La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 2/La mêlée

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La mélée
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Les couplets (laisses)

...

CXXXIII

    D’autre part est le païen Valdabron
 1520  Qui, pour la chevalerie, fut le parrain du roi Marsile.
Il est seigneur sur mer de quatre cents vaisseaux.
Pas de marinier qui ne se réclame de lui.
C’est ce Valdabron qui jadis prit Jérusalem par trahison,
C’est lui qui viola le temple de Salomon,
 1525 Et qui devant les fonts égorgea le patriarche.
C’est encore lui qui a reçu les promesses du comte Ganelon,
Et qui a donné à ce traître son épée avec mille mangons.
Le cheval qu’il monte s’appelle Gramimond :
Un faucon est moins rapide.
 1530 Il le pique de ses éperons aigus,
Et va frapper le puissant duc Samson.
Il met en pièces l’écu du Français, rompt les mailles du haubert,
Lui fait entrer dans le corps les pans de son gonfanon,
Et, à pleine lance, l’abat mort des arçons :
« Misérables, » s'écrit-il, « vous y mourrez tous les uns après les autres »
 1535 « Frappez, païens, nous les vaincrons. »
Et les Français : « Dieu ! s’écrient-ils, quel baron nous venons de perdre ! »    [Aoi]

Notes originales

1523. C’est ce Valdabron qui jadis prit Jérusalem

En 1012, le calife Hakem persécuta les chrétiens, détruisit la grande église de Jérusalem et fit crever les yeux au patriarche Jérémie. Le retentissement de ces crimes dut être grand en Europe, et ils ont peut-être inspiré l'auteur de notre Roland ou un de ses devanciers. Cf. ce que nous avons dit de Geoffroi d'Anjou (vers 106 et de Richard de Normandie (vers 171), lesquels sont morts tons deux à la fin du Xe siècle, et qui jouent un rôle si important dans notre poème. Ces diverses traditions, qui remontent aux premiers Capétiens, sont venues se joindre, dans notre action épique, à des traditions évidemment carlovingiennes, comme celles du désastre même de Roncevaux et de ta mort de Roland.