Histoire poétique de Charlemagne (1905) Paris/Livre premier/Chapitre X : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
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ont éte changés, et les événements seuls ont conserve les traits primitifs. Nous avons ajouté plus d'un rapprochement a ceux qu'on avait deja établis ; mais nous sommes obligé d'avouer que parmi les romances du cycle carolingien il en est plus dune en- core qui a défié nos recherches ½, Une grande difficulté était dans le discernement des romances anciennes et fondées traditionnel- lement sur des poémes francais, et de celles qu'au seizieme siecle des poetes artistiques imiterent des romans italiens. Heureuse- ment M. Wolf nous a débarrassé de ce travail de délicate critique: il n'a admis dans sa collection a la premiere série, et si quelques-unes des romances qu'il y a rap- portées doivent en etre exclues, aucune de celles qu'il a écartées ne mérite de réhabilitation. Nous ne sortirons donc pas pour cet exa- men de la Primavera y flor. Pour les romans, nous avons du nous rapporter presque aveuglément au catalogue de livres de chevale- rie Gaule : les livres dont il s'agit n'etant pas a notre disposition, nous n'avons pu que rarement controler le savant espagnol. Son catalo- gue, d'ailleurs, annule tous ceux qui P'ont précédé ; il est extreme- ment complet, et offre en outre plus de méthode qu'aucun autre. Quant au theatre espagnol, nous avons cru devoir nous en occu- per assez peu; nous n'avons indiqué que plus celebres, sans rechercher curieusement si des poétes secon- daires n'auraient pas traité quelque sujet carolingien ; nous savions d'avance les sources auxquelles ils auraient puisé, et le travestis- sement galant et bravache qu'ils auraient imposé a leur récit. 1° Ogier le Danois.  Elles ont trés-probablement une del Danese (voyez ci-dessus, p. 171, source italienne; Charlot tue Baudouin 193).
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M., Wolf a excellemment dit des romances sur le marquis de Mantoue ( n°s 165-7 de la Primavera) : « Il est clair que dans ces romances d'''Urgero el Danes'' (le marquis de Mantoue) et de ''Valdovinos'' on a confondu les traditions françaises, conservées dans les chansons de gestes, d'Ogier de Danemarche, qui vengea la mort de son fils naturel Baudouin
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===Notes originales de l'auteur===
 
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Version du 22 septembre 2023 à 10:24

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Histoire poetique Charlemagne 1905 Paris p 203.jpg

Cette page introduit le dixième chapitre du premier livre de la thèse de Gaston Paris.

La légende de Charlemagne en Espagne

Avant-propos

Livre premier, chapitre X

LA LEGENDE DE CHARLEMAGNE EN ESPAGNE.

Histoire poetique Charlemagne 1905 Paris p 203.jpg[203]

Absence de traditions nationales.

L'Espagne na pas eu d'épopée. D'habiles critiques ont démontré ce fait et en ont donné les raisons ; nous n'avons pas a y revenir ici[1]. A quelque époque que remontent en substance les romances qui représentent dans l'histoire de la poésie le génie épique de la péninsule, aucune ne nous est parvenue dans une forme antérieure au quinzième siècle. L'opinion qui en fait des fragments de grands poèmes perdus est abandonnée aujourd'hui par les savants les mieux autorisés et ne résiste pas à l'examen[2].

Imitations du français

De très bonne heure en revanche nos traditions et nos poèmes passèrent les Pyrénées. La preuve de la connaissance qu'on en avait des le douzième siècle en Espagne se trouve dans un poème latin composé à la louange du roi Alfonse VII peu de temps après la mort de ce prince (1167). L'auteur, louant un guerrier, dit de lui : « S'il avait vécu au temps de Roland, et qu'il eut fait le troisième avec lui et Olivier, je puis le dire, sans accuser ceux-ci, la nation des Sarrasins serait sous le joug des Français, et les fideles compagnons n'auraient pas trouvé la mort[3]. » On remarquera que cette allusion ne peut se rapporter qu'aux chansons de gestes : Turpin n'isole pas ainsi Roland et Olivier et nomme a peine le dernier dans son récit de Roncevaux. En outre ce passage nous montre, chez les Espagnols, une légende de Roncevaux tout a fait conforme à la notre dont elle est empruntée. Enfin cette allusion suffit peut-être a nous donner approximativement la date du passage de notre Chanson de Roncevaux en Espagne, si l'on ne trouve pas trop subtile la conclusion que nous en tirons. Elle appelle Histoire poetique Charlemagne 1905 Paris p 204.jpg[204] en effet Roland Roldanus ou Roldan, comme d'ailleurs les romances postérieures. Si les Espagnols avaient eu sous les yeux le mot français Roland, il semble peu probable qu'ils en eussent fait Roldan ; au contraire, l'interversion du d et de I'l est chez eux fréquente (tomaldo, mataldo, parilde, pour tomadlo, matadlo, paridle), et rien ne leur était plus naturel que de tirer Roldan de Rodlan. Or la forme Rodlan, évidemment la plus ancienne (Hruodlandus dans Eginhard), déja disparu du poème d'Oxford ; Raoul Tortaire, au onzième siecle, dit encore Rutlandus, et Turpin Rodlandus, du moins dans les plus anciens manuscrits; le provençal a conservé Rotlan : mais en français il n'existe plus au douzième siecle : ce serait donc au onzième siècle qu un poème analogue au notre, et ou Roland s'appelait Rodland, aurait été transporté en Espagne [4].


Les monuments nous font défaut jusqu'au treizieme siecle, ou nous voyons apparaitre dans la Cronica general d' Alfonse X le Savant plusieurs légendes relatives au cycle carolingien ; les unes se retrouvent dans nos poémes, les autres leur sont étrangeres, ou en different meme absolument. Constatons d'abord poémes francais, a cette époque, étaient connus et populaires en Espagne. Une preuve irrécusable s'en trouve dans T'expression souvent employée par Alfonse de cantares de gesta, chansons de gestes. Ce mot ne peut étre venu aux Espagnols que de France, car il n'a aucune histoire et aucune famille dans leur langue, tandis que le mot geste, en vieux francais, a pris les sens les plus divers et est la souche de divers autres vocables, tels que gester, ges- teur , etc. D'ailleurs, Alfonse renvoie a ces chansons de geste pour des récits dont on ne peut contester Porigine francaise. L'e- popée carolingienne avait done trouvé en Espagne comme une se- conde patrie, et les critiques sont unanimes a voir dans les jongleurs (juglares), si souvent mentionnés dans la Cronica general comme auteurs de ces chansons de gestes, des éleves et des imita- teurs des jongleurs frangais 1 car P'espa- fois pour toutes, pour les romances et la gnol intercale parfois le d aprés 1'? dévant poésie traditionnelle en Espagne, aux une voyelle (humilde, celda) ; cf. Diez, deux admirables écrits de M. Wolf : Grammatik, t. I, p. 359. Cependant Y'au- Veber die Romonzenpoesie der Spanier , tre explication de la forme Roldan nous dans les Studien (p. 304-555), et P'Intro- semble plus vraisemblable.

LIVRE PREMIER.


les

que

Nous ne pouvons que renvoyer une

duction au recueil de romances qu'il a

les juglares

La chronique d'Alfonse X

Romances

Histoire poetique Charlemagne 1905 Paris p 210.jpg[210] ont éte changés, et les événements seuls ont conserve les traits primitifs. Nous avons ajouté plus d'un rapprochement a ceux qu'on avait deja établis ; mais nous sommes obligé d'avouer que parmi les romances du cycle carolingien il en est plus dune en- core qui a défié nos recherches ½, Une grande difficulté était dans le discernement des romances anciennes et fondées traditionnel- lement sur des poémes francais, et de celles qu'au seizieme siecle des poetes artistiques imiterent des romans italiens. Heureuse- ment M. Wolf nous a débarrassé de ce travail de délicate critique: il n'a admis dans sa collection a la premiere série, et si quelques-unes des romances qu'il y a rap- portées doivent en etre exclues, aucune de celles qu'il a écartées ne mérite de réhabilitation. Nous ne sortirons donc pas pour cet exa- men de la Primavera y flor. Pour les romans, nous avons du nous rapporter presque aveuglément au catalogue de livres de chevale- rie Gaule : les livres dont il s'agit n'etant pas a notre disposition, nous n'avons pu que rarement controler le savant espagnol. Son catalo- gue, d'ailleurs, annule tous ceux qui P'ont précédé ; il est extreme- ment complet, et offre en outre plus de méthode qu'aucun autre. Quant au theatre espagnol, nous avons cru devoir nous en occu- per assez peu; nous n'avons indiqué que plus celebres, sans rechercher curieusement si des poétes secon- daires n'auraient pas traité quelque sujet carolingien ; nous savions d'avance les sources auxquelles ils auraient puisé, et le travestis- sement galant et bravache qu'ils auraient imposé a leur récit. 1° Ogier le Danois. Elles ont trés-probablement une del Danese (voyez ci-dessus, p. 171, source italienne; Charlot tue Baudouin 193).

que les romances qu'il a rattachées

que

M. de Gayangos a place en tete de son édition d' Amadis de

deux ou trois ceuvres

bien anciennes ?; elles in-

a la chasse, comme dans le ms. XIlI de Venise et le poéme intitule : Libro

Ogier le Danois

M., Wolf a excellemment dit des romances sur le marquis de Mantoue ( n°s 165-7 de la Primavera) : « Il est clair que dans ces romances d'Urgero el Danes (le marquis de Mantoue) et de Valdovinos on a confondu les traditions françaises, conservées dans les chansons de gestes, d'Ogier de Danemarche, qui vengea la mort de son fils naturel Baudouin


et, tué a coup d'échiquier par Charlot, et de Baudouin, frere de Roland et époux de Sibile, veuve de Guiteclin de Saxe (Primavera, II, 217). > Ajouton.a que ces romances ne sont pas 4 Telles sont celles du Conde Dirlos, de Gaiferos, du Palmero, etc. 2

Notes originales de l'auteur

  1. [200 : 1]Voy. principalement Wolf, Studien, p. 405 ; Dozy, Recherches, Ire ed., p. 649 (ce passage a été modifie dans la seconde édition, t. 11, p. 215) Wolf, Primavera, I, p. xill et LXV.
  2. Voyez les auteurs déjà cités.
  3. Florez, España Sagrada, XXI, 405 ; cité dans Wolf, Studien, p. 497. Nous donnons tout le morceau a l'Appendice, n° VII,
  4. [204 1]Cette preuve n'est qu'une probabilité, et non des plus fortes :

Voir aussi