La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/1872/Volume 2/Notes/Légendes de Charlemagne : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
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Celui qui avait vengé la mort de Roland, le vainqueur de Pinabel, Thierry, au moment de son combat contre le champion de Ganelon, avait vu un geai se poser miraculeusement sur son heaume. De là le nom de « Gaydon », qui resta désormais à Thierry. C’est ce Gaydon qui va continuer Roland ; c’est aussi contre lui que toute la famille de Ganelon va se liguer. Les traîtres essayent d’assassiner l’empereur Charlemagne, et accusent Gaydon de ce crime. Par bonheur, le complot est déjoué. Un nouveau duel est décidé entre Gaydon et le chef des traîtres, Thibaut d’Aspremont. Dieu prononce une seconde fois en faveur de Gaydon : Thibaut meurt. (''Gaydon'', poëme du commencement du {{s|xiii}}, v. 1-1790.) — Charles cependant se laisse encore séduire par la race de Ganelon, et Gaydon est disgracié. Une terrible guerre éclate alors entre l’Empereur et Gaydon. Celui-ci a pour auxiliaire un petit noble campagnard, un ''vavasseur'' du nom de Gautier, qui s’illustre par cent exploits admirables. (V. 1791-2468.) Gaydon, d’ailleurs, a dans son armée tous les jeunes chevaliers dont les pères combattent à côté de Charlemagne. Après des péripéties nombreuses et compliquées (v. 2469-9677), Charles essaye, mais en vain, de pénétrer dans Angers, qui est le boulevard de son
 
Celui qui avait vengé la mort de Roland, le vainqueur de Pinabel, Thierry, au moment de son combat contre le champion de Ganelon, avait vu un geai se poser miraculeusement sur son heaume. De là le nom de « Gaydon », qui resta désormais à Thierry. C’est ce Gaydon qui va continuer Roland ; c’est aussi contre lui que toute la famille de Ganelon va se liguer. Les traîtres essayent d’assassiner l’empereur Charlemagne, et accusent Gaydon de ce crime. Par bonheur, le complot est déjoué. Un nouveau duel est décidé entre Gaydon et le chef des traîtres, Thibaut d’Aspremont. Dieu prononce une seconde fois en faveur de Gaydon : Thibaut meurt. (''Gaydon'', poëme du commencement du {{s|xiii}}, v. 1-1790.) — Charles cependant se laisse encore séduire par la race de Ganelon, et Gaydon est disgracié. Une terrible guerre éclate alors entre l’Empereur et Gaydon. Celui-ci a pour auxiliaire un petit noble campagnard, un ''vavasseur'' du nom de Gautier, qui s’illustre par cent exploits admirables. (V. 1791-2468.) Gaydon, d’ailleurs, a dans son armée tous les jeunes chevaliers dont les pères combattent à côté de Charlemagne. Après des péripéties nombreuses et compliquées (v. 2469-9677), Charles essaye, mais en vain, de pénétrer dans Angers, qui est le boulevard de son
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jeune adversaire. L’Empereur s’était caché sous les habits d’un pèlerin ; mais il est reconnu par Gaydon, et forcé d’accepter toutes les conditions que son vassal veut lui imposer. Le champion de Roland est alors nommé grand sénéchal de France ; mais, un an après, il se fait ermite. (V. 9678-10878.)
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Un autre continuateur de Roland, c’est Anseïs de Carthage, qui a également donné son nom à un de nos Romans... Avant de quitter l’Espagne pacifiée, Charlemagne veut lui donner un roi : il choisit Anseïs, le fils de Rispeu de Bretagne. (''Anseïs de Carthage'', poëme composé vers le milieu du {{s|xiii|e|-}} s., B. N., 793, f° 1) Anseïs étant trop jeune, on lui donne le vieil Isoré pour tuteur. (''Ibid''., f° 1, 2.) Par malheur, cet Isoré a une fille qui s’éprend du jeune roi d’Espagne, et se fait déshonorer par lui. De là une implacable colère d’Isoré contre Anseïs. Le père indigné va jusqu’à s’allier aux païens pour mieux lutter contre le jeune roi chrétien. (''Ibid''., f° 2-14.) La guerre s’engage, et elle est véritablement interminable. (''Ibid''., f° 14-52.) Anseïs, en détresse, demande à grands cris le secours de Charlemagne. Malgré ses deux cents ans, Charlemagne accourt et le délivre. (''Ibid''., f° 52-71.) Le traître Isoré est pendu, et Marsile, dont l’auteur d’''Anseïs'' n’a pas craint de prolonger la vie, est enfin mis à mort sur l’ordre du roi de France pour avoir obstinément refusé le baptême. Quant à Anseïs, il règne désormais sans conteste dans l’Espagne soumise et apaisée. (F° 68-72.)
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Ici s’achève, dans notre légende, ce que les Italiens ont appelé la ''Spagna'', et des Pyrénées nous sommes transportés sur les bords du Rhin.
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Dans la ''Chanson des Saisnes'', Charlemagne ne joue qu’un rôle assez effacé, et surtout assez vil... Guiteclin (Witikind) vient d’entrer vainqueur dans Cologne ; les Saisnes menacent l’empire chrétien. L’Empereur apprend ces tristes nouvelles, et en pleure. (''Chanson des Saisnes'', des dernières années du {{s|xii|e|-}} s., Couplets {{sc|v-xii}}.) Donc la guerre commence ; mais tout semble conspirer contre Charles : la discorde éclate parmi ses peuples. Les Hérupois (c’est-à-dire les Normands, les Angevins, les Manceaux, les Bretons et les Tourangeaux) jouissent de certains priviléges que les autres sujets de l’Empereur leur envient. De là une sorte de révolte qu’il ne sera pas aisé de calmer. Charles voudrait contenter tout le monde, et enlever néanmoins leurs priviléges aux Hérupois ; mais ceux-ci montrent les dents, et arrivent menaçants jusque dans Aix. Ils parlent haut, et l’Empereur pousse la bassesse jusqu’à marcher pieds nus à leur rencontre. Tout s’arrange. (Couplets {{sc|xiii-xlvii}}.) C’est alors, mais alors seulement que Charles peut entrer en campagne contre les Saisnes. Et c’est ici qu’apparaît un frère de Roland, Baudouin, qui se prend d’un amour ardent pour la femme de Guiteclin, Sibille, et pour elle s’expose mille fois à la mort. La guerre se prolonge pendant plus de deux ans. Les Hérupois daignent enfin consentir à venir au
  
 
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==Voir aussi==
 
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Version du 17 septembre 2023 à 18:26

Légendes de Charlemagne après la mort de Roland


 
 

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Légendes

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 271.jpg[264] Nous avons résumé plus haut (V. la note du vers 96) toute la « Légende de Charles antérieure à la mort de Roland ». Il nous reste à poursuivre ici ce résumé jusqu’à la mort de Charles lui-même. Notre lecteur aura de la sorte un abrégé de toutes nos Chansons de geste, et toute une Histoire poétique du grand empereur avant, pendant et après le désastre de Roncevaux...

Titre à définir

Gaydon

Celui qui avait vengé la mort de Roland, le vainqueur de Pinabel, Thierry, au moment de son combat contre le champion de Ganelon, avait vu un geai se poser miraculeusement sur son heaume. De là le nom de « Gaydon », qui resta désormais à Thierry. C’est ce Gaydon qui va continuer Roland ; c’est aussi contre lui que toute la famille de Ganelon va se liguer. Les traîtres essayent d’assassiner l’empereur Charlemagne, et accusent Gaydon de ce crime. Par bonheur, le complot est déjoué. Un nouveau duel est décidé entre Gaydon et le chef des traîtres, Thibaut d’Aspremont. Dieu prononce une seconde fois en faveur de Gaydon : Thibaut meurt. (Gaydon, poëme du commencement du xiiie siècle, v. 1-1790.) — Charles cependant se laisse encore séduire par la race de Ganelon, et Gaydon est disgracié. Une terrible guerre éclate alors entre l’Empereur et Gaydon. Celui-ci a pour auxiliaire un petit noble campagnard, un vavasseur du nom de Gautier, qui s’illustre par cent exploits admirables. (V. 1791-2468.) Gaydon, d’ailleurs, a dans son armée tous les jeunes chevaliers dont les pères combattent à côté de Charlemagne. Après des péripéties nombreuses et compliquées (v. 2469-9677), Charles essaye, mais en vain, de pénétrer dans Angers, qui est le boulevard de son Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 272.jpg[265] jeune adversaire. L’Empereur s’était caché sous les habits d’un pèlerin ; mais il est reconnu par Gaydon, et forcé d’accepter toutes les conditions que son vassal veut lui imposer. Le champion de Roland est alors nommé grand sénéchal de France ; mais, un an après, il se fait ermite. (V. 9678-10878.)

Anseïs de Carthage

Un autre continuateur de Roland, c’est Anseïs de Carthage, qui a également donné son nom à un de nos Romans... Avant de quitter l’Espagne pacifiée, Charlemagne veut lui donner un roi : il choisit Anseïs, le fils de Rispeu de Bretagne. (Anseïs de Carthage, poëme composé vers le milieu du xiiie siècle- s., B. N., 793, f° 1) Anseïs étant trop jeune, on lui donne le vieil Isoré pour tuteur. (Ibid., f° 1, 2.) Par malheur, cet Isoré a une fille qui s’éprend du jeune roi d’Espagne, et se fait déshonorer par lui. De là une implacable colère d’Isoré contre Anseïs. Le père indigné va jusqu’à s’allier aux païens pour mieux lutter contre le jeune roi chrétien. (Ibid., f° 2-14.) La guerre s’engage, et elle est véritablement interminable. (Ibid., f° 14-52.) Anseïs, en détresse, demande à grands cris le secours de Charlemagne. Malgré ses deux cents ans, Charlemagne accourt et le délivre. (Ibid., f° 52-71.) Le traître Isoré est pendu, et Marsile, dont l’auteur d’Anseïs n’a pas craint de prolonger la vie, est enfin mis à mort sur l’ordre du roi de France pour avoir obstinément refusé le baptême. Quant à Anseïs, il règne désormais sans conteste dans l’Espagne soumise et apaisée. (F° 68-72.)

Ici s’achève, dans notre légende, ce que les Italiens ont appelé la Spagna, et des Pyrénées nous sommes transportés sur les bords du Rhin.

Chanson des Saisnes

Dans la Chanson des Saisnes, Charlemagne ne joue qu’un rôle assez effacé, et surtout assez vil... Guiteclin (Witikind) vient d’entrer vainqueur dans Cologne ; les Saisnes menacent l’empire chrétien. L’Empereur apprend ces tristes nouvelles, et en pleure. (Chanson des Saisnes, des dernières années du xiie siècle- s., Couplets v-xii.) Donc la guerre commence ; mais tout semble conspirer contre Charles : la discorde éclate parmi ses peuples. Les Hérupois (c’est-à-dire les Normands, les Angevins, les Manceaux, les Bretons et les Tourangeaux) jouissent de certains priviléges que les autres sujets de l’Empereur leur envient. De là une sorte de révolte qu’il ne sera pas aisé de calmer. Charles voudrait contenter tout le monde, et enlever néanmoins leurs priviléges aux Hérupois ; mais ceux-ci montrent les dents, et arrivent menaçants jusque dans Aix. Ils parlent haut, et l’Empereur pousse la bassesse jusqu’à marcher pieds nus à leur rencontre. Tout s’arrange. (Couplets xiii-xlvii.) C’est alors, mais alors seulement que Charles peut entrer en campagne contre les Saisnes. Et c’est ici qu’apparaît un frère de Roland, Baudouin, qui se prend d’un amour ardent pour la femme de Guiteclin, Sibille, et pour elle s’expose mille fois à la mort. La guerre se prolonge pendant plus de deux ans. Les Hérupois daignent enfin consentir à venir au


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