous entends, dit Olivier, je vous entends parler,
« Jo ne vus vei : veiet vus damnes Deus ! « Mais point ne vous vois : Dieu vous conduise, ami.
2005 « Ferut vus ai : kar le me pardunez. » « Je vous ai frappé, pardonnez-le-moi.
Rollanz respunt : « Jo n’ai nient de mal ; « — Je n’ai pas de mal, répond Roland ;
« Jo l’ vus parduins ici e devant Deu. » « Je vous pardonne ici et devant Dieu. »
A icel mot l’uns à l’ altre ad clinet ; À ce mot, ils s’inclinent l’un devant l’autre.
Par tel amur as les vus deseveret. Aoi.
C’est ainsi, c’est avec cet amour qu’ils se séparèrent l’un et l’autre.

Voir aussi

Notes

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