Chanson de Roland (1922) Bédier/Page 4

De Wicri Chanson de Roland

L'original

La chanson de Roland (1922) Bédier I. A. page 4.jpg La chanson de Roland (1922) Bédier I. A. page 5.jpg

Laisse II (suite)

Voir la laisse II du manuscrit d'Oxford.

15« Oez, seignurs, quel pecchet nus encumbret.
Li empereres Carles de France dulce
En cest païs nos est venuz cunfundre.
Jo nen ai ost qui bataille li dunne,
Ne n’ai tel gent ki la sue derumpet.
20Cunseilez mei cume mi savie hume,
Si me guarisez e de mort et de hunte ! »
N’i ad paien ki un sul mot respundet,
Fors Blancandrins de Castel de Valfunde.

nous frappe. L’empereur Charles de douce France est venu dans ce pays pour nous confondre. Je n’ai point d’armée qui lui donne la bataille ; ma gent n’est pas de force à rompre la sienne.

Conseillez-moi, vous, mes hommes sages, et gardez-moi et de mort et de honte ! » Il n’est païen qui réponde un seul mot, sinon Blancandrin, du château de Val-Fonde.

Laisse III

Voir la laisse III du manuscrit d'Oxford.

III


Blancandrins fut des plus saives paiens ;
25De vasselage fut asez chevaler,
Prozdom i out pur sun seignur aider,
E dist al rei : « Ore ne vus esmaiez !
Mandez Carlun, a l’orguillus e al fier,
Fedeilz servises e mult granz amistez.
30Vos li durrez urs e leons e chens,
Set cenz camelz e mil hosturs muers,
D’or e d’argent .IIII.C. muls cargez,
Cinquante carre qu’en ferat carier :
Ben en purrat luer ses soldeiers.
35En ceste tere ad asez osteiet ;
En France, ad Ais, s’en deit ben repairer.
Vos le sivrez a la feste seint Michel,
Si recevrez la lei de chrestiens,
Serez ses hom par honur e par ben.
40S’en volt ostages, e vos l’en enveiez,
U dis u vint, pur lui afiancer.
Enveiuns i les filz de noz muillers :
Par num d’ocire i enveierai le men.

III

Entre les païens Blancandrin était sage : par sa vaillance, bon chevalier ; par sa prudhomie, bon conseiller de son seigneur. Il dit au roi : « Ne vous effrayez pas ! Mandez à Charles, à l’orgueilleux, au fier, des paroles de fidèle service et de très grande amitié. Vous lui donnerez des ours et des lions et des chiens, sept cents chameaux et mille autours sortis de mue, quatre cents mulets d’or et d’argent chargés, cinquante chars dont on formera un charroi : il en pourra largement payer ses soudoyers. Mandez-lui qu’en cette terre assez longtemps il guerroya ; qu’en France, à Aix, il devrait bien s’en retourner ; que vous l’y suivrez à la fête de saint Michel ; que vous y recevrez la loi des chrétiens ; que vous deviendrez son vassal en tout honneur et tout bien. Veut-il des otages, or bien, envoyez-en, ou dix ou vingt, pour le mettre en confiance. Envoyons-y les fils de nos femmes : dût-il périr, j’y enverrai le mien. Bien mieux vaut qu’ils y perdent leurs

Voir aussi

Sources