Roland à Roncevaux (Dictionnaire des opéras)

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Cet article est extrait du Dictionnaire des opéras (1881) Clément

Il reprend intégralement le texte du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle pour l'article correspondant.

L'article

Roland à Roncevaux opéra en quatre actes, paroles et musique de M. A. Mermet, représenté à l'Académie impériale de musique le 3 octobre 1864. De tous les guerriers que les légendes du cycle carlovingien ont, rendus célèbres, le paladin Roland, était le personnage le plus propre à figurer sur notre première scène lyrique. Il se présentait déjà entouré dé l'auréole brillante des fictions de la poésie, et l'autour du livret, n'a eu qu'à disposer dans, uno suite de scènes les principaux épisodes du poëme en, langue franco-normande de Théroulde, intitulé : La chanson de Roland.

Le comte Ganelon, envoyé en. Espagne par Charlemagne, pour faire aux Sarrasins des propositions de paix commencé par rendre la liberté à la fille de l'émir de Saragosse, Solda, qu'il retenait prisonnière. Une belle châtelaine, Alde, éprise on secret des exploits de Roland, repousse les offres de Ganelon qui veut l'épouser, malgré elle. Les deux femmes, qui so sont liées dans leur malheur par des sentiments d'amitié, se concertent pour empêcher cette union que doit bénir l'archevêque Turpin. Un violent orage force Roland à accepter l'hospitalité dans le château. Il est accueilli par Alde comme un libérateur, et il pourrait s'apercevoir de la passion qu'il inspire si son «cœur d'acier» n'était resté jusqu'alors volontairement inaccessible à l'amour. Apprenant que Ganelon veut opprimer une faible femme, il le provoque et lui forait payer cher sa félonie, si l'archevêque n'arrêtait leurs bras au nom de Charlemagne. Ganelon se dispose à enlever la belle châtelaine; mais Saïdà vient au secours do son amie et lui offre, auprès de l'émir son pèro, un asile qu'elle accepte.

Le second acte transporte la scène dans le palais de l'émir. Celui-ci se soumet en apparence aux conditions dictées par Charlemagne. Roland, malgré le serment qu'il à fait de ne jamais se laisser surprendre par l'amour, ne peut résister aux beaux yeux de là châtelaine. Ganelon, eh proie à la jalousie et à la fureur, n'hésite plus à consommer la plus noire trahison. Il forme avec l'émir le dessein dé surprendre le paladin dans le défilé de Roncevaux, Roland et les douze pairs conduisant l'arrière-garde de l'armée, qui doit quitter l'Espagne pour retourner en France.

La scène, au troisième acte, représente le vallon de Roncevaux. Le paladin raconte à l'archevêque Turpin comment sa fameuse épée Durandal est venue en sa possession et à quelle condition elle doit rester invincible. Il lui confesse qu'il n'est plus maître de son cœur. Turpin lui conseille de rester fidèle à son serment et d'oublier la femme dont il est épris. Roland est agité de mille pensées contraires ; Aide n'a que lui pour protecteur, et il l'aime. Un pâtre vient annoncer que le val est cerné parles ennemis;les soldats francs accourent et crient à la trahison. Les douze pairs pressent Roland de sonner de son cor d'ivoire pour avertir Charlemagne du danger qui les menace. Le guerrier refuse :

Quelle honte m'est proposée!
Ne plaise à Dieu qui Ut ciel et rosée,
Que pour des Sarrasins je sonne l'oliphant.

L'archevêque bénit les combattants, et tous se précipitent sur les pas de Roland.

Au quatrième acte, qui n'est à proprement parler qu'un tableau, Roland vient de tuer le traître Ganelon ; mais, mortellement blessé, c'est au milieu des cadavres qui jonchent la terre, qu'il sonne enfin de son cor d'ivoire; il succombe. Charlemagne apparaît au fond du théâtre pour voir lo corps de son neveu emporté sur les boucliers. Eu présence d'un livret si bien conçu pour l'effet théâtral, il y a peu d'intérêt à en signaler les anachronismes et les inexactitudes historiques, à rappeler par exemple que ce furent les Vascons et non les Sarrasins qui extermineront l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne en 778.

L'opéra de M. Mermet a réussi de prime abord, grâce au caractère français et sympathique du sujet, et ensuite à la clarté du style musical, à l'allure martiale, franche et décidée des périodes mélodiques. On ne saurait assurément mettra Roland en parallèle avec les grands ouvrages du répertoire : la Juive, les Huguenots, Guillaume Tell ; il ne saurait non plus soutenir la comparaison avec les principaux ouvrages de Donizetti, de Bel- lini,de Verdi, avec Lucie,la. Favorite, Norma le Trouvère. Mais il peut être classé au premier rang des opéras de troisième ordre, qui ont mérité du succès à cause de certaines qualités saillantes. Dans Roland on remarque peu ou point de situations tendres ; il n'y a ni duos ni cavatines, ni même de ces ensembles à deux et trois mouvements qui sont pour l'au- diteur une source d'impressions variées. L'inspiration du compositeur est entraînée comme fatalement vers l'accent guerrier, la force rhythmique et la sonorité. Le corps de l'ouverture est peu dessiné. 'Des appels fréquents de trompettes, une marche guerrière donnent le ton général de l'ouvrage. Les morceaux les plus saillants du premier acte sont : la Chanson de Roland, dite par un pâtre, et le finale, dont la mélodie est large et puissante d'effet : Superbes Pyrénées. Cette chanson de Roland n'a aucune couleur historique. Il semble qu'elle aurait dû fournir le thème principal de l'ouvrage. On sait le parti que Meyerbeer a tiré du Choral de Luther dans les Huguenots. La Chanson de Roland, que Taillefer entonna en 1066 avant la ba- taille d'IIastings, était une sorte de plain- chanl d'un caractèro héroïque et religieux, d'ailleurs très-favorable au développement musical. Dans le second acte, nous signalerons le choeur du complot : Roncevaux, vallon triste et sombre, dont la phrase mère est fort belle, mais qui est développée d'une manière in- suffisante. Le troisième acte, qui a décidé du succès de l'oeuvre, renferme do beaux frag- ments : la chanson mélancolique du pâtre, un chant de guerre, une farandole dont los on- dulations serpentent dans la montagne et descendent sur la scène sur un motif do danso fort animé ; la lecture de la devise gravée sur l'épéo Durandal : Je suis Durandal, du plus dur métal; la scène de la con- fession, un bon trio entre Turpin, Roland et Alde, et le finale : En avant ! Monljoie et Charlemagne! Les rôles de cet opéra ont été créés par Gueymard, Bolval, C'azaux, Wa- rot, Mme Gueymard et M 110 Camille de Maesen.


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