Romania (1968) Hackett : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
(L'article de Mary Hackett)
(L'article de Mary Hackett)
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plusieurs endroits de ''Girart de Roussillon''.
 
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Examinons d'abord le contexte. Nous remarquons que l'offre du gant est toujours précédée par le mea culpa, et qu'en outre, au [[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Vers 2365|/Vers v. 2365]], le poète précise que
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Examinons d'abord le contexte. Nous remarquons que l'offre du gant est toujours précédée par le mea culpa, et qu'en outre, au [[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Vers 2365|Vers v. 2365]], le poète précise que
  
 
::Pur ses pecchez Deu en puroffrid lo guant.
 
::Pur ses pecchez Deu en puroffrid lo guant.

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Le gant de Roland


 
 

   
Titre
Le gant de Roland
Auteur
Mary Hackett
In
Romania (revue), n°253, 1968. pp. 253-256.
Source
Persée,
https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1968_num_89_354_2652


L'article de Mary Hackett

Un des détails les plus frappants de cette scène de la Chanson de Roland qui décrit la mort de Roland est le dernier geste du héros, répété à la fin des trois laisses similaires[NDLR 1]. Après avoir récité son mea culpa, Roland offre son gant à Dieu ; la troisième laisse nous apprend que Dieu, par l'intermédiaire de saint Gabriel, l'accepte. Ceux qui ont commenté ce détail y ont vu le geste d'un vassal qui remettrait son fief entre les mains de son suzerain, les rapports de l'homme avec Dieu s'exprimant souvent, à cette époque, en termes féodaux. Cette interprétation s'appuie sur le fait que la remise d'un fief à un vassal souvent par la remise d'un gant, et semble confirmée par les vers 2831-2833 de la chanson, où le roi Marsile, mourant, remet son gant à l'émir Baligant en disant :

...Sire reis amiralz,
Trestute Espaigne ici es mains vos rent,
E Sarraguce e l'onur qu'i apent.

On pourrait en effet soutenir que, dans les deux cas, un vassal qui n'est plus en état de défendre son fief en remet la défense à son suzerain, au propre ou au figuré.

Il me semble, cependant, que la situation de Roland et celle de Marsile sont trop différentes pour que l'on puisse les assimiler et que le geste de Roland, à ce moment suprême, a un sens plus précis et plus personnel. Je propose donc une autre explication, suggérée par un rapprochement entre ce passage et plusieurs endroits de Girart de Roussillon.

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Examinons d'abord le contexte. Nous remarquons que l'offre du gant est toujours précédée par le mea culpa, et qu'en outre, au Vers v. 2365, le poète précise que

Pur ses pecchez Deu en puroffrid lo guant.

Nous aurions donc un geste propitiatoire. Or, Girart de Rous- sillon nous offre plusieurs exemples du même geste, avec un sens précis et quasi juridique. A plusieurs reprises Girart, sachant qu'il a offensé son suzerain Charles Martel, cherche à obtenir son pardon. Par l'intermédiaire d'un messager, il reconnaît ses torts et offre de «faire droit», c'est-à-dire Chaque fois le messager offre au roi un gant, plié, mais celui-ci refuse de l'accepter, et la guerre reprend :

« Segner », co dist danc Folche, « vez vos le dreich De par Girart mon oncle, senz aneleich. S'el vos a fait leit tort que far non deich, D'aico vos feran dreit aici meeich. Serom a l'ostagar, fei que vos deich, Cent baron natural, doncel esleich... » A tant li estendet son gant en pleich.

1958-63, 1979.

La laisse suivante rend encore plus clair le rôle symbolique du gant :

« Segner, prennez is gant ke vos estent : De par Girart mon oncle drei vos present. S'el vos a fait lait tort, son escient, D'aico vos fera dreit a chausiment... » « Mala geu », dist li reis, « s'achest gant prent, Tros que fera de gerre Girart taçent ! »

1980-83, 1986-7.

La même scène se répète plus tard, avec l'ambassade de Begon :

« Seiner, dreit vos fera Girarz mes sire ; Vos 0 prendrez de lui, co vos oi dire ».

5629-30.

Ces passages n'épuisent pas le rôle symbolique du gant dans le Girart; l'offre d'un gant peut accompagner un serment (1 13), une promesse (5510) ou un défi (471 1 , 5642). Ce qui relie ces divers emplois du gant est sans doute l'idée d'un gage, d'un


Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Voir par exemple la traduction de ces trois laisses par Léon Gautier dans son édition populaire.
Liens externes