Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XVIII : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
(Dans le manuscrit)
Ligne 10 : Ligne 10 :
 
[[Fichier:Page10-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg|200px|center]]
 
[[Fichier:Page10-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg|200px|center]]
 
{{Fin 2 colonnes}}
 
{{Fin 2 colonnes}}
 +
==Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)==
 +
<section begin='20' />
 +
{| cellspacing='0' cellpadding='0' style="width:100%;text-indent:0px;border:0;padding-left:0px;"
 +
|- valign='top'
 +
| style="width:5%;"|
 +
| style="width:42%;"|
 +
| style="width:5%;"|
 +
| style="width:48%;"|
 +
|- valign='top'
 +
| colspan='4'|{{LaisseRoland|20|XX}}
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Franc chevaler, dist li emperere Carles,
 +
|
 +
|« Chevaliers Francs, dit l’empereur Charles,
 +
|- valign='top'
 +
| style="text-align: right; font-size: 80%; color: rgb(0, 0, 136);padding-right:10px;"|275
 +
|« Car m’eslisez un barun de ma Marche,
 +
|
 +
|« Élisez-moi un baron de ma terre,
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Qu’à Marsiliun me portast mun message. »
 +
|
 +
|« Qui soit mon messager près de Marsile. »
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Ço dist Rollanz : « Ço ert Guenes, mis parastre. »
 +
|
 +
|« — Eh ! dit Roland, ce sera Ganelon, mon beau-père.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|Dient Franceis : « Car il le poet ben faire ;
 +
|
 +
|{{VL|« — Il remplirait fort bien ce message, s’écrient tous les Français,}}
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Se lui lessez, n’i trametrez plus saive. »
 +
|
 +
|{{VL|« Et, si vous le laissez ici, vous n’en trouverez pas un meilleur. »}}
 +
|- valign='top'
 +
| style="text-align: right; font-size: 80%; color: rgb(0, 0, 136);padding-right:10px;"|280
 +
|E li quens Guenes en fut mult anguisables ;
 +
|
 +
|Le comte Ganelon en est tout plein d’angoisse ;
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|De sun col getet ses grandes pels de martre,
 +
|
 +
|Il rejette de son cou ses grandes peaux de martre,
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|E est remés en sun blialt de palie.
 +
|
 +
|Et reste avec son seul bliaut de soie.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|Vairs ont les oils e mult fier le visage,
 +
|
 +
|Il a les yeux vairs ; sur son visage éclate la fierté ;
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|Gent out le cors e les costez out larges ;
 +
|
 +
|Son corps est tout gracieux, larges sont ses côtés...
 +
|- valign='top'
 +
| style="text-align: right; font-size: 80%; color: rgb(0, 0, 136);padding-right:10px;"|285
 +
|Tant par fut bels, tuit si per l’en esgardent.
 +
|
 +
|Ses pairs ne le peuvent quitter des yeux, tant il est beau.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|Dist à Rollant : « Tut fol, pur quei t’esrages ?
 +
|
 +
|« Fou, dit-il à Roland, pourquoi cette rage ?
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Ço set hom ben que jo sui tis parastre ;
 +
|
 +
|« On le sait assez que je suis ton beau-père.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Si as juget qu’à Marsiliun en alge.
 +
|
 +
|« Ainsi tu m’as condamné à aller vers Marsile ?
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Se Deus ço dunet que jo de là repaire,
 +
|
 +
|« C’est bien ; mais, si Dieu permet que j’en revienne,
 +
|- valign='top'
 +
| style="text-align: right; font-size: 80%; color: rgb(0, 0, 136);padding-right:10px;"|290
 +
|« Jo t’en muverai un si grant cuntraire
 +
|
 +
|« Je te poursuivrai d’une telle haine,
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Ki durerat à trestut tun edage. »
 +
|
 +
|« Qu’elle durera autant que ta vie.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|Respunt Rollanz : « Orguill oi e folage.
 +
|
 +
|« — Orgueil et folie, répond Roland.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Ço set hom ben, n’ai cure de manace ;
 +
|
 +
|« On sait trop bien que je ne prends nul souci des menaces.
 +
|- valign='top'
 +
|
 +
|« Mais saives hom il deit faire message ;
 +
|
 +
|« Mais, pour un tel message, il faut un homme sage,
 +
|- valign='top'
 +
| style="text-align: right; font-size: 80%; color: rgb(0, 0, 136);padding-right:10px;"|295
 +
|« Si li Reis voelt, prez sui pur vus le face. »
 +
| style="font-variant: small-caps; padding-left:10px; padding-right:10px;"|Aoi.
 +
|{{VL|« Et, si le Roi le veut, je suis prêt à le faire en votre place. »}}
 +
|}
 +
<section end='20' />
  
 
==Voir aussi==
 
==Voir aussi==

Version du 26 août 2021 à 08:21

Cette page concerne la laisse XVIII du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse XVIII est contenue dans le feuillet 5 verso du manuscrit.

 
Page10-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)


XX

« Franc chevaler, dist li emperere Carles, « Chevaliers Francs, dit l’empereur Charles,
275 « Car m’eslisez un barun de ma Marche, « Élisez-moi un baron de ma terre,
« Qu’à Marsiliun me portast mun message. » « Qui soit mon messager près de Marsile. »
« Ço dist Rollanz : « Ço ert Guenes, mis parastre. » « — Eh ! dit Roland, ce sera Ganelon, mon beau-père.
Dient Franceis : « Car il le poet ben faire ;
« — Il remplirait fort bien ce message, s’écrient tous les Français,
« Se lui lessez, n’i trametrez plus saive. »
« Et, si vous le laissez ici, vous n’en trouverez pas un meilleur. »
280 E li quens Guenes en fut mult anguisables ; Le comte Ganelon en est tout plein d’angoisse ;
De sun col getet ses grandes pels de martre, Il rejette de son cou ses grandes peaux de martre,
E est remés en sun blialt de palie. Et reste avec son seul bliaut de soie.
Vairs ont les oils e mult fier le visage, Il a les yeux vairs ; sur son visage éclate la fierté ;
Gent out le cors e les costez out larges ; Son corps est tout gracieux, larges sont ses côtés...
285 Tant par fut bels, tuit si per l’en esgardent. Ses pairs ne le peuvent quitter des yeux, tant il est beau.
Dist à Rollant : « Tut fol, pur quei t’esrages ? « Fou, dit-il à Roland, pourquoi cette rage ?
« Ço set hom ben que jo sui tis parastre ; « On le sait assez que je suis ton beau-père.
« Si as juget qu’à Marsiliun en alge. « Ainsi tu m’as condamné à aller vers Marsile ?
« Se Deus ço dunet que jo de là repaire, « C’est bien ; mais, si Dieu permet que j’en revienne,
290 « Jo t’en muverai un si grant cuntraire « Je te poursuivrai d’une telle haine,
« Ki durerat à trestut tun edage. » « Qu’elle durera autant que ta vie.
Respunt Rollanz : « Orguill oi e folage. « — Orgueil et folie, répond Roland.
« Ço set hom ben, n’ai cure de manace ; « On sait trop bien que je ne prends nul souci des menaces.
« Mais saives hom il deit faire message ; « Mais, pour un tel message, il faut un homme sage,
295 « Si li Reis voelt, prez sui pur vus le face. » Aoi.
« Et, si le Roi le veut, je suis prêt à le faire en votre place. »

Voir aussi

Sur ce wiki :