Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CCLXXII/Gautier, 3680. Bramidonie

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Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 237.jpg[230] C’est ici que les Remaniements cessent de suivre, même de loin, le texte primitif. 1° Le manuscrit de Venise IV intercale ici l’épisode de la prise de Narbonne par Aimeri. Après avoir si bien commencé en serrant de près la version primitive, ce texte sera désormais et jusqu’à la fin semblable aux autres Refazimenti. C’est à partir d’ici qu’à proprement parler il mérite le nom de Remaniement. — 2° Le texte de Lyon, comme nous l’avons vu, a omis tout l’épisode de l’arrivée de Baligant en Espagne, etc. (Vers 2570 et suivants.) Il omet également tout le récit de la bataille de Saragosse. De la victoire de Charles sur Marsile et de ses pleurs à Roncevaux, il passe directement à la rentrée de l’Empereur en France et à l’histoire du message près de Girart et de Gilles, etc. — 3° Le texte de Paris est ici le plus mal construit. Déjà il avait inséré, en le rajeunissant, le récit du pèlerinage de Charles au champ de bataille de Roncevaux. (Vers de notre Chanson 2855 et ss.) Le rajeunisseur ne craint pas ici de refaire ce récit sous une autre forme, avant d’en arriver au récit du message près de Girart et de Gilles... — 4° Dans Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 238.jpg[231] les textes de Versailles et de Venise IV, on ne commet point cette faute. Les rajeunisseurs y parlent bien de Charles pleurant à Roncevaux sur le corps de son neveu, etc. ; mais du moins ils ont eu soin de ne pas nous faire une première fois ce récit. Ces manuscrits ne renferment aucun couplet qui corresponde à nos vers 2855 et suivants. Ils ne se répètent pas ; ils attestent plus de soin et sont, à ce point de vue, meilleurs que le texte de Paris. — 5° À partir de notre vers 3680, tous les Remaniements, — Venise IV (en ne tenant pas compte de la légende d’Aimeri de Narbonne), Paris, Versailles, Venise VII et Lyon, — nous offrent la même affabulation, que nous allons faire connaître à nos lecteurs. Il s’agit ici d’épisodes tout nouveaux et qui ne se trouvent pas dans le texte primitif. Et cela est si vrai, que le manuscrit de Paris présente en cet endroit une disposition particulière : la grande lettre qui commence le couplet : Grans fu li diaus la nuit à Ronsevauls, est là pour indiquer une branche nouvelle. Résumons cette branche... Charles est à Roncevaux, qui se pâme de douleur devant le corps inanimé de Roland. Il fait ensevelir son neveu, il maudit Ganelon. Prières interminables. (Couplets 330-336 du texte de Paris, éd. F. Michel.) On enterre les Français morts dans la grande bataille. Les Anges chantent, une lumière divine éclate, des arbres verts sortent miraculeusement de chaque tombe. (337.) Charles passe alors les défilés pyrénéens : il s’arrête à Saint-Jean-Pied-de-Port, où il fonde un moutier. (338, 339.) L’Empereur ordonne ensuite à Girart d’Orléans, à Guion de Saint-Omer et à Geoffroi d’Anjou de se rendre en message auprès de Girart de Viane pour le prier de venir le rejoindre et de lui amener la belle Aude. (339.) Puis il envoie Bazin le Bourguignon, Garnier d’Auvergne, Guyon et Milon dans la cité de Mâcon, à sa propre sœur Gilles : ils sont chargés de la conduire à l’Empereur. (340, 341.) Les messagers partent : Charles s’avance en France. Il arrive à Sorgues (à Sorges, dit le manuscrit). C’est là que Ganelon s’échappe une première fois sur le destrier de Garin de Montsaor : il se dirige vers Toulouse, ou « Chastel-Monroil », ou Saragosse. Deux mille Français se jettent à sa poursuite ; le plus ardent est Othes. (342-344.) Ganelon rencontre des marchands qu’il trompe et qui trompent Othes sur la distance qui le sépare du fugitif. (345.) Il arrive par là que les Français se présentent devant l’Empereur sans s’être emparés de Ganelon. Colère de Charles. (346.) Un paysan indique à Othes la retraite de Ganelon. Le traître s’est endormi sous un arbre. (347, 348.) Le bon cheval de Ganelon éveille son maître. Combat entre Ganelon et Othes. Ils luttent d’abord à pied. Puis le beau-père de Roland propose à Othes de combattre en vrais chevaliers, à cheval. Le traître s’élance sur le cheval de son adversaire et s’enfuit. (349-354.) Othes se remet à la poursuite de Ganelon. Dieu fait un

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 239.jpg[232] miracle pour lui : ses armes ne lui pèsent plus sur les épaules. Puis le fugitif tombe de cheval : nouveau combat. Sur ces entrefaites, arrivent Samson et Isoré, et l’on peut enfin se rendre maître de Ganelon, que l’on remet aux mains de l’Empereur. (355-361.) Charles traverse toute la Gascogne et arrive à Blaives. (362.) Le poëte ici change la scène de son roman et nous transporte près des messagers du Roi qui vont à Viane. Ils y arrivent et font leur message. Ils cachent à Girart la mort de Roland et d’Olivier : « Charlemagne, ajoutent-ils, veut faire le mariage de son neveu avec la belle Aude. Amenez-lui sur-le-champ votre nièce. » Joie de Girart et de Guibourg. (363-368.) On part à Blaives. Pressentiments d’Aude : ses songes lugubres. (368-375.) Un clerc savant en ningremance cherche à les lui expliquer favorablement ; mais il en voit bien lui-même la triste signification. (377.) Pour ne pas étonner trop douloureusement la belle Aude, on contrefait la joie dans le camp français. On essaie de lui cacher la grande douleur ; on va jusqu’à lui dire que Roland est allé « en Babiloinne » épouser la sœur de Baligant. Aude n’en veut rien croire : « Roland, s’écrie-t-elle, Roland est mort ! » (378-383.) Sur ce, arrive Gilles, la sœur du Roi, la mère de Roland : Charles lui annonce sans aucun ménagement la mort de son fils. Une mère, pense-t-il, est mieux préparée à de tels coups qu’une fiancée. Enfin, c’est Gilles elle-même qui a la force d’apprendre à la sœur d’Olivier la mort de Roland ; douleur d’Aude. (384-390.) Elle veut voir du moins le corps de son fiancé, que Charles rapporte d’Espagne. Ses prières, ses larmes. Un ange lui apparaît sous les traits d’Olivier et l’invite à songer au bonheur du ciel. Aude, enfin, se décide à mourir. (391-399.) Retour de Charlemagne à Laon. Il n’a plus désormais qu’une seule pensée : se venger de Ganelon. Le jugement du traître va commencer. Gondrebuef de Frise s’offre à le démentir juridiquement, la lance au poing. Ganelon donne des otages, ses propres parents. Mais, au moment où on va commencer le grand combat de l’accusateur et de l’accusé, celui-ci s’enfuit encore une fois les grans galos. Gondrebuef le poursuit de près. Il l’atteint. Combat. On se saisit de Ganelon. (400-417.) C’est alors que fait son entrée dans le poëme le neveu du traître, Pinabel. Il sera le champion de son oncle. Le défi est relevé par un « valet » du nom de Thierry, fils de Geoffroy d’Anjou, qui veut défendre la cause de Roland. Préparatifs du duel. (413-431.) La Chanson se poursuit ici en vers de douze syllabes, et raconte le combat singulier de Pinabel et de Thierry. Celui-ci pense un instant périr d’un formidable coup que lui porte Ganelon. (432-439.) Le poëme se termine en décasyllabes. Pinabel est vaincu et meurt. (440-445.) Il ne reste plus dès lors qu’à délibérer sur le châtiment de Ganelon. Chacun des barons français propose un supplice spécial : qui la corde, Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 240.jpg[233] qui le bûcher, qui les bêtes féroces. On se décide à l’écarteler. (446-450.) Ici s’arrête le manuscrit de Paris. Lyon nous donne une strophe de plus, et nous fait assister au départ des barons de France, qui prennent congé de Charlemagne... — Le texte de tous nos Remaniements est maintenant connu de nos lecteurs.


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